Integration economique, pauvrete et developpement durable

Approche théorique de l’intégration économique

L’étude de l’intégration économique requiert une approche théorique. Dans ce chapitre, nous allons constater les concepts théoriques traitant l’intégration économique à savoir la théorie classique de l’échange international et la théorie de l’intégration économique et de l’union douanière.

Théorie classique de l’échange international 

La théorie néoclassique de l’échange international trouve ses fondements dans le concept d’avantages comparatifs, les modèles des avantages absolus de Smith et relatifs de Ricardo. Cette notion permet de montrer en quoi le libre-échange est meilleur que le protectionnisme et pourquoi les pays ont intérêt à se spécialiser dans les secteurs où ils disposent de tels avantages.

Le modèle de Ricardo
Dans le modèle de Ricardo, les avantages comparatifs proviennent des différences de productivité dans les technologies de production, on parle d’avantages comparatifs technologiques. Pour Adam Smith, dans la loi des avantages absolus, il généralise son raisonnement sur les effets positifs de la division du travail : chaque pays a intérêt à se spécialiser dans la production pour laquelle les coûts de production sont les plus faibles. L’ouverture des frontières est alors bénéfique pour chaque pays. Selon Adam Smith, chaque pays est plus efficace que les autres dans la production d’un bien au moins. Le pays en se spécialisant dans la production d’un bien ce qui signifie l’abandon de la production des autres biens, approfondit la division du travail et ainsi la liberté des échanges va accroître le bien-être de l’ensemble des pays. C’est l’avantage absolu dans la production d’un bien qui détermine la spécialisation de chaque pays. Cette théorie repose sur l’hypothèse selon laquelle chaque pays est meilleur dans certains secteurs de production. Elle ne nous apprend rien dans le cas où un pays serait meilleur pour l’ensemble des secteurs de production. La réponse à cette question est apportée par Ricardo dans la loi des avantages comparatifs : deux pays bénéficiant d’avantages comparatifs différents ont intérêt à se spécialiser et à échanger les produits pour lesquels leur productivité est relativement meilleure, contre des produits pour lesquels ils sont relativement moins performants. Selon Ricardo, ce n’est pas l’avantage absolu qui compte mais l’avantage relatif. Autrement dit un pays, qui est moins efficace que les autres pays dans la production de tous les biens qui peuvent être échangés, sera relativement moins inefficace dans la production d’au moins un bien. En exploitant cet avantage comparatif, c’est-à-dire en se spécialisant dans la production de ce bien, le libreéchange se révélera préférable à l’autarcie. Dans le modèle de Ricardo, on passe d’une situation d’autarcie au libre-échange. Avant l’ouverture, l’offre et la demande nationales sont en équilibre dans chaque pays ; après l’ouverture, les biens sont parfaitement mobiles. De plus, les facteurs de production sont parfaitement immobiles. En outre, les prix relatifs sont proportionnels à la quantité de travail contenu dans chaque bien et les rendements d’échelle sont constants.

Lorsqu’on passe au libre-échange, les marchés s’unifient et un prix relatif unique sur chaque marché se forme, situé entre les deux extrêmes nationaux. Supposons qu’en Angleterre et au Portugal, on ait 1 D = 1 V. Cette modification des prix relatifs profite aux deux pays : en Angleterre par exemple, une unité de vin requiert deux heures de travail. Ces deux heures permettent de produire deux unités de drap qui permettent d’obtenir en échange deux unités de vin. Le même raisonnement prévaut au Portugal. Les deux pays ont donc intérêt chacun à se spécialiser dans le secteur de production pour lequel il est le meilleur de façon absolue.

Implications du modèle ricardien 

D’après le modèle de Ricardo, les effets positifs de l’échange commercial international proviennent de différences relatives initiales en termes de niveau de productivité selon les secteurs de production qui se traduisent par des prix relatifs nationaux différents. Ainsi, l’ouverture des frontières engendre une ré-allocation des ressources dont le coût (restructuration,…) n’est pas pris en compte par Ricardo. En effet, l’intérêt de l’échange est universel : tout pays a intérêt à l’échange international et peut être compétitif même s’il est moins productif (la différence devant être compensée par des salaires relatifs plus bas). Cependant, le modèle de Ricardo ne prend en compte qu’un seul facteur de production, le travail, et fait l’hypothèse que tout avantage comparatif provient de différences de productivité relative du travail. Ainsi, les avantages comparatifs dans le modèle HOS proviennent de dotations différentes en facteurs de production d’un pays à l’autre.

Modèle de Hecksher-Ohlin-Samuelson (HOS)

Le commerce international trouve son origine dans les différences de ressources entre les pays. D’après les hypothèses du modèle HOS, deux pays I et II produisent deux biens : vêtements (V) et automobiles (A) ; la production de A est plus capitalistique et les technologies de productions sont identiques et connues de tous. Les différences nationales proviennent de différences de dotations en facteur de production : dans le pays I, le facteur travail est plus abondant et donc le salaire horaire est plus faible que dans le pays II. En outre, les biens sont parfaitement mobiles et les facteurs de production sont parfaitement immobiles car si les facteurs de production étaient mobiles, les travailleurs quitteraient le pays I pour aller dans le pays II où les salaires horaires sont plus élevés.

Dotations en facteurs et spécialisation 

En autarcie, le pays I produit des vêtements (V) et le pays II des automobiles (A) (spécialisation dans les secteurs pour lesquels les facteurs de production sont les plus abondants). Les prix relatifs sont différents et le prix des automobiles (A) est plus bas dans le pays II. Avec l’ouverture à l’échange international, les prix des biens tendent à s’uniformiser et chaque pays va tendre à se spécialiser : le pays I en vêtement (V) et le pays II en automobile (A). L’ouverture au commerce tend à faire converger les prix relatifs : le prix de vêtements (V) va donc augmenter dans le pays I et diminuer dans le pays II et inversement dans le pays II. La hausse des prix de vêtements (V) dans le pays I fait diminuer la demande et augmenter l’offre qui est écoulée via l’échange international.

D’après le théorème de Stolper et Samuelson en 1941, l’accroissement du prix relatif du bien pour lequel le pays a un avantage comparatif augmente la rémunération du facteur de production qui est utilisé intensivement dans la production. La convergence dans les prix relatifs conduit aussi à une convergence dans les rémunérations des facteurs de production (salaire horaire et coût du capital). En l’absence de commerce, le facteur travail est moins bien rémunéré dans le pays I que dans le pays II. Sans commerce, le prix des vêtements dans le pays I est relativement plus faible que dans le pays II. Lorsque I et II ont des échanges commerciaux, les prix relatifs des biens (V et A) convergent. Cette convergence à son tour entraîne une convergence des prix relatifs des facteurs de production. Il existe donc une tendance à l’égalisation des prix des facteurs de production. Pour comprendre comment cette égalisation s’opère, il faut réaliser que lorsque I et II ont des échanges commerciaux, ceux-ci ne se limitent pas uniquement aux échanges de biens du pays I et du pays II mais également de façon indirecte aux échanges de facteurs de production. En effet, le pays I permet au pays II d’utiliser une partie de son facteur de production abondant, le facteur travail (L). Cette utilisation ne s’effectue pas par une vente directe du pays I au pays II de son facteur de production L mais par des exportations de biens plus intensifs en facteur L avec le pays II en échange de biens moins intensifs en L. Les biens que le pays I échange requièrent davantage de facteur L que les biens qu’il importe en provenance du pays II, c’est-à dire que les exportations du pays I sont plus intensives en L que ses importations. Ainsi indirectement, le pays I exporte son facteur de production L qui est incorporé dans ses exportations intensives en facteur L. De manière symétrique, les exportations du pays II sont plus intensives en facteur capital que ses importations en provenance du pays I.

Vu de cette manière, il n’est pas étonnant que l’ouverture aux échanges commerciaux conduit à une égalisation des prix des facteurs de production. Les pays ont intérêt à participer à l’échange international.

Théorie de l’intégration économique et de l’union douanière

Fondement théorique de l’intégration commerciale régionale 

Selon la théorie de Viner, les accords commerciaux régionaux sont à l’origine de deux effets : une création de trafic et un détournement de trafic. Le premier effet correspond au fait que les consommateurs de chaque Etat membre achètent de plus grandes quantités aux producteurs des autres Etats membres. Il en résulte des gains d’efficacité à la condition que ces producteurs soient plus efficaces que les offreurs du reste du monde. Le deuxième effet correspond au fait que si les consommateurs peuvent acheter aux autres producteurs des États membres c’est en raison de différences de coûts créés artificiellement. Selon le théoricien Viner, c’est le deuxième effet qui l’emportera, aboutissant à une baisse du bien-être. Supposons qu’un pays X produise un bien B pour un prix de 10 unités monétaires, alors que les prix mondiaux de ce même bien sont de 6 unités monétaires dans un autre pays Y, et de 5 ailleurs. X protège sa production grâce à un tarif douanier de 100%, c’est-à-dire de 5 unités monétaires. Le consommateur paye 10 unités monétaires et la nation X en complément de sa production s’approvisionne au prix mondial de 5 unités monétaires pour satisfaire sa demande intérieure.

Supposons maintenant que les pays X et Y décident de former une union douanière. Dans ces circonstances, le bien B devient moins onéreux dans le pays Y qu’ailleurs bien que plus cher hors tarif douanier que dans le reste du monde dont le prix est toujours de 5. La suppression des tarifs douaniers entre X et Y rend le bien B produit dans le pays Y plus compétitif. Si la production de B est parfaitement élastique dans le pays Y et dans le reste du monde, on assistera à une création de commerce entre les pays X et Y ; le pays X va substituer des importations du pays Y à celles du reste du monde. La formation de l’union douanière conduit les consommateurs à s’approvisionner dans le pays Y (création de commerce) au détriment du reste du monde (détournement de commerce) alors même que la production reste plus efficace dans les pays tiers à l’union.

Les gains en termes de bien-être qui découlent de l’intégration sont basés sur l’effet net entre la création de commerce et le détournement de commerce. Une Union a d’autant plus de chance d’élever le bien-être de la zone que les effets de création sont importants et les effets de détournement moindres. Les effets de création de commerce sont d’autant plus importants et les effets de détournement d’autant plus faibles que :
– les écarts de compétitivité entre les pays membres sont élevés, autrement dit que les différences de coûts entre les pays partenaires et les pays tiers sont moindres ;
– le niveau de la protection initiale est élevé ;
– le tarif extérieur commun appliqué aux pays tiers est bas.

Les sources possibles de gains liés à l’intégration sont multiples. Pour Robson, l’augmentation de production découlant d’une plus forte spécialisation selon les avantages comparatifs et d’une meilleure exploitation des économies d’échelle ainsi que l’amélioration des termes de l’échange du groupe intégré avec le reste du monde sont des facteurs favorables . Pour que des gains puissent effectivement se réaliser, des conditions doivent être réunies notamment l’existence d’une compétitivité au sein de marchés transparents, la libre circulation de la main d’œuvre et du capital existe entre les pays partenaires et des prix reflétant les coûts de production .

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Table des matières

INTRODUCTION
PARTIE .1 INTEGRATION ECONOMIQUE, PAUVRETE ET DEVELOPPEMENT DURABLE : NOTIONS THEORIQUES
Chapitre .1Approche théorique de l’intégration économique
L’étude de l’intégration économique requiert une approche théorique
Dans ce chapitre, nous allons constater les concepts théoriques traitant l’intégration économique à savoir la théorie classique de l’échange international et la théorie de l’intégration économique et de l’union douanière
Section .1Théorie classique de l’échange international
1Le modèle de Ricardo
2Modèle de Hecksher-Ohlin-Samuelson (HOS)
Section .2Théorie de l’intégration économique et de l’union douanière
1Fondement théorique de l’intégration commerciale régionale
2Les différentes étapes de l’intégration économique
Chapitre .2Pauvreté et développement durable
La pauvreté et le développement durable sont des sujets à réflexion de la part de différents penseurs, il en résulte des approches foisonnantes. Dans ce chapitre, nous allons voir les différentes approches théoriques de la pauvreté, de par son aspect multidimensionnel et étudier les concepts de développement durable
Section .1Les différents concepts de la pauvreté
1Approches théoriques de la pauvreté
2Mesure de la pauvreté
Pauvreté rurale et développement durable dans les pays de la SADC
3Interdépendance des concepts et élargissement de la définition de la pauvreté
Section .2Concept de développement durable
1Notion de développement durable :de la croissance au développement durable
2Approches théoriques de la durabilité
PARTIE .2PERSPECTIVES DE DEVELOPPEMENT DURABLE AU TRAVERS DE LA LUTTE CONTRE LA PAUVRETE RURALE : CAS DE LA SADC
Chapitre .1Cadre d’intégration régionale de la SADC
Dans ce chapitre, nous allons mettre en exergue le contexte de la création de la SADC et la manifestation de pauvreté rurale dans les pays membres pour ensuite analyser l’importance de cette intégration au sein de la SADC surtout en matière de lutte contre la pauvreté rurale et de développement durable
Section .1Aperçu historique et situation socioéconomique des pays de la SADC
1Contexte de création de la SADC :de la SADCC à la SADC
2Situation socioéconomique des pays membres de la SADC
Section .2Importance de l’intégration régionale à la SADC surtout en matière de lutte contre la pauvreté rurale
1Stratégies adoptées par la SADC
2Les enjeux de cette intégration à la SADC
Chapitre .2 Madagascar et la SADC
1Situation de pauvreté rurale à Madagascar
2Analyse en termes de pauvreté rurale et de développement durable de l’adhésion de Madagascar à la SADC
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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