Interprétation de l’isolement d’un dermatophyte

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Les intertrigos des grands plis

Intertrigos dermatophytiques

L’intertrigo siège avec prédilection au niveau des plis inguino-cruraux. Il s’agit de l’eczéma marginé de Hébra. Il atteint surtout les hommes. La contamination peut se faire par contact interhumain direct ou indirect. Le facteur favorisant principal est une altération épidermique quelle que soit sa nature. Ce sont les dermatophytes anthropophiles (T. rubrum, E. floccosum) qui en sont les agents responsables [61].
L’atteinte peut être unie ou le plus souvent bilatérale. Elle débute au niveau de la face interne des cuisses par une ou plusieurs plaques dont la bordure est érythémato-vésiculo-squameuses, et qui confluent pour donner un placard circiné. Elles s’étendent de façon centrifuge débordant parfois dans le pli interfessier et sur le périnée et les fesses. Alors que le centre a tendance à guérir, la périphérie reste active, polycyclique, squameuse et vésiculeuse.
L’atteinte des autres grands plis (interfessier, axillaires, abdominaux) a le même aspect clinique mais elle reste moins fréquente [24, 59].

Intertrigos candidosiques

Il est dû généralement à Candida albicans, levure saprophyte de l’homme, et qui peut passer à l’état pathogène sous l’influence de multiples facteurs.
L’aspect d’un intertrigo à Candida est cliniquement évocateur. C’est un placard à fond érythémateux parfois recouvert d’un enduit crémeux malodorant, avec une fissure fréquente du fond du pli, limitée par une bordure irrégulière pustuleuse ou une collerette desquamative. Le placard déborde le pli de façon symétrique. L’atteinte est souvent bilatérale et symétrique.
Le prurit et la sensation de brûlure sont d’intensité variable. L’intertrigo peut siéger au niveau de tous les grands plis, en particulier les plis inguinaux (surtout chez les diabétiques), le pli interfessier, abdominal et sous-mammaire. Ces intertrigos sont volontiers associés entre eux [23].
Il faut toujours rechercher une autre localisation candidosique notamment une anite ou une vulvovaginite [54].

Les intertrigos des petits plis

Intertrigos dermatophytiques

Ce sont les plis inter-orteils (en particulier le troisième et le quatrième) et sous-orteils qui sont le siège le plus fréquent de l’infection (Figure 1). Les agents responsables étant T. interdigitale, le plus fréquent, et T. rubrum [54]. L’intertrigo concerne surtout l’adulte, sous la forme d’une simple desquamation sèche ou suintante, associée ou non à des fissures ou des vésiculo-bulles sur la face interne des orteils et au fond du pli. Il peut s’étendre et occuper toute la surface plantaire « pied d’athlète ».
Le prurit est variable et est exacerbé par la transpiration et le contact de l’eau mais le patient accuse parfois seulement une sensation de brûlure [69].
Une autre localisation dermatophytique doit toujours être recherchée, en particulier une atteinte unguéale.

Intertrigos candidosiques

Tous les petits plis peuvent être atteints. L’intertrigo peut siéger au niveau interdigital des mains touchant le plus souvent le troisième espace (Figure 2A), et au niveau inter-orteils pouvant toucher les premiers espaces [23] (Figure 2B).
Une perlèche candidosique doit toujours être évoquée devant une petite squame érythémato-squameuse, triangulaire, fissuraire des deux commissures labiales.

Intertrigo à moisissures

L’intertrigo interdigital d’origine mycosique est une pathologie fréquente essentiellement due à des dermatophytes et moins fréquemment à des levures. Les moisissures sont rarement incriminées dans la genèse d’intertrigo [3, 30]. Cependant, avec l’émergence des moisissures, l’intertrigo à moisissure est de plus en plus rapporté associé ou non à une onychomycose.
Ce sont les deuxième, troisième et quatrième espaces inter-orteils qui sont le siège le plus fréquent de l’infection, qui se présente sous un aspect humide et blanchâtre (Figure 3). Les agents responsables les plus fréquents sont des Fusarium, champignons telluriques. Ainsi depuis le premier cas décrit en 1995 par Comparot et al, [25] dû à F. solani, d’autres cas plus récents ont été décrits notamment en Afrique [3, 30].

L’intertrigo inter-orteils fongique

L’intertrigo inter-orteils fongique est causé par des champignons microscopiques.

Agents étiologiques

Les champignons agents responsables d’intertrigo inter-orteils fongiques appartiennent à trois catégories: les dermatophytes, les levures dominées par celles du genre Candida et plus rarement des moisissures notamment les Fusarium [9].

Les dermatophytes

Les dermatophytes sont des champignons filamenteux, à mycélium cloisonné. Ils sont caractérisés par la production de spores diverses dénommées macroconidies, microconidies, arthrospores et chlamydospores. Ils appartiennent à trois genres différents : Microsporum, Trichophyton et Epidermophyton, dont les formes parfaites quand elles sont connues, sont des Ascomycètes. Ils se sont bien adaptés à la vie parasitaire en assimilant la kératine humaine et animale, grâce à la production de protéases kératinolytiques.
Trois dermatophytes à transmission interhumaine dominent cette pathologie : Trichophyton rubrum (70 à 80 % des cas et serait plutôt de transmission familiale), T. interdigitale (15 à 20
% des cas et présent surtout dans les piscines) et Epidermophyton floccosum (5 % des cas et parasitant plutôt les adolescents ou les adultes jeunes).
A part ces espèces, d’autres dermatophytes peuvent être aussi rencontrés comme le Microsporum géophiles, M. gypseum.
Le diagnostic différentiel se pose surtout avec l’érythrasma, une candidose à Candida albicans, l’eczéma dyshidrosique et l’intertrigo à bacille Gram négatif où les lésions sont érosives, parfois verdâtres résistantes au traitement antifongique [44].

Trichophyton rubrum

Epidémiologie et clinique

Ce dermatophyte cosmopolite est la deuxième espèce la plus répandue au Sénégal avec près de 31% des isolements [59]. Strictement anthropophile, la contamination est liée le plus souvent à la marche pieds nus dans des lieux humides (piscine, salle de bains, saunas ou tatamis de judo).
Il présente un large spectre clinique. Il détermine principalement des intertrigos interdigito-plantaires, des onyxis des pieds, et des épidermophyties circinées siégeant sur n’importe quelle partie du corps [16].

Caractères culturaux

La croissance est modérément rapide : les colonies apparaissent vers les 6ème – 7ème jours. L’aspect évocateur n’est obtenu qu’en 2 à 3 semaines.
L’aspect des souches autochtones est une petite colonie humide et bombée, en forme de disque surélevé en son centre et hérissée des mèches de filaments mycéliens ou corémies. Ce disque peu extensif se recouvre ensuite d’un duvet blanchâtre. Parfois on peut distinguer une petite zone circulaire foncée ou rouge vineuse en périphérie au recto. Le verso est typiquement incolore ou brun, mais il peut aussi être jaune (Figure 4A) [16].

Morphologie microscopique

Chez les souches autochtones, le mycélium, régulier et cloisonné, est souvent stérile avec quelques microconidies piriformes disposées en acladium.
Les macroconidies, à paroi lisse et mince, sont rares, voire absentes. Elles sont en forme de cigare ou de saucisse et mesurent 60 à 80 mm de long sur 6 à 8 mm de large.
Par contre, il existe souvent des excroissances triangulaires caractéristiques.
Les souches d’origine africaine ou asiatique sont à l’inverse très sporulantes avec de nombreuses microconidies piriformes, disposées en amas ou en acladium le long des filaments, et de nombreuses macroconidies (Figure 4B) [16].

Trichophyton interdigitale

Epidémiologie et clinique

Trichophyton interdigitale est une espèce anthropophile. C’est un parasite fréquent des pieds, plus rarement de l’aine. Il est à l’origine d’intertrigos interdigito-plantaires, d’onyxis des pieds, de lésions circinées squameuses de la plante et du dos du pied. Il détermine plus rarement des intertrigos inguinaux.
Il n’y a jamais d’atteinte du poil ou du cheveu.

Caractères culturaux

La croissance des colonies est rapide. Elles sont extensives, discoïdes, plates et poudreuses. A 8 jours, elles prennent un aspect de plâtre ou de farine. Le recto de la colonie est de couleur blanchâtre à crème (Figure 5A). Le verso peut être de couleur incolore à rouge brique.

Morphologie microscopique

En microscopie, on observe des ornementations abondantes. Les filaments ramifiés à angles droits appelés croix de Lorraine sont caractéristiques. Les microconidies sont abondantes le plus souvent rondes et disposées en buisson. Les macroconidies en massues, composées de 3 à 6 logettes à paroi fine sont également présentes en quantité importante (Figure 5B). Il est possible d’observer des vrilles [16].

Epidermophyton floccosum

Epidémiologie et clinique

Il s’agit d’un dermatophyte cosmopolite anthropophile, la contamination s’effectuant directement par le porteur de lésion ou indirectement par le biais de la marche sur un sol souillé (salle de bain familiale, douches, salles de sport, piscines).
E. floccosum est à l’origine d’épidermophyties circinées et d’intertrigos (inter-orteils, inguinaux, axillaires), plus exceptionnellement d’onyxis. Il n’y a jamais d’atteinte des poils ou du cuir chevelu.

Caractères culturaux

La croissance est rapide : les colonies apparaissent vers le 5ème jour, et sont caractéristiques vers le 12ème jour. Elles se présentent comme un disque étoilé finement duveteux ou poudreux, au ras de la gélose. Le recto est de couleur jaune kaki ou vert olive, et le verso chamois. En vieillissant, les colonies deviennent plissées et verruqueuses, et des zones de pléomorphisme peuvent se voir (Figure 6A).

Morphologie microscopique

Les filaments mycéliens, fins et réguliers, cloisonnés, se vésiculisent et forment rapidement des chlamydospores.
On note l’absence de microconidies et la présence de nombreuses macroconidies en forme de massue, lisses ou échinulées, comportant 2 à 5 logettes. Elles mesurent de 20 à 35 mm de long sur 6 à 8 mm de large, et sont souvent groupées en bouquets, avec un aspect en « régime de bananes » (Figure 6B) [16].

Microsporum gypseum

Epidémiologie et clinique

C’est un dermatophyte cosmopolite, tellurique. La contamination se fait à partir du sol (plaie souillée de terre) ou par le biais d’un petit mammifère sauvage (rat, mulot) ou domestique (chien, chat,…).
Il détermine des épidermophyties circinées des parties découvertes, très inflammatoires, et des folliculites. On voit également des sycosis chez l’homme, et des kérions chez l’enfant.
Il n’y a pas d’atteinte de l’ongle [16].

Caractères culturaux

La croissance est rapide : les colonies apparaissent en 4 à 5 jours et sont caractéristiques en une semaine. Elles sont planes, habituellement poudreuses ou granuleuses (en « éclaboussure de plâtre »), et le verso brun chamois ou beige sans pigment diffusible (Figure 7A).

Morphologie microscopique

Le mycélium est rare en primoculture dans les souches poudreuses. On observe de nombreuses macroconidies elliptiques (en cocon), à paroi mince et échinulée. Elles comportent au maximum 6 logettes et mesurent 40 à 60 mm sur 12 à 15 mm de large. Des microconidies piriformes sont rarement observées (Figure 7B).
La recherche d’organes perforateurs in vitro est positive.
Les souches en primoculture sont caractéristiques, mais le champignon pléiomorphise rapidement avec les repiquages et devient difficilement reconnaissable.

Les levures

Concernant les champignons levuriformes, le thalle se réduit à un état unicellulaire. Les levures ont une forme arrondie ou ovalaire et se reproduisent par bourgeonnement. Certaines espèces comme C. albicans peuvent donner naissance à un filament ou un pseudomycélium issu de la levure mère.
Comme levures agents d’IIO, les espèces du genre Candida restent prédominantes avec notamment C. albicans suivi de C. parapsilosis mais également d’autres levures du genre Trichosporon ou encore les Geotrichum, hyphomycètes souvent comparés aux Trichosporon.

Le genre Candida

Le genre Candida appartient au phylum des Deutéromycètes, la classe des Blastomycètes (levures asexuées) et à l’ordre des Cryptococcales. Les levures du genre Candida sont responsables d’affections appelées, les candidoses qui sont les mycoses humaines les plus rencontrées dans le monde. Elles sont incriminées dans 80% des infections à levures [10].
De nombreuses espèces appartenant au genre Candida sont impliquées dans les candidoses. La plus fréquente est C. albicans, elle représente plus de 60% de toutes les levures isolées chez l’homme. C’est un commensal des cavités naturelles, en particulier du tube digestif.
D’autres espèces sont aussi rencontrées en pathologie humaine ; par ordre de fréquence décroissante on trouve [19] :
– C. glabrata, il représente actuellement 10 à 20% des isolats.
– C. tropicalis, il est responsable de septicémie.
– C. parapsilosis, responsable de septicémie (2ème place après C. albicans).
– C. kefyr, C. krusei, C. famata, C. lusitaniae, C. guilliermondii, C. norvegensis, etc.

Habitat, épidémiologie et clinique

Seul C. albicans et C. glabrata vivent en commensaux dans le tube digestif et les voies génitales  de l’homme et de la femme. Les autres espèces, issues le plus souvent du milieu extérieur, peuvent se localiser occasionnellement sur la peau ou dans l’intestin lorsqu’il s’agit d’une origine alimentaire. Ce sont tous des levures opportunistes, c’est-à-dire qu’elles vont profiter d’un dysfonctionnement du système immunitaire ou d’autres facteurs favorisants pour provoquer des candidoses. De nouveaux Candida apparaissent comme C. dubliniensis, proches de C. albicans qui semblent émerger depuis l’apparition et la diffusion du VIH [31].
C. parapsilosis et C. guilliermondii se retrouvent dans le tractus uro-génital ou au niveau de la peau.
C. albicans ne se retrouve pas sur la peau dans des conditions normales.
C. dubliniensis, longtemps confondu avec C. albicans est retrouvé au niveau de la cavité buccale de sujets séropositifs pour le VIH.
Les Candida sont responsables des candidoses dont on distingue, les candidoses superficielles et les candidoses profondes. Les candidoses superficielles sont très fréquentes, en majorité bénignes, faciles à diagnostiquer et à traiter. L’identification des facteurs de risque est importante pour éviter les récidives. Elles comprennent les candidoses digestive, génitale, cutanée et unguéale. Les candidoses profondes sont aussi appelées candidoses viscérales, systémiques ou disséminées. Ce sont les septicémies ou fongémies, les localisations secondaires à une fongémie et les localisations profondes primitives.

Le genre Trichosporon

Epidémiologie et clinique

Ces espèces sont responsables d’infections superficielles comme la « piedra blanche », des lésions cutanées à type d’intertrigo (surtout inguinal) ou d’onychomycose et d’infections profondes survenant essentiellement chez le sujet immunodéprimé. Les Trichosporonoses profondes sont des infections opportunistes qui surviennent essentiellement chez le patient d’hématologie atteint de leucémie aiguë profondément neutropénique. Dans les divers cas de trichosporonose disséminée rapportés dans la littérature, une leucémie aiguë représente la pathologie sous-jacente dans 70 %  des cas [67].

Caractères généraux

Les Trichosporon spp. sont des levures appartenant au phylum Ascomycotina, classe des Hémiascomycètes, ordre des Saccharomycétales, famille des Dipodascaceae [32]. Jusqu’à ces dix dernières années, les différentes espèces de Trichosporon étaient difficilement identifiées du fait de l’imprécision des critères d’identification. Presque toutes les souches isolées étaient décrites comme T. beigelii ou T. cutaneum, les caractéristiques physiologiques étant souvent décrites comme « variables ». Une révision taxonomique du genre Trichosporon a été réalisée en 1992 par Guého et al, [45] utilisant la morphologie, l’ultrastructure, la physiologie, le système ubiquinone, le pourcentage en guanine et cytosine (GC), les réassociations acide désoxyribonucléique (ADN)-ADN et le séquençage de l’acide ribonucléique ribosomal (ARNr). Aujourd’hui, le genre Trichosporon est constitué de nombreuses espèces dont certaines appartiennent à des biotopes très particuliers. Six espèces ont été décrites en pathologie humaine : T. ovoides, T. inkin, T. ashaii, T. asteroides, T. cutaneum et T. mucoides. L’espèce Fissuricella filamenta, bien que morphologiquement différente, présente une identité avec T. asteroides sur la base des réassociations ADN/ADN. La dénomination T. beigelii ne doit donc plus être employée, cependant de nombreuses publications font encore état d’infections dues à T. beigelii. Très récemment, une autre espèce, T. loubieri, a été décrite en pathologie humaine [32].

Morphologie microscopique

Ces levures se présentent macroscopiquement sous la forme de colonies glabres, beiges, sèches ou humides (Figure 9).

Le genre Geotrichum

Epidémiologie et clinique

Les Geotrichum spp. sont des champignons appartenant au phylum Ascomycotina, classe des Hémiascomycètes, ordre des Saccharomycétales : famille des Dipodascaceae. Actuellement, trois espèces de Geotrichum ont été décrites comme pathogènes humains : G. candidum, G. capitatum et G. clavatum [32].
Geotrichum candidum est cosmopolite. On le retrouve dans le milieu extérieur (air, sol, eau), et il participe à la dégradation des fruits. Dans l’alimentation, G. candidum est utilisé pour l’affinage de nombreux fromages, mais il est aussi retrouvé dans les produits laitiers (lait, crème, beurre) [14].
Il est assez habituel d’isoler des Geotrichum à partir des prélèvements digestifs (buccaux, intestinaux, etc.) du fait du caractère commensal de ses champignons de l’importance alimentaire.
On attribue cependant à G. candidum un rôle pathogène dans des conditions particulières ou le champignon sera isolé seul, en abondance, avec un examen direct positif. Ces géotrichoses peuvent survenir après une antibiothérapie prolongée, mais aussi au cours de thérapeutique immunosuppressive lourdes, mise en place pour une hémopathie ou un cancer. On décrit les atteintes :
• bucco-pharyngées, notamment la langue noire villeuse, mais la responsabilité réelle de ce champignon dans ce contexte n’est pas évident ;
• digestives, à type d’entérite ou de colites, avec parfois du sang dans les selles ;
• respiratoires, avec des expectorations mucopurulentes, parfois sanglantes, à l’origine de véritables broncho-pneumopathies ;
• oculaires à l’origine de conjonctivite, de kératite ;
• cutanées provoquant des lésions polymorphe (placards circinés infiltrés, folliculites, intertrigo, etc.)
• unguéales avec onychomycose ;
• disséminées, de pronostic sombre, en cas d’immunodépression profonde.
La géothrichose à G. capitatum est rare, elle ne survient que chez les malades profondément immunodéprimés. La neutropénie est un facteur déterminant de la dissémination hématogène (hémoculture positive) qui est habituelle. Il existe de multiples localisations viscérales (hépatospléniques, cardiaques, rénale, etc.). Le pronostic est particulièrement sombre [19].

Caractères physiologiques

L’analyse des caractères microscopiques et physiologiques permet de différencier les différentes espèces. Parfois confondus avec Trichosporon spp., ils s’en distinguent par leur incapacité à assimiler de nombreuses sources de carbone et par l’absence d’uréase [32].
Cependant, ces espèces, et plus particulièrement G. capitatum, ont souvent été identifiées à tort comme des Trichosporon spp. rendant difficiles les revues bibliographiques. Aujourd’hui encore, le genre Blastoschizomyces, dont fait partie B. capitatus, décrit par Salkin et al., ne fait pas l’unanimité [67]. B. capitatus est identifié par De Hoog et al, comme synonyme de Geotrichum capitatum [32].

Morphologie

Macroscopiquement indiscernables entre eux, ces champignons se développent sous la forme des colonies plates, plâtreuses à muqueuses, glabres à finement duveteuses avec un mycélium aérien abondant (Figure 10) [14].
La croissance est lente.
Microscopiquement, l’examen des colonies montre des filaments mycéliens hyalins se dissociant en éléments rectangulaires, les arthroconidies.
– Multiplication végétative : Le mycélium végétatif est constitué de longs filaments réguliers, mais assez larges (7 à 12 µm de diamètre), septés, donnant naissance à des filaments latéraux s’articulant à angle aigu ou à angle droit. Ces ramifications latérales sont plus étroites (2,5 à 4 µm de diamètre). Elles sont cloisonnées, et se désarticulent en courts segments cylindriques (arthrospores) de 5 à 17 µm de long sur 4 à 6 µm de large. Il n’y a pas de blastospores.
– Multiplication sexuée : Il existe un stade sexué, Galactomyces geotrichum, mais il est rarement obtenu sur les milieux usuels de mycologie médicale. [14].

Les moisissures

Les moisissures sont des champignons filamenteux ubiquitaires, saprophytes. La contamination par l’air est assurée par leur sporulation. Leur principal biotope est le sol.
Comme agents de mycoses superficielles, on les rencontre principalement dans les infections de la plante et des ongles des pieds. Les genres et espèces les plus fréquemment isolés sont : Fusarium, Aspergillus, Scopulariopsis brevicaulis, Scytalidium dimidiatum, Alternaria spp, Acremonium spp, …

Fusarium

Epidémiologie et clinique

Les Fusarium sont des champignons cosmopolites. On distingue près de 40 espèces largement répandues dans la nature et vivant en saprophytes. Le pouvoir pathogène chez l’homme est varié. Certaines espèces sont à l’origine de kératites (suite à un traumatisme), d’onyxis des mains ou des pieds, parfois de mycétomes en zone tropicale [17, 30].

Caractères culturaux

Les Fusarium poussent sur milieu Sabouraud, mais se développent mieux sur gélose au malt ou sur milieu PDA (potato-dextrose-agar) (Figure 11).
Leur température optimale de croissance est comprise entre 22 et 37°C. Sur les milieux de culture, les Fusarium forment des colonies duveteuses ou cotonneuses de couleur variable (blanche, crème, jaune, rose, rouge, violette ou lilas) selon les espèces. Le revers peut être crème, rouge à pourpre, lilas ou violet. Les pigments diffusent souvent dans la gélose [3, 17].

Morphologie microscopique

➢ Multiplication végétative (Figure 11)
Du thalle végétatif naissent des conidiophores courts et souvent ramifiés. Ils portent des phialides qui peuvent avoir un ou plusieurs sites de bourgeonnement pour la production des conidies. Le plus souvent, les phialides présentent un site de bourgeonnement unique (monophialide) situé à l’extrémité d’un col allongé (F. solani) ou court et trapu (F. oxysporum). Chez d’autres espèces comme F. proliferatum, les phialides présentent plusieurs sites de bourgeonnement (polyphialides).
Les conidies produites par les phialides sont de 2 types. On distingue :
• Des micronidies : conidies unies (ou bi) cellulaires, de 4 à 8 µm de long, allongées, ovales ou cylindriques, isolées, solitaires ou groupées, disposées en verticilles ou plus rarement en chaînettes (F. moniliforme) ;
• Des macroconidies : conidies pluricellulaires à cloisons seulement transversales. Elles mesurent de 18 à 80µmde long, et sont souvent groupées en paquets. Elles sont fusiformes, courbées, assez pointues aux extrémités, avec une cellule podale formant une sorte de talon plus ou moins visible.
Enfin, des chlamydospores sont parfois présentes, terminales ou intercalaires (au sein des filaments ou déformant une macroconidie) [17, 53].

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : RAPPELS BIBLIOGRAPHIQUES
Généralités sur les intertrigos ou atteintes des plis
I.1 Définition
I.2 Les intertrigos des grands plis
I.2.1 Intertrigos dermatophytiques
I.2.2 Intertrigos candidosiques
I.3 Les intertrigos des petits plis
I.3.1 Intertrigos dermatophytiques
I.3.2 Intertrigos candidosiques
I.3.3 Intertrigo à moisissures
L’intertrigo inter-orteils fongique
II.1 Agents étiologiques
II.1.1 Les dermatophytes
II.1.1.1 Trichophyton rubrum
a. Epidémiologie et clinique
b. Caractères culturaux
c. Morphologie microscopique
II.1.1.2 Trichophyton interdigitale
a. Epidémiologie et clinique
b. Caractères culturaux
c. Morphologie microscopique
II.1.1.3 Epidermophyton floccosum
a. Epidémiologie et clinique
b. Caractères culturaux
c. Morphologie microscopique
II.1.1.4 Microsporum gypseum
a. Epidémiologie et clinique
b. Caractères culturaux
c. Morphologie microscopique
II.1.2 Les levures
II.1.2.1 Le genre Candida
a. Habitat, épidémiologie et clinique
b. Morphologie
II.1.2.2 Autres levures
II.1.2.2.1 Le genre Trichosporon
a. Epidémiologie et clinique
b. Caractères généraux
c. Morphologie microscopique
II.1.2.2.2 Le genre Geotrichum
a. Epidémiologie et clinique
b. Caractères physiologiques
c. Morphologie microscopique
II.1.3 Les moisissures
II.1.3.1 Fusarium
a. Epidémiologie et clinique
b. Caractères culturaux
c. Morphologie microscopique
II.1.3.2 Aspergillus
a. Épidémiologie et clinique
b. Caractères culturaux
c. Morphologie microscopique
II.2 Facteurs favorisants
II.2.1 Facteurs favorisants liés au patient
II.2.2 Facteurs favorisants iatrogènes
II.2.3 Facteurs favorisants liés au mode de vie
II.2.4 Facteurs favorisants liés à l’entourage du patient
II.3 Physiopathologie
II.3.1 Intertrigo dermatophytique
II.3.2 Intertrigo candidosique
II.4 Cliniques et lésions associées
II.5 Evolution et complications
II.6 Diagnostic
II.6.1 Etape pré analytique :
II.6.2 Prélèvement
II.6.3 Examen direct
II.6.4 Milieux et conditions de culture
II.6.5 Identification
a. Interprétation de l’isolement d’un dermatophyte
b. Interprétation de l’isolement d’une levure
c. Interprétation de l’isolement d’une moisissure
II.7 Traitement
II.8 Prévention
DEUXIEME PARTIE : TRAVAIL EXPERIMENTAL
Cadre, période et type d’étude
I.1 Cadre d’étude.
I.2 Type et période d’étude
Population d’étude
II.1 Critères d’inclusion
II.2 Critères de non inclusion
Matériels et méthodes d’étude
III.1 Matériels de l’étude
III.1.1 Matériels classiques de laboratoires
III.1.2 Milieux de culture
III.1.3 Réactifs
III.2 Méthodes d’étude
III.2.1 Interrogatoire
III.2.2 Prélèvement
III.2.3 Examen direct
III.2.4 Culture et incubation
III.2.5 Préparation des cultures
III.2.6 Identification
III.2.7 Analyse statistique : les indices parasitaires
Résultats et discussion
IV.1 Résultats
IV.1.1 Caractéristiques de la population d’étude
IV.1.2 Résultats épidémiologiques et cliniques
IV.1.2.1 Fréquences de l’examen d’intertrigo inter-orteils
IV.1.2.2 Indices d’infestation parasitaire
IV.1.2.3 Répartition de l’indice de l’infestation parasitaire selon le sexe
IV.1.2.4 Répartition de l’indice de l’infestation parasitaire selon l’âge
IV.1.2.5 Répartition de l’intertrigo selon la localisation
IV.1.2.6 Fréquence d’association entre l’intertrigo inter-orteils avec les autres mycoses du pied
IV.1.3 Résultats mycologiques
IV.2 Discussion
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE

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