Intérêt du Concept Mulligan dans la prise en charge de patients atteints de cervicalgies non spécifiques

Les fonctions du rachis cervical font de lui une structure qui nécessite une grande mobilité. En effet, il est le segment le plus mobile de la colonne vertébrale. Cependant, ces fonctions font de lui un élément qui est sollicité en permanence. Ces sollicitations, ainsi que de nombreux autres facteurs, peuvent être la source de douleurs que l’on appelle cervicalgies.[1] Ces cervicalgies sont un véritable problème de santé publique. En effet, le taux de prévalence de la cervicalgie chez les adultes est très élevé. Cette prévalence élevée en fait, avec la lombalgie, l’une des pathologies qui touche le plus la population adulte.[2] Il s’agit donc d’une pathologie qui est très fréquemment rencontrée en kinésithérapie. Selon la Haute Autorité de Santé, environ un acte de masso-kinésithérapie sur dix concernerait le traitement de la cervicalgie.[3] Les cervicalgies entrainent, en plus de la douleur, une limitation des mouvements du rachis cervical et une raideur de cette région. Elles peuvent aussi entrainer une gêne fonctionnelle plus ou moins importante. Selon une étude, c’est cette perte d’amplitude de mouvement qui serait la plainte la plus courante chez les personnes atteintes de cervicalgies.[4] Au sens étymologique du terme, la kinésithérapie est la thérapie du mouvement ou la thérapie par le mouvement. L’un de nos rôles, en tant que kinésithérapeutes, est donc de redonner de la mobilité aux structures qui, à cause de diverses pathologies, en auraient perdu. Pour ce faire, le masso-kinésithérapeute dispose d’une multitude de techniques, et tout autant de concepts ont été développés pour y parvenir. Au début des années 1980, Brian Mulligan découvre par hasard la Mobilisation With Movement (MWM). Il a par la suite affiné ses techniques et les a adaptées aux différentes articulations du corps. Ce concept qui commence à se démocratiser en France, fait déjà partie intégrante de la formation en kinésithérapie dans de nombreux pays anglophones tels que l’Australie, l’Angleterre et la Nouvelle-Zélande. [5,6] Le Concept Mulligan s’adresse essentiellement aux mouvements qui sont limités par la douleur. L’objectif thérapeutique, en plus de réduire la douleur, est d’augmenter l’amplitude articulaire de la structure concernée. De nombreuses études confirment que l’application des techniques de Mulligan sur des patients souffrant de cervicalgies a un effet positif sur la diminution de leurs douleurs.[7–9] Cependant, nous pouvons nous demander si l’utilisation de techniques du Concept Mulligan, adaptées au rachis cervical, permettraient d’augmenter les amplitudes articulaires chez les patients souffrants de cervicalgies non spécifiques. Pour répondre à cette problématique, nous pouvons émettre comme hypothèse que l’utilisation de techniques issues du concept de Mulligan permettent d’améliorer la mobilité articulaire des patients atteints de cervicalgies non spécifiques. Dans le but de valider ou d’invalider cette hypothèse, une revue de la littérature semble nécessaire afin d’analyser les différentes études à ce sujet, et d’en extraire les meilleures informations pour les masso kinésithérapeutes quant à l’utilisation de ces techniques dans leur pratique courante.

Cervicalgie

Qu’est-ce que la cervicalgie ? 

D’après la Haute Autorité de Santé (HAS), sont qualifiées de cervicalgies « les douleurs comprises entre la ligne courbe occipitale et une ligne transverse passant par la pointe du processus épineux de la première vertèbre thoracique. Les cervicalgiesregroupent l’ensemble des douleurs de la région cervicale ».[3] Toutes les cervicalgies étant différentes, il existe plusieurs façons de les classer. Il est possible de les classer en fonction de leur devenir (chronique ou aiguë), de leur étiologie (inflammatoire, mécanique) et de leur sévérité. Cette sévérité peut être décomposée en plusieurs grades. En effet, le Neck Pain Task Force (NPTF) recommande une classification en quatre grades [3] :

• Cervicalgies de grade I : absence de signes ou symptômes évocateurs d’une pathologie structurelle majeure et peu ou pas d’incidence sur les activités de la vie quotidienne. Le patient répondra probablement à un minimum d’interventions, comme le contrôle de la douleur et « rassurer ». Cela ne nécessite pas d’investigation intensive ou de traitement continu.
• Cervicalgies de grade II : absence de signes ou symptômes évocateurs d’une pathologie structurelle majeure mais des incidences importantes sur les activités de la vie quotidienne. Cela nécessite un traitement de la douleur, des mobilisations précoces visant à prévenir l’incapacité à long terme.
• Cervicalgies de grade III : absence de signes ou symptômes évocateurs d’une pathologie structurelle majeure mais présence de signes neurologiques tels que la diminution des réflexes tendineux, une faiblesse musculaire et / ou des déficits sensoriels. Cela pourrait nécessiter des investigations et des traitements plus invasifs.
• Cervicalgies de grade IV : Signes ou symptômes d’une pathologie structurelle majeure comme une fracture, une myélopathie, une tumeur, ou une maladie systémique. Cela nécessite des investigations et la mise en place d’un traitement rapidement.

Pour cette étude, nous nous intéresserons uniquement aux cervicalgies de grade I et de grade II, qui, contrairement aux cervicalgies de grade III et de grade IV, ne nécessitent pas une prise en charge spécifique[3]. Les cervicalgies dont « la démarche étiologique menée par le médecin ne conduit pas à une affection précise impliquant une cause et une évolutivité particulière justifiable d’un traitement spécifique » seront étudiées. Ces cervicalgies sont nommées « cervicalgies communes ». Cependant, il n’est pas recommandé d’utiliser ce terme. En effet, le qualificatif « non spécifique » sera plus adapté pour décrire une symptomatologie qui peut devenir chronique et qui est invalidante pour le patient.

Les différents traitements

Parmi les nombreux traitements qui existent pour soigner les cervicalgies, nous pouvons retrouver des traitements médicamenteux, des traitements par immobilisation avec un collier cervical pendant une période très courte (deux à trois jours maximum), et différentes techniques de kinésithérapie qui sont l’électrothérapie, les tractions cervicales, le massage, les techniques de manipulation cervicale, les exercices actifs, la rééducation oculo-cervicale et les techniques de gain de mobilité où l’on retrouve les mobilisations actives, passives et de contracté relâché.[10] Cependant, des études montrent que certains traitements sont plus efficaces que d’autres. Un essai clinique randomisé [14] a démontré qu’un traitement médicamenteux n’avait pas d’effet bénéfique supérieur à un traitement de kinésithérapie classique – comprenant exercices, massage, chaleur, électrothérapie – ainsi qu’à des techniques de thérapie manuelle utilisant des mobilisations et des manipulations qui n’ont pas été détaillées dans l’étude (en accord avec The Dutch Society for Manual Therapy). Une autre étude plus récente vient appuyer cette première étude. [15] La Haute Autorité de Santé n’a accordé que le grade C de recommandations aux techniques d’électrothérapie, ultrasons et infrarouges. En effet, aucune étude n’a évalué chacune de ces techniques séparément.[10] Une étude montre que les manipulations cervicales seraient plus efficaces que les massages à court et moyen terme pour diminuer la douleur et augmenter la mobilité. Cependant cette étude n’a qu’une faible qualité de preuve.

De plus, bien qu’aucune étude n’ait encore prouvé son efficacité, il existe un fort consensus pour l’utilisation du massage du fait de l’absence de risques démontrés, de sa large utilisation par les kinésithérapeutes et de la reconnaissance de ses bienfaits par les patients. Il ne doit pas être utilisé comme traitement mais comme complément thérapeutique. [10] Selon la Haute Autorité de Santé (HAS), les techniques de gains articulaires, les exercices actifs et la rééducation oculo-cervicale pour traiter les cervicalgies, sont recommandés avec un grade B. [10] De nombreuses études ont montrées qu’un traitement multimodal présentait des résultats positifs afin de diminuer les scores de douleur, d’améliorer les fonctions, la force musculaire et la qualité de vie liée à la santé des patients [16][17]. En effet, il semblerait qu’une approche multimodale avec l’utilisation des différentes techniques soit l’une des meilleures solutions pour traiter les cervicalgies non spécifiques. Cependant, cette approche semble difficile à mettre en place en pratique. Plusieurs études récentes [18][9] ont montré que le Concept Mulligan était une approche kinésithérapique qui permettait de traiter efficacement les cervicalgies non spécifiques. En effet, on peut voir dans ces études que l’utilisation de techniques issues du concept de Mulligan ont permis de diminuer les douleurs cervicales. De plus, comme vu dans l’une de ces études, [18] on observe une amélioration immédiate des douleurs et une augmentation de la mobilité articulaire à l’issue de la première séance.

Le Concept Mulligan

La thérapie manuelle est une spécialisation de la kinésithérapie. Selon l’International Federation of Orthopaedic Manipulative Physical Therapists (IFOMPT), la thérapie manuelle se définit comme une « spécialisation de la kinésithérapie pour la prise en charge des troubles neuro-musculo-squelettiques (NMS) basée sur un raisonnement clinique utilisant des approches thérapeutiques hautement spécifiques incluant des techniques manuelles et des exercices thérapeutiques. Elle englobe et est guidée par les preuves scientifiques et cliniques disponibles et le cadre biopsychosocial de chaque patient. »[19] Les techniques manuelles mises en place peuvent être des techniques de mobilisation ou de manipulation. Cependant, les manipulations qui sont définies par l’IFOMPT comme « une poussée passive, de haute vélocité et de faible amplitude (HVLA), appliquée à une articulation dans les limites anatomiques dans le but de restaurer un mouvement et une fonction optimale, et/ou réduire la douleur »[20] ne peuvent pas être effectuées par des masso-kinésithérapeutes sur le rachis cervical. Nous allons donc nous intéresser aux mobilisations cervicales et à une technique, un concept bien particulier, le Concept Mulligan.

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Table des matières

1. Introduction
1.1. Cervicalgie
1.1.1. Qu’est-ce que la cervicalgie ?
1.1.2. Epidémiologie
1.1.3. Les différents traitements
1.2. Le Concept Mulligan
1.2.1. L’histoire du Concept Mulligan
1.2.2. Les principes
1.2.3. Les différentes mobilisations
1.2.4. Sustained Natural Apophyseal Glides
1.3. Biomécanique du rachis cervical
1.3.1. Le rachis cervical
1.3.2. Cinésiologie du rachis cervical
1.3.2.1. Le rachis cervical supérieur
1.3.2.2. Le rachis cervical inférieur
1.4. Intérêt de cette revue de littérature
1.5. Problématique PICO
2. Méthode
2.1. Critères d’éligibilité et de sélection des articles de cette revue
2.1.1. Schéma d’étude et validité interne
2.1.2. Population
2.1.3. Intervention
2.1.4. Comparateur
2.1.5. Critères de jugement / Outils
2.2. Méthodologie de recherche des études
2.2.1. Sources utilisées
2.2.2. Equation de recherche
2.3. Méthodologie d’extraction et d’analyse des données
2.3.1. Méthode de sélection des études
2.3.2. Evaluation de la qualité méthodologique des études sélectionnées
2.3.3. Extraction des données
2.3.4. Méthodologie de synthèse des résultats
3. Résultats
3.1. Description des études
3.1.1. Processus de sélection
3.1.2. Synthèse des études sélectionnées
3.2. Risque de biais des études incluses
3.2.1. Evaluation méthodologique
3.2.2. Analyse des principaux biais potentiels
3.3. Effets de l’intervention
4. Discussion
4.1. Analyse des principaux résultats
4.1.1. SNAGs vs technique spécifique
4.1.2. SNAGs vs contrôle
4.1.3. Les biais potentiels des résultats
4.1.3.1. Hétérogénéité dans les populations étudiées
4.1.3.2. Hétérogénéité dans les protocoles d’intervention
4.1.4. Mise en relation des études
4.2. L’applicabilité à la pratique clinique
4.2.1. Avantages
4.2.2. Inconvénients
4.3. Qualité des preuves
4.3.1. Système de gradation du niveau de preuves des études selon l’HAS
4.3.2. Système de gradation selon le système GRADE working group
4.4. Biais de cette revue de littérature
5. Conclusion

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