Intelligence et mémoire chez l’abeille domestique

L’inné et le sens de l’orientation chez l’abeille

Jürgen Tautz, dans son livre L’Étonnante Abeille (2009), décrit trois types de connaissances chez cet insecte : les connaissances innées, liées à l’hérédité (instinct), les connaissances acquises par des expériences personnelles (apprentissage) et, enfin, celles liées à la réception d’informations de ses congénères (communication). Dans cette première partie, nous nous intéresserons au premier type de connaissances cité.
Il existe, en effet, chez les abeilles des connaissances qui se transmettent de génération en génération, qui sont liées à l’évolution, à leur adaptation à leur environnement. Par exemple, leur préférence naturelle pour les fleurs bleues et jaunes peut s’expliquer par la prédominance de ces couleurs parmi les espèces florales. Précisons ici que le spectre de la lumière visible n’est pas le même chez l’abeille que chez l’homme : les abeilles ne perçoivent pas le rouge, qui leur apparaît noir, ou plutôt gris foncé. En revanche, elles perçoivent très bien les ultraviolets (longueur d’onde dans le vide inférieure à 390 nanomètres), jusqu’à 300 nanomètres. Encore une fois, il s’agit d’une adaptation à l’environnement puisque la plupart des fleurs présentent des motifs dans l’ultraviolet afin de guider les espèces pollinisatrices vers leurs organes reproducteurs . En outre, quand elle survole un paysage, l’abeille ne perçoit que les objets qui émettent ou reflètent dans le vert. Elle n’a en effet pas besoin, à ce stade, de reconnaître les fleurs, mais le paysage dans son ensemble afin de pouvoir s’orienter. Les abeilles ont un excellent sens de l’orientation. Elles connaissent, de façon en partie innée, la course du soleil dans le ciel et se servent de cette information pour s’orienter. Elles se basent également sur la position du soleil pour indiquer à leurs congénères l’emplacement d’une source de nourriture intéressante . Lorsque le soleil n’est pas visible, les abeilles déterminent sa position grâce à la lumière polarisée. La polarisation de la lumière est un phénomène physique qu’il nous est difficile, à nous humains, d’appréhender, car, contrairement à celui de l’abeille, notre œil n’y est pas sensible.

Le rôle de l’acquis dans la navigation de l’abeille : mémorisation du paysage et carte cognitive

Cette partie, ainsi que la suivante, seront consacrées aux connaissances acquises de l’abeille. En matière de navigation, l’expérience, et plus particulièrement ses capacités de mémorisation, lui permettent en effet de renforcer et de compléter ses capacités innées. Ces dernières sont enrichies et affinées au cours de vols d’orientation : lors de sa première sortie de la ruche, la jeune butineuse effectue des vols de repérage autour de celle-ci. Elle s’éloigne d’abord de deux ou trois mètres de la ruche, puis fait volte-face et observe pendant quelques minutes la ruche depuis sa position, mémorisant l’image perçue. Ensuite, elle se retourne et reproduit les mêmes étapes sur plusieurs centaines de mètres avant de regagner la ruche et de recommencer dans une direction différente. L’abeille couvre ainsi une zone d’un rayon de trois à cinq kilomètres autour de la ruche (Mairot). Au cours de ces vols d’orientation, elle saisit, d’une part, la course du soleil dans le ciel (l’abeille doit en effet avoir été confrontée à une partie du parcours du soleil pour en saisir l’intégralité de la course) et, d’autre part, elle mémorise les éléments marquants de son environnement. Ces éléments sont enregistrés sous la forme d’images bidimensionnelles rétinotopiques appelées «snapshots» (Macquart, 2008, p. 21). pour retrouver un site de nourriture ou la ruche, l’abeille va aligner mentalement le snapshot mémorisé du site avec les repères visibles et se déplacer jusqu’à ce que l’image perçue soit identique à celle mémorisée. De même, les différents repères mémorisés le long d’une route constituent pour l’abeille des buts intermédiaires segmentant la route en tronçons. Chaque tronçon est mémorisé sous la forme d’un vecteur local associé à un repère.

Les autres capacités d’apprentissage, de mémorisation et d’analyse de l’abeille

Comme chez l’homme, il existe chez l’abeille différentes formes d’apprentissage. Les abeilles apprennent par récompense, qu’il s’agisse de nectar, d’une solution sucrée ou simplement de retrouvailles avec leurs congénères. Elles apprennent également par des stimuli négatifs, un goût amer ou une décharge électrique par exemple. Mais, tout comme nous, elles sont aussi capables d’apprentissage exploratoire, notamment lors des vols d’orientation, qui ont pour seul but d’apprendre à connaître le paysage environnant. Néanmoins, c’est avant tout grâce à des stimulations appétitives ou aversives que l’on peut démontrer les incroyables capacités cognitives des abeilles.
Tout d’abord, ces insectes présentent des formes d’apprentissage simples. Ils sont capables de faire l’association « odeur = solution sucrée » (apprentissage associatif). En effet, un réflexe inné chez l’abeille consiste à étirer son proboscis dès que ses antennes touchent du nectar ou, en conditions expérimentales, une solution sucrée. On peut réaliser un conditionnement olfactif de ce réflexe d’extension du proboscis, c’est-à-dire apprendre à l’abeille à étirer le proboscis à la simple présentation d’une odeur. Pour cela, il suffit de toucher ses antennes avec une solution d’eau sucrée chaque fois qu’on lui présente l’odeur. L’insecte va alors associer le stimulus conditionnel, l’odeur, et le stimulus inconditionnel, l’eau sucrée, et étirer le proboscis dès qu’il sera confronté à l’odeur.

La communication chez l’abeille

Nous décrirons dans cette partie le troisième type de connaissances évoquées par Jürgen Tautz (2009), celles liées à la réception d’informations de la part des autres abeilles. Les abeilles disposent d’un système de communication très élaboré (Randolf Menzel refuse de parler de «langage»). Selon Agnès Fayet, leurs capacités de communication leur permettent d’indiquer «l’emplacement [d’une] source de nourriture», mais aussi « la qualité et la quantité de nourriture », « la distance par rapport à la ruche », «l’abondance d’autres sources», « le flux entrant de nectar dans la colonie », « la météo et l’heure », « la présence éventuelle de dangers » ou encore l’emplacement d’une nouvelle ruche lors de l’essaimage (2014, p. 26). Une multitude d’informations que les abeilles fournissent grâce à des signaux tels que des tremblements, des bourdonnements, la libération de phéromones, mais aussi et avant tout par leurs danses.
La danse des abeilles a été découverte et décodée par Karl von Frisch au début du XXe siècle et ne cesse, depuis, de fasciner. L’abeille effectue deux danses différentes (certains auteurs en distinguent même trois) en fonction de la distance à laquelle se situe le lieu indiqué. Si la source de nourriture se trouve à moins de 80 mètres environ, la danseuse effectue une sorte de ronde. Karl von Frisch décrit cette danse ainsi : l’abeille « se met à trottiner à pas rapides sur le rayon, là où elle se trouve, en cercles étroits, changeant fréquemment le sens de sa rotation, décrivant de la sorte un ou deux arcs de cercle chaque fois, alternativement vers la gauche et vers la droite » (2011, p. 157) . Ce faisant, la danseuse n’indique pas l’endroit où se trouve la source de nourriture. Les suiveuses, ou imitatrices, savent uniquement qu’elles doivent chercher autour de la ruche dans une zone circulaire d’un rayon inférieur à 80 mètres. Elles découvrent également le type de fleur à chercher, mais, selon Karl von Frisch, cette information est fournie par l’odeur de la fleur restée sur le corps de la danseuse et par le nectar qu’elle éjecte de son jabot à l’intention des suiveuses et non pas par la danse en elle-même. Enfin, une dernière information fournie par la danse est le degré d’intérêt de la source de nourriture indiquée. Plus la source est intéressante, c’est-à-dire plus la teneur en nectar de l’espèce florale est élevée, plus l’abeille dansera avec entrain. Cela vaut également pour la danse en huit.

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela rapport-gratuit.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

EXPOSÉ 
I. Introduction
II. L’inné et le sens de l’orientation chez l’abeille
III. Le rôle de l’acquis dans la navigation de l’abeille : mémorisation du paysage et carte cognitive
IV. Les autres capacités d’apprentissage, de mémorisation et d’analyse de l’abeille
V. La communication chez l’abeille
VI. Conclusion
TEXTE-SUPPORT ET SA TRADUCTION 
Wegintegration –Heimfinden in völlig neuer Umgebung
L’intégration de trajet — ou comment retrouver son chemin dans un environnement inconnu
Lernen von Routen
L’apprentissage de routes
Großer Radar für kleine Flieger
Un grand radar pour de petites aviatrices
Die Struktur des Landschaftsgedächtnisses der Bienen
La structure de la mémoire du paysage chez l’abeille
Lernen, Gedächtnis, Erwarten und Entscheiden
Apprentissage, mémoire, attentes et prise de décision
STRATÉGIE DE TRADUCTION 
I. Introduction
II. Problèmes pratiques
III. Problèmes terminologiques
IV. Problèmes phraséologiques
V. Problèmes de compréhension
VI. Conclusion
ANALYSE TERMINOLOGIQUE
I. Fiches terminologiques
II. Glossaire
III. Lexiques
BIBLIOGRAPHIES 
I. Bibliographie des ouvrages cités dans l’exposé
II. Bibliographie des ouvrages cités dans la stratégie de traduction
III. Bibliographie critique et sélective
1. Sources en français
2. Sources en allemand et en anglais
ANNEXES 

Rapport PFE, mémoire et thèse PDFTélécharger le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *