Interaction entre les éléments de l’agriculture moderne et le développement économique

CLASSIFICATION DES EXPLOITATIONS AGRICOLES

   « L’agriculture est l’activité économique ayant pour objet la transformation et la mise en valeur du milieu naturel afin d’obtenir les produits végétaux et animaux utiles à l’homme, en particulier, ceux destinés à son alimentation. » Pour ce faire, les agriculteurs utilisent divers techniques et moyens de production selon les époques et les pays. En fait, ces systèmes de production agricoles répondent aux objectifs économiques poursuivis par les exploitants afin d’améliorer leur condition d’existence. Selon le mode d’organisation de la production, divers types d’exploitations peuvent être identifiés : les exploitations pour l’autosubsistance, les exploitations familiales marchandes, les exploitations capitalistes avec salariés, les coopératives de production et les fermes d’Etat.
Les exploitations pour l’autosubsistance Ces exploitations pratiquent une agriculture extensive peu productive. Les agriculteurs produisent pour leur autosubsistance et les moyens techniques utilisés sont très faibles. L’isolement des régions agricoles qui entraîne des coûts de transport élevés et des difficultés d’approvisionnement les incite à ne pas se spécialiser dans les productions marchandes et à ne pas avoir recours aux intrants d’origine industrielle. Les minifundio d’Amérique latine en sont un exemple. Dans ce type d’exploitation, les paysans associent élevage fermier et polyculture vivrière. Les résidus de culture y sont recyclés comme engrais vert en substitution aux engrais et produits phytosanitaires.
Les exploitations familiales marchandes Il s’agit d’une agriculture de transition qui juxtapose les systèmes traditionnel et moderne. Une partie plus ou moins importante de la production excédentaire est destinée à la commercialisation lorsque les superficies, le matériel et les techniques permettent aux agriculteurs de produire beaucoup plus que ce qui est nécessaire pour satisfaire les besoins de la famille. Dans le cas où les exploitants ne disposent que peu de surfaces exploitables et qu’ils ne peuvent être redéployés dans d’autres activités, il est préférable pour eux de pratiquer une production intensive qui leur permettrait de maximiser leur revenu à l’unité de surface. Sinon, lorsque les surfaces sont relativement abondantes, les agriculteurs maximisent leur revenu par heure de travail investie. Dans ce cas, les systèmes de production intensifs sont délaissés pour des pratiques extensives. Cette agriculture est une caractéristique commune des pays en développement.
Les exploitations capitalistes avec salariés Dans ce domaine, l’exploitant agricole doit acheter des moyens de production très coûteux ou des forces de travail salariés. Néanmoins, il ne fait appel à la main d’œuvre que si les revenus de l’exploitation excèdent les dépenses salariales, autrement dit, s’ils permettent de rentabiliser le capital investi. Le cas des latifundia d’Amérique latine en est un exemple. Dans ces exploitations, les propriétaires sont absentéistes et préfèrent se tourner vers le commerce tout en optant pour des systèmes extensifs qui n’utilisent que peu de main d’œuvre et n’exigent que de faibles capitaux.
Les coopératives de production et les fermes d’Etat Les coopératives de production sont des associations de familles d’agriculteurs désireuses de gérer collectivement les exploitations et de bénéficier d’économies d’échelle leur permettant d’accroître la productivité agricole. Les fermes d’Etat sont des exploitations gérées directement par les pouvoirs publics. Les producteurs sont des salariés de l’Etat. Ils reçoivent une rémunération indépendante des résultats obtenus sur l’exploitation. Ces deux types d’exploitation sont caractéristiques des économies planifiées. Elles représentent des instruments de planification agricole permettant l’instauration du socialisme dans les campagnes. Toutefois, des coopératives de production peuvent également exister dans certaines exploitations capitalistes. Ainsi, le mode d’organisation d’une agriculture permet d’identifier sa caractéristique. Par ailleurs, un autre critère important qui englobe cette classification, peut également être mis en exergue à savoir, l’effectif de la main d’œuvre agricole employée ou l’importance des capitaux utilisés. La classification qui en résulte permet de constater différentes phases de développement agricole.

L’agriculture traditionnelle

   Dans cette phase, la terre et la main d’œuvre constituent les principaux facteurs de production utilisés. Les efforts de modernisation de l’agriculture ne sont pas encore très effectifs et l’accroissement de la productivité reste faible. Dans cette classification se trouvent l’agriculture de subsistance et l’agriculture de transition. Cette agriculture est surtout extensive, peu productive et utilise des techniques de production assez faibles. Ce fut le cas de l’agriculture du Tiers monde durant les années 70-80 alors que la productivité agricole des pays développés était déjà importante. Notamment pour la période de 1979-1981, la valeur ajoutée agricole par travailleur aux prix de 1995 était de 109$ pour le Malawi, celle du Burkina Faso était de 134$, 197$ pour Madagascar, 222$ pour le Niger, 262$ pour le Kenya et de 272$ pour l’Inde. D’autre part, celle de la France était de 19318$ et 20326$ pour le Royaume –Uni.

L’agriculture : fournisseur de capitaux

   Le développement économique nécessite d’importantes ressources en capital. Ce dernier provient généralement soit de l’aide étrangère, soit des investissements commerciaux, soit de l’épargne nationale. L’aide étrangère est souvent octroyée sous forme de machines de haute technologie, d’assistance technique et administrative. Cependant, cette aide est assortie à certaines conditionnalités notamment des restrictions politiques et économiques qui ne profitent pas toujours aux pays bénéficiaires. Tel est par exemple le cas de l’Agence Française de Développement (AFD) et ses activités à Madagascar. Le groupe de l’AFD, notamment dans le cadre du Document Cadre de Partenariat signé en 2006 entre la France et Madagascar, finance des projets et programmes qui s’insèrent dans les priorités définies par le Gouvernement malgache, mais qui doivent s’inscrire dans des axes fixés par le Gouvernement Français. En outre, les chefs de projet et consultants sont des membres du groupe de l’AFD et les importations en provenance de la France sont les plus importantes (74% des importations en provenance des pays membres de la CEE) L’investissement commercial international représente également une autre source de capital importante. Cependant, les intérêts qu’il génère doivent être remboursés dès que les revenus ont augmenté. Par ailleurs, si le niveau de développement du pays est encore faible, cet investissement sera faible car les dividendes anticipés le seront également.

Agriculture moderne et sécurité alimentaire

   Dans les pays à faible revenu, l’agriculture modernisée constitue le moyen primordial pour réduire non seulement la pauvreté essentiellement rurale mais également l’insécurité alimentaire. L’agriculture traditionnelle ne leur procure qu’une faible productivité. En outre, ils ne peuvent importer que dans une mesure limitée, ce qui ne leur permet pas de satisfaire leurs besoins alimentaires fondamentaux. Parallèlement, les aides alimentaires qui leur sont octroyées demeurent incertaines. Ainsi, ils font souvent face à la pénurie alimentaire. L’amélioration de la productivité agricole par une modernisation se présente alors comme la solution pour remédier à ce problème. A titre d’illustration, nous pouvons faire une comparaison entre le cas de l’Indonésie et celui de Madagascar. Avant la révolution verte asiatique, la moyenne des rendements rizicoles des deux pays était identique (environ 2 tonnes par hectare). Au début des années 2000, les rendements en Indonésie ont atteint 5 tonnes par hectare, leur permettant d’éliminer les famines et de devenir autosuffisants sur le plan alimentaire, alors que ceux de Madagascar ont stagné. La valeur ajoutée agricole par travailleur était alors de 736$ (aux prix de 1995) en Indonésie tandis que celle de Madagascar était de 181$.

Interaction entre les éléments de l’agriculture moderne et le développement économique

   Le développement de l’agriculture influe sur le développement de l’économie. Ce dernier a également des répercussions sur le développement de l’agriculture. En effet,la transformation de l’économie détermine l’importance numérique et la cadence de transformation de la main d’œuvre agricole, lesquelles influent à leur tour sur la productivité du travail et du capital et sur le revenu agricole. A l’inverse, l’importance numérique, le taux de croissance et la nature du secteur agricole, déterminent la mesure dans laquelle le développement économique pourra compter sur la formation de capital en agriculture et sur les transferts de l’agriculture vers d’autres secteurs. Ce transfert pourra se réaliser au cours des deux dernières phases du développement agricole. Les réformes agraires qui accompagnent la modernisation peuvent favoriser les agriculteurs les plus productifs et permettre le départ des producteurs les moins performants. La redistribution en faveur des exploitations familiales permet une autonomie de décision des exploitants concernant la gestion courante des systèmes de production. En outre, pour améliorer continuellement le niveau de vie de sa famille, l’agriculteur s’efforce de travailler davantage et ce, même à un prix qui assure une rémunération strictement suffisante afin d’accroître progressivement la valeur ajoutée sur son exploitation. Bref, l’accroissement de la productivité agricole profite aux autres secteurs d’activité qui peuvent acheter une force de travail et des intrants agricoles à moindre coût. Si tels sont les avantages d’une modernisation de l’agriculture, nous allons à présent décrire cette modernisation.

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Table des matières

INTRODUCTION
PARTIE I : GENERALITES SUR LA MODERNISATION DE
L’AGRICULTURE
CHAPITRE I : DE L’AGRICULTURE TRADITIONNELLE A L’AGRICULTURE MODERNE
I.1 CLASSIFICATION DES EXPLOITATIONS AGRICOLES
I.1.1 Les exploitations pour l’autosubsistance
I.1.2 Les exploitations familiales marchandes
I.1.3 Les exploitations capitalistes avec salariés
I.1.4 Les coopératives de production et les fermes d’Etat
I.2 LES PHASES DU DEVELOPPEMENT AGRICOLE ET LEUR TECHNIQUE DE PRODUCTION
I.2.1 Les phases de développement agricole
I.2.2 Les techniques agricoles utilisées
CHAPITRE II : LA CONTRIBUTION ECONOMIQUE DE LA MODERNISATION AGRICOLE
II.1 LE ROLE DE L’AGRICULTURE DANS LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE
II.1.1 L’agriculture : fournisseur de produits alimentaires
II.1.2 L’agriculture : fournisseur de capitaux
II.1.3 L’agriculture : réservoir de main d’œuvre
II.1.4 L’agriculture : débouché pour les produits industriels
II.1.5 L’agriculture : source de devises
II.2 DEVELOPPEMENT ET MODERNISATION DE L’AGRICULTURE
II.2.1 Agriculture moderne et sécurité alimentaire
II.2.2 Agriculture moderne et promotion des exportations
II.2.3 Effets sur la considération de la main d’œuvre agricole
II.2.4 Agriculture moderne et croissance industrielle
II.2.5 Interaction entre les éléments de l’agriculture moderne et le développement économique
CHAPITRE III : LE PROCESSUS DE MODERNISATION
III.1 CONTENU D’UNE MODERNISATION DE L’AGRICULTURE ŒUVRANT POUR LE DEVELOPPEMENT
III.1.1 La commercialisation des produits agricoles
III.1.2 Les politiques des prix agricoles
III.1.3 L’élargissement de l’accès aux actifs
III.1.4 La reconnaissance des organisations de production
III.1.5 L’amélioration de la production par la recherche et développement
III.1.6 L’élargissement de l’accès aux services financiers
III.2 LA PLANIFICATION DU DEVELOPPEMENT AGRICOLE
PARTIE II : APPROCHE ANALYTIQUE DE LA MODERNISATION ET IMPACTS
CHAPITRE IV : IMPACTS DU DEVELOPPEMENT AGRICOLE ET LES FREINS AU DEVELOPPEMENT DE L’AGRICULTURE DANS LE TIERS MONDE
IV.1 MODERNISATION DE L’AGRICULTURE ET AGRICULTURE DURABLE
IV.1.1 Impact environnemental de l’agriculture moderne
IV.1.2 Impact sanitaire de l’agriculture
IV.2 LES FREINS AU DEVELOPPEMENT AGRICOLE
IV.2.1 Les risques climatiques
IV.2.2 Les subventions agricoles dans les pays développés
IV.2.3 L’agriculture urbaine et le développement durable
CHAPITRE V : LES STRATEGIES DE DEVELOPPEMENT
V.1 LES STRATEGIES INDUSTRIELLES
V.1.1 La stratégie de croissance équilibrée
V.1.2 La stratégie de croissance déséquilibrée
V.2 LES STRATEGIES D’INSERTION INTERNATIONALE
V.2.1 L’industrialisation par substitution aux importations
V.2.2 L’industrialisation tournée vers l’exportation
V.3 LA THEORIE DU SURPLUS DE MAIN D’OEUVRE ILLIMITEE D’ARTHUR LEWIS
CHAPITRE VI : MODERNISATION DE L’AGRICULTURE
VI.1 LES POLITIQUES AGRICOLES ET POLITIQUES DE DEVELOPPEMENT RURAL SUCCESSIVES
VI.1.1 Le PADR
VI.1.2 Le Document de Stratégie pour la Réduction de la Pauvreté (DSRP)
VI.1.3 Le Plan d’Action pour Madagascar (MAP)
VI-2 LIMITES DE LA MODERNISATION DE L’AGRICULTURE
CONCLUSION
Bibliographie
Webographie
ANNEXES

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