Influence du niveau de compétence de l’apprenant et les ARAA 

« II est changé Id ils sont échangés /…/ ont échangé oui, ils ont échangé leurs valises », quel enseignant n’a pas été témoin de ce genre de production langagière? Ce tiraillement entre le nombre du pronom ou cette incertitude envers l’auxiliaire du verbe reflète les dilemmes auxquels les apprenants de français langue seconde (désormais FLS) sont confrontés. Ces dilemmes sont un aperçu de l’activité interne qui se produit lorsqu’un locuteur tente de s’exprimer avec aisance et précision. Que ce soit en langue maternelle (désormais Ll) ou en langue seconde (désormais L2), l’apprenant vise à s’exprimer le plus parfaitement possible et pour se faire, il reformule son discours. Dans ces reformulations, les enseignants perçoivent la valse-hésitation de l’apprenant, cette lutte intérieure pour formuler une conjugaison de verbes, une phrase, une idée. En tant qu’enseignants, qu’est-ce que ces efforts de reformulation peuvent nous apprendre? En fait, combinée à l’étude des hésitations, des pauses, des faux départs et des répétitions, l’analyse des reformulations du discours offre un accès direct aux processus linguistiques et psychologiques du locuteur.

Dans la présente étude, nous nous sommes intéressés à l’analyse des reformulations dans le but de comprendre cette « activité de contrôle des énoncés » de la part du locuteur. Ces activités de contrôle que sont les reformulations comptent parmi des mécanismes psychologiques et linguistiques liés à l’apprentissage d’une L2 (Kormos, 1999a, 1999b). En effet, les reformulations permettent aux locuteurs de réfléchir à la forme de leur énoncé ce qui constitue, selon Royer (2002), une « activité métalinguistique de la part de l’apprenant ». Bange et Kern (1995) les définissent comme un reflet des habiletés liées à la langue, au discours et à la communication et comme un phénomène lié à une activité « psychologique et interactionnelle », alors qu’Arroyo (2003), pour sa part, affirme que les reformulations, les hésitations, les pauses et les répétitions sont des indices que le locuteur tente de contrôler son discours. En somme, les reformulations du discours sous-tendent une stratégie de résolutions de problèmes d’ordre psycholinguistique et elles se manifestent comme étant des ajustements explicites, sous le contrôle du locuteur, destinés à donner du sens ou à améliorer la forme des énoncés

Influence du niveau de compétence de l’apprenant et les ARAA 

En plus de la nature des ARAA, le niveau de compétence de l’apprenant est un facteur qui a été exploré dans la production des ARAA en L2. Dans un premier temps, nous présenterons les recherches ayant utilisé la compétence de l’apprenant comme variable indépendante principale pour vérifier son influence sur la production des ARAA. Par la suite, nous ferons état de celles n’ayant pas utilisé la compétence comme variable indépendante principale, mais qui ont été amenées à considérer indirectement l’influence de la compétence comme variable intermédiaire.

Influence directe du niveau de compétence de Papprenant sur la nature des ARAA

D’abord, l’étude de van Hest (1996), mentionnée dans la section précédente et portant sur la nature des ARAA en Ll et en L2, avait également pour objet d’analyse l’influence du niveau de compétence sur le comportement des ARAA. Cette étude transversale, effectuée sur trente apprenants hollandais d’ALS, consistait en une épreuve de narration et une entrevue. Elle a mené à deux constatations. Premièrement, après l’augmentation de la fréquence des ARAA en L2, van Hest a déterminé par la suite que le niveau de compétence de l’apprenant influence la fréquence des ARAA. En somme, elle a conclu que le développement de la compétence influence la fréquence d’ARAA produites tout en rendant le régulateur de l’apprenant de L2 plus sensible aux erreurs liées au discours qu’aux erreurs liées aux structures de base.

De son côté, O’Connor (1988) s’est intéressé au développement de la compétence dans l’interlangue. Afin de comprendre ce développement, il a dirigé une étude transversale. À partir de conversations enregistrées, effectuées par trois apprenants de niveau avancé et trois de niveau débutant de FLS, il a constitué un corpus de toutes les ARAA produites. O’Connor a constaté que les débutants n’effectuaient pas plus de reformulations que les avancés. La différence concernait plutôt le type de reformulations réalisées, soient les reformulations correctives visant à corriger les erreurs déjà produites telles que les erreurs de lexique, de conjugaison, d’accord ou de prononciation, et les reformulations anticipées ou faux départs annonçant la production d’erreurs : les apprenants de niveau débutant produiraient plus de reformulations correctives qu’anticipées. Dans cette étude, O’Connor a découvert que le niveau de compétence influencerait donc la nature des ARAA sur le plan du type d’ARAA produites.

Intéressé également par le niveau de compétence et les ARAA, Gilabert (2007) s’est penché sur la relation de cet angle avec le degré de difficulté de tâches en production orale. D’une part, il désirait vérifier si le niveau de compétence des apprenants contribuait à maintenir sensiblement la même fréquence d’autocorrection et d’autre part, si la complexité d’une tâche de production orale affectait la nature des ARAA. Pour ce faire, il a mené une étude transversale, à laquelle 42 apprenants adultes d’ALS (17 de niveau intermédiaire faible et 25 de niveau plus avancé) ont participé. Les participants devaient se soumettre à six tâches différentes dont deux narratives. Les autres tâches consistaient à résoudre un problème et à donner des instructions. Pour ces deux dernières tâches, Gilabert avait prévu deux niveaux de complexité. Suite à l’exécution de ces tâches, il a amassé un corpus constitué d’ARAA produites puis, après l’analyse de ce corpus, les résultats n’ont démontré aucune différence dans la façon de produire des ARAA et le niveau de compétence des apprenants. C’est plutôt les types d’ARAA produites qui différaient : à mesure que le niveau de compétence augmentait, les erreurs allaient de simples à complexes.

De son côté, Kormos (1999b) voulait aussi comprendre si la compétence des locuteurs pouvait influencer la nature des ARAA. Elle a donc effectué des recherches auprès de 30 apprenants hongrois d’ALS de niveau pré-intermédiaire, intermédiaire et avancé en leur faisant prendre part à des jeux de rôles suivis d’entrevues rétrospectives. Suite à cette première recherche, elle a conclu que le niveau de compétence n’influençait pas la fréquence des ARAA mais que ce serait des caractéristiques individuelles des locuteurs qui les segmenteraient en deux catégories de reformulateurs selon qu’ils étaient axés sur la précision ou sur l’aisance à l’oral. Par la suite, à partir de ce même corpus d’ARFA recueilli Kormos (2000) a étudié le rapport avec la vitesse de détection de l’erreur et l’autoreformulation. Elle a découvert que le niveau de compétence n’influençait pas le temps pour détecter l’erreur non plus mais qu’il avait plutôt un impact sur la vitesse de correction des erreurs grammaticales, phonologiques et lexicales.

Les recherches citées précédemment ont fait état de l’influence de la compétence sur la nature des ARAA et ont ouvert plusieurs pistes. La sous-section suivante servira à suivre ces pistes en présentant des études s’étant penchées sur d’autres facteurs qui ont touché indirectement l’influence du niveau de compétence en relation avec la production d’ARAA enL2.

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Table des matières

1. INTRODUCTION 
2. EXPOSÉ DE LA PROBLÉMATIQUE 
3. CADRE THÉORIQUE
3.1 L’autoreformulation en Ll
3.2 L’autoreformulation en L2
4. RECENSION DES ÉCRITS 
4.1 Nature des ARAA en Ll et en L2
4.1.1 Nature des ARAA en L2
4.2 Influence du niveau de compétence de l’apprenant et les ARAA
4.2.1 Influence directe du niveau de compétence de l’apprenant sur la nature des ARAA
4.2.2 Influence indirecte du niveau de compétence de l’apprenant sur la nature des ARAA
4.3 Influence de la précision sur la nature des ARAA
4.4 Questions de recherche
5. MÉTHODE
5.1 Participants
5.2 Contexte d’enseignement
5.3 Corpus des ARAA
5.4 Traitement du corpus des ARAA
5.5 Analyse du corpus
5.5.1 Caractéristiques de l’usage des ARAA
5.5.2 Précision des ARAA
6. RÉSULTATS 
6.1 Comportement linguistique et contextuel des ARAA
6.1.1 Analyse du groupe débutant – Analyses qualitatives
7. DISCUSSION 
7.1 Constat de la nature des ARAA pour l’ensemble des participants
7.2 Constat de la précision des ARAA pour l’ensemble des participants
7.3 Portrait de l’influence du niveau de compétence sur la nature et la précision des ARAA chez les apprenants avancés et débutants
7.3.1 Influence du niveau de compétence sur la fréquence des ARAA chez les apprenants avancés et débutants
7.3.2 Influence du niveau de compétence sur les types d’ARAA chez les apprenants avancés et débutants
7.4 Portrait de l’influence du niveau de compétence sur la précision des ARAA chez les apprenants débutants et avancés
8. IMPLICATIONS PÉDAGOGIQUES 
8.1 Limites de l’étude
8.2 Futures recherches
9. CONCLUSION

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