Jean-Marie Gustave Le Clézio : Un auteur applaudi, figure de la littérature du XXe siècle

« L’importance du thème de la lumière dans l’écriture leclézienne à travers Mondo et autres histoires ». C’est ainsi que s’intitule le sujet du présent mémoire de CAPEN en Langue et Lettres Françaises Ŕ discipline Littérature. Il s’agit d’un choix déterminé par de multiples raisons. C’est d’abord le choix d’explorer une époque, plus précisément, la deuxième moitié du XXème siècle littéraire, une période où les traditions littéraires touchant au genre romanesque sont remises en question. Car il faut rappeler que si la narration devient la forme littéraire la plus dominante au XIXe et au XXe siècle, ses principes et ses théories se voient confrontés à des innovations, voire des contestations. Et c’est surtout à partir des années cinquante que s’affirme la véritable révolution avec les romanciers qui bouleversent les codes narratifs traditionnels, regroupés dans le courant appelé « Nouveau roman ».

Ensuite, ce qui a motivé notre choix, c’est le désir de mieux connaître l’auteur de l’ouvrage, parce qu’en dépit de sa vision personnelle de la littérature, nous savons que Le Clézio est aujourd’hui désigné comme un des plus grands écrivains contemporains de langue française, un des plus appréciés du grand public. Répandues dans le monde, la plupart de ses livres sont très appréciés et l’écrivain jouit d’un succès indéniable. Nous porterons donc parallèlement attention à la singularité de son œuvre qui, dans sa quasi-totalité, appréhende les grandes questions concernant le monde. De plus, nombreux travaux de recherche Ŕ des thèses, des mémoires, des essais ou des critiques Ŕ qui ont été faits sur l’auteur et sa création littéraire considérée comme une œuvre d’art, ont révélé l’originalité de son écriture et des thèmes qu’il exploite. Notre mémoire de recherche ne représente donc qu’une des approches possibles de l’écriture poétique de l’auteur.

Par ailleurs, dans une peinture du monde où la nature devient vivante et chargée de sens, Le Clézio est reconnu pour son attrait pour la lumière, un des traits qui font son originalité. En effet, en parlant de Le Clézio, les critiques mettent en exergue « la beauté lumineuse et poétique de son écriture» , expression que nous nous permettons ici de prendre au sens propre car, figurant parmi les thématiques de prédilection de cet écrivain, l’allusion permanente à la lumière demeure indissociable de sa plume. Certes, les éléments naturels tels que le vent, la mer, la terre, le roc, les nuages, le ciel, le roc, le bestiaire, etc. sont autant d’isotopies récurrentes composant son lexique caractéristique ; néanmoins, c’est à travers une présence abondante de lumière que se déploient surtout l’imagination et la pensée leclézienne. La lumière dans toutes ses dimensions s’avère être un élément extrêmement fréquent dans l’écriture leclézienne. Elle constitue, en fait, chez cet écrivain un penchant, une inclination irrésistible qui le pousse à réagir. C’est ainsi que nous nous permettons de rejoindre l’idée selon laquelle « le tropisme de Le Clézio est la lumière » . Et notre travail de recherche va d’ailleurs permettre d’apporter davantage de justification à ces affirmations.

JEAN-MARIE GUSTAVE LE CLEZIO : UN AUTEUR APPLAUDI, FIGURE DE LA LITTERATURE DU XXe SIECLE 

Le Clézio : une jeunesse prédestinée à l’écriture 

Ecrivain contemporain de langue française, de nationalité francomauricienne, Jean Marie Gustave Le Clézio, plus connu généralement sous la signature de plume ‘J.-M.G. Le Clézio’, naît durant la deuxième guerre mondiale, le 13 avril 1940 à Nice (France), d’une mère bretonne, Simone, et d’un père de nationalité anglaise, tous deux issus d’une famille émigrée à l’île Maurice au 18e siècle. Ses parents ont été séparés par les aléas de la guerre et il doit attendre la fin de la guerre avant de pouvoir embarquer sur un bateau qui le conduit, avec sa mère pour retrouver et rencontrer son père, Raoul Le Clézio, médecin britannique en service, au Nigéria. Senti comme « affamé de littérature » , il acquiert dès son plus jeune âge le goût pour l’écriture, car c’est en mer, dans la cabine de ce navire qu’il imagine et écrit déjà ses premiers récits, il a alors sept ans. Puis il retourne à Nice et y passe les vingt premières années de sa vie. Tournée particulièrement vers le genre privilégié de son siècle qui est le récit, son écriture envisage la littérature romanesque comme étant « un bon moyen de comprendre le monde actuel » . En effet, selon la vision du monde de cet écrivain, l’univers et tout ce qui nous entoure regorgent de mystères, renferment des secrets qu’il faut essayer de contempler, de percer pour apprendre à mieux vivre et à profiter de son existence.

L’entrée en littérature de le Clézio a lieu durant une époque où les traditions littéraires sont mises en question et où advient une véritable révolution, celle du Nouveau Roman , tendance romanesque née vers les années cinquante regroupant les romanciers qui bouleversaient les codes narratifs traditionnels et qui ramenaient l’attention sur la question des formes littéraires. Intéressé et influencé par ces pensées et théories, les premières années de son écriture en portent la marque. Ce sont surtout ses romans Le Procès-Verbal (1963), La Fièvre (1965) Le Déluge (1966) et Terra amata (1967) qui le rapprocheront de ce mouvement .

Mais Le Clézio se démarque ensuite de ce courant et prend un chemin de traverse pour personnaliser son écriture à partir de Désert (1980). Car bien qu’il ait été pour certains un ‘héritier du Nouveau Roman’ ou pour d’autres ‘un représentant à part entière’ de ce mouvement, il ne s’est lui-même jamais reconnu adhérant à ce groupement ni à aucun mouvement quel qu’il soit. Il propose alors, par la suite, une nouvelle approche du genre romanesque, visant une critique à la fois du roman psychologique, de la narration classique et du Nouveau Roman, dans laquelle son écriture se plie à une forme plus souple, plus traditionnelle et plus conventionnelle du récit.

Rendu célèbre à l’âge de 23 ans par la publication de son premier roman Le Procès Verbal (1963), J.M.G. Le Clézio poursuit son talent d’écrivain pour déboucher sur une création rapide et abondante qui reflète sa vision du monde ainsi que ses préoccupations. Il puise la matière de son écriture dans ses propres vécus personnels ou familiaux mais l’écrivain avoue que son style rejoint notamment celui d’auteurs de récits d’aventures tels L’île aux trésors de Robinson Crusoé ou encore celui de Joseph Conrad.

La conception de l’écriture s’affirme clairement chez Le Clézio : « Je n’ai jamais cherché que cela en écrivant : communiquer avec les autres » . Elle consiste donc pour lui à transmettre, à faire passer un message. Sa production littéraire est une écriture libératrice, qui explore dans son fond la relation et le rapport entre les êtres et les choses avec l’univers, sans cesse une « recherche d’un paradis perdu » , c’est-à-dire le rêve d’une terre nouvelle, d’un monde meilleur, où l’individu a sa place. Car Le Clézio croit à la force des mots, à la grandeur de l’imaginaire, à la séduction du récit. Et même si la vie est autre que dans les livres, l’écriture est là pour nous inviter à entrer dans d’autres mondes. Ainsi pour cet auteur, tout ce que l’on fait dans la vie exprime la relation homme-monde. Cette relation peut se présenter, d’un côté, tel un rapport de conflit avec le milieu où l’on se trouve, ou de l’autre, comme une vie en harmonie avec le monde où l’on vit. Et justement, les contextes de son œuvre ont évolué de manière tout à fait personnelle selon cette perspective. C’est ainsi que les premières parutions de Le Clézio présentent des personnages manifestant la révolte contre le monde technologique fruit de la mondialisation, le milieu urbain, la ville, univers générateur d’angoisse et de solitude dues à l’agressivité et à la violence qui y règnent et où l’individu se perd et manifeste une attitude : l’horreur, l’étouffement et la contestation. Puis, vers 1975, son style se trouve modifié pour donner libre cours à l’aventure, à l’onirisme, au lyrisme, à l’exploration de grands espaces, de l’ailleurs, en mettant en scène des protagonistes libres et qui sont en accord avec l’univers naturel et l’espace ouvert, un monde apaisé où ceux-ci retrouvent l’équilibre. Sur ce, il mérite de préciser que notre étude prendra surtout en considération ce second volet du parcours littéraire thématique de Le Clézio.

Un auteur de la « postmodernité » aux textes « inclassables »

En premier lieu, ce qui contribue à situer cet auteur à part et à souligner ses différences, c’est son refus de la classification en genres littéraires. Le milieu du XXème siècle voit naître des auteurs de grande réputation dotés de personnalités affirmées et d’œuvres originales dont le point commun semble justement cette contestation des règles littéraires classiques préétablies. Des auteurs qui se sont, pour la plupart, regroupés dans l’école du Nouveau Roman. Le principe de ce mouvement consiste en une tendance novatrice et ambitieuse à bouleverser les genres, à remettre en cause les conventions et par la même, les créations littéraires. Pour nombre d’auteurs et artistes contemporains, l’écrivain est totalement libre de construire son ouvrage tel qu’il l’entend (déjà Maupassant, dans la préface de Pierre et Jean était pour l’abolition des genres littéraires). Ils estiment alors que la création authentique passe par la destruction des genres car selon eux, les bons textes doivent être « révolutionnaires » ou « de rupture ». C’est ainsi que Michel Butor (1964), par exemple, utilise des règles d’un genre littéraire pour faire travailler un autre genre en introduisant des modes propres à la poésie dans un récit de voyage ou encore procède à des emprunts à la réalité banale, à des genres voisins en ayant recours à des fragments de textes sans rapport avec le sujet de ses livres. Il faut rappeler que dans l’institution du code littéraire, la notion de genre, en l’occurrence, de genre littéraire est employée pour classer les textes et en distinguer les différents types et spécificités. En règle générale, toute œuvre relève d’un genre bien précis (roman, théâtre, poésie, essais…). Mais Le Clézio, lui aussi, déclare sciemment qu’il préfère créer son œuvre en dehors des règles et que ce qui compte, c’est l’homme qui s’exprime : « La poésie, les romans, les nouvelles sont de singulières antiquités qui ne trompent plus personne ou presque. Des poèmes, des récits, pour quoi faire ? L’écriture, il ne reste que l’écriture, l’écriture qui tâtonne avec ses mots, qui cherche et décrit, avec minutie, avec profondeur, qui s’agrippe, qui travaille la réalité sans complaisance. ». Aussi retrouve-t-on, par exemple, dans ses textes des expériences de langages, des collages ou encore des typographies insolites. Ses textes sont «proches du conte, du journal et de la poésie » . Lors d’une interview avec Gérard de Cortanze, il aborde cette question des genres en s’en souciant peu, les règles sont là mais n’ont, selon lui, ‘aucune importance’: « Il n’est pas d’une importance extrême de définir ce que c’est qu’un roman ni ce qu’est une nouvelle. Il s’agit simplement d’une question de rythme. » . Ce point de vue se trouve justement illustré dans Mondo et autres histoires (notre corpus), d’après le titre de l’ouvrage, avec l’utilisation du mot «histoire » pour caractériser les récits qui le composent, choix qui révèle son indifférence quant à la distinction en genres littéraires. Tantôt cette œuvre est considérée comme ‘nouvelle’, tantôt comme ‘conte’. Et il réfute plusieurs fois l’influence de ce code générique sur une écriture qu’il voudrait libre : « Les formes que prend l’écriture, les genres qu’elles adoptent ne sont pas tellement intéressants, une seule chose compte pour moi : c’est l’acte d’écrire » .

En deuxième lieu, la nouveauté ainsi que la diversité des thèmes abordés, à l’instar des thématiques classiques, amènent les critiques à qualifier l’ensemble de ses textes et de sa création comme « inclassables » sur le plan générique : thème du grand voyage et de l’aventure, des récits entremettant mythes et légendes, livres tournés vers la sensibilité enfantine, textes proposant un ton de rêverie et de méditation. La particularité de son œuvre, souvent perçue comme originale, la rend difficile à cerner. Car tout d’abord, il faut dire que la marginalité, la solitude, l’errance et la déambulation constituent des traits typiques des protagonistes lecléziens: « Tous les livres de Le Clézio sont en effet des paraboles de la solitude et de l’errance, inéluctables fatalités de la condition humaine » . Ensuite, il ne faut pas négliger, chez Le Clézio, cette façon de changer la perception habituelle des choses en attribuant au récit un aspect vivant et magique, où tout semble chargé de sens : les éléments s’animent, s’humanisent, sont dotés de sentiments et de capacités d’agir. En outre, il y a aussi cette technique narrative négligeant l’apport d’informations suffisantes à propos des personnages telles des descriptions physiques ou psychiques, procédé sans doute mis au service de l’espace pour dire qu’ils ne figurent que pour mettre en valeur celui-ci, ce, dans le but de ne pas perdre de vue ce leitmotiv de la narration leclézienne. De plus, cette démarche stylistique de Le Clézio engagée dans la voie de la postmodernité réside notamment dans le fait qu’elle dénonce l’image de la civilisation moderne, l’ère de l’industrialisation qui semble anéantir l’homme en suscitant chez ce dernier le désordre, l’angoisse et le sentiment d’insécurité. Cette «contemplation horrifiée du monde technologique » se manifeste entre autres dans ses premières publications (Le Procès-verbal, La Fièvre, Les Géants, Le Déluge,…). Car se référant au contexte de l’urbanisation et de la société de consommation où règnent violence et agressivité permanentes, ces parties de son oeuvre mettent en scène des protagonistes qui se perdent, textes considérés comme une révolte contre la brutalité du monde occidental. Ainsi, l’écriture leclézienne « attaque la lourde chape d’habitudes, d’idées, de comportements qui nous écrase, celle que nous impose la culture industrielle. Elle est donc spécifiquement postmoderne […] » .

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
Première Partie : PRESENTATION DE L’AUTEUR ET DE L’ŒUVRE
I.1. Jean-Marie Gustave Le Clézio : Un auteur applaudi, figure de la littérature du XXe siècle
I.2. Mondo et autres histoires : Œuvre nouvelle, style nouveau
Deuxième Partie : ETUDE NARRATOLOGIQUE DU RECIT DE MONDO ET AUTRES HISTOIRES
II.1. La fiction : un choix de mise en scène ne relevant pas du hasard
II.2. La narration : un procédé révélateur mis au service de la lumière
II.3. La mise en texte : un art d’écrire faisant apologie de la lumière
Troisième Partie : REPRÉSENTATIONS DE LA LUMIЀRE DANS L’ŒUVRE
III.1. Une lumière symbolique de vie, de bonheur et de puissance
III.2. Support à l’éveil et image de renaissance
III.3. Figure de beauté et d’affection
III.4. La lumière : incarnation du sacré et accès vers l’autre monde
CONCLUSION GENERALE

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