Soutenance mémoire
La place des activités socio-économiques dans la zone de Darou Khoudoss
La commune de Darou Khoudoss regorge beaucoup de potentialités en matière de maraîchage, d’arboriculture, de pêche, d’élevage et d’industries extractives, elle est l’une des plus riches du Sénégal du point de vue des ressources naturelles. Dans cette zone, près de 80% de la population s’adonnent au maraîchage, à l’élevage et à la pêche. L’industrie minière qui emploie environ 2 000 personnes est pratiquée sur trois sites, dont deux situés dans la commune de Darou Khoudoss (une unité d’exploitation et une autre de transformation des phosphates en acide phosphorique). Le troisième site (l’unité de fabrication d’engrais) est localisé dans la ville de Dakar (à Mbao). L’insertion de l’industrie du phosphate dans son milieu d’accueil et l’extension continue des carrières ont généré des mutations dans l’occupation de l’espace (urbanisation), mais également dans le mode d’accès à la terre pour les agriculteurs.
La pollution de la nappe par les industries
Les sources de pollution des nappes souterraines et plus particulièrement de la nappe des sables du Quaternaire sont entre autres liées au processus d’exploitation du phosphate et de la fabrication des acides sulfurique et phosphorique par les ICS. Les déchets qui proviennent des eaux de lavage, des purges et des vidanges lors des travaux sur les circuits ayant contenu de l’acide, constituent souvent des éléments de pollution de la nappe. Ces eaux sont soit déversées dans la nature, soient stockées dans des bassins artificiels au niveau des anciennes carrières et par infiltration elles parviennent à la nappe. La plupart des ménages interrogés (56%) affirment que les activités industrielles participent fortement à la pollution de la nappe
La dégradation de l’environnement par les industries
L’extraction minière de phosphate ainsi que son traitement pour la production d’acide phosphorique ont de lourdes conséquences pour l’environnement. Certes, notre champ d’étude n’englobe pas les impacts environnementaux et sociaux de cette activité mais d’après nos enquêtes de terrains, les constats ci-après ont été réalisés :
1. les fumées rejetées par les ICS polluent l’air, endommagent les cultures riveraines et contaminent l’eau de la nappe par infiltration, d’après certaines personnes ressources interrogées (agriculteurs, maire, agents des ICS) ;
2. Les liquides rejetés ressemblent à de l’acide fluosilicique apporté par camions puis déversés dans la mer au niveau du village de Khondio. Ces rejets liquides dont la composition nous est inconnue impacte l’environnement marin à partir duquel vivent les pêcheurs. Ils provoquent les picotements aux yeux et dégagent une forte odeur ;
3. Les bassins de schlamms : les minerais de phosphates sédimentaires sont souvent riches en éléments traces métalliques en particulier en cadmium, chrome mais aussi en uranium et fluor55. D’après Calba et al. (2008), des schlamms de Taiba ont des teneurs élevés en cadmium, raison pour laquelle le phosphate de Taiba n’est pas vendu en Europe. Dès lors, malgré la bonne qualité agronomique des bassins de schlamms, leur utilisation pour l’agriculture peut entrainer des problèmes pour les cultures et les personnes qui consomment les produits. Il s’agit surtout des cultures d’aubergine, de gombo et jaxatu qui sont celles qui accumulent le plus de cadmium, à des teneurs supérieures à la norme UE (Union Européenne) et dans une moindre mesure le chou et la tomate, avec des teneurs proches du seuil de la norme UE (Calba et al, 2008).
Risques sur la santé de la population
Les villages situés dans la zone d’exploitation des ICS s’éteignent au fil des années. Les populations sont très affectées par la pollution dont la conséquence est la multiplication de maladies hydriques dues à la mauvaise qualité de l’eau mais aussi aux maladies respiratoires. Bien sûr, on est loin du pic de 2014 où une fuite d’acide de la même entreprise minière avait pollué les villages de Gad et de Ngomène. Mais les polluants sont toujours très présents avec un niveau élevé et régulier de particules fines et de dioxyde d’azote dans l’air mais aussi de phosphates dans l’eau. Les échappées de gaz sont récurrentes dans la zone ; la dernière a eu lieu le samedi 29 septembre 2018, où un nuage de gaz aux effets d’ammoniac s’est échappé des ICS et a envahi toutes les communes environnantes, avec des dégâts collatéraux sur la qualité de l’eau, ce qui inquiète les populations de la commune de Darou Khoudoss. Ces échappées de gaz ont agressé la santé d’une bonne partie de cette population. La population est exposée à des toux et des diarrhées, surtout les asthmatiques et les patients atteints de sinusite dont les pathologies ont été sévèrement aggravées par ces dégagements de gaz d’un degré de toxicité inquiétant.
Conclusion générale
Le Sénégal dispose de ressources en eau relativement importantes. On y distingue des eaux de surface et des eaux souterraines, qui offrent, en dépit de leur mauvaise répartition dans l’espace et le temps, la possibilité de compenser localement des pluies insuffisantes, pour régénérer certains milieux et favoriser leur mise en valeur. Cependant en milieu rural, 65,2% des individus et 57,5% des ménages vivent en dessous du seuil de pauvreté (Moussa Diop, 2011). Les ménages pauvres qui n’ont pas accès à l’eau potable s’approvisionnent essentiellement à partir de sources d’eau non protégées. Ils s’exposent ainsi aux maladies hydriques (paludisme, bilharzioses, dysenteries, diarrhées, etc.) qui sont une des causes principales de la mortalité infantile. La commune de Darou Khoudoss située dans la région de Thiès, département de Tivaouane et Arrondissement de Méouane n’est pas épargnée par ces problèmes. Elle a fait l’objet de beaucoup de recherches mais la plupart de ces recherches s’intéressent à une activité précise. Cela constitue un véritable problème pour identifier tous les facteurs qui rendent vulnérables la ressource en eau. C’est dans ce contexte que nous avons choisi notre sujet qui porte sur les impacts des activités socio-économiques sur la ressource en eau dans la commune de Darou Khoudoss. Deux aspects physiques caractérisent le relief de la zone : une zone littorale caractérisée par la présence de dunes de sables marins et une zone dite continentale qui est relativement plate avec quelques rares dépressions. L’hydrogéologie de la commune de Darou Khoudoss, à l’instar de tout le Département de Tivaouane appartient au bassin sédimentaire sénégalo-mauritanien caractérisé par d’importantes ressources en eau souterraine. Du point de vue climatique, la zone d’étude est caractérisée par l’alternance de deux saisons : une saison pluvieuse de deux à trois mois (juillet, aout et septembre) et une saison sèche durant le reste de l’année.La population de la commune s’élevait à 53 431 habitants en 2013 dont 27 500 hommes et 25 931 femmes répartis dans 5 089 ménages. Les principales activités économiques de la zone sont l’agriculture, élevage, la pêche et les activités industrielles et minières. La commune de Darou Khoudoss dispose de trois type de puits (les puits maraîchers, les puits traditionnels et les puits modernes) et deux types de forages (les forages avec pompe et les forages motorisés). La commune ne présente pas de véritable écoulement fluvial. D’après nos enquêtes et observations, la zone de Darou Khoudoss est dépourvue d’eaux de surface. La zone est concernée par deux (2) systèmes d’aquifères : le système aquifère superficiel et le système aquifère profond. La qualité des eaux de puits pose de nombreux problèmes ; ils sont généralement non couverts, ce qui les expose à toutes sortes de pollutions. Les plus importantes sont les pollutions industrielles et la pollution par les pesticides qui rendent l’eau impropre à la consommation. La qualité des eaux des bornes fontaines de la zone est acceptable mais elle demande encore un traitement dans certaines localités. Les facteurs de vulnérabilité des ressources en eau, si la nappe du maestrichtien est protégée du risque de pollution en raison de sa profondeur, la nappe superficielle des sables du quaternaire est, quant à elle la plus exposée. Avec l’intensification de l’agriculture chimique et les fortes activités minières et industrielles de la zone, cette nappe est devenue très polluée et devient alors vecteur de maladies.
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Table des matières
Introduction
Problématique
Contexte
La place de la zone des Niayes dans l’économie du Sénégal
L’importance de la gestion de l’eau dans le développement durable
Questions de recherche
Objectif général
Objectifs spécifiques
Hypothèses
Méthodologie
La revue documentaire
La collecte des données
La méthode utilisée
L’analyse et le traitement des données
Analyse conceptuelle
Revue critique de la littérature
Sur la qualité de l’eau
La gestion des ressources en eau
Les activités socio-économiques
PARTIE I : Présentation du milieu
Chapitre I : Cadre physique
II. La géologie et L’hydrogéologie
III-Le climat
IV- Les sols et la végétation
Chapitre 2 : le cadre humain
2- Structuration actuelle de la population
II-Les mouvements migratoires
III- Les activités économiques dans la zone
PARTIE II : Etat des ressources en eau dans la commune de Darou Khoudoss
Chapitre 1 : Etat des infrastructures hydrauliques de la zone
Chapitre 2 : Evaluation quantitative et qualitative des eaux de surface
PARTIE III: Les facteurs de vulnérabilité des ressources en eau
Chapitre 1: Le maraîchage
Chapitre 2 : l’industrie
II-La dégradation de l’environnement par les industries
Chapitre 3: Les risques et menaces liés à la qualité et quantité de l’eau
I-Risques sur la santé de la population
II-Risques sur l’économie
III-Menaces sur la biodiversité
Conclusion générale
Bibliographie
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