Impact du changement climatique sur la dynamique des paysages de la petite côte du senegal

Le changement climatique, un phénomène complexe, est devenu visible à l’échelle planétaire à travers diverses manifestations. Les rapports du Groupe d’Expert Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC), même quelquefois contestés, restent avérés avec notamment, une tendance à la hausse des températures, de la fonte rapide des glaciers aussi bien dans l’arctique que dans l’antarctique et dans les montagnes comme le Kilimandjaro. Parallèlement, on note une élévation du niveau moyen des mers avec comme conséquences les phénomènes d’érosion côtière et la destruction des paysages qui se trouvent à proximité du littoral. Les tempêtes cycloniques connus sous les noms d’Irène 2011 et de Sandy en novembre 2012 aux Etats Unis constitue des exemples. Ces deux exemples démontrent qu’un paysage en zone littorale peut changer considérablement en l’espace d’une année ou d’un mois ou aux cours de quelques semaines. L’une des conséquences du changement climatique le plus visible de nos jours est l’élévation du niveau de la mer avec comme corollaire l’érosion des plages.

Le Sénégal, pays intégrante de l’Afrique de l’Ouest, n’échappe pas à la dynamique régressive des plages liée au changement climatique. Cette dynamique n’est qu’un cycle entre l’atmosphère, l’hydrosphère et la lithosphère. A ces trois sphères on ajoute souvent l’anthroposphère, l’homme étant capable de modifier ces trois sphères et du coup de perturber le paysage naturel. Ces sphères sont toujours en interaction et c’est de ces interactions que dépendent les processus naturels qui participent au paysage local.

Les mouvements tectoniques au cours des ères géologiques précédents ont façonné le littoral sénégalais conférant d’emblée à la petite côte un caractère particulier dans la dynamique littorale actuelle. On remarque également au cours de ces ères géologiques, la formation d’estuaires, de baies et de lagunes le long du littoral sénégalais plus précisément sur la petite côte. Aujourd’hui, la presqu’ile du Cap Vert est la zone la plus avancée vers l’océan atlantique en Afrique de l’Ouest. De cette situation géographique résulte un hydrodynamisme contrasté entre le nord et le sud. La presqu’ile du Cap Vert fait obstacle aux houles venant du nord-ouest qui peuvent être réfléchies et diffractées ralentissant ainsi la vitesse des vagues sur le secteur sud dénommé Petite Côte. C’est dans cette zone que se trouve la lagune de Mbodiène notre zone d’étude. Cet espace est considéré comme la limite supérieure des vagues issues du sud (Sall, 1982) et est essentiellement constitué de côtes basses et sablonneuses. Cette lagune, dans le contexte du changement climatique actuelle, subit des phénomènes d’érosion côtière, de comblement et de remblaiement. Vers la partie continentale de la lagune, on remarque une pression anthropique capable de modifier le paysage naturel. Les phénomènes de comblement modifient également le paysage de la lagune. En effet du côté de l’embouchure de la lagune il y a une absence totale de mangrove. Cette partie de l’extrémité distale de la lagune est marquée par un cordon sableux nu ; sans palétuviers et sans tapis herbacé. Ceci peut présenter un réel problème dans le contexte du changement climatique marqué par une élévation du niveau marin. La présence d’une lagune artificielle au niveau de l’hôtel Laguna Beach peut suivant l’interaction des agents morpho dynamiques engendrer des phénomènes de comblement. En outre il importe de préciser qu’une lagune se situe toujours dans une zone basse par rapport au niveau moyen de la mer. L’élévation du niveau marin actuel pourrait s’accompagner d’énormes conséquences sur la lagune de Mbodiène.

Les agents morpho-dynamiques sont donc très complexes dans cette partie du Sénégal. La morphologie particulière est liée aux phénomènes tectoniques et eustatiques suivant différentes ères géologiques. S’y ajoute à l’échelle globale, une élévation du niveau marin due à la dilatation des eaux et à la fonte des glaciers qui sont liées au réchauffement climatique en corrélation avec l’augmentation des gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Les dynamiques d’occupation du sol sont également très rapides vers la lagune de Mbodiène. C’est dans cecontexte qu’est placé notre thème de recherche: changement climatique et dynamique actuelle des paysages sur la lagune de Mbodiène.

CADRE CONCEPTUEL 

Définition des concepts 

Impact du changement climatique 

Une étude d’impact est une étude prospective en vue d’évaluer les effets potentiels pouvant découler du phénomène mis en cause. Dans cette présente étude, il s’agit d’une évaluation pour adopter des mesures de prévention, d’atténuation et de gestion des risques pouvant frapper une population dans une localité donnée. Elle prend en compte la dimension sociale et culturelle. L’étude d’impact fait donc appel à de nouveaux paradigmes apparus dans la géographie française tels que le risque. . Le risque est exprimé en termes d’aléa et de vulnérabilité. Ceci impose donc de voir les différents enjeux sur le milieu et les différentes interactions qui entrent en jeu suivant un contexte bien précis. La vulnérabilité est liée aux perturbations qui affectent ou affecteront un milieu et les populations vivants dans ce milieu. Il est donc nécessaire dans le cadre d’une étude d’impact d’évaluer les risques auxquels cette population est exposée pour essayer d’y remédier. On parlera alors de la capacité d’adaptation de la population et de la résilience du milieu face à ce risque. L’étude d’impact permet également de situer les termes de l’aménagement du territoire et de développement durable. Aménager un territoire reviendrait à amoindrir les risques naturels et ceux liés à la production sociale en élaborant des plans et stratégies réglementés pour une bonne gestion de l’espace. L’étude du développement durable permet de faire une cartographie des ressources disponibles pour une bonne utilisation afin de ne guère compromettre les intérêts des générations futures. Cependant le concept de développement durable est souvent remis en question. Mais nous ne nous appesantirons pas sur ces concepts.

Plusieurs études sont menées sur le changement climatique et des experts se regroupent pour étudier ce changement. Selon le GIEC, (2007) « le changement climatique s’entend d’une variation de l’état du climat que l’on peut déceler (par exemple au moyen de tests statistiques) par des modifications de la moyenne et /ou de la variabilité de ses propriétés et qui persiste pendant une longue période, généralement pendant des décennies ou plus. Il se rapporte à tout changement du climat dans le temps, qu’il soit dû à la variabilité naturelle ou à l’activité humaine ». Nous constatons que cette définition diffère de celle de la CNUCC ou le changement climatique est intrinsèquement lié à l’activité humaine. On comprend donc que pour percevoir le changement climatique, une étude sur une longue période s’impose afin de voir la tendance.

Le système climatique est un phénomène dynamique perceptible à travers un certain nombre d’éléments tels que : le rayonnement solaire, le bilan radiatif etc. qui déterminent de manière générale la dynamique du système. Le rayonnement solaire joue un rôle capital dans cette dynamique. La composition de l’atmosphère, de l’hydrosphère et de la lithosphère participe au bilan radiatif et permettent la vie sur la planète terre. L’excentricité de la terre suivant cette dynamique, et le changement de précessions jouent également un rôle non négligeable dans cette dynamique globale. Les mouvements orogéniques, tels que la tectonique des plaques participent aussi à ces changements globaux. L’évolution du climat est connue grâce aux mesures de la température, des vents, des précipitations de l’humidité relative etc., mais aussi par l’analyse des gaz à effet de serre. Ces gaz sont surtout mis en avant pour expliquer le changement climatique actuel. Ce changement climatique, phénomène qui ne cesse de prendre de l’ampleur, est largement diffusé de nos jours et attire davantage des érudits scientifiques lors des sommets internationaux. Parmi ces sommets internationaux on peut citer : Stockholm 1972, Belgrade 1975, Tblissi 1977, nations unies 1983 suite à la découverte du trou d’ozone en 1982 par une équipe britannique, Moscou 1987 avec l’émergence du concept de développement durable, la conférence de Rio en 1992 qui vit la présence des dirigeants du monde entier. Suite à cette Conférence Mondiale des Nations Unies sur l’Environnement et le Développement (CNUED), émergent des concepts tels que pollueurs payeurs avec des accords ratifiés pour le respect et la préservation de l’environnement. Le protocole de Kyoto fixe également les réductions d’émissions des gaz à effet de serre dans pays industrialisés à environ 5,2% entre 2008 et 2012. La 15ème conférence fut organisée par la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements climatiques à Copenhague en 2009. Elle s’est cependant soldée par un échec remarquable lié surtout à des facteurs politiques et économiques.

De ces nombreuses conférences nous retiendrons juste que le changement climatique largement ébruité de nos jours, n’a pas encore trouvé des politiques globales efficaces. Cependant on se pose souvent la question de savoir : qu’est ce que le changement climatique?

Notons que le changement climatique est intrinsèquement lié à l’augmentation de la température. Le rejet des gaz à effet de serre dans l’atmosphère en est la principale cause. En effet, depuis la révolution industrielle, du 18éme siècle l’homme n’a cessé d’émettre dans l’atmosphère des gaz à effet de serre de façon direct ou indirecte. Parmi ces gaz à effet de serre on peut citer : le dioxyde de Carbonne (CO2) la vapeur d’eau (H2O), le monoxyde de carbone (CO), le méthane CH4. De par aussi certains produits chimiques utilisés dans les systèmes de cultures l’homme contribue encore à l’émission des gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Ces gaz à effet de serre additionnel constituent un excédent atmosphérique capable d’accélérer la serre naturel augmentant ainsi la température terrestre.

D’une manière générale, on peut garder en mémoire que le changement climatique actuel, est inhérent aux activités anthropiques. Le changement climatique a plusieurs conséquences parmi les plus visibles, l’accélération de la fonte des glaciers qui engendre simultanément une élévation du niveau marin qui est la principale cause de l’érosion généralisée des côtes. La dilatation thermique de l’eau océanique participe également à cette hausse du niveau marin.

Dynamique des paysages

le paysage est un terme complexe. La dynamique quant à elle renvoie à tout ce qui bouge ; à un ensemble de forces en interaction. De ces interactions résultent des processus variés. Des différentes définitions selon les auteurs nous retiendrons que le mot paysage caractérise une représentation mentale et une production sociale (Beucher et Reghezza, 2005). La notion de paysage est un concept qui présente un caractère évolutif. La notion de temporalité occupe donc une place importante. Tout paysage possède des fonctions diverses avec une représentation qui dépend de la culture, de la qualité de la perception, du sentiment et même de l’imagination des auteurs et des moyens techniques qu’ils utilisent. Démangeot (1905) parlait : des formes aux contours arrondis, pentes souvent étagées par des rideaux, sol blanchâtre d’un calcaire crayeux… pour parlait des paysages. Bertrand (1978) et Berque (1994) in Beucher et Reghezza (2005) expliquent la dimension du paysage qui relève du caractère objectif et subjectif de la géographie. Le premier parle du paysage en faisant référence au naturel et au culturel, l’espace et le social, il rencontre l’idée de Berque, (1994) quand il parle du subjectif et d’objectif. Sur ce point on peut retenir que le paysage n’est pas seulement ce qui est visible dans le monde qui nous entoure mais plutôt de l’interaction complexe entre ce qui nous entoure et les sujets qui y vivent. Le paysage, selon le dictionnaire de Pierre Georges rassemble l’ensemble des traits issus de la géographie naturelle et des apports accumulés des civilisations qui ont façonné successivement le cadre initial et sont entrés dans la conscience de groupes des occupants. Cette définition cadre avec le contexte de notre zone d’étude. Toutefois on peut se demander s’il y a existence d’un paysage sans production humaine ? Ou serait-il le paysage qui produit l’homme? On retiendra que l’homme est en interaction avec son milieu, il y trouve des formes qu’il modèle et de ce façonnement peuvent résulter des actions favorables ou contraignantes à son épanouissement. C’est ainsi que dans certaines études, le paysage est intégré dans les études environnementales qui prennent en compte la dimension sociale. L’environnement étant dans ce contexte l’espace (milieu physique) qui nous entoure et son contenu, le tout interagissant et interdépendant dans un système donné. Dans cette optique le mot paysage naturel, avec son réseau hydrographique, les formes et formations littorales qui peuvent évoluer avec le temps, et le type de végétation rencontré, retrouve tout son sens dans la mesure que c’est grâce à ces derniers qu’on remarque différentes unités paysagères selon différents lieux . Dans cet environnement, l’homme occupe une place importante, puisque parler d’environnement revient à intégrer la notion d’aménagement et de développement durable. En d’autres termes c’est la vision globale que l’on a du milieu pour l’utilisation des ressources présentes sans contrecarrer les ressources des générations futures qui fonde une partie de ce paradigme. Le paysage est donc ici ce qui est concret ou les dynamiques naturelles participent à l’attraction de la population à leur reconversion mais également à un mode de gestion pour les populations actuelles et futures. Donc c’est la perception que l’on a du milieu qui détermine le type de paysage. La définition précédente de Pierre Georges reste donc très adéquate et conforme pour la démarche scientifique à laquelle se voue cette étude. Car, face à une géographie culturaliste il importe de voir le choc psychologique qui a poussé à l’évolution du paradigme paysage et à son façonnement. Le paysage n’est donc plus support d’une étude de la géographie physique mais intègre également les sciences sociales.

Lagune

une lagune est une dépression côtière située au dessous du niveau moyen des océans ayant une communication permanente ou temporaire avec la mer, mais isolé de celleci par un cordon ou tout autre type de barrière littorale (Lankford in Patrick, 2006). La lagune communique avec l’océan par une embouchure qui peut être temporaire et/ou subir des phénomènes de rupture. Il intègre les systèmes paraliques: estuaires, deltas, baie, etc. Ce sont des milieux aquatiques permanents ou temporaires. Ils sont également des milieux en équilibre précaire continuellement soumis à des dynamiques variées. Ce dernier critère est important pour notre étude car la lagune de Mbodiène est souvent en rupture d’équilibre, l’embouchure se comblant fréquemment. Dans la dynamique littorale, l’étude des lagunes est importante: elles sont entre les terres et les mers et renferment une biocénose toute particulière ; ceux qui les rendent attrayantes d’où le rush noté vers ces milieux. Ce rush entraine parfois leurs comblements dont les conséquences sont énormes aussi bien d’un point de vu écologique qu’humaine.

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
I. CADRE CONCEPTUEL
II. Méthodologie
PREMIERE PARTIE: PRESENTATION GENERALE DE LA ZONE D’ETUDE
CHAPITRE I : situation géographique et cadre humain
I : Situation géographique
II Le cadre humain
CHAPITRE II : LE CADRE PHYSIQUE
I : Contexte hydrodynamique
II. Géologie et géomorphologie de la Petite Côte
III. ROLE DU PLATEAU CONTINENTAL SUR LA MORPHOLOGIE COTIERE
IV. Perception sur la tendance climatique actuel autour de la lagune de Mbodiène
DEUXIEME PARTIE : LA DYNAMIQUE DES PAYSAGES ET IMPACT DU CHANGEMENT CLIMATIQUE
Chapitre III : dynamique des paysages
I. Les Séquences
II. DYNAMIQUES DES PAYSAGES DE 1950 A 2010
CHAPITRE IV. IMPACT DU CHANGEMENT CLIMATIQUE SUR L’ENVIRONNEMENT LAGUNAIRE DE MBODIENE
I. DYNAMIQUE DU TRAIT DE COTE DE 1954 A 2010
II. Les facteurs d’érosion et leurs impacts sur les paysages côtiers
III. LA MANGROVE ET SON ROLE SUR LA DYNAMIQUE LITTORALE DE MBODIENE
TROISIEME PARTIE : VULNERABILITE, RISQUE ET STRATEGIE D’ADAPTATION DANS LE CONTEXTE DU CHANGEMENT CLIMATIQUE
CHAPITRE V. Vulnérabilité et Risque
I. la vulnérabilité
II Les risques potentiels encourus sur l’environnement de la lagune de Mbodiène
CHAPITREVI : Stratégies d’adaptation et discussion des résultats
Conclusion générale et perspectives
Bibliographie
LISTE DES FIGURES
LISTE DES PHOTOS

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