Inaptitude medicale au travail Affections responsables des retraites anticipees

L’inaptitude au travail [1] est une situation dans laquelle se trouve un assuré qui n’est pas en mesure d’exercer un emploi sans nuire gravement à sa santé et qui se trouve atteint d’une inapacité de travail médicalement constatée de 50% compte tenu de ses aptitudes physiques et mentales à l’exercice d’une activité professionnelle. La détermination et la formulation de l’inaptitude [2] est un moment privilégié de l’activité du médecin du travail dans la mesure où c’est le moment où il fait la synthèse entre ce qu’il sait l’état de santé du salarié et ce qu’il sait des exigences et des contraintes de son poste de travail. Il s’agit d’un important pouvoir du droit commun qui est donné au médecin du travail de s’immiscer dans une relation contractuelle entre le salarié et son employeur. Aussi les médecins doivent-ils prendre garde au fait que derrière l’inaptitude se cache toujours le problème du libre choix du salarié car il ne fait courir un risque qu’à lui-même en poursuivant son travail. En effet, cette inaptitude, en l’impossibilité d’un reclassement, conduit à la perte d’emploi le salarié qui n’a pas encore atteint l’âge d’anticipation de la retraite. Le cas échéant il bénéficie d’une retraite anticipée avec les mêmes avantages que le salarié qui prend une retraite normale. Les causes et la nature des handicaps sont nombreuses. Derrière une inaptitude au travail se trouve souvent une maladie chronique invalidante. Au Sénégal il n’existe pas encore, en notre connaissance, une étude menée pour connaître les affections invalidantes responsables d’inaptitude au travail. C’est pour répondre à une telle exigence de sécurité sociale au plan national que cette étude est menée. Ainsi cette thèse a pour objectif :
– de connaître le profil des salariés en inaptitude définitive au travail,
– de préciser les causes et la nature des handicaps,
– de dresser une liste des maladies invalidantes les plus représentatives pour la Sécurité Sociale.
– de proposer des stratégies préventives dans le cadre de la médecine du travail.

LE HANDICAP 

Dans une revue de la littérature Hamonet C. [3] a décrit l’histoire du mot handicap et l’enchaînement qui y conduit. Le mot handicap est d’origine anglaise « hand in cap » c’est à dire « la main dans la casquette ». Il était réservé aux courses de chevaux dans lesquelles on ajoutait une charge additionnelle aux meilleurs pour réduire leurs chances. Le pari se faisait en tirant des noms dans une casquette. Le mot apparaît pour la première fois dans le droit français avec la loi du 23 novembre 1957 [3] qui a pour objet le reclassement des travailleurs handicapés : le travailleur handicapé est défini comme « toute personne dont les possibilités d’acquérir ou de conserver un emploi sont effectivement réduites par suite d’une insuffisance ou d’une diminution de ses capacités physiques ou mentales » (art 1er et 2). L’organisation Mondiale de la santé (OMS) sous l’égide de P.H.N. WOOD a proposé une classification des conséquences des maladies et des accidents [4,5]. Le handicap est ainsi défini dans trois dimensions pour rendre compte des inter-relations entre les altérations biomédicales, leurs conséquences fonctionnelles et l’environnement :

➤ La déficience correspond à une anomalie durable ou transitoire, anatomique, physiologique ou psychologique. Elle est le reflet de troubles manifestes au niveau d’un organe dans le cadre d’une maladie ou du vieillissement
➤ L’incapacité est définie comme la réduction partielle ou totale de la capacité d’accomplir une activité dans les limites considérées comme normales pour un être humain .
➤ Le désavantage résulte d’une déficience ou d’une incapacité qui limite ou interdit l’accomplissement d’un rôle normal en rapport avec l’âge, le sexe et les facteurs socio-culturels.

Pour chaque individu, le désavantage est la résultante des altérations de l’état de santé (physique ou mental), des ressources personnelles (réseau relationnel, support social, logement, ressources économiques) et de l’environnement collectif (habitat, structure de maintien à domicile, services sanitaires et sociaux). Il s’agit d’une notion étroitement liée à l’environnement du sujet et au type de société dans laquelle il évolue au moment de son observation. Il n’y a pas de norme universelle définissant le désavantage indépendamment du système social. Selon Hamonet C. le handicap se définit par la situation de handicap c’est à dire « la difficulté ou l’impossibilité pour le sujet de faire face aux exigences d’une situation donnée du fait de limitations fonctionnelles ». Cette définition implique de mieux préciser les situations considérées :
– les macro-situations : vie quotidienne, travail, vie familiale, loisirs, vie scolaire.
– Les micro-situations telles que : couper sa viande, se raser, taper à la machine…

APTITUDE PHYSIQUE ET AVANCEE EN AGE

L’accomplissement d’une activité physique suppose la mise en jeu de plusieurs systèmes indépendants : fonctions cardio-vasculaire, ventilatoire, système neuro-végétatif… de façon à ce que l’oxygène puisse être transformée en énergie. Le sujet âgé est limité du point de vue de l’aptitude physique par la réduction de ces capacités aérobie, de sa masse musculaire, de la flexibilitéarticulaire et de son habileté motrice.

Vieillissement et aptitude aérobie

La pratique de nombres d’activités physiques n’est possible qu’en présence d’une capacité aérobie suffisante. Un paramètre physiologique, la consommation maximale d’oxygène (VO2 max.) occupe une place prépondérante dans l’appréciation de la capacité aérobie.

A partir de l’âge de 20-30 ans, la réduction de la consommation maximale d’oxygène par kilo de poids corporel est en moyenne de 1% par an. Chez l’homme la VO2 max. passe de 45 à 25 ml / min / kg entre l’âge de 30 et 80 ans. Cette diminution est essentiellement d’origine circulatoire. En effet à l’exercice maximal, le débit cardiaque est diminué chez le sujet âgé par suite d’une diminution de la fréquence cardiaque maximale (FC max), du volume d’éjection systolique et de la différence artério-veineuse. Le contrôle de la fonction cardiocirculatoire par le système neuro végétatif est altéré avec l’âge. La moindre augmentation de la fréquence cardiaque à l’exercice peut trouver trois explications [9] : la moindre sensibilité à la stimulation béta-adrénerque chez le sujet âgé ne permet au cœur d’atteindre les fréquences maximales obtenues antérieurement. La diminution du tonus vagal de repos ainsi que la diminution du nombre de cellules du tissu nodal réduiraient les possibilités d’augmentation de la fréquence cardiaque. Cette diminution est liée à l’âge selon la relation FC max = 220-âge (ans) [10]. Chez le sujet âgé, la FC max est statiquement plus élevée chez les sujets actifs et entraînés que chez les sujets sédentaires, constituant un bon prédicteur de l’aptitude physique contrairement au sujet jeune. En ce qui concerne la fonction pulmonaire il n’existe pas de diminution du volume courant selon l’âge, en revanche il existe une diminution du débit ventilatoire mesuré à la puissance maximale aérobie. La compliance du thorax est réduite avec l’âge par l’ossification de la partie antérieur des côtes. La réduction de la force musculaire des muscles respiratoires accessoires aggrave cette situation. Entre 20 et 70 ans la capacité résiduelle fonctionnelle est donc augmentée et passe de 50 à 60 % de la capacité pulmonaire totale. La diminution de l’élasticité du parenchyme pulmonaire précipite le collapsus des voies aériennes pendant l’expiration forcée, augmentant le volume résiduel qui s’élève approximativement de 40 %. Le volume pulmonaire total subissant peu de changement la capacité vitale est réduite d’autant Au total, à l’exercice la capacité ventilatoire maximale est réduite de moitié à 60 ans et il n’est pas exclu que, dans certaines conditions, ceci limite la capacité aérobie contrairement au sujet jeune .

Vieillissement et muscle

sarcopénie

L’une des principales caractéristiques du vieillissement chez tous les mammifères est la fonte musculaire. La sarcopénie est une perte progressive de muscle squelettique strié.

➤ masses musculaires
Les premières études suggérant la diminution de l’ensemble de la masse musculaire au cours du vieillissement datent d’une trentaine d’années quand ont été mises en évidence d’une part, la diminution du volume de distribution du potassium, index de la masse cellulaire et de la masse maigre, et d’autre part celle de l’excrétion urinaire de créatinine, index de la masse musculaire. Cette réduction de la masse musculaire se manifeste chez l’homme à partir de 30 ans : alors que la musculature représente en moyenne 45 % du poids du corps entre 20 et 30 ans, elle n’en constitue plus que 27 % à 70 ans. Chez la femme la fonte musculaire se produit également mais de façon plus tardive. L’étude par les méthodes modernes d’imagerie de la surface de la section de muscles individuels (quadriceps, psoas, biceps et triceps brachiaux, fléchisseurs plantaires) a confirmé la réduction de l’ensemble de la musculature.
➤ composition
Les fibres musculaires sont des assemblages de myofibrilles elles-mêmes constituées d’unités contractiles, les sarcomères. Il existe deux types principaux de fibres. Les fibres de type I (fibres lentes) caractérisées par leur métabolisme de type oxydatif, un contenu élevé en mitochondries et leur résistance à la fatigue, ce qui explique leur importance lors des efforts en endurance. Les fibres de type II (fibres rapides) caractérisées par leur métabolisme glycolytique (IIb) et oxydoglycolytique (IIa et IIx). Même si certains muscles ont une prépondérance marquée de fibres de l’un ou l’autre type, de nombreux muscles, et en particulier le quadriceps, sont mixtes et comprennent une proportion équivalente des fibres I et II. La perte de tissu contractile correspond principalement à une réduction du nombre et du diamètre des fibres. Les différences entre les types de fibres s’amenuisent, comme cela s’observe lors d’expérience de dénervationréinnervation. Ce sont principalement les fibres de type II qui sont affectées. Ainsi chez l’homme où les études n’ont été réaliséespresqu’exclusivement que sur le quadriceps vaste externe, à la fois le nombre de fibres et la surface des fibres de type II diminuent entre 30 et 80 ans alors que la surface des fibres de type I ne varie pas. De ce fait la proportion des fibres de type II diminue et celle des fibres de type I augmente. Dans toutes les fibres, les contenus d’ATP, de créatinine phosphate et de glycogène diminuent mais de façon plus importante dans les fibres de type II, ainsi que l’activité de la myosine ATPase et des voies glycolytiques. En revanche, l’activité des voies oxydatives est moins réduite [11].

Force musculaire ( aptitude anaérobie) 

La force des groupes musculaires diminue avec l’âge à partir d’un maximum atteint entre 20 et 30ans. Cette diminution se fait d’environ 12 à 15 % par décennie jusque vers 80 ans [12]. La chute de force musculaire tient surtout à la réduction de la masse musculaire qui reflète la perte des protéines musculaires liée à l’inactivité et /ou au vieillissement. Cette diminution est modérée jusqu’à 45-50 ans puis s’accélère ensuite .

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela rapport-gratuit.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : RAPPELS
I. LE HANDICAP
II. APTITUDE PHYSIQUE ET AVANCEE EN AGE
1. Vieillissement et aptitude aérobie
2. Vieillissement et muscle
. Sarcopénie
. Force musculaire (aptitude anaérobie)
III. SECURITE SOCIALE : Considérations générales
IV. PRESENTATION GENERALE DES DIFFERENTS REGIMES DE RETRAITE
1. Les régimes de retraite des salariés
1.1. Le régime de base : La couverture vieillesse
1.2. Les régimes complémentaires de retraite des cadres
1.3. Les régimes spéciaux
2. Le régime de retraite des non-salariés
V. PREVOYANCE RETRAITE DU SECURITE PRIVE ET DES NON FONCTIONNAIRES DU SECTEUR PUBLIC AU SENEGAL
1. Extrait des statuts de l’IPRESS
1.1. Objet
1.2. Bénéficiaires
1.3. Age de la retraite
2. Age de liquidation de l’allocation de retraite-Anticipation
3. Invalidité-Inaptitude au travail
VI. PREVOYANCE RETRAITE DU SECTEUR PUBLIC AU SENEGAL
VII. LA RETRAITE
1. Définition
2. Admission à la retraite
3. Effet le l’admission à la retraite
3.1. L’indemnité de départ à la retraite
3.2. L’allocation de retraite
VIII. LA RETRAITE ANTICIPEE
1. Principe
2. Définition de l’inaptitude du travail
3. Conditions d’attribution
4. Procédure
DEUXIEME PARTIE : NOTRE ETUDE
I. CADRE D’ETUDE
1. Les locaux
2. Les secteurs de soins
3. Le plateau technique
4. L’équipe médicale et le personnel
5. Le partenariat
6. Le financement
II. MALADES ET METHODES
III. RESULTATS
1. Répartition selon l’âge et le sexe
2. Niveau professionnel
3. Causes des handicaps
4. Cumul de handicaps
5. Nature des handicaps
6. Analyse des pathologies responsables d’inaptitude au travail
a- Affections neuropsychiatriques
b- Affections cardiovasculaires
c- Affections rhumatologiques
d- Affections ophtalmologiques
e- Affections métaboliques et endocriniennes
f- Autres affections
7. Synthèse des pathologies responsables d’inaptitude au travail
IV. COMMENTAIRES
1. Population d’étude
2. Niveau professionnel
3. Causes des handicaps
4. Cumul de handicaps
5. Profil du salarie inapte définitif au travail
6. Nature des handicaps
7. Etude analytique des pathologies responsables d’inaptitude au travail
7.1. Affections neuro-psychiatriques
7.2.Affections cardiovasculaires
7.3.Affections rhumatologiques
7.4.Affections rhumatologiques
7.5.Affections métaboliques et endocriniennes
V. PATHOLOGIES INVALIDANTES LES PLUS FREQUENTES
CONCLUSION ET STRATEGIES PREVENTIVES
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXE

Lire le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *