Implantation et rôles de la prison coloniale

Mise en place et rôle de la prison coloniale 

L’Afrique est un continent qui a connu plusieurs années de domination étrangère. En effet, elle a été occupée par les puissances capitalistes européennes qui ont envahi et assailli le monde depuis la Révolution industrielle en Europe. Ces puissances, en s’installant en Afrique, ont adapté les institutions et les modèles de gestion de la « métropole » dans les localités où elles se sont imposées sur le plan militaire. C’est dans ce contexte de colonisation et d’assimilation des « peuples noirs » que la prison coloniale s’est implantée en Afrique avec des ordres plus contraignants et plus sévères qu’en « métropole ».

Mise en place de la prison coloniale

Implantation de la prison en Afrique 

La prison est un lieu d’enfermement ou d’incarcération d’individus dans le but de les punir conformément aux lois et aux règles. Youssoupha Ndiaye a bien tenté de nous définir la punition pénitentiaire et la peine de prison. Pour lui, « la punition pénitentiaire correspond en principe à une privation de liberté qui s’exprime concrètement par une mission prépondérante de garde dévolue aux services pénitentiaires » et « la peine de prison consiste d’abord à maintenir les détenus en détention et veiller sur eux en permanence pendant tout le temps déterminé par le juge conformément à la loi». En effet, on peut dire que la punition correspond à l’action de restreindre à quelqu’un sa liberté en le cantonnant dans un milieu où il ne pourra ni vaquer à ses occupations, ni avoir de contacts directs avec l’extérieur.

Quant-à la peine à purger, elle représente la durée de détention et dépend de la nature de l’acte perpétré. En ce moment, intervient une restriction de tout mouvement du condamné. Donc parler de la prison revient à accepter avec Youssoupha Ndiaye, qui a repris les propos de Goffman et de Foucault, que « la prison nous disent Goffman et Foucault, est une institution totalitaire. Elle fonctionne sur les modes binaire du gardiennage-contrôle et totalitaire et surveillance-punition. » Le prisonnier, considéré comme un « ennemi » de la société, est en permanence sous surveillance. Cela l’ennuie et le maintient sous pression et dans un esprit de regret par rapport à son crime et cette situation peut l’amener à s’amender. Mais la question qu’il convient de se poser est de savoir si la prison coloniale a réussi à tirer l’attention des détenus ?

Le caractère de la prison coloniale et les produits qu’elle a fait de ses pensionnaires sont à chercher dans l’entreprise de la colonisation. C’est la raison pour laquelle Babacar Bâ écrit que : « considérée dans son mode d’introduction et ses caractères essentiels, la prison apparait au Sénégal comme l’invention du mode français pétri par les réalités coloniales. » .

En effet, la France après la conquête du Sénégal, a institutionnalisé très rapidement l’enfermement pénal dans le but de maitriser, de contrôler et d’asservir les populations sénégalaises. Pour rendre légale la prison au Sénégal, les colons ont adopté les premiers textes rendant applicable la peine de prison au Sénégal. Ces textes sont issus des codes militaires car les soldats sont les premiers pensionnaires des geôles qui se trouvaient dans les forts durant cette époque. Les lois instituant la réglementation du régime des prisons sont parties de ces milieux. « Leur punition était prévue dans deux textes inscrits dans la première réforme judiciaire : le code des vaisseaux du 21 août 1791 et les peines militaires du 30 septembre 1791. » .

Ce sont les militaires qui désertaient les camps ou qui se rebellaient contre les ordres de leurs chefs qui faisaient l’objet d’incarcération pour une durée déterminée selon la gravité de l’acte commis et selon les lois militaires. Et pour Ba ce sont d’abord « les arrêtés locaux des 15 mars 1825, 6 octobre 1826 et 23 janvier 1827 » qui ont organisé la détention pénale, mais ils concernaient uniquement la réglementation de la surveillance, de la ration alimentaire et du travail interne des détenus. Au Sénégal, la prison est implantée pour la première fois dans l’ile de Saint Louis. En effet, leur premier bastion en Afrique fut l’ile de « Ndaar » que les français ont baptisé Saint-Louis en l’honneur du puissant roi Louis XIV. Les français ont pris possession définitivement de l’ile en 1659. Cette position stratégique leur a permis de conquérir l’essentiel du Sénégal et d’avoir le contrôle sur une grande partie de l’océan atlantique.

A la suite des militaires, les populations jugées errantes dans les villes coloniales deviennent les cibles des autorités coloniales. En effet, les personnes qui n’avaient pas de demeure comme les affranchis étaient considérés comme encombrantes. Il y avait aussi les gens dont les constructions étaient en paille qui devaient obligatoirement construire leurs maisons en banco ou de quitter les lieux. Ce moment coïncide avec une période de modernisation des villes coloniales d’Afrique et d’occupation française. L’objectif visé était de les rendre à l’image des grandes villes métropolitaines. C’est ainsi que plusieurs personnes sont expulsées de Saint Louis et de Gorée et ont migré vers d’autres cieux et d’autres sont arrêtées car n’ayant pas où aller ou refusant de se plier face à cet ordre. Cette politique nous rappelle l’apartheid intervenu en Afrique du Sud dans les années 1920 et imposé par des peuples étrangers ; les Boers. Ces derniers avaient écarté la population noire qui était propriétaire des terres et qui se sont vues repousser vers les terres les plus pauvres. Aujourd’hui cette injustice demeure dans le monde et notamment en Palestine où les arabes ont fini par perdre tous leurs lopins et font les frais des attaques récurrentes des Israéliens qui sont soutenus par certaines puissances mondiales. Donc nous constatons que cette politique impérialiste demeure toujours dans le monde même si c’est sous des formes différentes de celles qu’a connu le continent africain. C’est exactement en « 1820 que l’on note la préoccupation manifeste des autorités impériales de doter l’ile d’un espace carcéral. » Ainsi l’enfermement s’est généralisé au Sénégal suivant la conquête coloniale française de l’ensemble des royaumes qui formaient ce que l’on appelle aujourd’hui le Sénégal.

Généralisation de la prison au Sénégal

Au fur et à mesure qu’avança la colonisation, l’autorité coloniale mit en place des prisons et un peu plus tard des camps pénaux. Chaque cercle abritait au moins un pénitencier qui servait de lieu d’enfermement de prisonniers. Cette généralisation de la prison s’expliquait par un besoin urgent d’une main d’œuvre capable de produire des matières premières pour la France qui était excitée par le capitalisme dans lequel étaient plusieurs puissances européennes qui ont vécu la révolution industrielle. Cette concurrence pour l’acquisition d’importantes richesses économiques, se manifesta par une folle course entre les puissances occidentales pour le contrôle de terres en Afrique. Les objectifs visés étaient de se procurer de vastes marchés de consommation dans le but d’y déverser la forte production européenne en produits manufacturiers liée par le développement du machinisme. Le deuxième objectif visé était de tout faire pour avoir une main mise sur les matières premières que regorge l’Afrique. Cela fut à l’origine de la ruée de ces dernières vers l’Afrique à la convocation de la conférence de Berlin de 1885 qui est à l’origine de la balkanisation du continent africain. Cette division de l’Afrique en plusieurs familles politiques a occasionné la faiblesse du continent dans le domaine économique.

Malgré ces accalmies, le monde sera frappé de plein fouet par les deux guerres mondiales et par la grande crise économique des années 1930. Ces événements majeurs ont eu des incidents négatifs en freinant l’économie mondiale et accentuer les relations entre les puissances impérialistes et leurs royaumes d’Afrique. Ce recul du prestige des européens les avait poussé à durcir le ton vis-à-vis des africains et à être plus proches d’eux. Pour rattraper ce succès d’en tant, les français par exemple avaient lancé des lois de toutes sortes pour opprimer les populations vivant dans leurs colonies. C’est dans ce même ordre d’idées que Ibra Sène dit que « le pouvoir colonial était animé par un souci principal : les intérêts de la métropole priment sur toute autre considération. » .

Les deux guerres mondiales avaient un caractère très violent, avaient ravagé une grande partie de la population européenne et affaibli l’économique européenne et mondiale. C’est cela qui a poussé certains pays européens à lancer leur dévolu sur l’Afrique pour rehausser leur niveau de développement. Quant à la crise des années 1930, elle avait touché le monde entier et s’était manifestée par la mévente des produits et par la chute du dollar américain. C’est ce contexte de crise économique et politique qui a renforcé les liens entre la France et ses colonies. Pour redresser la barre, les « colons » vont initier quelques chantiers et y déployer les populations autochtones dans le but d’exploiter à merveille leurs nouvelles possessions. A partir de ce moment, on comprend aisément les initiatives prises pour l’installation du réseau routier au Sénégal. Par exemple « l’achèvement du chemin de fer Thiès- Kayes et le creusement de plus de 1000 puits par la Société indigène de prévoyance entre 1909 et 1923, avaient favorisé l’exploitation des terres neuves du Sine-Saloum.» L’accomplissement de ces moyens de transport avait pour but de faciliter le transport des marchandises dans la colonie du Sénégal.

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Table des matières

Introduction générale
Première partie : Implantation et rôles de la prison coloniale
Chapitre I: Mise en place et rôle de la prison coloniale
A- Mise en place de la prison coloniale
1- Implantation de la prison en Afrique
2- Généralisation de la prison au Sénégal
B- Le système des camps pénaux
1- L’institutionnalisation des camps pénaux
2- Typologie des camps pénaux
C- Rôles de la prison
1- La prison coloniale, lieu de redressement et de resocialisation
2- La prison coloniale, un moyen de domination et d’exploitation
3- Les châtiments de la prison coloniale
Chapitre II : Les prisons du Sine-Saloum
A- La prison civile de Kaolack
1- Le site
2- La présentation des bâtiments
3- Le personnel de surveillance
a- Le rôle du Régisseur
b- Le gardien-chef
c- Les gardes de cercle
d- Le Médecin-chef
B- Le camp pénal de Koutal
1- Implantation du camp pénal
a- Installation du camp pénal
b- Le rôle du camp pénal durant l’époque coloniale
2- Conditions de vie des détenus
a- Promiscuité et rudes travaux
b- Etat sanitaire des détenus du camp pénal
B- Les prisons cilviles de Fatick, Foundiougne et Kaffrine
Deuxième partie : La politique de recrutement de la main d’œuvre pénale
Chapitre I : Le code de l’indigénat et l’implication des notables africains dans la politique coloniale
A-Le code de l’indigénat
1- Institutionnalisation du régime de l’indigénat en A.O.F.
2- Les abus du régime de l’indigénat en A.O.F
B-Les chefs indigènes dans la politique coloniale
1- Identification des cantons du Sine-Saloum et de leurs chefs
2- Rôle des chefs locaux dans la mobilisation de la main d’œuvre
Chapitre II : Le système d’exploitation de la main d’œuvre pénale
A- Les stratégies adoptées pour la mise au travail des détenus
1- Le transfert des détenus
3- Les visites d’aptitude aux travaux
B- Le financement de la main d’œuvre pénale
1- Les pécules des détenus
2- Cessions de la Main d’œuvre pénale
Troisième partie : La mise au travail des détenus sur les chantiers coloniaux et la crise de la main d’œuvre
Chapitre I : La mise au travail des détenus
A- Les corvées internes
1- Les ateliers de travail
2- Les travaux dans les milieux carcéraux
B-Les travaux extérieurs
1. Les chantiers routiers et l’exploitation des carrières
2. L’extraction du sel marin
Chapitre II- La crise de la main d’œuvre pénale
A- Les crises internes
1- Les évasions
2- Suicides et simulations de maladies
B- Les crises externes
1- Les causes
2- Réaction sociale contre la prison coloniale
Conclusion générale
Annexes

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