Introduction aux services climatiques intégrés et au climat urbain et contexte de l’étude

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Les services climatiques urbains intégrés de Toulouse Métropole

C’est dans ces logiques d’objectifs d’intégration effective de contenus scientifiques spécifiques à des utilisateurs que la collectivité territoriale de la métropole toulousaine et le laboratoire de recherche de l’agence nationale de la météorologie, ont conçu et déployé le programme de services climatiques intégrés urbains de Toulouse. La première phase du programme consiste en une surveillance de l’Ilôt de Chaleur Urbain (ICU) de la couche limite atmosphérique via un réseau de stations météorologiques connectées en temps réel. La section suivante propose de revenir sur ce concept d’îlot de chaleur, ses différentes formes et processus.

Le phénomène de micro climatologie appelé îlot de chaleur urbain

Monitorer le phénomène de micro-climatologie appelé îlot de chaleur urbain

Tout comme les services climatiques qui, malgré leur évolution encore marquée, disposent de guides et de normes pour être mis en place ; l’observation de l’ICU peut être réalisée via différentes méthodes : les thermographies satellites, les réseaux de mesures mobiles, les mesures fixes. Chacune de ces méthodes de mesures physiques est couverte par de nombreux travaux de l’OMM et d’autres acteurs, scientifiques ou professionnels. Ces travaux les comparent et analysent lorsqu’elles rentrent en concurrence (Mirzaei & al., 2010). Par exemple l’approche par réseau de mesure coûte plus chère et prends plus de temps que l’approche par modélisation. En contre partie cette dernière exige des compétences et des connaissances pointues sur les modèles disponibles et leurs mises en œuvre. Quoi qu’il en soit ces méthodes de mesures disposent de normes, de standards, de méthodologies propres qui nécessitent des installations attentionnées pour être scientifiquement valides (Baranka & al., 2016). Les méthodes et leurs caractéristiques dépendent directement des études à réaliser et des variables à observer. Pour comprendre le choix d’un réseau de stations fixes, il faut comprendre les différentes déclinaisons de l’ICU et les différents moyens d’observations qui y sont associés.

Les différents types d’îlots de chaleur urbains

Les environnements urbains, dans le sens des espaces physiques et sociaux (Sénécal, 2015) disposent de températures plus élevées que leurs alentours aux dominantes plus végétalisées. Cela est dû en majeure partie aux matériaux qui parsèment ces espaces : bitumes, béton, acier, briques, etc : tout autant de capteurs de chaleur qui agissent comme des radiateurs pour le climat urbain. Ce phénomène de différence de température se nomme l’îlot de chaleur urbain.
Le concept d’îlot de chaleur urbain (ICU) désigne, tel qu’il a été exposé pour la première fois par le considéré père fondateur de la climatologie urbaine Luke Howard; l’effet de réchauffement de l’air de l’urbain par rapport au rural (Howard, 1818). Le terme « îlot de chaleur » a une origine plus incertaine, mais nous pouvons remonter son utilisation jusqu’au milieu du XXème siècle (Balchin & Pye, 1947). Les études ont, entre 1818 et 1980, suivi le cycle de vie complet des découvertes scientifiques tel que défini par Thomas Kuhn (Kuhn, 1962 au travers de trois périodes distinctes (Stewart, 2019). Du début du XIXéme siècle jusqu’au début du XXéme ; c’est la période, ou « épisode » -selon Kuhn- des pionniers, les études se multiplient autour de « l’anomalie » des différences de températures entre urbain et rural. Ces études ont principalement lieu en Europe. L’entre deux guerres est la période d’innovation des méthodologies. Enfin les années 1950 et 1980 marquent le début et la fin de la période de l’expérimentalisme, les travaux s’appuyant ainsi sur plus de cent-cinquante années de recherches établies.
Depuis, l’ICU a fait l’objet de nombreuses études (Akbabi). Au fil de ces travaux, différentes techniques ont donc été mises au point pour mesurer, quantifier et analyser les causes et effets de l’ICU. Le terme désigne aujourd’hui quatre grands types distincts (Stewart, 2011) avec chacun ses propres caractéristiques (figure 1.A.).
• L’ICU Atmosphérique
Il est divisé en deux types. l’ICU de la couche limite urbaine (CLU) ou encore appelé ICU à l’échelle meso-escalaire. Il se mesure en degré Celsius avec un delta de température entre « l’urbain » au-dessus du niveau des toits et le « rural » à une élévation similaire dans la couche limite atmosphérique (figure 1.B.). La couche limite se traduit par la couche atmosphérique directement altérée par les élements disposés à la surfaces terrestre. Bien que toutes les couches de l’atmosphère soient impactées par la surface, la couche limite a la particularité de l’être rapidement. Il se représente donc plutôt à l’échelle d’une unité urbaine pour mieux matérialiser le gradient entre ces deux espaces .
Ensuite, en complément de l’ICU meso vient le micro îlot de chaleur urbain. Il concerne la canopée urbaine (CU) et se mesure donc en dessous du sommet des arbres et bâtiments. Il possède donc les caractéristiques de l’îlot de chaleur urbain meso mais modifiées/perturbées par la proximité de la surface. Il peut aussi être représenté sous formes de cartes couvrant des unités urbaines mais à une résolution plus fine, c’est-à-dire de l’ordre de la centaine de mètres.
Les deux ICU sont modélisables, soit à l’aide de données de températures mesurées, soit à l’aide de modèles numériques. Il en résulte des modélisations avec des mailles allant de quelques mètres sur des zones restreintes à une ou plusieurs centaines de mètres, sur des zones plus étendues (Atkinson, 2003, Balàzs, 2009, Karlicky & al., 2018,Touati & al., 2020).
• L’ICU de surface
L’îlot de chaleur urbain de surface (ICUsurf) fait référence aux températures des surfaces des matériaux. Il s’exprime lui aussi en degrés Celsius selon une différence de température entre deux surfaces. Il se mesure à l’aide de thermographies. Elles peuvent être aériennes, satellites ou au sol. L’accès gratuit à de nombreux stocks d’images satellites en fait un ICU particulièrement documenté et étudié (Zhou & al., 2019). Sa modélisation se fait selon des carroyages dont la maille dépend de la qualité des données d’entrée. La résolution est autour de la centaine de mètres par pixel par exemple pour les satellites (Le Roy & al., 2019;Tomlinson & al., 2011) mais peut descendre à quelques mètres de résolution pour des images aériennes. Des méthodes de descente d’échelle peuvent être ensuite appliquées pour affiner les résolutions (Bechtel & al., 2012). Il existe aussi des modélisations entièrement numériques prodiguées par des modèles selon des résolutions plus ou moins fines (Hénon & al., 2012 ; Hénon & al., 2012) qui peuvent mobiliser des données observées (Morrison & al., 2018). Les résolutions peuvent être de l’ordre de quelques dizaines de centimètres, mais la zone d’étude considérée est alors limitée. Ce sont plus des études de surfaces localisées à l’échelle d’un quartier, d’une rue, d’une place, que des comparaisons entre les surfaces de l’urbain et du rural.
• L’ICU sous terrain
L’îlot de chaleur urbain souterrain ICUss (pour « sou-sol ») correspond à la température des sous-sols ou des eaux qui s’y trouvent. Il s’exprime lui aussi en degré Celsius. Il se modélise selon les mêmes échelles que l’ICU de surface. De par sa nature d’accès difficile, il est moins étudié que les autres types. Pourtant ses effets peuvent être conséquents en termes de risques. La prise en compte des épisodes de gonflements et retraits des argiles, la gestion des gels et dégels ou encore la qualité de l’eau potable (Müller & al., 2014,Luo & al., 2015). Les mesures de température en milieu urbain sont récentes mais les méthodes sont éprouvées par les études de climatologie, en particulier les études de permafrost (Ferguson & al. ,2007). Comme les autres ICU il peut être aussi modélisé à partir d’images satellite de surface (Zhan & al., 2014).
Quel que soit son type, l’ICU correspond toujours à une équation faisant intervenir des différences de températures selon des temps donnés. Dans cette thèse, l’ICU qui est étudié est l’ICU de canopée urbaine (ici et après que nous nommerons simplement ICU). Nous cherchons donc à observer les différences de températures de l’air à deux mètres au-dessus du sol entre l’urbain et le rural. La section suivante revient sur les caractéristiques et la formation de l’ICU, en explicitant les processus physiques en jeux, en particulier les échanges d’énergie opérés.

Caractéristiques de l’ICU de canopée urbaine

L’ICU est tout sauf figé, il se déplace, se meut, se renforce et se dissipe. Retour sur le phénomène, ses temporalités et ses particularités.
• Formation :
Dans la journée, les matières des éléments disposés à la surface terrestre emmagasinent l’énergie qu’ils reçoivent du soleil : la brique en terre cuite, le bois des chênes d’un parc, le zinc d’une gouttière, le corps humain, etc. Cependant, toute matière présente des capacités différentes en termes de stockage mais aussi de relâchement et de dégagement de l’énergie perçue durant la journée en provenance du soleil. Nous évoquons alors la conductivité, la diffusivité ou encore l’effusivité des matériaux. De plus ces matériaux, selon leur état, leurs couleurs, leurs revêtements ou leurs traitements peuvent drastiquement varier leurs caractéristiques (Yang & al., 2015;Masson & al, 2014).
Par rapport à leur importance dans la formation de l’ICU, nous pouvons diviser les matières selon trois familles : celles qui réalisent la photosynthèse, les espaces aquatiques et les autres.
La photosynthèse diminue puis s’arrête selon les cycles diurnes, au regard des disponibilités en eau et de l’exposition solaire. En effet les végétaux, de leur côté, lorsqu’ils sont exposés à l’énergie solaire réalisent la photosynthèse. Ils mobilisent la lumière du soleil comme énergie pour puiser l’eau dans le sol, afin d’extraire le carbone (C) du dioxyde de carbone (CO2) capturé dans l’atmosphère et d’y rejeter l’oxygène (O2). Lors de cet exercice, les plantes transpirent de l’eau (H2O) et celle contenue dans les sols s’évapore ; la somme de ces deux phénomènes forme alors l’évapotranspiration, qui a pour conséquence de refroidir l’environnement immédiat des végétaux (figure 2).
Les autres matières : céramiques, métalliques, organiques sans photosynthèse et composites vont au contraire continuer à émettre de l’énergie, même lorsqu’elles n’y seront plus exposées (Alchapar & al., 2014). Certaines d’entre elles n’ont pas terminé durant la nuit de libérer l’énergie accumulée (figure 2). C’est pour cela que les écarts ou intensités maximums de l’ICU surviennent durant la nuit. Or, ces matières sont les principales composantes des matériaux que l’on retrouve dans les espaces fortement urbanisés, car ils constituent nos logements, nos infrastructures routières, nos espaces publics, etc.
Enfin les espaces aquatiques participent eux aussi à ces rafraîchissements par le changement d’état de l’eau passant de liquide à celui de gaz par évaporation (Gober & al., 2009).

Construire les services urbains intégrés et le monitoring de l’ICU sur Toulouse Métropole

Ce chapitre est revenu sur les services climatiques, leurs origines, leurs évolutions et leurs enjeux, en particulier en terme de diffusion de savoirs. Après avoir évoqué leur définition actuelle autour d’une production scientifique orientée utilisateurs, leurs déclinaisons en services intégrés urbains, objet de la thèse ici présente, est évoquée.
Dans un second temps, l’objet central de ces services climatique est exposé : l’îlot de chaleur urbain. Cette description permet de mieux appréhender les temporalités et la spatialisation de ce phénomène de micro-climatologie.
Enfin nous avons rappelé comment un projet comme cette thèse peut découler d’un contexte local de partenariats et de collaborations au travers d’un historique non exhaustif de projets ayant pour thème le climat sur le territoire Toulousain.
Les chapitres suivants proposent de suivre la construction de ces services intégrés urbain pour du monitoring de l’îlot de chaleur au sein de la Métropole de Toulouse. Cette construction s’organise en trois axes :
• Le premier inclut les travaux existants sur les composantes organisationnelles d’un service climatique urbain intégré et les applique aux spécificités organisationnelles et territoriales du territoire d’étude à l’aide de méthodes de travail participatives.
• Le second axe propose d’expliciter la création d’un réseau de stations de mesures opérationnelles de variables météorologiques pour monitoring des études de l’ICU et de micro-climatologie. Les méthodes de définitions du choix des emplacements sont détaillées. La solution technique est ensuite présentée.
• Enfin, le troisième axe propose d’analyser l’ICU Toulousain à partir des données du réseau de capteurs mis en place. L’approche se veut incrémentale avec l’ajout de nouveaux prismes de lecture de l’ICU tels que les types de temps ou les morphologies urbaines.

Structure générale des services intégrés urbains

Les composantes des services climatiques

L’organisation mondiale de la météorologie organise les composantes des services climatiques urbains, appelés services intégrés urbains (SIU, que nous nommerons simplement « services climatiques » par la suite), autour d’un process rétroactif (figure 5). Celui-ci décrit les interactions et relations entre les fournisseurs desdits services ainsi que de leurs utilisateurs, ce qui incluent leurs besoins.
Dix points clés structurent les services climatiques. Ils peuvent être divisés en quatre composantes indépendantes mais non hiérarchisées :
• La première composante consiste à la production de données. Nous notons trois sous-composantes agissant en interaction les unes par rapport aux autres:
– les bases de données et leur diffusion/partage : c’est dans cette composante que la donnée mesurée est stockée et transmise aux utilisateurs. Pendant ce processus elle peut migrer d’une forme brute à une forme compréhensible, par des utilisateurs définis, dans sa première transformation potentielle. Est alors évoqué ici la représentation graphique simple de la donnée. Par exemple, des données de température stockées sous forme de listes successives de mesures sont transformées en un graphique ou ces températures sont affichées selon l’heure de la journée en hiver.
– l’observation et/ou le monitoring : composante centrale (s’il en existe), elle est en charge de mesurer la donnée que l’on souhaite observer en vue de sa transformation ultérieure. Cela peut être, par exemple, un réseau de stations météo, ou encore, des données satellites. Cette composante renvoie de manière directe aux questions portant sur le choix des sites de mesure, terrains d’observation, mais également sur l’acheminement de la donnée depuis la mesure jusqu’à son stockage.
– la modélisation et la prédiction : cette composante fait le lien entre les observations (le cas échéant) ou les données brutes (en général) et la livraison aux utilisateurs. Les données vont être modifiées à partir de leurs formes brutes à celles livrées aux utilisateurs, cette composante décrit alors la deuxième transformation possible de la donnée. A titre d’illustration, pour un réseau de mesures, il peut s’agir de la cartographie de l’îlot de chaleur, à partir des températures interpolées des différents points de mesures croisées aux reliefs, aux densités de bâti et de végétation. Ainsi, contrairement à la première transformation, la donnée stockée seule ne suffit plus, elle est alors mobilisée avec d’autres facteurs ou indicateurs.
• La deuxième composante concerne les différentes utilisations effectives des données par les utilisateurs. En effet, une fois la donnée mise en forme et partagée, son utilisation n’est pas effective. Cette composante va donc évaluer la donnée livrée au regard de ses capacités d’intégration par les utilisateurs dans le contexte de leurs activités professionnelles. Nous relevons d’abord comme sous-composante les applications. C’est d’un certain point de vue la troisième transformation de la donnée. Si la deuxième transformation consiste en la mise en pratique de connaissances scientifiques, celle-ci correspond à la transformation opérationnelle par des utilisateurs en vue de leurs besoins professionnels. Les applications peuvent avoir pour objectif d’être, par la suite, un support de décision et/ou un système de réponse humaine1. La gestion des fortes pluies, en l’occurrence va exiger des modélisations et spatialisations précises afin que les professionnels puissent gérer au mieux les écoulements, les infiltrations ou les pollutions des eaux. Les applications se destinent à devenir un outil de dialogue, de communication ou encore de sensibilisation2. Par exemple dans le cadre de formations internes ou de liens avec les citoyens à l’occasion des échanges d’enquêtes publiques.
• La troisième composante renvoie à deux sous-composantes particulièrement transversales à tous les autres :
– Recherche et développement.
– Capacité de développement.
Ces deux points soulèvent en réalité des questions techniques, économiques, de temporalité ou encore relatif à l’état des connaissances. Prenons le cas d’un département des espaces verts d’une ville qui souhaite disposer d’un suivi continu de l’état de sa végétation, à partir de l’imagerie spatiale à l’échelle de l’arbre, c’est à dire, de quelques mètres de résolution. Ce département a besoin de recevoir des données corrigées provenant de satellites capables de visualiser, à cette précision, et selon la fréquence voulue. La technologie et l’état des sciences doivent être en capacité de répondre à ces besoins. Ensuite, si la compétence de récupération et d’interprétation des données satellitaires n’est pas internalisée, celle-ci doit budgétiser la production de rapports récurrents par un bureau d’études ou construire un partenariat avec un organisme public.
• Enfin, la quatrième composante se divise en deux sous-composantes. La première concerne les “evaluations, bilans et impacts” et se complète de la seconde, “compréhension des besoins et des partenaires”. Cette composante matérialise l’aspect cyclique du travail des services climatiques. Les utilisateurs et les fournisseurs demeurent en relation continue.

L’organisation de la participation

Le besoin de la participation dans les services climatiques

Une composante supplémentaire peut être envisagée pour compléter le schéma exposé. Plus discrète, elle caractérise la nature-même des échanges entre fournisseurs et utilisateurs. En effet, comme le montre la figure 5, le développement de services climatiques nécessite des interactions incessantes entre les utilisateurs et les fournisseurs. Ce constat est clairement révélé par les flèches bidirectionnelles au sein de la structure. Elles matérialisent les recommandations visant à renforcer le lien existant entre les « scientifiques » et les « non-scientifiques » (Hewitt et al., 2012; Baklanov et al., 2018). Cette idée est particulièrement importante car de nombreuses études classent l’aspect relationnel comme étant le critère principal pour réussir à créer et à pérenniser des services climatiques (McNie, 2012; Christel et al., 2018; Grimmond et al., 2019). L’objectif principal est d’éviter le processus habituel de livraison de la production des sciences vers la société, parfois décrit comme un « quai de chargement » ou un « modèle linéaire » (Cash et al., 2006; McNie, 2011).
Au-delà de la volonté d’améliorer l’utilisation et l’intégration des services climatiques, la nécessité de créer des interactions fortes entre les acteurs est inhérente à la nature-même des services climatiques. Effectivement, leur bicéphalie marquée entre les sciences et les services exige l’union de deux univers. Ainsi, chaque acteur -fournisseur ou utilisateur- prend en charge une facette mais a besoin de l’expérience de l’autre pour la développer.
Ces interactions peuvent revêtir différentes formes d’organisation du travail. Elles s’inscrivent ici dans le champ particulièrement riche de la participation, dans le cadre d’une recherche-action associée (Liu, 1995). Les formes de la participation, comme ses dispositifs, varient selon les domaines auxquels ils s’appliquent. Un éclairage sur la polymorphie de la participation est alors nécessaire.

Les formes de la participation : consultation, concertation et co-construction

Au sein de cette sous-section, nous proposons de reproduire, dans les services climatiques urbains, les formes de participation auxquelles les acteurs de la fabrique de l’urbain sont déjà familiers, comme nous le verrons plus loin. Sous cet angle, la concertation, la consultation ou la co-construction deviennent des piliers de la conception de services climatiques pour définir et mettre en place ces interactions désirées entre les acteurs. En l’occurence, la participation revêt les mêmes formes que la participation citoyenne mobilisée à travers les démarches urbanistiques de projet (Özdirlik & Terrin, 2015 ; Bacqué et Gauthier, 2011). Le citoyen-usager est alors remplacé par le technicien-usager de la Métropole. Il s’agit d’une approche centrée sur le point de vue du fournisseur de données qui est aussi le gestionnaire de l’organisation du travail. C’est également une approche heuristique puisqu’il n’y a, à ce jour, aucun protocole d’intégration de services climatiques au sein des collectivités. Au regard du caractère polysémique des trois termes étudiés ici, le développement suivant tente de structurer les trois formes de participation mobilisées dans la thèse, à partir de travaux de l’ADEME3 et de travaux divers :
• La consultation : Elle se déroule plutôt en amont d’un projet et des décisions. Elle sert principalement à informer et à recueillir les besoins. L’utilisateur est donc uniquement consulté. Cela peut aider à la réalisation d’un cahier des charges de meilleure qualité. Il n’y a pas forcément d’itération du processus une fois le produit livré. C’est aussi une étape ou l’on trouve l’acculturation réalisée entre utilisateurs et fournisseurs.
• La concertation (Beuret, 2013) intervient, quant à elle, avant ou après la réalisation d’un projet. Celle-ci peut servir à expliquer ou justifier les choix réalisés pendant l’élaboration du projet en lui-même ou pour débattre de ses modalités d’application. La démarche itérative est ici attendue, autrement dit, les utilisateurs et fournisseurs interagissent à de multiples reprises pour améliorer le projet.
• La co-construction, ou la co-production (Akrich, 2013), est une participation dans laquelle les utilisateurs sont acteurs de l’élaboration du projet. Ils ont pour objectif, avec les fournisseurs, de créer un « monde commun » (Foudriat, 2014) qui sert de fondement à leur coopération. Les démarches itératives sont fortement mobilisées. Ainsi les utilisateurs sont consultés, concertés et co-construisent le projet. Il s’agit d’une relation d’interdépendance (Bourque & Panet-Raymond, 1991) reliée à des processus sociaux de construction et de partage d’objectifs relationnels à long terme (Levesque, 2001). La co-construction trouve son équilibre au travers de multiples points, dont la légitimité, les intérêts (économique, de visibilité, etc.) des acteurs et la mutualisation des moyens (Audoux & Gillet, 2011).

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Table des matières

Chapitre I. Introduction aux services climatiques intégrés et au climat urbain et contexte de l’étude
I.1. Les services climatiques
I.1.A. Une définition qui évolue
I.1.B. Une forte croissance
I.1.C. Une inégale répartition et des objectifs distincts
I.1.D. Des problématiques et enjeux récurrents
I.2. Services climatiques urbains intégrés
I.2.A. Les services climatiques adaptés aux échelles et aux enjeux des villes
I.2.B. Les agences nationales de météorologie pour fournir des services urbains intégrés
I.2.C Les services climatiques urbains intégrés de Toulouse Métropole
I.3. Le phénomène de micro climatologie appelé îlot de chaleur urbain
I.3.A. Monitorer le phénomène de micro-climatologie appelé îlot de chaleur urbain
I.3.B. Les différents types d’îlots de chaleur urbains
I.3.C. Caractéristiques de l’ICU de canopée urbaine
I.4. Genèse d’un projet
I.4.A. Une historique de projets de recherches
I.4.B. Construire les services urbains intégrés et le monitoring de l’ICU sur Toulouse Métropole
Chapitre II. Construire des services climatiques urbains intégrés en mobilisant des processus de co-construction
II.1. Structure générale des services intégrés urbains
II.1.A. Les composantes qui composante des services climatiques
II.1.B. L’organisation de la participation
II.2. Structure des services climatiques sur la base de réseaux d’observation
II.2.A. Champs disciplinaires impliqués
II.2.B. Choix des sites de mesure
II.2.C. Choisir les capteurs
II.2.D. Choisir les technologies de télécommunications
II.2.E. Organiser les bases de données
II.2.F. Livrer la donnée
II.2.G. Transversalité des services climatiques
II.3. Co-construction de services climatiques sur la base de réseaux d’observation, appliquée aux services urbains de Toulouse
II.3.A. Les acteurs
II.3.B. La participation des départements urbains
II.3.C. Gouvernance du réseau
Chapitre III. Implantation d’un réseau de stations météorologiques pour l’observation et la caractérisation de l’Ilot de Chaleur Urbain sur le territoire de Toulouse Métropole
III.1. Déploiement de la composante observation des services climatiques de Toulouse par le monde de la recherche
III.1.A. Caractèriser le territoire à laide d’outils cartographiques et des mesures de terrain
III.1.B. Choix des sites : la traduction de besoins opérationnels en sites de mesures
III.1.C. Présentation de la solution technique
III.1.D. Déploiement des stations météos
III.2. Composantes monitoring, base de données et partage: de services climatiques à un objet IoT
III.2.A. Transmission de la donnée : la passerelle
III.2.B. Stockage de la donnée : le noyau central
III.2.C. Livraison de la donnée et applications
III.3. Conclusion
Chapitre IV. Caractérisation de l’Ilot de Chaleur Urbain sur la métropole de Toulouse
IV.1. Récupération, organisation et évaluation des données disponibles
IV.1.A. Quantité de données
IV.1.B. Qualité des données
IV.1.C. Informer sur l’état du réseau et fiabiliser les calculs
IV.2. L’îlot de chaleur classique
IV.2.A. Evaluer une étude d’ICU
IV.2.B. Analyses de l’ICU sur la base de réseaux de mesures de température de l’air proposées par la littérature
IV.2.C. Choix des stations, des temporalités et résultats
IV.3. Approche par type de temps et saisonnière
IV.3.A. Le concept de type de temps
IV.3.B. Les types de temps de Toulouse
IV.3.C. L’attribution des types de temps au jeu de données des capteurs
IV.3.D. La représentativité des types de temps
IV.3.E. L’ICU selon les saisons et les types de temps
IV.4. Analyse spatiale infra-urbaine (Local Climate Zones)
IV.4.A. L’approche par Local Climate Zones et effectif sur Toulouse
IV.4.B. Analyse infra-urbaine pour conditions optimales annuelles et saisonnière et par situation météorologique
IV.4.C. Conclusion sur l’analyse spatio-temporelle de l’ilot de chaleur urbain sur Toulouse.
Chapitre V. Inter-comparaison du micro-climat des zones d’activités en été
V.I. Une morphologie urbaine caractéristique et une rareté d’observations
V.2. Présentation des sites d’observations, situations géographiques et période d’étude
V.3.Résultats
V.3.A. Des évolutions temporelles de l’ICU entre LCZ d’activités et rural similaires à la différence urbain/rural
V.3.B. Les effets de l’ensoleillement prolongé
V.3.C. Les espaces à proximité: un gisement de fraîcheur potentiel ?
V.3.D. L’effet des vents est légèrement perceptible
V.4. Des espaces à surveiller
VI. Conclusion générale et perspectives
VI.A. Un mot pour conclure
VI.B. Perspectives: Les études sur le climat au service de l’urbanisme contemporain
Bibliographie

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