Impact de la lutte pour l’existence sur la sélection naturelle

Impact de la lutte pour l’existence sur la sélection naturelle

Rappelons, d’entrée de jeu, le titre initial du texte fondamental de Darwin, celui-là qui l’a propulsé au devant de la communauté scientifique de l’époque et publié en 1859. Le titre original est : On the Origin of Species by Means of Natural Selection or the Preservation of Favoured Races in the Struggle for Life. D’après la traduction d’Edmond BARBIER , basée sur la dernière édition anglaise (la sixième) faite du vivant même de Darwin, le titre complet se présente ainsi : L’Origine des espèces au moyen de la sélection naturelle ou la préservation des races favorisées dans la lutte pour la vie. On voit dans ce chef-d’œuvre que la lutte pour l’existence stimule les variations utiles, si légères qu’elles puissent être, que la nature sélectionne et conserve. Que les individus porteurs de ces variations ont plus de chance de vivre, se reproduire et transmettre à leur progéniture ces avantages acquis.

Aussi donne-t-il « le nom de sélection naturelle [ou de persistance du plus apte] à la conservation des différences et des variations individuelles favorables et à l’élimination des variations nuisibles » . En effet les variations nuisibles, si légères qu’elles soient, entraînent dans leur sillage la perte et la disparition de l’individu. Elles sont défavorables à la conformation, à l’organisation et la structure de l’individu. Elles le désavantagent dans son rapport aux autres vivants comme dans son rapport au milieu, à sa survie. La nature élimine donc ces variations inutiles de même que leurs porteurs. Face aux variations utiles et inutiles, Darwin identifie une troisième catégorie de variations qui ne sont ni avantageuses ni nuisibles, donc sans incidence sur la sélection naturelle. La lenteur du caméléon n’est ni un avantage ni un inconvénient pour sa survie dès lors qu’il dispose d’une capacité de dissimulation, de camouflage et d’organes de préhension tout à son profit.

A côté de la sélection naturelle qui opère au profit exclusif de l’espèce et du perfectionnement des aptitudes individuelles, Darwin trouve en société une forme similaire qui opère au profit exclusif de l’homme en sa qualité d’agent sélecteur. Il la désigne sous le concept de sélection artificielle en ce qu’elle s’applique dans des pratiques culturelles telles que l’élevage, l’agriculture, l’aquaculture, l’horticulture. Ainsi dans son Autobiographie, il pose les prémisses de ce qui allait plus tard devenir la base essentielle de la théorie de l’évolution. « Je compris bientôt, soutient-il, que la sélection constituait la clé de voûte de la réussite humaine en matière de production d’espèces utiles tant animales que végétales. Mais comment la sélection pouvait-elle s’appliquer à des organismes vivants dans un pur état de nature ? Cela resta longtemps pour moi un mystère. » .

Ce mystère sera résolu par l’observation minutieuse des plantes et animaux aussi bien à l’état domestique qu’à l’état naturel. Ainsi il ressort de ce propos que la production de races ou d’espèces utiles relève de l’intelligence humaine à capitaliser, de façon méthodique et intentionnelle, certaines variations dans des directions n’ayant que l’utilité comme critère de choix. En effet l’homme, à travers l’élevage ou l’agriculture, crée à son profit des races utiles à travers les porteurs de qualités voulues. Il en est des animaux avec le recours au croisement, des végétaux avec le phénomène de la greffe ou du greffage en vue d’obtenir des mutations avantageuses, une production abondante et de qualité supérieure à travers ce qui se nomme aujourd’hui Organisme Génétiquement Modifié (OGM). Ainsi Darwin précise: « La grande importance de la sélection consiste dans les effets considérables produits par l’accumulation dans une même direction, pendant des générations successives, de différences absolument inappréciables pour des yeux inexpérimentés » .

Constatant que l’homme n’agit que sur des caractères extérieurs, visibles et sensibles tels que la taille, la forme, la couleur  alors que la nature agit beaucoup plus sur les organes intérieurs, sur le mécanisme vital, sur l’organisme tout entier dont dépend l’adaptation et la survie de l’individu dans son milieu, Darwin affiche tout son naturalisme en prenant fait et cause pour les œuvres de la nature qu’il considère comme pures, complètes et mieux adaptées aux conditions les plus complexes de l’existence . Ces conditions prouvent à suffisance que si ça ne dépendait que de l’homme, en dépit de son pouvoir sélecteur, beaucoup d’espèces disparaîtraient de l’écosystème. Car son seul souci esthétique ou utilitaire prendrait le dessus sur la survie et l’adaptation de l’individu en particulier, de l’espèce en général. En ce sens, Martin Godon pointe l’impact de la lutte pour l’existence sur la sélection naturelle : « Cette lutte conduit à la survie des individus et des espèces les mieux adaptés à leur milieu. On constate qu’il y a une influence de la lutte pour l’existence sur la sélection naturelle et la sélection sexuelle : ce sont les variations qui procurent un avantage dans les rapports aux autres ou dans les rapports à l’environnement qui tendent à se préserver » .

Ce propos du Professeur GODON permet de mieux saisir le sens de la lutte pour l’existence et ses enjeux telles que la survie, l’adaptation, la tendance à la multiplication des individus, les limites objectives de l’espace pour les contenir, le déficit en ressources alimentaires pour les entretenir, la destruction et l’autodestruction permanentes du surplus pour réguler naturellement la surpopulation entraînant dans son sillage la lutte inter et intraspécifique . Ce qui corrobore le plus nos attentes dans ce propos, c’est l’apparition en toile de fond du triptyque sélection naturelle, sélection sexuelle et variation. Certes la sélection sexuelle est une modalité de la sélection naturelle et la variation une variance très déterminante dans la survivance des plus aptes. Car « la sélection naturelle ne peut rien sans la variabilité, et que cette variabilité est sujette à des lois fixes des plus complexes ».

Autre caractéristique fondamentale de la sélection naturelle, c’est l’élimination des porteurs de variations inutiles, la préservation des porteurs de variations utiles, l’impartialité de la nature dans la lutte pour l’existence, sa tendance à agir lentement, durablement, silencieusement et insensiblement sur les organes intérieurs, les différences d’organisation et le mécanisme vital tout entier. Ainsi à la question comment la sélection pouvait s’appliquer à des organismes vivant dans un pur état de nature, Darwin répond qu’ « à l’état de nature, la plus petite différence de structure ou de constitution peut suffire à faire pencher la balance dans la lutte pour l’existence et se perpétuer ainsi »  . Cette perpétuation des légères et avantageuses différences amène John Maynard SMITH à constater : « Sa théorie de la sélection naturelle part de l’observation que, dans les meilleures conditions, avec une nourriture et un espace illimités, en l’absence de destructeurs et de famine, toutes les espèces animales et végétales sont capables de croître en nombre à chaque génération » .

Pour ce biologiste et généticien émérite, Professeur au University College de Londres, la théorie darwinienne de la sélection naturelle fait son œuvre dans le long processus de régulation de la population animale et végétale, une régulation nécessitant une lutte féroce devant déboucher sur la préservation des plus aptes et l’élimination systématique des faibles. N’eût été ses effets, l’espace serait de loin suffisant et la nourriture peu abondante pour des individus de plus en plus nombreux et des espèces en croissance effrénée. L’exemple de l’homme et son système reproducteur aussi lent permet au Professeur Smith d’illustrer son propos : « Même dans des espèces comme la nôtre, où relativement peu de descendants peuvent être produits par un seul couple, le taux d’accroissement potentiel est très grand. Si nous considérons, par exemple, que le nombre moyen d’enfants nés d’un couple marié, dont les membres eux-mêmes se sont développés et se sont mariés dans les meilleures conditions, n’est que de quatre, la population […] s’accroîtrait donc ainsi d’un millier de fois en 10 générations et d’un million de fois en 20 générations, c’est à-dire en 600 ans environ».

Darwin quant à lui met en relief la particularité du système reproducteur de l’éléphant en montrant que cette particularité réside dans le fait que cet animal ne commence à se reproduire qu’à l’âge de 30ans. Et jusqu’à 90 ans, il ne peut produire qu’au maximum six petits. Selon Darwin, si ce rythme est soutenu sur un intervalle de cinq cents ans, il y aurait quinze millions d’éléphants tous descendants du premier couple. Puisqu’il vit en harem, imaginons ce qui peut s’en suivre avec ses autres partenaires. Si l’on suit la courbe évolutive sur mille, dix mille, cent mille, un million ou un milliard d’années, on comprendra alors pourquoi il stipule que « dans quelques centaines ou milliers d’années, la surface de la terre ne pourrait suffire à la progéniture d’une seule espèce […]. L’augmentation de chaque espèce individuelle est réprimée pendant quelque partie de la vie » . C’est là précisément où gît l’enjeu de la sélection naturelle, c’est là aussi où la lutte pour l’existence a son impact.

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela rapport-gratuit.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

Introduction Générale
Première partie : du concept de lutte pour l’existence
Chapitre I : Lutte et sélection
1. Impact de la lutte pour l’existence sur la sélection naturelle
2. Influence de la lutte pour l’existence sur la sélection sexuelle
Chapitre II : Lutte et spécificité
1. Lutte inter-spécifique
2. Lutte intra-spécifique
Deuxième partie : Le combat pour la pérennité de l’espèce
Chapitre I : Survie et reproduction
1. Fécondité différentielle
2. Mortalité différentielle
Chapitre II : Lutte et variation
1. Effet de la variation sur la lutte pour l’existence
2. Effet du temps et des conditions d’existence
Conclusion Générale
Bibliographie
Webographie

Lire le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *