Invasion de la punaise américaine Leptoglossus occidentalis en Europe: une contribution à la compréhension des invasions fulgurantes

La dispersion des organismes représente l’une des conditions les plus importantes ayant permis le développement de la vie sur Terre mais aussi de générer la grande diversité spécifique rencontrée de nos jours (Brown & Sax 2004; Bowler & Benton 2005). La dispersion peut prendre différentes formes, elle peut en effet être active, faisant intervenir les capacités propres de chaque organisme (la marche ou le vol par exemple). Elle peut également être passive utilisant par exemple les courants marins (dispersion du plancton emporté aux grés des courants (McManus & Woodson 2012)) ou aériens (la dissémination des graines chez de nombreuses plantes (Nathan et al. 2011)) ou encore un vecteur comme moyen de locomotion (l’utilisation d’une autre espèce, notamment le transport de propagules marines ou terrestres via les oiseaux ou les mammifères (Green & Sanchez 2006; Magnússon et al. 2009)). Ces différents modes de dispersion naturelle (qu’ils soient combinés ou non) peuvent entrainer dans certains cas une dispersion sur de longues distances et donc une colonisation de nouveaux milieux; les îles océaniques, représentant des milieux isolés, en sont le parfait exemple (Fridriksson & Magnússon 1992; Magnússon et al. 2009). Cependant, les barrières biogéographiques telles que les océans, les montagnes ou encore les zones climatiques subdivisent l’espace terrestre. Ces  » frontières  » limitent alors les flux de gènes entre populations créant ainsi les conditions nécessaires à la spéciation. Les processus géologiques et/ou les changements climatiques peuvent être à l’origine des modifications naturelles des aires de répartition des espèces (Brown & Sax 2004), mais ces changements sont toutefois progressifs .

L’Homme a réussi à surmonter ces différentes barrières conquérant ainsi la quasi-totalité du globe (Mellars 2006; Goebel et al. 2008). Ce processus a eu des conséquences importantes tant sur la modification des milieux que sur la répartition des espèces. En effet, il a su, au cours de l’Histoire, cultiver de nombreuses plantes et domestiquer bon nombre d’espèces animales. L’Homme ne voyage jamais seul et les mouvements de populations humaines sont bien souvent accompagnés des différentes espèces utilisées (ainsi que des parasites et pathogènes associés). En créant une certaine  » perméabilité  » des barrières biogéographiques et en assurant une connectivité des différents milieux, l’Homme a donc permis à de nombreuses espèces de ne plus être restreintes à leur aire d’origine et leur a assuré une propagation dans de nouveaux habitats jusqu’alors inaccessibles. Le transport d’espèces au-delà de leur aire naturelle via les activités humaines n’est pas un phénomène récent comme l’illustre l’introduction des rats dans les îles méditerranéennes (di Castri 1989) ou encore celle du charançon du blé Sitophilus granarius, transporté au début de notre ère depuis l’Egypte vers différents pays bordant la Méditerranée (Levinson & Levinson 1994). Toutefois, des changements radicaux d’une toute autre ampleur, qualitative comme quantitative, sont intervenus au cours des dernières décennies.

Le monde est entré dans une nouvelle phase avec une nette augmentation du rythme et de l’ampleur des introductions d’espèces hors de leur aire de répartition naturelle (Meyerson & Mooney 2007; Westphal et al. 2008; Hulme 2009; Roques 2010b). Par exemple, le nombre d’espèces introduites par an d’arthropodes terrestres a augmenté de façon exponentielle depuis le XVIe siècle. Cependant, une accélération significative a été observée depuis la seconde moitié du XXème siècle, avec une moyenne de 22,0 espèces exotiques nouvellement signalées par an en Europe sur une période située entre 2000 et 2008 contre 10,9 sur la période 1950 1974, soit globalement un taux d’arrivée multiplié par deux en l’espace d’une trentaine d’année (Roques 2010b; FIGURE 1).

Les changements socio-économiques opérés depuis l’avènement de l’ère de la Mondialisation (i.e. transport, commerce, technologies) ont facilité et intensifié la propagation d’espèces dans des milieux auxquels elles n’avaient jusqu’alors pas accès. En effet, il a été montré que l’augmentation constante du nombre d’espèces introduites était directement reliée à l’augmentation des échanges commerciaux (notamment le commerce des plantes) et des trafics internationaux de ces dernières décennies (Westphal et al. 2008; Floerl et al. 2009; Hulme 2009; Essl et al. 2011b). Ces changements quantitatifs s’accompagnent également de changements qualitatifs, le nombre d’introductions non-intentionnelles a lui aussi fait un bond en avant ces dernières années (relargage des eaux utilisées comme ballasts dans les navires, transport et plantation de plants infestés, etc.) .

Face à cette augmentation sans précédent mais aussi et surtout pour répondre à certains effets néfastes de telles introductions, un réel effort a été mené pour augmenter les connaissances sur ces phénomènes qualifiés d’invasions biologiques. De plus, la prise de conscience du monde scientifique de l’intérêt que représentent de telles introductions tant sur le plan fondamental qu’appliqué dans des domaines comme l’Ecologie, l’Evolution ou la Biogéographie (Sax et al. 2005) a donné naissance à une nouvelle discipline la Biologie de l’invasion ou Ecologie de l’invasion. Cette prise de conscience a conduit à un essor important des études portant sur les invasions biologiques au cours des deux dernières décennies. En effet,  les publications et livres universitaires sur le sujet ont connu une croissance explosive (Kühn et al. 2011; Richardson & Ricciardi 2013). Des revues entièrement consacrées au phénomène telles que Biological Invasions (Falk-Petersen et al. 2006) ou encore plus récemment Neobiota (Khün et al. 2011) ont été créées pour répondre à cette explosion, participant ainsi à la  » popularisation  » du phénomène.

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Table des matières

INTRODUCTION
LES INVASIONS BIOLOGIQUES
Contexte, définitions et enjeux
I. Invasions biologiques : changements récents et définitions
I.1 Histoire d’un phénomène en plein essor
I.1.a. Un phénomène naturel
I.1.b. Dispersion à longue distance sous influence humaine : un long passé
I.1.c. Amplification du processus : quand mondialisation rime avec invasion
I.2. Un phénomène qui fait débat : définitions et controverses
I.2.a. Divergences d’opinion, mauvaises interprétations et difficultés à trouver un consensus
I.2.b. Vers une définition neutre ?
I.3. Les insectes : une grande partie du problème
I.4. Invasion biologique : un processus séquentiel
I.4.a. L’introduction, le début d’une longue histoire
I.4.b. L’établissement : survivre et se reproduire
I.4.c. La prolifération : l’invasion stricto sensu
I.4.d. Beaucoup d’appelés mais peu d’élus
I.5. Prévention, éradication, contrôle : une lutte au quotidien
I.6. Impacts des espèces invasives
I.6.a. Rêve ou réalité ?
I.6.b. Impacts économiques : la source de tous les maux ?
I.6.c. Impacts écologiques et difficultés d’associer Economie et Ecologie
I.6.d. Impacts sanitaires : la santé mise à mal
I.7. Succès invasif : un succès multifactoriel
I.7.a. Des facteurs anthropiques, encore et toujours
I.7.b. Facteurs écologiques : préadaptation et plasticité, des caractéristiques essentielles
I.7.c. Quand la démographie s’en mêle
I.7.d. Facteurs génétiques : des combinaisons gagnantes
I.7.e. Un scénario  » tête de pont  » : vers une généralisation ?
I.8. Succès invasif : un succès à deux vitesses
II. Objectifs de la thèse
PRÉSENTATION DU MODÈLE BIOLOGIQUE Leptoglossus occidentalis
I. Distribution géographique
I.1. Amérique du Nord : zone d’origine et invasion primaire
I.2. Europe, Asie, Afrique du Nord vers une invasion globale ?
II. Biologie et écologie
II.1. Cycle biologique
II.2. Des habitudes alimentaires variées
II.3. … Aux conséquences néfastes
II.4. Moyens de lutte et cortège parasitaire
CONCLUSION

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