Integrer la dimension paysagere dans les projets d’amenagement

La réglementation française prévoit l’intégration de la dimension paysagère dans les projets d’aménagement. La loi de janvier 1993, dite « loi Paysages », traduit un glissement d’une analyse des grands paysages, des grands sites touristiques vers le « tout » paysage. Tout espace rural ou urbain devient un paysage à prendre en compte dans l’aménagement. Tout projet d’aménagement, quel qu’il soit et où qu’il soit, doit donc désormais s’intégrer dans son espace physique et visuel. Mais le législateur ne s’arrête pas là car, pour les projets de plus grande ampleur et soumis à étude d’impact, il propose la mise en œuvre de mesures visant à supprimer, réduire ou compenser les atteintes à l’environnement. Le paysage, en tant que composante à part entière de celui-ci, dispose donc également de ses « mesures compensatoires paysagères ». Se pose alors une question : est-il seulement possible de réduire, supprimer et, plus génériquement, compenser la transformation d’un paysage ? A partir du moment où un aménagement est conçu, qu’il soit bien intégré ou non dans le paysage, il en fait désormais parti. Le paysage n’est plus le même, il est transformé. Peut-on compenser un paysage initial par un autre paysage ? D’autant que les choses se compliquent davantage si on s’accorde pour attribuer une dimension subjective au paysage, dimension que tous les auteurs, qu’ils soient aménageurs, sociologues, géographes ou autres reconnaissent. En effet, le pays ne devient paysage qu’à la condition qu’on le regarde. Or celui qui regarde le pays le transforme en paysage par le biais de ses propres filtres culturels, esthétiques, sociaux, … Il y a donc potentiellement autant de paysages que d’observateurs. Ainsi, au-delà de se demander si l’on peut compenser la transformation d’un paysage, il convient de se demander également pour qui on compense, qu’est-ce qu’on compense et avec quel outil on compense ? La participation et la concertation locales permettent-elles de faire émerger une commande collective que le paysagiste saura transformer en projet concrétisable ? A l’inverse, le paysagiste ou l’aménageur n’est-il pas contraint de compenser son propre paysage ?

La question générale de recherche : les mesures prévues par les études d’impact peuvent-elles compenser la transformation du paysage pour les riverains d’un projet routier ? 

Pourquoi une telle question ?

L’histoire du paysage…

Le paysage n’existe pas partout, pour tout le monde et à toutes les époques
Augustin Berque souligne que « penser que toute société possède une conscience paysagère, c’est simplement prêter à d’autres cultures notre propre sensibilité, qui justement se caractérise par une vive conscience du paysage » . Il ajoute que : «L’histoire, la linguistique et l’anthropologie ont irréfutablement établi que la notion de paysage n’existe ni partout ni toujours. Il y a eu des civilisations non paysagères, des civilisations où l’on ne savait pas ce qu’est le paysage : pas de mots pour le dire, pas d’images qui le représentent, pas de pratiques témoignant qu’on l’apprécie…Bef, pas de paysage »  . Qu’on adhère ou non à son point de point de vue, Augustin Berque nous amène à ne pas considérer notre regard et notre culture paysagère comme universels et intemporels. Le mot « paysage » tel que nous le comprenons aujourd’hui et tel que vous le pensez en lisant ces quelques lignes  maintenant possible de dresser un rapide historique de la naissance du paysage, en s’attachant particulièrement à notre société occidentale.

Aux XVIème et XVIIIème siècles, le paysage est un tableau
Le paysage naît en Chine vers le Vème siècle puis en Flandres, vers le XVIème. Dans Encyclopedia Universalis, Jean-Robert Pitte signale que le mot paysage apparaît pour la première fois dans le dictionnaire français latin de Robert Estienne publié en 1549 : « toile de peinture représentant une vue champêtre ou un jardin ». Ce genre pictural a été inventé par les artistes peintres d’Europe du Nord à la Renaissance. Il connut son apogée au XIXème siècle avec les pratiques de plein air de l’école de Barbizon et des impressionnistes. La peinture de paysage représentait des scènes de nature ou de campagne composées pour le plaisir du spectacle. Considérons que ces peintures signent la naissance du paysage, ou plus précisément la naissance du mot « paysage » car comme le souligne Mathieu Kessler , il est impossible de savoir à quel moment le paysage est parvenu à émouvoir les premiers peintres avant qu’ils le peignent !

Au XVIIIème siècle, le paysage est un outil stratégique
Selon Yves Lacoste , les officiers s’intéressent au paysage à cette époque dans un souci stratégique et surtout tactique (recherche d’espaces masqués pour se dissimuler ou surprendre).

Le XIXème siècle est un tournant majeur, une nouvelle sensibilité aux paysages apparaît
A partir du XIXème siècle, on s’intéresse aux paysages réels (non peints). Les médias ont contribué à transformer la sensibilité, les paysages réels se sont ainsi chargés d’une valeur esthétique importante. Aujourd’hui, le paysage est une préoccupation majeure, c’est le maître mot de la société actuelle, il fait vendre, il a une valeur. On peut citer par exemple les agences de voyages, qui font du paysage un outil marketing. Ou encore dans le cas de l’immobilier, l’image vue de la fenêtre, la vue réputée est bien vendue alors qu’elle ne constitue aucun apport matérialisé au contrat. Henri Cueco résume : « Le paysage, son image, est devenu partie prenante de la transformation, par le capitalisme, de la nature en marchandise » .

Le terme est employé par tous sans qu’on lui attribue un même sens (paysage politique, paysage social, paysage tout court…). Il est impossible, dans une société aussi médiatisée que la notre, de passer à côté de la propagande du paysage. Le paysage est devenu un enjeu politique : l’émergence sociale du paysage se rattache à la vague écologico-environnementaliste qui secoue la société de consommation.

Une demande sociale en paysage… 

Une demande de tous les français, et donc des riverains…
Le paysage s’est popularisé, il n’est aujourd’hui plus réservé à une élite, aux artistes. Pierre Donadieu parle de la société occidentale actuelle comme d’une « société paysagiste » qui refuse une partie du monde donné à vivre, qui rêve de campagne, de montagne… mais qui, paradoxalement, est principalement urbaine. Notre société exprime un désir récurrent de nature. « Autrefois répulsive, la nature sauvage est devenue attractive. La menace que représente la modernisation (disparition des agriculteurs, urbanisation massive, étalement urbain…) confère une valeur patrimoniale aux paysages » . La peur de la transformation entraîne une demande sociale de conservation des paysages en leur état. Ceci peut être illustré par la place grandissante de l’image : on cherche à immobiliser les paysages car on est nostalgiques, on ne veut rien effacer. Une enquête réalisée par le magasine « Le Monde » en 1992 sur les clichés pris par les français laisse apparaître que les photos de paysages sont les plus nombreuses après la famille. Ainsi, l’immobilisation des paysages apparaît comme un désir collectif des français, troublés, voire angoissés par la disparition réelle ou annoncée de leurs repères visuels habituels.

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Table des matières

Introduction
1ère partie : Cadre contextuel et conceptuel
A) Le sujet de la recherche
A.1) La question générale de recherche : Les mesures prévues par les études d’impact lors de la construction d’une route peuvent-elles compenser la transformation du paysage pour les riverains d’un projet routier ?
A.1.1) Pourquoi une telle question ?
A.1.2) Définition des termes généraux de recherche
A.1.3) L’impossibilité de formuler une hypothèse générale de recherche
A.2) La première question spécifique de recherche : Les riverains ont-ils une même représentation du paysage ?
A.2.1) Pourquoi une telle question ?
A.2.2) Définition des termes spécifiques de recherche (1/2)
A.2.3) L’impossibilité de formuler une première hypothèse spécifique de recherche
A.3) La seconde question spécifique de recherche : Les riverains ont-ils la même pratique du paysage ?
A.3.1) Pourquoi une telle question ?
A.3.2) Définition des termes spécifiques de recherche (2/2)
A.3.3) La seconde hypothèse spécifique de recherche : Les riverains ont la même pratique du paysage, ils l’habitent
A.4) Le bilan de la recherche : Raisonnement théorique, questions et hypothèses correspondantes
B) La méthodologie de recherche
B.1) La production de données : procéder par études de cas
B.1.1) Le choix méthodologique : des entretiens auprès des riverains
B.1.2) Les études de cas retenues
B.1.3) L’outil méthodologique : la grille d’entretien
B.1.4) Réalisation des entretiens
B.1.5) Fiabilité et représentativité des résultats
B.2) L’analyse des résultats
B.2.1) Le choix méthodologique : l’analyse de contenu
B.2.2) La grille d’analyse comme source de production de résultats
2ème partie : Résultats, analyse des résultats et discussion
A) Vérification de l’hypothèse spécifique 2 : Les riverains ont la même pratique du paysage, ils l’habitent
A.1) Les pratiques du paysage des riverains
A.1.1) Deux types de discours autour de la pratique « habiter »
A.1.2) Une nouvelle pratique apparaît : « travailler »
A.2) L’hypothèse est validée mais elle doit être reformulée…
A.3) Discussions
A.3.1) Les riverains constituent-ils un groupe social d’utilisateurs du paysage ?
A.3.2) Pratique de paysage ou pratique de pays ?
B) Vérification de l’hypothèse spécifique 1 : Les riverains ont la même représentation du paysage car ils en ont la même pratique
B.1) Les trois volets de l’étude d’une représentation
B.1.1) L’attitude générale
B.1.2) L’information
B.1.3) Le champ de la représentation
B.2) L’hypothèse est validée
B.3) Discussion : la pratique d’un paysage détermine-t-elle sa représentation ?
B.3.1) L’influence de la pratique
B.3.2) L’influence du paysage
B.3.3) L’influence du riverain
C) Vérification de l’hypothèse générale : Les mesures prévues par les études d’impact lors de la construction d’une route peuvent compenser la transformation du paysage pour les riverains du projet
C.1) La nature des mesures compensatoires
C.1.1) La connaissance des riverains sur les mesures compensatoires existantes
C.1.2) L’opinion des riverains sur les mesures compensatoires existantes
C.1.3) Les mesures compensatoires que les riverains auraient souhaitées
C.2) L’élaboration des mesures compensatoires
C.2.1) L’implication des riverains dans l’élaboration des mesures compensatoires
C.2.2) La personne compétente pour élaborer les mesures compensatoires selon les riverains
C.3) l’hypothèse est en apparence validée
D) Synthèse et discussion des résultats de recherche
D.1) Des hypothèses aux résultats de recherche : synthèse
D.2) Les mesures prévues par les études d’impact peuvent-elles compenser la transformation du paysage pour les riverains d’un projet routier ?
D.2.1) Mesures compensatoires = compensation ?
D.2.2) Quel résultat si les riverains étaient aptes à intégrer le débat ?
D.2.3) Quel résultat si le débat était apte à intégrer les riverains ?
D.2.4) Quel résultat si le paysage en question intéressait les riverains ?
D.2.5) Quel résultat si l’atteinte au paysage (la route) avait été différente ?
E) Discussion générale : Peut-on compenser la transformation d’un paysage ?
E.1) Faut-il compenser pour tout le monde ?
E.2) Faut-il compenser partout ?
E.3) Faut-il tout compenser ?
E.4) Peut-on et comment peut-on compenser ?
Conclusion

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