Importance de la microfinance et de ses réseaux pour le pays

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Approche morphologique des réseaux en trois couches

Représentés à la manière des ingénieurs, les réseaux se composent de trois (3) couches. Les services correspondent à la couche haute du réseau, la couche basse correspondant à l’infrastructure physique et la couche intermédiaire à l’infostructure, c’est à dire aux réseaux de commande ou de pilotage de l’infrastructure. Thierry PENARD décrit3 ces couches par une certaine analogie avec un agent économique offreur sur un marché. Ainsi note-t- il :
_ Couche Infrastructure : les équipements matériels ou immatériels (bases de données) constituant le « squelette » du réseau .
_ Couche Infostructure : les services informationnels de contrôle-commande, constituant le « système nerveux » du réseau .
_ Couche Services : les prestations fournies aux utilisateurs finals, constituant les fonctionnalités et prestations offertes par le réseau.
A noter que selon les réseaux, chacune de ces couches est plus ou moins développée et les frontières entre elles plus ou moins marquées.

Les types de services selon les réseaux

Selon la typologie avancée par Economides5 (1996), on peut distinguer dans les services en réseau, les services des réseaux de communication comme le transport, la télécommunication, et ceux reposant sur des réseaux de distribution ou de diffusion, entre autres l’énergie, l’eau, la télévision. Dans le premier cas, les services se réalisent dans les deux sens : un abonné au réseau téléphonique peut émettre un appel ou en recevoir, un passager d’une compagnie aérienne peut effectuer un trajet entre deux villes dans un sens ou dans l’autre. Dans le second cas, les services s’offrent à sens unique : un abonné au réseau électrique ne peut que recevoir de l’électricité, un téléspectateur ne peut que recevoir des chaînes de télévision par voie hertzienne.

Principes économiques6 des réseaux et des services en réseau

Les services en réseau se caractérisent par des économies d’échelle, tant du côté de la demande, à travers les effets de réseau, que du côté de l’offre. Ces économies d’échelle créent des phénomènes de rétroaction positive entre l’offre et la demande et ainsi des dynamiques de diffusion originales.

Stratégies de tarification des opérateurs/fournisseurs dans l’économie en réseau

Sur les marchés de l’économie en réseau, les fournisseurs peuvent assurer le succès de leurs services, en recourant aux subventions d’accès, surtout dans la phase initiale, mais aussi en mettant en œuvre des stratégies de verrouillage de leur clientèle et de discrimination.

Les subventions d’accès

Parmi les stratégies possibles, les subventions sur l’accès sous forme de promotion ou de primes de bienvenue offertes aux nouveaux clients posent la question du financement du déficit d’accès. Le monopole peut financer l’accès par les marges qu’il réalise sur la tarification des usages. Au final, le consommateur se retrouve à payer, sur ses usages, les subventions dont il a bénéficié pour l’accès. Le monopole peut aussi procéder à des subventions croisées entre utilisateurs : certaines catégories d’utilisateurs vont payer pour l’accès d’autres catégories. Les subventions se font par exemple de la clientèle entreprises vers les particuliers (Curien, N., Gensollen, M., 1992)11.
Par contre, la concurrence limite les possibilités de marge sur les tarifs d’usage et rend difficiles les pratiques de subventions croisées. De plus, les stratégies de subventions d’accès suscitent des surenchères entre concurrents, que l’on peut apparenter à un dilemme du prisonnier : les fournisseurs auraient collectivement intérêt à limiter les subventions au strict minimum, au niveau juste nécessaire à la bonne diffusion de leurs services. Mais individuellement, chacun a intérêt à fournir des subventions supérieures à celles de ses concurrents pour accroître ses parts de marché. Au final, on se retrouve dans une situation où tous les fournisseurs sont dans une situation financière fragile, alors qu’ils pourraient obtenir les mêmes parts de marché en subventionnant moins leurs services.

Le verrouillage des clients

Un des risques liés aux subventions d’accès peut venir de la versatilité des clients. Ces derniers peuvent être tentés de changer fréquemment de fournisseurs uniquement pour bénéficier de subventions d’accès. Dans ce cas, les fournisseurs ne peuvent plus compter sur les revenus futurs de ces clients pour financer leur déficit d’accès. Pour contenir ce risque commercial, le fournisseur doit s’attacher à verrouiller ses clients.
Le verrouillage ou la fidélisation des clients dépend au premier titre des coûts de changement (switching costs). Le consommateur restera chez le même fournisseur si le prix proposé y est inférieur au prix des concurrents augmenté des coûts de changement. Pour Klemperer (1995)12, ces derniers correspondent aux coûts, en temps et en argent, de mettre fin à la relation avec son fournisseur, de rechercher un nouveau fournisseur et d’établir une nouvelle relation commerciale avec ce dernier. Ces coûts comprennent en particulier l’apprentissage du nouveau service. Une solution stratégique aux subventions des concurrents consiste à récompenser la fidélité des clients. Ainsi, le fournisseur réduit l’intérêt pour un client d’aller voir ailleurs. Les fournisseurs peuvent donc développer des programmes de fidélité, consistant à accumuler des points à chaque achat et à bénéficier de réductions sur les tarifs ou de cadeaux divers de manière à ce que le nombre d’avantages auquel le client renonce, et donc les coûts qu’il supporte à changer de fournisseur augmentent plus que proportionnellement avec le temps passé chez ce fournisseur.

Discrimination tarifaire

La discrimination tarifaire, quant à elle, consiste à faire payer aux consommateurs des prix différents pour un même bien ou service. Ces différences de prix sont censées refléter l’hétérogénéité des consommateurs en termes de préférence mais aussi de revenus.
L’hétérogénéité des dispositions à payer des consommateurs est une donnée essentielle pour toute entreprise. Si une entreprise a la possibilité technique ou juridique de pratiquer une discrimination tarifaire, fondée sur les dispositions à payer des consommateurs, alors elle a toujours intérêt le faire. Cette stratégie de discrimination est encore plus profitable pour les fournisseurs de services en réseau, dont les coûts variables de production sont très faibles.
Dans tous les cas, l’entreprise opérant en réseau n’a jamais intérêt à fixer un prix excluant de fait le consommateur ayant la plus faible disposition à payer. Elle peut annoncer un prix élevé à ceux qui ont une disposition à payer importante, et un prix bas à ceux qui ont une disposition à payer faible. Le type de discrimination est qualifié de discrimination de premier degré ou discrimination parfaite lorsqu’elle est fondée sur une connaissance parfaite des dispositions à payer des consommateurs et permet donc à l’entreprise d’extraire l’ensemble du surplus de ceux-ci (Mougeot, M., Naegelen, F., 1994)13.
Evidemment, l’information sur les consommateurs est généralement imparfaite et imprécise. Compte tenu des asymétries d’informations, les fournisseurs de services en réseau sont contraints de recourir à des formes de discrimination tarifaire plus imparfaites, mais plus réalistes, qui peuvent relever d’une discrimination de second degré ou de troisième degré.
La discrimination du second degré14 consiste à proposer différents menus tarifaires, combinant un prix et des quantités. Ces menus ou formules conduisent les consommateurs à s’auto-sélectionner, c’est-à-dire à révéler d’eux-mêmes leur véritable disposition à payer. Ainsi, le fournisseur proposera généralement une formule économique, pour ceux qui consomment peu et une formule intensive pour les gros consommateurs. Dans la formule économique, le prix unitaire est élevé, mais le client ne s’engage pas à consommer un volume important de services. Dans la formule intensive, les prix unitaires sont plus intéressants, mais les consommateurs s’engagent à consommer un volume élevé de services pour avoir droit à ce tarif privilégié. Cette dernière formule renvoie aux stratégies de fidélisation, où le client obtient des rabais à condition de consommer suffisamment de services. Concernant la discrimination du troisième degré15, elle se base sur un mécanisme de filtrage (screening) des consommateurs par l’entreprise elle-même, contrairement à la discrimination de second degré. Le filtrage va se faire par la définition de catégories selon des critères précis. Chaque client, en fonction de la catégorie à laquelle il appartient, se verra proposer un tarif spécifique. Plusieurs conditions sont requises pour que ce type de discrimination soit efficace. Premièrement, il faut que chaque catégorie regroupe des consommateurs les plus homogènes possibles en termes de disposition à payer. Deuxièmement, il faut que ces catégories reposent sur des critères observables et objectifs. Par exemple, le fournisseur peut choisir des critères d’âge (moins de 25 ans, plus de 65 ans,…), de statut professionnel (étudiant, chômeur, actif), de revenu (ménage imposable), de résidence, de nationalité. Troisièmement, un individu appartenant à une catégorie ne doit pas pouvoir accéder aux tarifs d’une autre catégorie. L’entreprise doit donc s’assurer que ces catégories sont bien étanches et qu’il n’y aura pas de commerce parallèle ou de reventes entre catégories.

Mécanismes économiques des réseaux de la microfinance

Théoriquement, dès lors que nous parlons ici de réseaux, les mécanismes et propriétés évoqués dans l’économie des réseaux s’appliquent à la microfinance, ce qui fera l’objet d’une vérification et d’une explication dans les parties d’analyses du présent travail.
Notamment, les rapports probables entre les clients et entre clients et fournisseurs ainsi que l’efficacité opérationnelle de ces derniers créent les effets de réseau, surtout indirects, du côté des premiers. Les coûts fixes élevés des infrastructures, relevant des portées géographique et en quantité réalisable des services, et les coûts variables faibles des prestations des services permettent des économies d’échelle au niveau de l’offre des établissements de crédit qui ont donc intérêt à développer leur activité et à servir le maximum de clients.
Cela amène à l’existence des effets de rétroaction positive entre l’offre et la demande des services de microfinance, sans nécessairement entraîner une concentration de l’offre, mais aussi à celle de rendements croissants d’adoption particuliers avec certains effets d’apprentissage par l’usage et avec des rendements croissants d’information. D’où les services microfinanciers suivent sensiblement les phases de diffusion des services en réseau en général.

Stratégies des Etablissements de Crédit (EC) en microfinance

Par ailleurs, des stratégies en économie de réseau se retrouvent également en microfinance. Il s’agit surtout des stratégies de tarification, utilisées par les établissements de crédit en compléments avec leurs stratégies marketing de services.
Les octrois-mêmes de crédits, surtout les crédits à zéro dépôt pratiqués par les établissements non mutualistes, représentent déjà en quelque sorte, pour certains fournisseurs19, des subventions mais répétitives et qui seront remboursées à chaque reprise par les clients. Les subventions d’accès proprement dites, croisées entre clients ou non croisées, peuvent également s’observer dans des zones enclavées et où la concurrence n’existe pratiquement pas.
En pratique, la concurrence contraint les EC à adopter une ou plusieurs stratégies de verrouillage ou de fidélisation des clients selon leurs caractéristiques institutionnelles.
Certains d’entre eux accordent aux clients, par exemple, des frais de dossier décroissant en fonction de la fréquence d’emprunts de ceux-ci et de la pérennité de leurs relations bilatérales. D’autres permettent à leurs clients le renouvellement des prêts immédiatement après l’anticipation des paiements par ces clients.
En outre, comme dans toutes les économies en réseau, les fournisseurs de services microfinanciers ayant la possibilité technique et juridique d’adopter une discrimination tarifaire l’effectue20 en vue d’offrir chacun de leurs services au maximum de clients, qui présentent des disparités en terme de dispositions à payer ou rembourser pour un service. Ils utilisent surtout la discrimination du second degré en proposant différents menus qui combinent un prix, des termes d’échéance et des modalités de paiement en fonction du montant des prêts ; par exemple un taux d’intérêt donné correspondant à un nombre de paiements de mensualités jusqu’à un terme déterminé.

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Table des matières

PARTIE I: THEORIES DE BASE ET GENERALITES SUR LA MICROFINANCE A MADAGASCAR
CHAPITRE I: Théories sur l’économie des réseaux et la microfinance
I.1. Economie des réseaux
I.1.1. Définitions et caractéristiques des réseaux et des services en réseau
I.1.2. Principes économiques des réseaux et des services en réseau
I.1.3. Stratégies de tarification des opérateurs/fournisseurs dans l’économie en réseau
I.2. La microfinance et ses réseaux
I.2.1. Définitions et historique
I.2.2. Objectifs et principaux axes
I.2.3. Les réseaux de la microfinance
CHAPITRE II: Généralités sur la microfinance à Madagascar
II.1. Historique
II.1.1. L’origine
II.1.2. 1990 – 1995 : Phase d’émergence des IMF
II.1.3. La phase de développement et de croissance : depuis 1996
II.2. Cadres réglementaire et institutionnel
II.2.1. Réglementation
II.2.2. Le cadre institutionnel et ses acteurs
II.3. Présentation des établissements de crédit exerçant des activités de microfinance à Madagascar
II.3.1. Leur classement par catégorie, type et niveau
II.3.2. Leurs services et produits
PARTIE II: ANALYSE DES PERFORMANCES ECONOMIQUES ET FINANCIERES DES ETABLISSEMENTS DE CREDIT DE LA MICROFINANCE A MADAGASCAR
CHAPITRE I: Les bilans, résultats globaux et ratios de performance des exercices de 2006 à 2011 du secteur des IMF agréées
I.1. Bilans d’ensemble : un développement continu des activités
I.1.1. La masse bilancielle
I.1.2. Les dépôts ont progressé
I.1.3. Les crédits également se sont ainsi accrus
I.1.4. Capitaux propres et fonds propres disponibles
I.1.5. Valeurs immobilisées
I.1.6. Trésorerie
I.2. Comptes de résultat d’ensemble du secteur des IMF agréées
I.2.1. Le Produit Net Bancaire (PNB)
I.2.2. RESULTAT OPERATIONNEL
I.2.3. RESULTAT NET
I.3. Ratios de performances globales
I.3.1. Risque et liquidité
I.3.2. Ratio charges d’exploitation ou Ratio d’efficacité opérationnelle
I.3.3. Gestion financière
I.3.4. La rentabilité
I.3.5. Ratio de viabilité financière
CHAPITRE II: L’année récente 2011
II.1. Un développement global significatif des activités des IMF agréées
II.2. Analyse des performances particulières de huit EC à Madagascar
II.2.1. Principaux agrégats et caractéristiques institutionnels des huit EC
II.2.2. Ratios de performance ou de robustesse
PARTIE III: IMPORTANCE ET PERSPECTIVES DE LA MICROFINANCE A MADAGASCAR
CHAPITRE I: Importance de la microfinance et de ses réseaux pour le pays
I.1. L’évolution des réalisations essentielles des EC
I.1.1. Les encours de dépôts et de crédits des EC
I.1.2. Pénétration des réseaux de microfinance
I.2. Impacts socio-économiques du secteur de la microfinance
I.2.1. Rubriques d’évaluation
I.2.2. Analyse économétrique
CHAPITRE II: Perspectives de la microfinance à Madagascar
II.1. La situation et les problèmes actuels du secteur
II.1.1. Défaillances du marché des services microfinanciers
II.1.2. Taux d’intérêt
II.2. Les orientations et stratégies nationales
II.3. Recommandations
II.3.1. Sur les performances des EC
II.3.2. Pour remédier aux défaillances du marché
CONCLUSION
ANNEXES
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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