Identification des principaux ravageurs de l’arachide au Tchad et dynamique de contamination

Le secteur agricole est l’un des facteurs dominants dans l’économie de la plupart des pays en émergence. La production arachidière trouve une bonne place dans cette économie. Depuis l’époque coloniale, dans certains pays comme le Sénégal, le Cameroun et le Nigeria, la production d’arachide a été transformée en culture industrielle destinée à l’exportation (Lafleur, 1994 ; Magrin, 2001). Actuellement, avec ses 98 % de la production arachidière exportée, le Sénégal représente 23 % des exportations au niveau mondial (Robert, 2007). Le même auteur rapporte que selon le Directeur Général de SUNEOR (ex SONACOS), le Sénégal est le premier exportateur mondial d’huile d’arachide. Au Tchad, ces dernières décennies, avec la chute de la filière coton, la croissance galopante de la production arachidière fait de cet oléagineux une culture de rente (Magrin, 2001). Selon le rapport de la FAO, le Tchad occupe le 8ème rang mondial avec une production de 450.000 tonnes d’arachide en 2003. D’après le comité de pilotage du programme SNRP/T (Stratégie Nationale de Réduction de la Pauvreté au Tchad), la production de l’arachide peut apporter des revenus monétaires appréciables aux populations tchadiennes.

Cependant, les stocks d’arachide destinés à la consommation locale, à la semence ou à la commercialisation font l’objet d’attaque par plusieurs espèces d’insectes. Le constat est amer. Au Sénégal par exemple, les résultats des études menées par Ndiaye (1991) cité par Sembène (1997) révèlent que l’évolution rapide de la contamination d’arachide par Caryedon serratus Ol. peut même atteindre 83 % de perte en poids en quatre mois. Au Congo Brazzaville, les pertes causées par la bruche de l’arachide associée à d’autres ravageurs comme Corcyra cephalonica, Tribolium castaneum et Tribolium confusum peuvent même dépasser 60 % en trois générations (Matokot et al, 1987). Pour le cas du Tchad, les dégâts occasionnés par les insectes dans les stocks d’arachide conduisent parfois jusqu’à la perte complète des semences (DJasrabaye, 2006, com. pers.). Outre l’impact économique, les invasions parasitaires d’arachide dans les stocks altèrent fortement les qualités organoleptiques (goût, odeur, couleur), les valeurs nutritionnelles et exposent les consommateurs à un risque d’intoxication. C’est le cas de la moisissure Aspergillus flavus qui pousse facilement sur l’arachide attaquée par les insectes et y secrète une substance cancérigène thermorésistante ; l’aflatoxine (Sembène, 2000).

CARYEDON SERRATUS (OL.)

Systématique

La systématique de la bruche d’arachide Caryedon serratus a été discutée par plusieurs auteurs de la manière suivante :

Bruchus serratus (Olivier), 1790,
Caryoborus serratus (Olivier), 1790,
Bruchus gonagra (Fabricius) 1798,
Caryoborus gonagra (Fabricius, 1798),
Pachymerus gonager (Fabricius, 1798),
Caryedon serratus (Olivier), 1823,
Pachymerus acaciae (Gyllenhal), 1833,
Caryoborus fuscus (Bedel), 1901,
Pachymerus fuscus Bedel, 1901,
Caryedon fuscus (Bedel), 1901,
Pachymerus sibustensis (Pic), 1924. 

Ainsi, après les travaux effectués par Decelle en 1966 sur la révision de la systématique de cette espèce, le nom valable retenu est Caryedon serratus. Sa classification s’établit comme suit :

Règne : Animalia
Embranchement : Arthropoda
Classe : Insecta
Ordre : Coléoptera
Famille : Bruchidae
Sous-famille : Pachymerus
Tribu : Caryedini
Genre : Caryedon
Espèce : serratus

Biologie

L’adulte de Cayedon serratus est de couleur brun foncé moucheté de noir, au corps ovale allongé de 6 mm environ (Delobel et Tran, 1993). Ses fémurs postérieurs sont dilatés et denticulés au bord ventral et ses tibias sont recourbés en arc de cercle. Aux yeux gros et saillants, il possède des longues antennes dilatées à partir du troisième article (fig.1). Seules les larves se nourrissent de l’arachide. Les adultes de C. serratus subsistent à partir de diverses substances (pollen, nectar…) dans la nature.

Dans les conditions optimales de température (30° C), d’humidité relative (70 %) et d’alimentation, la ponte moyenne des femelles de C. serratus est de 650 œufs (maximum 1457 œufs) et la longévité moyenne est de 3 mois (maximum 6 mois) (Delobel, 1989). Dans ces conditions, la durée moyenne de développement de l’œuf à l’adulte est d’environ 40 jours en passant par 4 stades larvaires. A l’éclosion, la larve de 1er stade perce le tégument de gousse juste en dessous de son trou de sortie du chorion de l’œuf ou elle cherche plus loin un emplacement propice. A l’intérieur de la graine, elle creuse une galerie, s’entoure des déjections blanches qui adhèrent à son tégument (Risbec, 1948 in Guèye, 2000). Arrivée au terme de son développement, la larve de 4ème stade tisse son cocon à la surface de la gousse (Fig. 15c). Dans certains cas, elle tisse le cocon à l’intérieur de la gousse, sur un support végétal ou même dans le sol. Les larves de 1er stade et de 4ème stade sont mobiles alors que celles de 2ème stade et de 3ème stade aux pattes réduites sont presque immobiles. Coléoptère à métamorphose complète (holométabole), le cycle évolutif de C. serratus se résume à trois états : état larvaire, état nymphal et état adulte et correspond à la figure cidessous (Buquet et al., 1978).

Origine et répartition géographique

La bruche de l’arachide C. serratus Ol. est originaire de l’Ancien Monde (actuelle Egypte), d’Asie et d’Afrique (Delobet et Tran, 1993 ; Sembène, 1997). Elle appartient au genre Caryedon qui compte actuellement plus d’une trentaine d’espèces (Delobel et al, 1995) et parasite les gousses d’un certain nombre de légumineuses sauvages dont les genres Bauhinia, Tamarindus, et Cassia (Lafleur, 1994 ; Sembène, 1997). Elle a été observée sur l’arachide pour la première fois en 1916 au Sénégal et en 1917 à Java en Indonésie (Sembène, 1997). Les résultats des études menées par Sembène en 2004 sur l’origine d’infestation de l’arachide par C. serratus au Sénégal ont montré que les populations de cet insecte provenant de Piliostigma reticulatum et celles de Arachis hypogeae sont morphologiquement et génétiquement identiques. Selon les auteurs, actuellement C. serratus est un insecte cosmopolite. Il est présent dans la plupart des régions chaudes du monde et, est l’une des espèces les plus nuisibles en Afrique (Matokot, 1987 ; Sembène, 1997) .

Plantes hôtes de Caryedon serratus (Ol.)

Césalpiniacées

Bauhinia reticulata (Piliostigma reticulatum) 

B. reticulata, aussi appelée Piliostigma reticulatum est une Césalpiniacée à fût contourné et rarement droit. Elle mesure 8 à 9 m de haut sur un sol fertile et porte une cime sphérique et touffue. L’écorce est de couleur noirâtre, profondément fissurée longitudinalement. La feuille est épaisse et mesure environ 7 cm de large et 8 cm de long supportée par un pétiole de 1 à 3 cm de long. La gousse est longue de 15 à 20 cm et large de 5 cm, parfois bosselée devenant ligneuse. Les fleurs sont blanches et larges d’environ 2 cm (Berhaut, 1967).

Au Tchad, B. reticulata est une plante à vertu médicamenteuse. Les feuilles bouillies sont utilisées dans le traitement de rhume, de l’ophtalmie, de la toux, de bronchite et de la névralgie dentaire. Les écorces bouillies sont un remède contre la diarrhée, la dysenterie et le rhumatisme.

Bauhinia rufescens Lam
C’est une plante à folioles petites, 1 à 2 cm de long et au sommet arrondi. Les bases des folioles sont plus ou moins soudées, supportées par un pétiole court mesurant 7 à 10 mm. Les gousses sont longues de 5 à 8 cm et larges d’environ 1cm contenant 4 à 5 graines.

Bauhinia monandra Kurz
C’est un arbre d’une hauteur de 15 m d’origine probablement néotropicale. Les feuilles présentent une échancrure terminale très profonde et très étroite. Le limbe est long et large de 9 à 13 cm supporté par un pétiole de 3 à 5 cm de longueur. Les fleurs sont roses et larges de 7 à 9 cm. Les gousses sont aplaties, longues de 15 à 20 cm et larges de 2,5 cm.

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Table des matières

INTRODUCTION
CHAPITRE I : SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
I- CARYEDON SERRATUS (OL)
I-1. Systématique
I-2. Biologie
I-3. Origine et répartition géographique
I-4. Plantes hôtes de Caryedon serratus
I-4-1. Césalpiniacées
I-4-1-1. Bauhinia reticulata DC
I-4-1-2. Bauhinia rufescens Lam
I-4-1-3. Bauhinia monandra Kurz
I-4-1-4. Tamarindus indica (L)
I-4-1-5. Cassia sieberiana DC
I-4-2. Fabacée : Arachis hypogeae
II- TRIBOLIUM CASTANEUM (Hbst)
II-1. Systématique
II-2. Biologie
II-3. Origine et répartition géographique
II-4. Hôtes de Tribolium castaneum
II-4-1. Denrées stockées
II-4-2. Plantes hôtes sauvages
III- AMSACTA MOORI
III-1- Systématique
III-2- Biologie
III-3- Hôtes d’Amsacta moori
CHAPITRE II : MATERIELS ET METHODES
I- CADRE D’ETUDE
I-1. Présentation du Tchad
I-1-1. Situations géo climatiques
I-1-2. Situations démographiques
I-2. Présentation des sites de recherches
I-2-1. N’Djikette
I-2-2. Déli
I-2-3. Kotkouli
I-3. Laboratoire de recherche
II- DEROULEMENT DES MISSIONS
III- MATERIELS UTILISES
III1- Matériel animal
III2- Matériel végétal
IV- METHODES
IV-1. Dynamique des populations de Caryedon serratus dans les plantes hôtes sauvages
IV-1-1. Piégeage de C. serratus
IV-1-2. Echantillonnage de gousses des hôtes sauvages
IV-2. Etude de la biologie de C. serratus au laboratoire
IV-2-1. Biologie en rapport avec les plantes hôtes sauvages
IV-2-2. Biologie en rapport avec l’arachide
IV-3. Dynamique des populations de Tribolium castaneum et d’Amsacta moori dans les stocks d’arachide
IV-3-1. Dynamique des populations de T. castaneum et d’A. moori dans les stocks d’arachide en coques
IV-3-1-1. Piégeage de T. castaneum et d’A. moori
IV-3-1-2. Echantillonnage des gousses d’arachide
IV-3-2. Dynamique des populations de T. castaneum et d’A. moori dans les stocks d’arachide en graines
CHAPITRE III : RESULTATS
I- RECOLTE ET SYSTEMES DE STOCKAGE D’ARACHIDE AU TCHAD
II- DYNAMIQUE DES POPULATIONS D’INSECTES DE CARYEDON SERRATUS DANS LES PLANTES HOTES SAUVAGES
II-1. piégeage d’adultes de C. serratus
II-2. Echantillonnage de gousses des hôtes sauvages
II-2-1. Evolution des populations de C. serratus dans les plantes hôtes sauvages à N’Djikette
II-2-2. Evolution des populations de C. serratus dans les plantes hôtes sauvages à Déli
II-2-3. Evolution des populations de C. serratus dans les plantes hôtes sauvages à Kotkouli
III- ETUDE DE LA BIOLOGIE DE CARYEDON SERRATUS AU LABORATOIRE
III-1. Biologie en rapport avec les plantes hôtes sauvage
III-2. Biologie en rapport avec l’arachide
IV- DYNAMIQUE DES POPULATIONS DE TRIBOLIUM CASTANEUM ET AMSACTA MOORI DANS LES STOCKS D’ARACHIDE
IV-1. Dynamique des populations de T. castaneum et d’A. moori dans les stocks d’arachide en coques
IV-1-1. Piégeage de T. castaneum et d’A. moori
IV-1- 2. Echantillonnage de gousses d’arachide
IV-1-2-1. Evolution des populations de T. castaneum et d’A. moori dans les greniers d’arachide à N’Djikette
IV-1-2-2. Evolution des populations de T. castaneum et d’A. moori dans les greniers d’arachide à Déli
IV-1-2-3. Evolution des populations de T. castaneum et d’A. moori dans les greniers d’arachide à Kotkouli
IV-1-2-4. Niveau général des dégâts dans les trois villages
IV-2. Dynamique des populations de T. castaneum et d’A. moori dans les stocks d’arachide en graines
CHAPITRE IV : DISCUSSION
I- DYNAMIQUE DES POPULATIONS DE CARYEDON SERRATUS
II- ETUDE DE LA BIOLOGIE DE CARYEDON SERRATUS AU LABORATOIRE
III- DYNAMIQUE DES POPULATIONS DE T. CASTANEUMET D’A. MOORI
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES

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