Influence des performances mnésiques sur l’efficacité des indices

Tests neuropsychologiques

CVLT-II-SF. Le California Verbal Learning Test 2nd edition (CVLT-II; Delis, Kramer, Kaplan, & Ober, 2000) permet d’évaluer la mémoire épisodique verbale. Sa forme courte (CVLT-II-SF) s’adresse à des patients gravement atteints cognitivement afin qu’ils soient moins stressés qu’ils le seraient par rapport à une liste de mots plus longue (Lezak et al., 2004). Elle contient 9 mots correspondant à 3 catégories sémantiques et il n’y a qu’une seule liste de mots à apprendre en quatre essais (Lezak, Howieson, Bigler, & Tranel, 2012). Elle contient également deux rappels, l’un après 30 secondes (pendant lesquelles le participant effectue une tâche distractive, c.-à-d., compter à l’envers), et l’autre après 10 minutes comprenant un rappel libre de l’information, une tâche de reconnaissance de type oui/non et une reconnaissance en choix forcés (Lezak et al., 2012). Les normes du CVLT-II incluent des personnes de 16 à 89 ans (Lezak et al., 2012). Ces normes sont des scores Z dont la moyenne est 0 et l’écart-type est 1 (Lezak et al., 2012). Les coefficients de fidélité et de validité ne sont pas disponibles dans le manuel du test pour la forme courte (c.-à-d., le CVLT-II-SF). Néanmoins, les coefficients de fidélité du CVLT-II, calculés avec la méthode de bissection, varient entre 0,72 et 0,89 selon la variable et la forme du test (c.-à-d., forme standard ou forme alternative) (Lezak et al., 2012). Le coefficient de fidélité du CVLT-II calculé avec la méthode test-retest pour le rappel immédiat est 0,81 (Delis et al., 2000). Les concepteurs du CVLT-II démontrent sa validité en le comparant à son prédécesseur, le CVLT, dont la validité a largement été démontrée dans plus de 200 études (Delis et al., 2000). Pour les rappels libres du CVLT-II, les coefficients de corrélation avec le CVLT varient entre 0,76 et 0,78 (Delis et al., 2000). La validité interne convergente du CVLT-II est démontrée par la forte corrélation (0,87) du rappel immédiat avec un des six facteurs qui expliquent 75,67% de la variance totale du modèle soit le facteur General Verbal Learning qui comprend les rappels immédiats et différés ainsi que la reconnaissance (Delis et al., 2000). En ce qui concerne la validité externe nomologique du CVLT-II, le rappel libre est moyennement corrélé (0,40) au score pondéré du sous-test vocabulaire de l’Échelle d’intelligence abrégée de Wechsler (WASI) (Delis et al., 2000).
Dans la présente recherche, le CVLT-II-SF a été administré en entier aux participants pour évaluer leur mémoire épisodique verbale mais seuls les résultats des participants au rappel immédiat (celui après 30 secondes) ont été analysés. Le résultat au rappel immédiat a été choisi car il représentait davantage la mémoire épisodique verbale des participants qui était sollicitée pour retenir l’indice technologique pendant la tâche qu’il leur était demandé d’accomplir. En effet, pendant les tâches, s’ils avaient besoin d’un indice, les participants avaient seulement à mémoriser l’information fournie dans cet indice pendant un court délai (c.-à-d., le temps d’accomplir l’étape de la tâche concernée).
Reconnaissance de visages. Le sous-test reconnaissance de visages de l’Échelle Clinique de  permet d’évaluer la mémoire épisodique visuelle. Dans ce sous-test, des photographies de 24 visages sont montrées une par une à la personne qui doit les mémoriser car 48 photographies de visages lui sont montrées immédiatement après (rappel immédiat) et après un délai entre 25 et 35 minutes (rappel différé). La personne doit alors identifier parmi ceux-ci les 24 visages qui lui avaient été montrés préalablement. Au rappel immédiat et au rappel différé, elle doit dire si oui ou non, chacun des visages montrés faisait partie des visages qui lui ont été montrés initialement (Wechsler, 2001). Les normes de ce sous-test incluent des personnes de 16 à 89 ans (Wechsler, 2001). La moyenne des résultats standardisés de ce sous-test est 10 et l’écart-type est 3 (Wechsler, 2001). Les coefficients de fidélité de ce sous-test pour le rappel immédiat sont 0,60 (pour le groupe d’âge 55-64 ans), 0,77 (pour le groupe d’âge 70-74 ans) et 0,48 (pour le groupe d’âge 80-89 ans). La validité interne convergente pour le rappel immédiat de ce sous-test est démontrée par sa corrélation faible-moyenne (0,4) avec le rappel immédiat du sous-test Scènes de famille de la MEM-III (Wechsler, 2001).
Dans la présente recherche, le sous-test reconnaissance de visages a été administré en entier aux participants pour évaluer leur mémoire épisodique visuelle mais seuls les résultats des participants au rappel immédiat ont été analysés. Le résultat au rappel immédiat a été choisi car il représentait davantage la mémoire épisodique visuelle des participants qui était sollicitée pour retenir l’indice technologique pendant la tâche qu’il leur était demandé d’accomplir. En effet, les participants avaient seulement à mémoriser l’information fournie dans l’indice technologique pendant un court délai (c.-à-d., le temps d’accomplir l’étape de la tâche concernée).
Séquences de chiffres. Les séquences de chiffres utilisées dans la présente recherche sont celles de l’Échelle d’intelligence de Wechsler pour adultes 4e édition (WAIS-IV; Wechsler, 2010). Le sous-test séquences de chiffres de la WAIS-IV permet d’évaluer la mémoire de travail auditive et l’empan numérique. Dans ce sous-test de la WAIS-IV, il est demandé au participant de rapporter des séquences de chiffres en ordre direct (partie 1), inverse (partie 2) et croissant (partie 3). Les normes pour ce sous-test incluent des personnes de 16 à 90 ans 11 mois (Wechsler, 2010). La moyenne des résultats standardisés de ce sous-test est 10 et l’écart-type est 3 (Wechsler, 2010). Les coefficients de fidélité de ce sous-test sont 0,93 (pour le groupe d’âge 55-64 ans), 0,90 (pour le groupe d’âge 65-69 ans), 0,89 (pour le groupe d’âge 70-74 ans), 0,92 (pour le groupe d’âge 75-79), 0,90 (pour le groupe d’âge 80-84) et 0,84 (pour le groupe d’âge 85-90) (Wechsler, 2008a). La validité interne convergente est démontrée par la corrélation moyenne de ce sous-test avec l’indice de mémoire de travail de la WAIS-IV (0,60), le sous-test arithmétique de cet indice (0,60) et le sous-test séquences lettres-chiffres de cet indice (0,69) (Wechsler, 2008b). En ce qui concerne la validité externe nomologique du sous-test, il est moyennement corrélé (0,57) à l’indice de mémoire de travail de la Wechsler Memory Scale 3rd edition (WMS-III) (Wechsler, 2008b). ans la présente recherche, le sous-test séquences de chiffres a été administré en entier aux participants pour évaluer leur mémoire de travail auditive mais seuls les résultats des participants à la première partie (ordre direct) ont été analysés. Le résultat de la première partie a été choisi car il représentait davantage l’aspect de la mémoire de travail verbale des participants qui était sollicitée pour retenir l’indice pendant la tâche qu’il leur était demandé d’accomplir. En effet, les participants avaient seulement à mémoriser l’information fournie dans l’indice, c’est-à-dire qu’ils n’avaient pas à effectuer de manipulation sur celle-ci.
Empans spatiaux. Les empans spatiaux utilisés dans la présente recherche sont ceux de l’Échelle Clinique de Mémoire de Wechsler 3e édition (MEM-III; Wechsler, 2001). Le sous-test empans spatiaux de la MEM-III permet d’évaluer la mémoire de travail visuo-spatiale et l’empan visuo-spatial. Dans ce sous-test du MEM-III, il est demandé au participant de pointer, en ordre direct (partie 1) et en ordre inverse (partie 2), les blocs qui lui ont été pointés (Wechsler, 2001). Les normes de ce sous-test incluent des personnes de 16 à 89 ans (Wechsler, 2001). La moyenne des résultats standardisés de ce sous-test est 10 et l’écart-type est 3 (Wechsler, 2001). Les coefficients de fidélité de ce sous-test sont 0,88 (pour le groupe d’âge 55-64 ans), 0,86 (pour le groupe d’âge 70-74 ans) et 0,85 (pour le groupe d’âge 80-89 ans) (Wechsler, 2001). La validité interne convergente de ce sous-test est démontrée par sa corrélation faible-moyenne (0,46) avec un autre sous-test de la MEM-III mesurant la mémoire de travail mais en modalité auditive plutôt que visuelle soit le sous-test séquences lettres-chiffres (Wechsler, 2001).
Dans la présente recherche, le sous-test empans spatiaux a été administré en entier aux participants pour évaluer leur mémoire de travail visuo-spatiale mais seuls les résultats des participants à la première partie (ordre direct) ont été analysés. Le résultat de la première partie a été choisi car il représentait davantage l’aspect de la mémoire de travail visuo-spatiale des participants qui était sollicitée pour retenir l’indice pendant la tâche qu’il leur était demandé d’accomplir. En effet, les participants avaient seulement à mémoriser l’information visuo-spatiale fournie dans l’indice (c.-à-d., quelle information écrire et où l’écrire) et ils n’avaient pas à effectuer de manipulation sur celle-ci.

Procédure

Phase 1 : Premier contact

Le premier contact avec les participants potentiels a été effectué par les partenaires de la recherche. La recherche a été sommairement expliquée aux personnes admissibles à la recherche et, si leur accord était obtenu, leurs coordonnées étaient transmises par les partenaires, par le biais d’un message sur une boîte vocale dédiée à la recherche et protégée par un mot de passe, à l’assistant de recherche en charge de cette tâche. Certains participants ou proches aidants ont également transmis eux-mêmes leurs coordonnées, par le biais d’un message sur cette même boîte vocale, à la suite de la lecture des diverses annonces de recrutement. L’assistant de recherche a contacté par téléphone les participants ou leur responsable légal (ou leur aidant naturel ou leur accompagnateur) afin de vérifier si l’intérêt à participer à la recherche était toujours présent. Lors de cet appel, il s’est assuré de bien expliquer la recherche (c.-à-d., buts, implications de la participation, etc.) et de répondre à toutes les questions de la personne contactée. Enfin, si la personne était d’accord, une rencontre avec le participant était fixée à une date ultérieure dans un local du Laboratoire d’intelligence ambiante pour la reconnaissance d’activités (LIARA) à l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC). L’accompagnement par une tierce personne (intervenante de la Société Alzheimer, membre de la famille ou responsable légal si le patient était sous tutelle ou sous curatelle) qui serait en mesure de cosigner le formulaire de consentement (peu importe si la personne était déclarée apte ou inapte aux yeux de la loi) était requis pour les participants à la recherche. Lors de cette rencontre au LIARA, le membre de l’équipe de recherche a réexpliqué en détails et dans un vocabulaire familier et accessible les modalités de participation. Le participant et son accompagnateur ont été invités à poser des questions pour favoriser leur compréhension. Le membre de l’équipe de recherche s’est assuré qu’ils avaient bien compris l’ensemble du formulaire de consentement. Si le participant et la tierce personne étaient favorables à la participation à la recherche, le formulaire de consentement était signé par les trois parties (participant, tierce personne et membre de l’équipe de recherche).
Pour les participants habitant à la résidence pour personnes âgées, la prise de contact a été effectuée par une intervenante de la résidence en question. La recherche lui avait préalablement été expliquée en profondeur par un membre de l’équipe de recherche afin qu’elle puisse bien cibler les participants potentiels et expliquer la recherche à ces personnes et leur tuteur légal ou leur proche aidant. Elle s’est assurée de bien leur expliquer le but, les implications de la participation, le fonctionnement de la recherche et le formulaire de consentement dans un vocabulaire familier et accessible pour favoriser leur compréhension. Elle a été avisée de référer ces personnes au membre de l’équipe de recherche si elle ne parvenait pas à répondre à certaines de leurs questions. Ensuite, si le participant potentiel et son tuteur légal ou son proche aidant étaient d’accord avec la participation à la recherche, le formulaire de consentement était signé par le participant, l’intervenante de la résidence pour personnes âgées et le proche aidant (ou le tuteur légal). Le formulaire de consentement avait préalablement été signé par un membre de l’équipe de recherche.

Phase 2 : L’expérimentation

L’expérimentation a été effectuée individuellement pour chaque participant. L’expérimentation a eu lieu dans un local du LIARA à l’UQAC pour les quatre premiers participants. Pour ces quatre premiers participants, l’intervenante de la Société Alzheimer, le tuteur légal ou le proche aidant ont parfois assisté en totalité ou en partie à l’expérimentation. Il leur était alors demandé de ne pas intervenir ni verbalement ni physiquement auprès du participant et de rester en retrait (c.-à-d., hors du champ de vision du participant et sans faire de bruit) afin que leur présence n’influence pas l’expérimentation. Pour les participants suivants, l’expérimentation a eu lieu dans la résidence pour personnes âgées où ils habitaient parce que la distance géographique était grande entre celle-ci et le LIARA. Pour ces participants, l’expérimentation avec la technologie a été effectuée dans la salle à manger commune de la résidence et l’évaluation neuropsychologique a été effectuée dans leur chambre respective. De plus, aucun intervenant de la résidence ni proche aidant ou tuteur légal n’a assisté aux expérimentations pour ces participants.
La durée de la première partie de la rencontre a été d’environ 30 minutes par participant. Le participant a d’abord été familiarisé avec l’environnement de l’expérience (c.-à-d., le local, la technologie et les membres de l’équipe de recherche). Un exemple de chacune des modalités d’indices technologiques susceptibles de lui être envoyés pour l’aider lui a été montré afin de le familiariser avec la technologie. Ces exemples n’étaient pas en lien avec la tâche à effectuer pour éviter toute influence de ceux-ci sur les résultats. Des instructions concernant la tâche à effectuer lui ont ensuite été données (voir Appendice H).
La tâche à effectuer était la complétion d’un faux chèque pour payer une fausse facture d’électricité. Un faux chèque vierge (Appendice F) et une fausse facture d’électricité (voir Appendice E) ont été créés exclusivement pour l’expérimentation.
Pour faciliter la tâche aux participants, les deux premiers chiffres de l’année (c.-à-d., 2 et 0) ont été inscrits sur le faux chèque. De plus, pour faciliter la lecture de ce chèque par les participants, sa taille et la police d’écriture utilisée étaient légèrement plus grandes que celles des chèques habituellement fournis par les institutions financières. De fausses informations y ont été inscrites (c.-à-d., numéro du chèque, code de succursale, code d’établissement de l’institution financière, numéro de compte bancaire, nom et adresse du propriétaire fictif du chèque) afin qu’il soit le plus représentatif possible d’un vrai chèque. Ces informations étaient les mêmes pour tous les participants. Autrement dit, les informations n’ont pas été personnalisées pour les différents participants. Ce faux chèque s’inspire d’un chèque de la Caisse Desjardins de Chicoutimi. Ainsi, l’adresse de cette succursale a été indiquée sur ces chèques. Néanmoins, il est important de spécifier que la Caisse Desjardins de Chicoutimi n’a en aucun cas été impliquée dans la présente recherche.
De fausses informations ont été inscrites sur la fausse facture (c.-à-d., nom et adresse d’un client fictif, numéro de client, numéro de compte, numéro de contrat, numéro de facture, montant à payer, tarifs) afin qu’elle soit le plus représentative possible d’une vraie facture d’un compte d’électricité d’Hydro-Québec. Il est important de spécifier que l’entreprise Hydro-Québec n’a en aucun cas été impliquée dans la présente recherche. Les informations inscrites sur la facture étaient les mêmes pour tous les participants; les informations n’ont donc pas été personnalisées pour les différents participants. Cette fausse facture a été placée dans une enveloppe blanche adressée à la personne fictive et comprenant une reproduction du logo de la compagnie.
La tâche était effectuée par le participant deux fois au cours de la séance afin de tester l’efficacité des deux modalités d’indices (c.-à-d., verbal et vidéo) en alternance et séparément (c.-à-d., un à la fois). Ainsi, l’indice verbal était testé avant l’indice vidéo auprès des participants auxquels un chiffre impair avait été attribué aléatoirement, alors que l’indice vidéo était testé avant l’indice verbal auprès des participants auxquels un chiffre pair avait été attribué aléatoirement afin de balancer pour les effets d’apprentissage. Les indices verbaux étaient des phrases courtes et simples servant d’instructions pour chacune des étapes de la tâche (voir Appendice I). Les indices vidéos, quant à eux, consistaient en une combinaison des indices verbaux avec des vidéos d’une personne exécutant la tâche (et dont seulement le torse et les bras effectuant les mouvements nécessaires à la réalisation de la tâche à l’aide des objets étaient visibles).
Le participant était assis sur une chaise et tous les objets nécessaires à la réalisation de la tâche étaient placés sur une table devant lui. Plusieurs faux chèques vierges lui étaient fournis au cas où il ferait une erreur et devrait recommencer la tâche avec un nouveau chèque vierge. Les objets étaient disposés de la même façon pour tous les participants (voir Appendice J). Puisque les gens reçoivent généralement plus d’une enveloppe dans leur courrier postal et afin de rendre la tâche la plus représentative possible de la réalité, des distracteurs ont été intégrés dans le matériel utilisé pour la présente expérimentation avec la technologie d’assistance. Ces distracteurs étaient une carte de souhaits de Noël dans une enveloppe rouge adressée à une personne fictive, une lettre personnelle dans une enveloppe blanche adressée à cette personne fictive et une lettre d’un fournisseur de services de télécommunication dans une enveloppe blanche adressée à cette même personne et comprenant le logo de la compagnie choisie. La fausse lettre du fournisseur de services de télécommunication s’inspirait d’une lettre de la compagnie Vidéotron (voir Appendice G). Il est important de spécifier que la compagnie Vidéotron n’a en aucun cas été impliquée dans la présente recherche. De fausses informations ont été inscrites sur cette lettre (c.-à-d., nom et adresse d’un client fictif, numéro de compte) afin qu’elle soit la plus représentative possible de la réalité. Ces informations étaient les mêmes pour tous les participants. Autrement dit, les informations n’ont pas été personnalisées pour les différents participants.
Le participant pouvait effectuer les étapes de la tâche de complétion d’un chèque dans l’ordre qu’il désirait et il n’y avait pas de limite de temps pour la réalisation de sa tâche. Un indice était introduit si le participant omettait une étape, s’il faisait une erreur dans la réalisation de la tâche (p. ex., s’il inscrivait la date à l’endroit où il devait signer le chèque) ou s’il avait un comportement non productif ou non progressif, c’est-à-dire un comportement qui ne visait pas la réalisation de la tâche (p. ex., s’il dessinait sur le chèque). Lorsque l’assistant de recherche constatait l’erreur, il s’occupait d’introduire un indice par le biais d’un programme informatique créé exclusivement pour l’expérimentation avec la technologie d’assistance. Ce programme permettait d’enregistrer des paramètres tels que le nombre d’indices envoyés, le type d’indice envoyé et le moment où l’indice a été envoyé. Il permettait également d’enregistrer certaines notes que l’assistant jugeait pertinentes.
L’indice était présenté au participant par le biais d’un écran d’ordinateur et de haut-parleurs placés devant lui. Chaque indice était précédé d’un son et d’un clignotement de l’écran d’ordinateur afin d’attirer l’attention du participant. Si le participant ne répondait pas au premier envoi de l’indice, il lui était envoyé à nouveau 10 secondes plus tard (délai utilisé dans la recherche de Labelle et al. (2006) pour laisser au participant le temps de répondre et sans qu’aucun problème n’ait été relevé avec ce délai). Si l’indice s’avérait encore inefficace, l’assistant intervenait afin de guider le participant verbalement pour lui permettre de continuer la tâche en cours et, éventuellement, s’il commettait une erreur à une autre étape de la tâche, de tester à nouveau ce type d’indice. Un indice était considéré comme efficace lorsqu’il aidait le participant à accomplir l’étape en cours (voir Appendice K) sans intervention humaine. Dans la mesure du possible et dans le but de recueillir le plus de données possibles, le participant était encouragé à compléter la tâche même si le type d’indice testé s’avérait majoritairement inefficace.
Chaque expérimentation avec la technologie était filmée. Il est à noter que la certification éthique de cette recherche (voir Appendice A) permettait l’enregistrement de la séance et que le formulaire de consentement stipulait clairement cette clause (voir Appendice L). L’angle dans lequel chaque expérimentation était filmée permettait de préserver l’anonymat des participants de manière à ce que seul son tronc et ses bras soient visibles sur la vidéo (voir Appendice M). L’enregistrement vidéo comportait également la voix des participants. En effet, les échanges entre le participant et les assistants de recherche étaient filmés. La vidéo de la séance était utilisée pour connaître les raisons pour lesquels un indice s’avérait inefficace afin de mieux interpréter les données obtenues. Par exemple, ces raisons pouvaient parfois se manifester à travers les échanges entre le participant et les assistants de recherche, c’est-à-dire dans les plaintes subjectives du participant. Les données recueillies lors de l’expérimentation étaient conservées dans un ordinateur équipé d’un mot de passe et dans un classeur barré (ceux-ci étant situés dans un local du LIARA dont le seul accès est possible à l’aide d’une clé que seuls les responsables de la recherche possèdent).

Analyses

Variable dépendante à l’étude

La variable dépendante à l’étude était l’efficacité du type de guidage technologique utilisé. Il s’agissait d’une variable catégorielle à échelle nominale dichotomique (efficace ou pas). L’efficacité d’un indice (variable dépendante) était jugée lors de l’expérimentation par l’assistant de recherche chargé d’envoyer les indices au participant. Un indice était considéré comme efficace lorsqu’il engendrait un comportement productif chez le participant (c.-à-d., une action permettant la réalisation de l’étape de la tâche sans faire d’erreur et sans avoir besoin d’une intervention humaine). Un problème a été rencontré avec le logiciel chargé d’enregistrer les résultats de l’expérimentation. Ainsi, il a été nécessaire de visionner les vidéos de l’expérimentation pour juger de l’efficacité des indices. Il a été jugé pertinent de faire coter par trois juges différents l’efficacité des divers indices technologiques testés afin d’éviter un biais de subjectivité. Ainsi, une analyse de la fidélité inter-juge (mesure d’accord) à l’aide du Kappa de Cohen (κ) pour déterminer la cohérence entre les différents juges a été effectuée.

Variable indépendante à l’étude

Le devis expérimental était un plan intra-sujet. Ainsi, chaque sujet était soumis à l’ensemble des niveaux des variables indépendantes. Le logiciel Statistical Package for the Social Sciences version 20 (SPSS 20) a été utilisé pour les analyses. En raison de la difficulté rencontrée à accéder à un large échantillon clinique représentant une courbe normale (voir Discussion), des analyses statistiques exploratoires ont été effectuées afin de répondre aux différentes questions de recherche. Ainsi, les modèles mixtes linéaires généralisés ont été choisis comme option d’analyse dans SPSS car ils permettent d’avoir une variable dépendante dont la distribution ne suit pas la courbe normale. La régression logistique binomiale a été choisie car elle permet de prédire l’appartenance des participants aux groupes d’une variable dépendante catégorielle dichotomique (l’efficacité ou non d’un indice) à partir des différentes variables indépendantes (notamment, la modalité d’un indice technologique (c.-à-d., verbal ou vidéo) et les résultats des participants aux tests neuropsychologiques). Dans cette recherche, la modalité de l’indice envoyé au participant (c.-à-d., verbal ou vidéo) était une variable indépendante catégorielle à échelle nominale tandis que les résultats pondérés des participants aux quatre tests neuropsychologiques (CVLT-II-SF [minimum -3,5; maximum 4,5], Reconnaissance de visages [minimum 1; maximum 19], Séquence de chiffres [minimum 1; maximum 19], Empans spatiaux [minimum 1; maximum 19]) étaient des variables indépendantes quantitatives à échelle discrète.
La régression logistique binomiale a également été choisie car elle permet d’éviter certains biais en considérant plusieurs facteurs fixes comme variables indépendantes pouvant influencer la variable dépendante. Ainsi, en plus de la modalité de l’indice et des résultats des participants aux tests neuropsychologiques, les variables indépendantes choisies comme facteurs fixes dans le modèle de la régression logistique binomiale de la présente recherche étaient :
– l’ordre dans lequel la modalité de l’indice a été envoyée au participant (c.-à-d., verbal ou vidéo en premier)
– variable catégorielle à échelle ordinale;
– le nombre de fois où un numéro d’indice a été envoyé dans cette modalité au participant (minimum 1 fois, maximum 5 fois : lorsqu’un numéro d’indice n’était pas testé dans cette modalité auprès du participant, le code 99999 était entré dans la base de données pour indiquer une donnée manquante à exclure des analyses).

Description de l’échantillon

Selon le logiciel G*Power version 3.1 (Faul, Erdfelder, Buchner, & Lang, 2009), le nombre de participants visé pour la présente recherche était 34 pour une taille d’effet (η²) de 0,50, une puissance statistique de 0,80 et un seuil de signification p < 0,05. Cependant, vingt participants ont été recrutés sur une période de quatorze mois (c.-à-d., de juillet 2014 à octobre 2015) et ont participé aux expérimentations. Quatre participants ont retiré leur consentement au premier temps de l’expérimentation (test avec la technologie). Les raisons d’abandon évoquées par ces participants étaient une difficulté à lire la facture, à écrire, à comprendre les consignes ou à comprendre les indices technologiques prodigués. L’un de ces participants a manifesté de la frustration en lien avec ses difficultés tandis qu’un autre participant s’est montré préoccupé par son état de santé (diagnostic récent de cancer). Les assistants de recherche ont mis fin aux expérimentations pour deux autres participants qui, dès le premier temps de l’expérimentation et malgré l’aide prodiguée, n’ont pas réussi à accomplir la tâche demandée. Ainsi, les participants 5, 10, 15, 16, 19 et 20 ont été retirés des analyses statistiques. Le participant 1 a complété l’expérimentation mais ses résultats aux tests neuropsychologiques étaient tous dans la moyenne. Il a donc aussi été retiré des analyses statistiques.

Résultats des participants aux tests neuropsychologiques

Le Tableau 1 montre les résultats individuels pondérés des participants aux quatre tests neuropsychologiques soit le CVLT-II-SF, la Reconnaissance de visages, les Séquences de chiffres et les Empans spatiaux. Tous les participants ont obtenu un résultat déficitaire au CVLT-II-SF. Quatre d’entre eux ont obtenu un résultat déficitaire seulement à ce test. Un peu plus de la moitié des participants (53,8%) ont obtenu un résultat déficitaire au test Reconnaissance de visages. Environ le tiers (38,5%) des participants a obtenu un résultat déficitaire au test Séquences de chiffres. De plus, seulement un participant (P3) a obtenu un résultat déficitaire au test Empans spatiaux. Ce dernier participant a obtenu des résultats déficitaires à tous les tests neuropsychologiques administrés.

Efficacité des indices

Au total, 459 indices ont été envoyés à l’ensemble des participants. Cependant, certaines données sont manquantes pour le juge 1 et le juge 2 (c.-à-d., qu’ils n’ont pas côté l’efficacité de moins d’une dizaine d’indices lors de l’écoute des vidéos). Parmi l’ensemble des indices testés auprès des participants, les juges ont déterminé qu’en moyenne seulement 45,57% de ces indices se sont avérés efficaces.

Régression logistique binomiale

Le Tableau 3 montre les variables ou groupes de variables incluses dans le modèle de régression logistique binomiale. Un certain débalancement pour l’effet d’apprentissage peut être possible puisqu’en raison des différents abandons de participants nommés précédemment, six participants ont été exposés à l’indice vidéo en premier tandis que sept participants ont été exposés à l’indice verbal en premier.
La réponse à la première question de recherche est donc que la modalité d’un indice technologique ne permet pas de prédire de manière significative l’efficacité de cet indice dans la présente expérimentation (voir lignes 3 et 4 du Tableau 3).
La réponse à la deuxième question de recherche est donc que seulement les résultats des participants à certains tests évaluant leurs capacités mnésiques (CVLT-II-SF et Reconnaissance de visages) en interaction avec la modalité verbale permettent de prédire significativement l’efficacité des indices technologiques testés dans la présente recherche. En effet, les résultats démontrent un lien négatif significatif entre les résultats des participants au CVLT-II-SF en interaction avec la modalité verbale et l’efficacité d’un indice. Autrement dit, plus le résultat au CVLT-II-SF est élevé, moins la modalité verbale est efficace. Autrement dit, à chaque fois que le résultat d’un participant au CVLT-II-SF augmente d’un point, l’indice verbal a 2 fois moins de probabilité d’être efficace. Les résultats démontrent également un lien positif significatif entre les résultats des participants à la Reconnaissance de visages en interaction avec la modalité verbale et l’efficacité d’un indice. Autrement dit, plus le résultat à la Reconnaissance de visages est élevé, plus la modalité verbale est efficace. Spécifiquement, à chaque fois que le résultat d’un participant à la Reconnaissance de visages augmente d’un point, l’indice verbal a 2,8 fois plus de probabilité d’être efficace.
La réponse à la troisième question de recherche est donc que, dans la présente expérimentation, le nombre de fois où un indice a été envoyé permet de prédire significativement son efficacité. En effet, les résultats démontrent la présence d’un lien positif significatif entre le nombre de fois qu’un indice a été testé et son efficacité. Ainsi, plus un indice a été testé souvent pour un participant et plus il s’est montré efficace.

Efficacité des modalités d’indices technologiques

La réponse à la première question de recherche est que la modalité d’un indice ne permet pas de prédire significativement son efficacité dans la présente recherche. Ces résultats sont contradictoires avec ceux de Labelle et al. (2006) et de Potvin (2012) qui mettent en évidence une légère supériorité de l’efficacité des indices vidéo comme aide à la complétion de différentes tâches (c.-à-d., lavage de mains, préparation de repas, emballage d’un cadeau) pour des participants atteints d’un trouble neurocognitif majeur aux stades modéré et sévère. Cette différence entre les résultats de la présente expérimentation et ceux de ces auteurs pourrait s’expliquer par des facteurs tels qu’une disparité dans les stades de la MA des participants, dans la tâche à accomplir par ceux-ci et dans les particularités relatives aux indices technologiques testés. Néanmoins, certains auteurs (notamment, Mihailidis et al., 2008) suggèrent que l’efficacité des technologies d’assistance dépend considérablement des idiosyncrasies des participants. Ainsi, l’adaptation d’une technologie d’assistance pourrait être nécessaire individuellement plutôt que selon les généralités d’un groupe.

Influence des performances mnésiques sur l’efficacité des indices

Parmi les facteurs individuels à considérer pour l’adaptation d’une technologie d’assistance, certains auteurs (notamment, Mihailidis et al., 2002; Potvin, 2012) suggèrent de prendre en considération les déficits cognitifs de l’individu. Les résultats de la présente expérimentation viennent appuyer cette proposition. En effet, la réponse à la deuxième question de recherche est que les résultats des participants à certains tests évaluant leurs capacités mnésiques (CVLT-II-SF et Reconnaissance de visages) interagissent avec le type de modalité pour prédire significativement l’efficacité des indices technologiques testés dans la présente recherche. Ainsi, les résultats de l’expérimentation permettent de mettre en évidence l’importance de prendre en considération les habiletés en mémoire épisodique verbale (résultats au CVLT-II-SF) et en mémoire épisodique visuelle (résultats à la Reconnaissance de visages) des personnes atteintes de la MA aux stades léger et modéré dans le choix de l’indice technologique d’assistance à privilégier (verbal ou vidéo) comme aide à la complétion d’un chèque.

Influence de la mémoire épisodique verbale

Dans la présente expérimentation, plus le résultat d’un participant au CVLT-II-SF est élevé, moins la modalité verbale est efficace. Ainsi, l’indice vidéo semble être à privilégier pour les personnes atteintes de la MA qui ont de bonnes habiletés en mémoire épisodique verbale. Ces résultats sont contradictoires avec les propositions de Lapointe et al. (2013). Dans leur article, Lapointe et al. (2013) proposent des lignes directrices, sous forme d’arbre décisionnel, pour aider les chercheurs dans le domaine des technologies d’assistance à optimiser l’efficacité des indices technologiques en considérant les profils cognitifs des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. Ainsi, ils proposent des indices technologiques à privilégier en présence de chaque trouble cognitif associé à la MA. Leurs propositions sont basées sur une recension exhaustive de la littérature dans le domaine des technologies d’assistances selon différents paradigmes (p. ex., informatique, éducation) et sur les résultats préliminaires d’une expérimentation menée par leur équipe de recherche. Selon Lapointe et al. (2013), un indice qui ne réfère pas strictement au langage (p. ex., un indice vidéo) devrait être privilégié lorsque la mémoire épisodique verbale est altérée
Certaines explications semblent plausibles pour cette contradiction. Tout d’abord, une différence importante semble présente dans l’approche utilisée par Lapointe et al. (2013) et la présente recherche. En effet, dans leur article, Lapointe et al. (2013) discutent de la possible influence des déficits cognitifs des personnes atteintes de la MA sur l’efficacité d’indices technologiques tandis que la présente expérimentation s’attarde davantage sur le lien entre les habiletés mnésiques résiduelles des participants et l’efficacité des indices technologiques testés.

Forces et limites

En raison du faible nombre de participants de la présente recherche, les analyses statistiques sont considérées exploratoires. L’échantillon total n’est pas représentatif de la population atteinte de la MA en ce qui concerne le sexe des participants puisqu’il comporte presqu’autant d’hommes que de femmes tandis que dans la population générale, la prévalence de la MA est plus élevée chez les femmes que chez les hommes (Alzheimer’s Association, 2014). Néanmoins, l’échantillon semble bien représentatif de cette population concernant les atteintes en mémoire des participants. En effet, l’atteinte majoritaire de la mémoire épisodique pour l’ensemble des participants corrobore avec la littérature qui fait état de l’apparition précoce des troubles de mémoire épisodique dans la MA et de leur relative spécificité à cette maladie (Giffard et al., 2008). Cette constatation s’avère rassurante dans le contexte où le diagnostic de MA des participants de la présente recherche était rapporté verbalement par les partenaires externes ayant effectué leur recrutement et où les membres de l’équipe de recherche n’ont pas accédé à des preuves (p. ex., rapport d’évaluation neuropsychologique ou de consultation médicale) qui auraient pu confirmer ce diagnostic. Les participants recrutés ne l’ont pas été dans un Centre dédié à cette clientèle où les personnes atteintes de la MA sont regroupées ni dans une autre institution ayant un double mandat tel que la dispensation de soins et la réalisation de recherches. Le recrutement de participants atteints de la MA est particulièrement difficile dans une région éloignée comme le Saguenay-Lac-Saint-Jean où la population de personnes atteintes de la MA est plus petite que dans une grande métropole. La prévalence de la MA est relativement équivalente d’une région à l’autre mais le nombre d’habitants étant plus élevé dans les grandes villes, il devrait faciliter le recrutement d’un plus grand échantillon. Un manque d’enthousiasme de la population en général envers les technologies d’assistance (Rialle, 2007) pourrait expliquer en partie les difficultés de recrutement de participants atteints de la MA dans la présente recherche. Des facteurs tels qu’une pensée selon laquelle ce type de technologie ne peut pas améliorer le bien-être et la qualité de vie (Archer, Keshavjee, Demers, & Lee, 2014), une non-reconnaissance des besoins personnels pouvant être adressés par ce type de technologie chez les personnes âgées (Beach et al. 2009; Coughlin, D’Ambrosio, Reimer, & Pratt, 2007), des peurs face à la technologie (Carillo, Dishman, & Plowman, 2009) et une difficulté d’acceptation de la condition (c.-à-d., du diagnostic) pourraient expliquer ce manque d’enthousiasme à l’égard des technologies d’assistance. D’autres explications possibles au manque d’intérêt à participer à une recherche comme celle-ci pourraient être le temps requis et le déplacement engendré par la participation à celle-ci. L’anticipation d’être confronté à ses propres difficultés devant des inconnus ou devant leurs proches pourrait également avoir influencé la décision de certaines personnes à ne pas participer à la recherche. De plus, l’implication obligatoire des proches aidants ou des intervenantes pourrait avoir nuit au recrutement.
Bien que le nombre de participants composant l’échantillon soit faible, il est plus élevé que celui de plusieurs autres recherches ayant testé des technologies d’assistance auprès de personnes atteintes de la MA. En effet, le nombre de participants dans la majorité des recherches testant l’efficacité de technologies d’assistance auprès de personnes atteintes de la MA ne dépasse pas la dizaine et il varie entre 2 et 9 (p. ex., Labelle et al., 2006; Lancioni et al., 2009; Mihailidis et al., 2004; Mihailidis et al., 2008; Potvin, 2012). Un manque de validation clinique (c.-à-d., absence d’essais cliniques) est constaté dans les recherches sur les technologies d’assistance et, parmi les recherches pour lesquelles une validation préliminaire a été effectuée, plusieurs contiennent des limitations majeures en termes de taille d’échantillon, de taux d’abandon, de signification statistique et d’ajustement pour les comparaisons multiples (Ienca et al., 2017).
L’approche utilisée dans la présente recherche est cohérente avec la vision de certains chercheurs dans le domaine des technologies d’assistance qui recommandent de faire appel aux habiletés fonctionnelles (c.-à-d., capacités résiduelles) d’un individu pour compenser ses déficits (notamment, Potvin, 2012; Van Tassel et al., 2011). Cette approche vise à diminuer le risque de dépendance aux indices technologiques (Lopresti, Mihailidis, & Kirsch, 2004), à minimiser les possibilités de confusion et à favoriser l’implication cognitive des utilisateurs de la technologie d’assistance (Mihailidis et al., 2008). En effet, des études démontrent les effets positifs d’entraînements cognitifs sur la préservation et même l’amélioration d’habiletés cognitives (p. ex., Ball et al., 2002). Dans la présente recherche, un indice technologique était envoyé au participant seulement s’il faisait une erreur. Ainsi, l’assistance technologique testée permettait aux participants de continuer à exercer leurs fonctions cognitives en essayant d’abord les étapes de la tâche par eux-mêmes. Cependant, au fil des expérimentations, il a été observé que certains participants attendaient le prochain indice plutôt que d’initier eux-mêmes l’étape suivante de la tâche. Il est possible que ces participants ne connaissaient pas l’étape suivante de la tâche mais il est également possible qu’ils la connaissaient et qu’ils aient démontré une certaine passivité. Cette observation soulève un questionnement important quant à la possibilité que les technologies d’assistance engendrent une certaine dépendance qui irait à l’encontre du but visé (c.-à-d., améliorer l’autonomie).
Les endroits des expérimentations avec la technologie, soit le local du LIARA pour les quatre premiers participants et la salle à manger commune dans la résidence pour personnes âgées pour les autres participants, ne correspondent pas aux endroits où les participants ont l’habitude de payer leurs factures. Néanmoins, les personnes atteintes de la MA seraient plus susceptibles de faire des erreurs dans un environnement qui ne leur est pas familier (Wherton & Monk, 2008). De plus, le degré de familiarité des participants avec la tâche était variable parmi l’échantillon total. En effet, certains participants n’avaient jamais complété de chèque auparavant. Certains auteurs (p. ex. Mihailidis & Fernie, 2002; Van Tassel et al., 2011) ont suggéré que la familiarité à la tâche est très importante à considérer dans l’aide à la complétion d’une tâche pour les personnes atteintes d’un trouble neurocognitif majeur tel que la MA. Notamment, Mihailidis et Fernie (2002) ont avancé que la familiarité et les habitudes sont deux facteurs importants pouvant influencer l’habileté d’une personne à exécuter une tâche puisqu’ils lui fournissent des indices intrinsèques lorsqu’elle oublie ce qu’elle doit faire ensuite. Le faible taux d’efficacité de l’ensemble des indices technologiques testés (45,57%) dans la présente recherche pourrait être attribuable, du moins en partie, au manque de familiarité des participants avec l’environnement de l’expérimentation et la tâche à effectuer. Il aurait donc pu être préférable de familiariser davantage les participants avec cet environnement et cette tâche. Un moyen d’y parvenir aurait pu être de faire faire la même tâche (chèque) plusieurs fois avec le même indice technologique à différentes journées (différents temps d’expérimentation) par chaque participant.
En outre, les participants n’avaient jamais eu recours à de l’aide technologique et ils ne connaissaient pas les assistants de recherche au préalable. Face à ces nouveautés, à celles discutées dans le paragraphe précédent et au fait d’être observés pendant qu’ils effectuaient une tâche, certains participants ont verbalisé une certaine anxiété. Les assistants de recherche ont tenté de les rassurer en leur permettant de la verbaliser, en normalisant cette anxiété et en leur fournissant des encouragements mais l’anxiété que les participants ont manifestée pourrait tout de même avoir influencé les résultats des participants dans la présente recherche. En effet, certaines études ont démontré que, dans des conditions défavorables, les personnes âgées ont de moins bonnes performances mnésiques car leurs hormones de stress sont significativement plus élevées (Sindi, Fiocco, Juster, Pruessner, & Lupien, 2013). Ainsi, il aurait également pu être préférable de familiariser davantage les participants avec l’aide technologique et les assistants de recherche. L’administration d’un questionnaire évaluant le niveau d’anxiété des participants aurait pu permettre d’évaluer ou de contrôler l’influence de cette variable sur les résultats des participants aux tests mnésiques mais également sur l’efficacité des indices technologiques. Néanmoins, outre la présence d’une légère anxiété face à la nouveauté chez certains participants, les indices technologiques testés dans la présente expérimentation n’ont pas eu d’effet préjudiciable sur eux, ce qui concorde avec la littérature (p. ex., Potvin, 2012 ; Mihailidis et al., 2008).

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Table des matières

Résumé
Table des matières 
Liste des tableaux 
Remerciements
Introduction 
Contexte théorique
La maladie d’Alzheimer
Description symptomatologique
Impacts fonctionnels des déficits
Stades de détérioration de la maladie
Fardeau des aidants naturels et institutionnalisation
Les technologies d’assistance
Description et application des technologies d’assistance
Adaptation des technologies d’assistance
Objectifs et questions de recherche
Méthodologie 
Participants
Instruments
Questionnaire sociodémographiques
Tests neuropsychologiques
CVLT-II-SF
Reconnaissance de visages
Séquences de chiffres
Empans spatiaux
Procédure
Phase 1 : Premier contact
Phase 2 : L’expérimentation
Analyses 
Variable dépendante à l’étude
Variable indépendante à l’étude
Résultats
Description de l’échantillon
Résultats des participants aux tests neuropsychologiques
Efficacité des indices
Fidélité inter-juges
Régression logistique binomiale
Discussion 
Efficacité des modalités d’indices technologiques
Influence des performances mnésiques sur l’efficacité des indices
Influence de la mémoire épisodique verbale
Influence de la mémoire épisodique visuelle
Familiarisation et efficacité des indices technologiques
Forces et limites
Retombées possibles de la recherche et orientations futures
Conclusion
Références 
Appendices A. Certificat d’approbation éthique
Appendices B. Affiche publicitaire 
Appendices C. Lettre envoyée dans les résidences pour personnes âgées 
Appendices D. Questionnaire sociodémographique 
Appendices E. Faux chèque vierge 
Appendices F. Fausse facture d’électricité 
Appendices G. Fausse lettre d’une compagnie de télécommunication
Appendices H. Instructions concernant la tâche
Appendices I. Indices à l’étude 
Appendices J. Emplacement des objets pour la réalisation de la tâche 
Appendices K. Arbre décisionnel 
Appendices L. Formulaire de consentement 
Appendices M. Exemple d’une image captée par la vidéo

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