Importance de la palpation de l’appareil génital en médecine bovine

Palpation

Le col utérin est un point de repère important dont il faut noter la position par rapport au détroit antérieur du bassin, la taille, la forme et la mobilité. Chez les génisses, le col se situe toujours dans la filière pelvienne ; chez les multipares non gestantes, il reste sur le plancher du bassin ou juste crânialement. Chez les animaux gestants, il peut avancer dans l’abdomen. Une palpation attentive du plancher du bassin le révèle comme une structure dure (sa consistance variant peu au cours du cycle oestral), cylindrique, tubulaire et composée d’anneaux facilement palpables. Chez les génisses non gestantes, son diamètre est d’environ 2-3 cm pour une longueur de 5-6 cm.

Pendant la gestation, il s’élargit et, même si sa taille réduit après le part, il ne cesse d’augmenter avec les gestations successives (jusqu’à 6 cm de diamètre et 12 cm de longueur chez un animal normal). Chez une vache non gravide, le col est facilement mobilisable latéralement et crânio-caudalement. Au fur et à mesure de la gestation, le poids de l’utérus empêche sa mobilité. Il en est de même lors de pyomètre, d’adhérences ou de tumeurs. Des abcès ou des lésions causées par le vêlage ou le cathétérisme du col peuvent modifier son anatomie et, localement, sa consistance (déformations, nodules durs ou plus rarement dépressibles).

Cathétérisme

Une bonne maîtrise de la palpation cervicale permet au vétérinaire de cathétériser le col pour réaliser l’insémination artificielle ou pour traiter une métrite chronique. Cet acte s’utilise également dans les biotechnologies de la reproduction, pour la collecte et le transfert d’embryons par exemple. Pour cela, l’opérateur fixe de la main, à travers la paroi rectale, la partie postérieure du cervix (figures 1 et 2) de manière à faciliter l’introduction du cathéter dans le canal cervical (BEARDEN et FUQUAY [ 8]). Le col peut également être fixé entre l’index et le majeur tandis que le pouce est appliqué dans l’ouverture vaginale du col. Ainsi, dès que le cathéter entre en contact avec le pouce, celui-ci est retiré pour lui laisser place.

La main restée libre peut alors, par voie vaginale, présenter le cathéter à l’entrée du col et maintenir une légère pression. L’obstacle constitué par les divers replis cervicaux est surmonté en imprimant au col des mouvements de verticalité et de latéralité par voie rectale. La traversée du col est aisée chez les femelles en oestrus mais peut être plus délicate chez certaines génisses en dehors des chaleurs ou chez certaines vieilles vaches, dont l’utérus, lourd, tire le col vers l’avant (DERIVAUX [ 12]).

Le diagnostic de gestation

Le diagnostic de gestation est devenu un acte de routine. Il peut être, à lui seul, un motif d’appel de l’éleveur ou être inclus dans les visites périodiques des élevages bovins. Par la méthode de l’exploration rectale, il est basé sur les modifications de forme, de dimensions, de situation de l’utérus et sur la perception des membranes foetales, des liquides foetaux, des cotylédons (DERIVAUX et ECTORS [ 13]). A la fin du 1er mois de gestation, le sac amniotique, sphérique, présente un diamètre de 2 cm. Le sac allantoïdien est long d’environ 18 cm mais la quantité des liquides foetaux est minime.

La longueur du foetus se situe entre 2 et 4 cm. Fixé à la partie antérieure de la corne, celui-ci peut, selon la méthode employée, être perçu sous la forme d’un petit renflement (impression d’un oeuf hardé). Au deuxième mois, la longueur du foetus est de 6 à 8 cm. Le sac amniotique est tendu, le volume des liquides foetaux varie entre 80 et 300 ml, la corne gravide (celle qui héberge le foetus) est nettement fluctuante et l’asymétrie des cornes devient évidente (figure 3).

Selon ROBERTS [ 31], la perception des membranes foetales peut constituer, à cette période, un élément important en faveur d’un diagnostic positif. Cette perception est réalisée au mieux en pinçant la grande courbure de la corne utérine entre le pouce et l’index et en la laissant s’échapper, petit à petit, entre les doigts. Les enveloppes sont ainsi perçues à la manière dont il est possible de percevoir « une chemise à travers la manche d’un veston ».

Au troisième mois, la distension et l’asymétrie de l’utérus sont nettement perceptibles car la corne gravide a un diamètre double de la corne vide (figure 3). L’utérus s’est engagé plus en avant sur le bord antérieur du pubis et la succussion de l’organe permet souvent de percevoir le foetus sous forme d’un corps dur, flottant dans du liquide (longueur de l’embryon : 15 cm, liquides foetaux : 300 à 700 ml).

Le corps jaune

Le corps jaune se formant comme une séquelle de l’ovulation, son identification par palpation prouve uniquement qu’il y a eu ovulation donc que la vache est cyclée. En effet, il peut être associé au dioestrus (phase lutéale), à une gestation ou peut occasionnellement être persistant mais rien ne permet de différencier ces situations par palpation ovarienne. D’après ROBERTS [ 31], le corps jaune de gestation est légèrement plus large et plus lourd que le corps jaune cyclique (2,5 cm contre 2,3 cm et 6,5 g contre 5,7 g) mais les différences ne sont pas suffisantes pour permettre le diagnostic. On peut obtenir une approximation de l’âge du corps jaune grâce à sa taille et à sa consistance (NOAKES [ 28]).

Juste après l’ovulation, on ne notera qu’une légère dépression. Au fur et à mesure que le corps jaune se développe, l’ovaire augmente de taille et le corps jaune commence à faire protrusion à la surface de l’ovaire. Il est d’abord crépitant et mou, puis prend la consistance du foie au milieu du cycle. Il mesure jusqu’à 2,5 cm de diamètre 7-8 jours après l’oestrus et ne change plus jusqu’au 16ème-17ème jour. Il commence alors à rapetisser et à durcir. La plupart des corps jaunes ont une papille, souvent assez grosse pour déformer entièrement l’ovaire. Cette papille, de consistance glandulaire, facilite donc la détection du corps jaune. Selon HANZEN et al. [ 19], les corps jaunes de gestation de plus de 30 jours n’ont souvent pas de papille. Ils sont enchassés dans l’ovaire qui est gros, mou et déformé. Une palpation attentive de l’ovaire permet de mettre en évidence une dépression entre le corps jaune et le reste du stroma ovarien.

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Table des matières

TABLE DES ILLUSTRATIONS
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE
I. Importance de la palpation de l’appareil génital en médecine bovine
1. Le col
a. Palpation
b. Cathétérisme
2. L’utérus
a. Palpation
b. Le diagnostic de gestation
c. Le contrôle d’involution utérine – le diagnostic d’affections utérines
3. Les ovaires
a. Palpation
b. Les follicules
c. Le corps jaune
d. Les kystes
e. Les abcès et tumeurs
II. Problèmes posés par l’enseignement de la palpation transrectale en école vétérinaire
1. Les difficultés pratiques
a. Les modalités d’enseignement
b. Evaluation de l’enseignement
2. Bien-être animal
a. Stress
b. Lacérations rectales
c. Mortalité embryonnaire/foetale
III. Alternatives à l’enseignement existant
1. La coelioscopie
a. Principe
b. Avantages
c. Inconvénients
2. La technologie « Phantom »
a. Principe b. Avantages
c. Inconvénients
3. Développement d’appareils génitaux artificiels
a. Etat des lieux
b. Avantages
c. Inconvénients
DEUXIEME PARTIE
I. Plastination
1. Choix de la technique
2. Matériels et méthodes
a. Récolte des ovaires en abattoir
b. Fixation
c. La déshydratation
d. Imprégnation forcée
e. Durcissement
3. Résultats
4. Discussion
II. Moulages
1. Choix de la technique
2. Matériels et méthodes
3. Résultats
4. Discussion
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE