Importance du gaspillage alimentaire parmi d’autres problématiques environnementales 

Nudges « verts » et comparaison sociale

Comme nous l’avons exposé, la méthode des nudges faisant appel aux normes sociales s’est montrée efficace à la promotion de comportements pro-environnementaux, que ce soit notamment en matière d’économie d’énergie (Allcott, 2011), d’économie d’eau dans le domaine agricole (Chabé-Ferret et al., 2019), ou encore de préservation de sites naturels (Cialdini et al., 2006). Ainsi, une société de distribution d’électricité américaine, Opower, a appliqué cette méthode des normes sociales (Allcott, 2011). Pour ce faire, les individus recevaient sur leur facture des informations concernant 1) leur consommation, 2) la consommation moyenne de leurs voisins et 3) des conseils pour diminuer leur consommation.
Le fait de leur fournir la consommation moyenne des voisins les plaçait en situation de comparaison sociale, en leur donnant accès à la norme descriptive. Les résultats indiquent une baisse de la consommation d’électricité des foyers dont la consommation se situait au-dessus de la moyenne. Les foyers dont la consommation était inférieure à la moyenne augmentaient par contre la leur, mettant en évidence l’effet boomerang (ou effet de « normalisation »). Cet effet était néanmoins évité lorsque la norme injonctive était présente, à travers un « smiley sourire », signe que leur comportement était un comportement souhaitable. Certains parlent alors de « nudges verts » (Oullier & Sauneron, 2011). Ce sont, comme le montre l’exemple cidessus, des incitations à adopter des comportements écologiques, qui ne sont pas coercitives et laissent ainsi l’individu libre de son choix.
L’efficacité des nudges dépend néanmoins de différents facteurs, tels que l’altruisme (Schultz & Zelezny, 2003), la sensibilité politique (Costa & Kahn, 2013), ou encore le niveau d’identification de l’individu au groupe de référence et de l’importance que ce dernier a pour lui (Terry & Hogg, 1996; Terry, Hogg, & White, 1999; Goldstein, Cialdini, & Griskevicius, 2008). Le terme « groupe de référence » est à comprendre ici comme le groupe auquel le message de comparaison sociale fait allusion. Goldstein et collaborateurs (2008) ont mis en évidence cet effet d’identification au groupe au travers du comportement de réutilisation des serviettes dans les chambres d’hôtel. Pour cela ils ont fait varier le groupe de référence, c’està- dire que le message présenté dans la salle de bain de la chambre d’hôtel faisait référence au groupe des « clients de l’hôtel » ; aux « clients de cette chambre » ; aux « citoyens » ; aux « hommes et femmes », ou bien à aucun groupe précis, seul un message pro-environnemental étant communiqué (« AIDEZ À SAUVER L’ENVIRONNEMENT. Vous pouvez montrer votre respect pour la nature et contribuer à sauver l’environnement en réutilisant vos serviettes pendant votre séjour »). Les auteurs ont mesuré au préalable l’importance accordée aux groupes de référence en question. Pour ce faire ils ont interrogé un groupe de sujets distinct, afin de ne pas fournir d’informations supplémentaires aux sujets de l’étude. Les résultats concordaient avec les résultats attendus des auteurs, à savoir que les catégories combinées de citoyen et homme ou femme étaient considérées comme plus importantes pour l’identité des participants que les catégories combinées de client de l’hôtel et de client d’une chambre particulière. De la même manière, la catégorie clients de l’hôtel d’une chambre particulière était jugée comme moins importante que la catégorie des clients de l’hôtel. Les résultats de l’étude montrent, quant à eux, que le taux de réutilisation des serviettes était significativement plus élevé dans la condition « clients de cette chambre » que dans les autres. Ce résultat peut paraître surprenant au regard des résultats obtenus en amont. Cependant ils mettent en lumière un phénomène intéressant, à savoir l’importance de la congruence entre la norme descriptive et le contexte dans lequel elle est donnée. En effet, étant eux-mêmes clients de ladite chambre d’hôtel, les sujets ont pu s’identifier plus facilement au message « clients de cette chambre ». Ainsi, lorsque la proximité du groupe de référence pertinent est rendue saillante, les individus adhèrent davantage à la norme. Par ailleurs, les résultats des quatre conditions réunies étaient significativement plus élevés que ceux de la condition où seul le message pro-environnemental était présenté. De la même manière, Terry et Hogg (1996) ont mis en évidence que l’intention de faire de l’exercice durant les quinze prochains jours dépendait du degré d’identification des sujets au groupe de référence invoqué dans les messages (en l’occurrence le groupe des étudiants). Les auteurs ont appréhendé cette identification au groupe à travers une échelle de mesure composée de 6 items, conçus pour évaluer le degré d’identification (e.g., « A quel point vous identifiez-vous à vos amis et pairs de l’Université ? ») ainsi que le sentiment d’appartenance au groupe des étudiants (e.g., « Dans quelle mesure vous sentez-vous appartenir à votre groupe d’amis et pairs de l’Université ? »). Les résultats montrent notamment que le degré d’identification au groupe de référence modère 1) la perception de la norme du groupe (ici faire de l’exercice) et 2) l’intention comportementale. Ainsi, plus l’identification au groupe est forte, plus les étudiants percevaient la norme de groupe « faire de l’exercice » comme importante et, de la même manière, plus leur intention de faire un exercice physique régulier augmentait. L’identification au groupe de référence passe donc par le sentiment d’appartenance à ce groupe et le fait d’y être attaché. Lorsqu’une identité est rendue saillante dans un contexte donné (e.g., le groupe des étudiants), l’individu compare ses caractéristiques propres avec celles du groupe. Plus il en partagera de communes, plus il s’identifiera comme appartenant lui-même à ce groupe et son comportement (pensées, ressentis, …) sera guidé par les normes de ce dernier (Terry & Hogg, 1996). Mussweiller et Strack (2000) ont quant à eux mis en évidence un effet d’assimilation à une norme en faisant varier le niveau du standard de comparaison. Dans une étude portant sur les capacités sportives des individus, les participants devaient dans un premier temps dire s’ils étaient capables de réaliser un nombre donné de pompes, avec comme standard de comparaison soit le nombre de 37 (haut standard), soit le nombre de 8 (bas standard). De la même manière il leur était demandé s’ils pensaient être capables de courir 100m en un temps donné. Le standard de comparaison était soit de 15 secondes (haut standard), soit de 25 secondes (bas standard). Les sujets devaient ensuite se décrire, en termes de capacités sportives, à l’aide d’une échelle en 9 points (de 1 = Pas du tout sportif à 9 = Très sportif). Les participants de la condition « haut standard » se décrivent comme étant davantage sportifs (M = 5,92, SD = 1,88) que les sujets de la condition « bas standard » (M = 4,89, SD = 2,37). Ainsi, la comparaison à un standard influence l’accessibilité de la connaissance de soi, et ce dans le sens de la norme, ou plus exactement en congruence avec le standard. Selon la norme en question, nous pouvons donc imaginer que le comportement des individus sera également influencé.
D’autres variables se sont avérées efficaces dans la littérature sur les nudges, comme le fait de donner le rang (classement) de l’individu par rapport aux autres au lieu de simplement l’informer de la moyenne générale (Aldrovandi, Brown, & Wood, 2015 ; Taylor, Vlaev, Maltby, Brown, & Wood, 2015), de joindre la norme injonctive à la norme descriptive afin d’éviter l’effet boomerang, comme nous l’avons vu ci-dessus (Schultz et al., 2007 ; Chabé- Ferret et al., 2019), ou encore de faire deviner la norme descriptive (Krupka & Weber, 2009 ; Bartke, Friedl, Gelhaar, & Reh, 2016). En effet, Krupka et Weber (2009) ont montré que le fait de faire deviner le comportement des pairs (c’est à dire la norme descriptive) augmentait le taux de comportements pro-sociaux. Pour ce faire, les auteurs ont placé les participants dans une situation de « jeu du dictateur ». Le principe de ce dernier est simple : deux joueurs, A et B, doivent se répartir une somme d’argent, mais seul A peut décider du partage. Dans cette étude, A avait le choix entre 1) choisir X et les deux joueurs recevaient 5$ chacun (choix « prosocial »), ou 2) choisir Y et A recevait 7$ et B seulement 1$ (choix « égoïste »). Les participants devaient d’abord faire leur choix puis étaient placés aléatoirement soit dans le rôle du joueur A, soit dans celui de B. Les sujets étaient répartis en 4 conditions : 1) contrôle : les sujets donnaient leur choix, recevaient leur rôle puis devaient deviner le choix des autres participants, 2) traitement descriptif : les sujets devaient deviner le choix des autres participants avant de donner le leur, 3) traitement injonctif : les sujets devaient deviner le pourcentage de participants rapportant que X ou Y devrait être choisi et 4) information : les sujets observaient le choix de quatre participants avant de donner le leur. Ainsi la condition 2 était centrée sur le comportement d’autrui (norme descriptive), la condition 3 faisait réfléchir les sujets à la norme pro-sociale directement (norme injonctive), tandis que la condition 4 donnait directement accès à la norme descriptive. Les prédictions des auteurs se sont avérées justes, à savoir que le taux de comportements pro-sociaux (choix = X) était significativement plus élevé dans les condition 2 et 3 que dans les deux autres. Ainsi, le fait de réfléchir au comportement d’autrui ou à la norme injonctive rend saillant le « bon » comportement à avoir (en l’occurrence pro-social) et influence la décision des sujets.
Bartke et collaborateurs (2016) ont repris cette idée mais en testant un élément supplémentaire : donner la réelle norme descriptive après que les individus l’aient devinée. Leur étude portait sur les comportements de dons de charité et les résultats montrent qu’effectivement, dans la condition où les sujets ont d’abord deviné la norme avant d’en être informés, le taux de dons est significativement supérieur aux deux autres conditions où la norme descriptive était soit donnée directement, soit absente. Par ailleurs les auteurs mettent également en évidence l’effet boomerang, en ce sens que lorsque les sujets avaient estimé la norme plus haute qu’en réalité, le taux de dons diminuait. En d’autres termes, l’effet n’est bénéfique que si les individus ont donné une estimation inférieure à celle présentée par la suite.
Cette méthode « guess norm » va particulièrement nous intéresser pour la présente recherche car, à notre connaissance, son influence n’a pas encore été examinée dans la promotion de comportements pro-environnementaux.

AGIR A L’ECHELLE INDIVIDUELLE : L’EXEMPLE DU GASPILLAGE ALIMENTAIRE

Tout comme la dénomination des comportements « pro-environnementaux » est plurielle (tantôt appelés comportements « écocitoyens » ; « écoresponsables » ; « respectueux de l’environnement » ; « vertueux » ; etc), le champ d’actions possibles en terme de préservation de l’environnement est multiple et peut conduire les individus à se sentir dépassés. En effet, malgré leur volonté d’agir à leur propre niveau, certains ne savent tout simplement pas comment ou quoi faire, ou encore ne perçoivent pas l’impact qu’ils pourraient avoir, à leur échelle. Un moyen de rendre la communication sur la problématique globale de l’environnement accessible, ,est de se concentrer justement sur un aspect particulier, une problématique spécifique et d’impliquer des gestes simples du quotidien. Les messages destinés à l’adoption de comportements pro-environnementaux ne devraient donc pas être abstraits, mais plutôt contenir des pistes d’action concrètes permettant aux individus, comme nous l’avons vu ci-dessus, de s’approprier les bonnes pratiques en s’identifiant au groupe qui les véhicule. Ce sont pour ces raisons que nous avons choisi de nous concentrer sur une problématique qui touche tout le monde et ce au quotidien : le gaspillage alimentaire.
En effet, la condition humaine oblige l’Homme à se nourrir pour survivre, et ce chaque jour et plusieurs fois. L’individu est ainsi quotidiennement susceptible de jeter de la nourriture et de cette façon contribuer au gaspillage alimentaire. L’érosion des sols, la déforestation, la pollution de l’eau et de l’air, l’augmentation d’émission de gaz à effet de serre sont tous autant de conséquences liées au gaspillage alimentaire (Schanes, Dobernig, & Gözet, 2018). Ce dernier est défini par le Pacte national de lutte contre le gaspillage alimentaire de la manière suivante : « toute nourriture destinée à la consommation humaine qui, à une étape de la chaîne alimentaire, est perdue, jetée, dégradée » (2013). Au niveau mondial, environ un tiers de la production alimentaire est gaspillée chaque année et ce d’autant plus dans les pays dits développés, dans lesquels le terme « société de consommation » prend tout son sens (Simard Tremblay, 2015). En France, 10 millions de tonnes de nourriture sont jetées par an, soit l’équivalent de 18 milliards de repas. Le gaspillage alimentaire a lieu tout au long de la chaîne alimentaire, c’est-à-dire de la production des matières premières, en passant par leur transformation, leur transport, la distribution, jusqu’à la consommation humaine. Cette problématique nous semble d’autant plus pertinente que la moitié du gaspillage alimentaire total se situe au niveau des ménages (Stancu, Haugaard, & Lähteenmäki, 2016). Selon l’ADEME (2019), 30kg de nourriture sont jetés par habitant et par an en France, soit l’équivalent d’environ 100€/habitant/an. Sensibiliser la population à l’échelle individuelle sur cette problématique prend ainsi tout son sens.

GASPILLAGE ALIMENTAIRE ET CHANGEMENTS COMPORTEMENTAUX

La problématique du gaspillage alimentaire est un sujet qui mobilise de plus en plus d’acteurs, que ce soit au niveau des organisations internationales, gouvernementales ou locales (Shanes et al., 2018). Différentes études ont déjà été menées sur cette problématique, s’intéressant à différents angles d’approches tels que les motivations intrinsèques/extrinsèques des individus (Cecere, Mancinelli, & Mazzanti, 2014), le degré de sensibilité au gaspillage alimentaire (Le Borgne, 2015), les habitudes alimentaires et caractéristiques sociodémographiques (Stancu et al., 2016) ou encore à l’échelle de l’industrie agroalimentaire (Simard Tremblay, 2015).
Par exemple, Stancu et collaborateurs (2016) ont tenté d’appréhender les facteurs liés au comportement du gaspillage alimentaire. Les résultats mettent en évidence deux facteurs principaux : les habitudes liées à l’achat/réutilisation des restes de repas ainsi que le contrôle comportemental perçu sur le fait de gaspiller ou non de la nourriture. Ce dernier fait écho aux résultats de l’étude de Terry et Hogg (1996) qui portait sur l’intention de faire davantage d’exercice physique. En effet, le contrôle comportemental perçu était également un facteur significatif de l’intention de pratiquer un exercice physique durant les quinze prochains jours ou non. Par ailleurs, et en accord avec les données de Schultz et al. (2007), le fait de présenter la norme injonctive augmentait également l’intention de ne pas gaspiller de nourriture. En effet, parmi les échelles de mesure choisies par Stancu et ses collaborateurs se trouvait l’échelle « normes injonctives », composée de 3 items (« Il ne faut jamais jeter de nourriture » ; « Il faut réutiliser les restes » ; « Il ne faut pas charger l’environnement de déchets alimentaires »).
Ainsi, plus le score des sujets à l’échelle « normes injonctives » était élevé, plus leur intention de ne pas gaspiller de nourriture l’était également.
Ces résultats sont encourageants et nous ont incité à nous intéresser au gaspillage alimentaire à travers le prisme des nudges impliquant une comparaison sociale, d’autant plus qu’il n’existe aucune étude, à notre connaissance, qui ait examiné cette problématique environnementale avec la méthode des « nudges de comparaison sociale ».
En accord avec les données issues de la littérature, notre hypothèse est dès lors la suivante : la comparaison à un standard haut (cf. nudge de comparaison sociale) plutôt que bas entraînera une plus forte intention comportementale de réduction du gaspillage alimentaire des individus et ce d’autant plus si la norme descriptive a été devinée en amont et non simplement donnée.

METHODOLOGIE

POPULATION

L’échantillon est composé de 104 étudiants de l’Université de Nîmes (90 femmes, M âge = 22.90, SD = 7.04), toute filières confondues. Nous avons fait ce choix de population pour deux raisons. D’une part, si les jeunes ont les attitudes les plus favorables quant à la protection de l’environnement, ce sont également eux qui ont les comportements les plus néfastes (Bonadona, 2003). En effet, c’est auprès de cette population que l’on observe la plus grande distance entre comportements et attitudes relatifs à l’environnement (Purcell, Magette, Ratiu, & Schuster, 2003). De plus, les étudiants représentent non seulement la « jeunesse », mais aussi les générations futures, ce sont, en ce sens, eux les acteurs du développement durable. D’autre part, nous avons choisi les étudiants de l’Université de Nîmes spécifiquement, car l’une de nos deux principales variables dépendantes (l’échelle de mesure 3, cf. Annexe III) concerne une action qui est menée sur le site Vauban de l’Université de Nîmes. Il était donc nécessaire que les étudiants soient de Nîmes pour pouvoir y répondre.

DESIGN EXPERIMENTAL

Pour tester notre hypothèse nous avons réalisé un questionnaire composé de 6 échelles de mesure, afin d’appréhender 1) le contrôle comportemental perçu sur le gaspillage alimentaire, 2) l’intention comportementale de réduction du gaspillage alimentaire, 3) l’intention de participer à une  action de lutte contre le gaspillage alimentaire, 4) le degré d’identification au groupe de référence, 5) les conséquences perçues du gaspillage alimentaire ainsi que 6) l’importance perçue du gaspillage alimentaire parmi d’autres problématiques environnementales. Les différentes échelles étaient présentées dans cet ordre-là aux participants.
Notre expérience comporte deux variables indépendantes. La première est le niveau du standard (à deux modalités : haut vs bas), inter-sujets. La seconde est la norme descriptive (à 3 modalités : absente vs donnée vs devinée). Le plan expérimental est donc un plan 2×3 mixte, soit 5 conditions expérimentales au total. Les sujets étaient assignés aléatoirement à l’une ou l’autre des conditions. Les variables dépendantes sont les mesures de l’intention comportementale des sujets de 1) réduire leur gaspillage alimentaire et 2) participer à une action de lutte contre le gaspillage alimentaire au sein du campus Vauban.

METHODOLOGIE DU RECUEIL DE DONNEES ET PASSATIONS

Nous avons également introduit des variables modératrices potentielles : le contrôle comportemental perçu quant au gaspillage alimentaire, le degré d’identification au groupe de référence (ici les étudiants d’Unîmes), la perception des conséquences du gaspillage alimentaire ainsi que l’importance/urgence perçue du gaspillage alimentaire parmi d’autres problématiques environnementales.

Manipulation des variables indépendantes

Les variables indépendantes niveau du standard et norme descriptive ont été manipulées à travers un texte inducteur. Le début du texte était le même pour tout le monde mais la fin divergeait en fonction de la condition expérimentale :
« Le gaspillage alimentaire correspond à toute nourriture destinée à la consommation humaine et qui, à une étape de la chaîne alimentaire, est perdue, jetée, dégradée (Pacte National de lutte contre le gaspillage alimentaire, 2013).
En France, 20kg d’aliments étaient gaspillés par année par habitant en 2015. Aujourd’hui la moyenne du gaspillage alimentaire s’élève à 30kg/an/habitant, soit l’équivalent d’environ 100€/an/habitant3.
Les produits les plus gaspillés sont les fruits et légumes ainsi que les liquides, notamment les produits laitiers. Ces aliments qui sont jetés se retrouvent dans les poubelles d’ordures ménagères et participent à la production massive de déchets. »

Mesure du contrôle comportemental perçu

Comme nous l’avons vu précédemment, le contrôle comportemental perçu est l’un des facteurs déterminants de l’intention comportementale d’un comportement donné (Terry et Hogg, 1996 ; Stancu et al., 2016). Il nous a ainsi paru judicieux de mesurer le contrôle comportemental perçu des participants par rapport au comportement du gaspillage alimentaire (Annexe I).
Nous avons repris certains items de l’étude de Stancu et collaborateurs (2016), tels que « Selon moi, le gaspillage alimentaire est [échelle de Likert de 1 = évitable à 7 = inévitable] » que nous avons adapté (« Selon moi, le gaspillage alimentaire est inévitable ») pour une échelle de Likert en 6 points de 1 = Pas du tout d’accord à 6 = Tout à fait d’accord, afin que tous les items aient la même échelle de mesure. Nous avons ajouté des items davantage concrets (e.g. « Cuisiner les restes d’un repas est quelque chose que je fais régulièrement ») ainsi que des items inversés (e.g. « Il n’y a pas grand-chose que je puisse faire pour éviter de jeter de la nourriture »). L’échelle est ainsi composée d’un total de 8 items, dont 4 inversés.

Mesure de l’intention comportementale

Cette mesure représente l’une de nos deux variables dépendantes principales. Pour sa construction nous avons repris la structure du questionnaire utilisé par Stancu et collaborateurs (2016) dans leur étude, à savoir : « En pensant aux quinze prochains jours, dans quelle mesure êtes-vous d’accord ou non avec les propositions suivantes : … » ainsi que les 3 items qu’ils avaient utilisé (« Je n’ai pas l’intention de jeter de nourriture » ; « Mon but n’est pas de jeter de la nourriture » ; « J’essayerai de ne pas jeter de nourriture ») auxquels nous avons jouté 5 items davantage concrets, tel que « Je cuisinerai les restes des repas au lieu de les jeter » dont 2 items inversés (e.g. « Je sais que je jetterai autant de nourriture qu’actuellement »), le tout sur une échelle de Likert en 6 points de 1 = Pas du tout d’accord à 6 = Tout à fait d’accord (Annexe II). Les participants avaient également la possibilité de répondre « Ne sait pas » pour chacun des items.

Intention de participer aux distributions HCC

Cette mesure est notre seconde principale variable dépendante. L’association Happy Camper Compostage (HCC) est une association nîmoise qui lutte contre le gaspillage alimentaire et dont le projet s’est inscrit cette année dans le projet tuteuré de l’un des groupes du Master 2 de Psychologie Sociale et Environnementale, dont nous faisions partie. L’une des actions menées dans le cadre de ce projet consiste à la distribution gratuite de fruits et légumes invendus sur le campus Vauban de l’Université de Nîmes, à destination des étudiants. Nous avons ainsi choisi de mesurer l’intention des étudiants à apporter leur aide, bénévolement, aux actions futures de distributions de l’association. Cela nous permettait d’avoir une mesure qui allait au-delà de l’intention, car en acceptant ils laissaient leur adresse mail afin que nous puissions les contacter et les informer des prochaines distributions. Il s’agissait ainsi d’un acte davantage engageant.
Après avoir présenté brièvement l’association HCC, les participants avaient donc le choix entre participer à l’animation des stands de distribution alimentaire 1) une fois par semaine, 2) deux fois par mois, 3) une fois par mois, 4) toutes les six semaines ou bien 5) jamais= (Annexe III). Proposer différentes fréquences de participation permettait d’avoir une analyse plus fine au moment du traitement des données.

Mesure du degré d’identification au groupe de référence

Notre expérience reposant sur un standard haut/bas du groupe de référence, il nous paraissait nécessaire de mesurer le degré d’identification des participants au groupe de référence, en l’occurrence celui des étudiants d’Unîmes. Pour ce faire nous avons repris l’échelle utilisée par Brown et collaborateurs (1986) que nous avons traduite en français. Leur échelle comportait initialement 10 items (Annexe IVa), dont 5 « pro-groupe de référence » et 5 « anti-groupe de référence ». Nous avons pris la liberté de n’en garder que 7 (Annexe IVb). Ce choix repose essentiellement sur le fait que le nombre d’échelles étant déjà relativement élevé, nous ne voulions pas imposer un trop grand nombre d’items dans chacune de celles-ci, risquant une fatigue cognitive de la part des sujets et par conséquent des résultats moins fiables. Nous avons par conséquent décidé de garder tous les items « pro », contrebalancés avec 2 « anti ».
Une échelle de Likert en 6 points de 1 = Pas du tout à 6 = Tout à fait permettait aux participants de répondre à chaque item.

Evaluation des conséquences du gaspillage alimentaire

La perception des conséquences liées au gaspillage alimentaire nous parut également intéressante à appréhender, car elle est susceptible de faire varier l’intention de réduire son gaspillage alimentaire. En effet, pourquoi faire attention si nous ne percevons aucune conséquence négative liée à ce comportement ?
Nous avons ainsi élaboré une échelle de mesure à partir d’items relatifs à différentes dimensions : individuelle, sociale, économique et environnementale (Annexe Va). Nous nous sommes appuyé sur l’article de Simard Tremblay (2015) pour l’élaboration de ces différents items. Nous les avons ensuite transformés en 11 affirmations, de telle sorte à ce qu’il y ait un équilibre numérique entre les items inversés et négatifs. Les sujets répondaient à ce questionnaire grâce à une échelle de Likert en 6 points de 1 = Pas du tout d’accord à 6 = Tout à fait d’accord et avaient la possibilité de répondre « Ne sait pas » pour chaque affirmation (Annexe Vb).

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Table des matières

Sommaire 
Résumé / Abstract 
1. Introduction
2. Comportements pro-environnementaux et « Nudges de comparaison sociale »
2.1. Urgence climatique et normes sociales
2.2. Les nudges
2.2.1. Nudges « verts » et comparaison sociale
3. Urgence climatique et gaspillage alimentaire 
3.1. Agir à l’échelle individuelle : l’exemple du gaspillage alimentaire
3.2. Gaspillage Alimentaire et changements comportementaux
4. Méthodologie 
4.1. Population
4.2. Design expérimental
4.3. Méthodologie du recueil de données et passations
4.3.1. Manipulation des variables indépendantes
4.3.2. Mesure du contrôle comportemental perçu
4.3.3. Mesure de l’intention comportementale
4.3.4. Intention de participer aux distributions HCC
4.3.5. Mesure du degré d’identification au groupe de référence
4.3.6. Evaluation des conséquences du gaspillage alimentaire
4.3.7. Importance du gaspillage alimentaire parmi d’autres problématiques environnementales
4.3.8. Passations
5. Résultats 
5.1. Analyse de l’hypothèse principale
5.2. Analyse des variables modératrices
5.2.1. Le contrôle comportemental perçu
5.2.2. Le degré d’identification au groupe de référence
5.2.3. La perception des conséquences du gaspillage alimentaire
5.2.4. L’importance perçue du gaspillage alimentaire parmi d’autres problématiques environnementales
5.3. L’intention comportementale de réduction du gaspillage alimentaire
6. Discussion 
Bibliographie 
Annexes 
Annexe I – Mesure du contrôle comportemental perçu 
Annexe II – Mesure de l’intention comportementale 
Annexe III – Intention de participer aux distributions HCC
Annexe IV – Echelle de mesure du degré d’identification au groupe de référence
a. Echelle de Brown, R., Condor, S., Mathews, A., Wade, G., & Williams, J. (1986) 
b. Echelle adaptée et utilisée dans notre questionnaire 
Annexe V – Evaluation des conséquences du gaspillage alimentaire 
a. Tableau des items et différentes dimensions 
b. Echelle finale 
Annexe VI – Importance du Gaspillage alimentaire parmi les problématiques environnementales
Annexe VII – Analyses post hoc du de l’effet des conditions expérimentales sur l’intention de réduction du ga.
Annexe VIII – Résultats sur l’intention comportementale traitée en 3 facteurs distincts

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