Homologie moléculaire avec les autres globines humaines

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Sites d’expression et rôles de la Ngb

• Sites d’expression tissulaire, cellulaire et subcellulaire
Au niveau tissulaire, même si le mécanisme n’est pas toujours connu, en conditions physiologiques la Ngb serait produite à des faibles concentrations mais de façon constante au niveau du SN [7, 11, 27,62]. Par ailleurs, quel que soit l’état physiologique ou pathologique, son expression reste prédominante dans le SN par rapport aux autres tissus non nerveux comme les glandes endocrines (surrénale, pancréas, pituitaire) et le myocarde [1,3, 27, 30,62-67]. En outre à la différence d’autres globines humaines, les taux de Ngb sont variables au sein d’un même tissu. Ainsi, sa concentration serait plus importante dans les régions sous corticales, les voies auditives et surtout optiques. De ce fait, selon certains auteurs, comme l’hémoglobine est spécifique au sang et la myoglobine aux muscles striés, la Ngb serait plutôt spécifique des tissus nerveux [1-3, 27,62, 68-70]. A l’échelle cellulaire, la neuroglobine serait fortement exprimée au niveau de certaines cellules spécialisées et à forte activité métabolique comme les neurones de l’hypothalamus, les bâtonnets de la rétine (environ 100 µmol/l) et les astrocytes [1-3,62-67]. Une des particularités de la Ngb est sa surexpression par les cellules des voies visuelles dans des conditions physiologiques.
En effet, elle s’exprime plus au sein des cellules de la rétine où on la retrouve à des concentrations 100 fois plus élevées que celles observées au niveau des neurones du cortex cérébral [26-31]. Ainsi, elle représenterait plus de 3 % de toutes les protéines de la rétine. Selon Roberts et al [63], lors des phénomènes d’ischémie et d’hypoxie rétinienne, l’augmentation de la synthèse de Ngb par les CGR améliore à plus de 30 à 40 % l’oxygénation de ce tissu. Mieux encore, sans situation de stress, le taux de Ngb serait 10 fois plus élevé au niveau du nerf optique par rapport à la rétine [27-28]. Hormis les voies visuelles, Vorasubin et al, ainsi que Reuss et al ont noté des concentrations tissulaires de Ngb élevées au sein des cellules auditives et olfactives [65-66]. S’agissant des cellules non neuronales, des taux faibles de Ngb y ont été également détectés, mais uniquement en condition d’ischémie et d’hypoxie [68-69].Au niveau subcellulaire, la Ngb a été surtout retrouvée dans les mitochondries, et à des concentrations moindres dans le cytosol et de la région péri nucléaire des neurones [3,45].
• Mécanismes d’action et rôles
• Mécanismes d’action
D’une façon générale, les globines humaines ont pour rôles le transport, la diffusion et le stockage de l’O2 à travers les tissus de l’organisme [1]. C’est le cas de l’hémoglobine et de la myoglobine (globines pentacoordinées). Pour les globines hexacoordinées comme la Ngb, les fonctions physiologiques et les mécanismes d’action sont encore des sujets à débattre [2, 3,71]. Cependant, les mécanismes d’action pouvant expliquer la fonction neuroprotectrice de la Ngb ont pu être résumées en 5 grands types (Figure 4) [3,2, 41,44 ,71].
Ainsi, la Ngb améliorerait l’oxygénation des tissus nerveux en situation de stress, d’où son implication dans la réponse à l’hypoxie aiguë [1, 14-18,72]. En outre, elle interviendrait dans les mécanismes de détoxification d’excès nocifs d’oxyde nitrique (NO2-) [2, 3,72]. De même, elle serait active dans le processus d’oxydoréduction en bloquant la production de protéines induites par le stress oxydatif, dont une des conséquences est l’inhibition de l’apoptose cellulaire [3, 12,36-40]. Par ailleurs sous sa forme ferrique, la Ngb inhibe la transformation du GDP en GTP [1-3,73]. Le dernier mécanisme qui lui est attribué est celui d’empêcher la réduction du cytochrome C [41-46,71]. Selon certains auteurs, ces propriétés permettraient la protection des cellules ganglionnaires de la rétine au cours du glaucome et préserveraient ainsi la fonction visuelle le plus longtemps possible [3,27-31, 74-75].

Facteurs modulant l’expression de neuroglobine

Les principaux inducteurs de l’expression de Ngb sont l’hypoxie, l’ischémie, la privation en glucose, l’inflammation neuronale et l’exposition à la lumière [3, 13, 17, 23, 48, 70,74-77]. De même, l’administration de Vascular endothelial growth factor (VEGF), d’hème, d’érythropoïétine (EPO), d’hormones thyroïdiennes et d’œstradiol favoriserait la synthèse de cette protéine [3,83-84]. En dehors de ces facteurs biologiques, des médicaments comme l’acide valproïque et cinnamique, la déféroxamine et des agents chimiques notamment, le peroxyde d’hydrogène, le cobalt, le bromopropane-1, l’arsenic (longue exposition) et le plomb peuvent induire une surexpression de Ngb [3,85-87].
En revanche, le développement neuronal, la privation du sommeil, l’administration de praclitaxel inhiberaient la synthèse de neuroglobine. Malgré des controverses quant à son effet sur l’expression de Ngb, le vieillissement serait un facteur pouvant inhiber la production de cette protéine. En effet, Sun et al ont démontré que le niveau d’expression tissulaire de Ngb était diminué de moitié chez les rats âgés de 24mois par rapport à ceux dont l’âge était de 3 et 12 mois. Les auteurs suggéraient l’importance physiopathologique de la Ngb dans les maladies neurodégénératives liées à l’âge, telle que la maladie d’Alzheimer. En plus du vieillissement, la Ngb serait inhibée par une exposition courte à l’arsenic [2, 3,88].
• Médiateurs de l’expression de Ngb
En situation d’hypoxie, l’hypoxia inductible factor -1 alpha (HIF-1α) est un des principaux médiateurs directs de la synthèse de Ngb. Ainsi, certains auteurs ont pu induire expérimentalement la Ngb à partir de facteurs capables de stimuler la production de l’HIF-1α [2,3].
Actuellement, en plus de l’hypoxie elle-même, l’expression tissulaire de Ngb a pu être obtenue à l’aide d’autres médiateurs comme l’érythropoïétine (EPO), le Vascular endothelial growth factor (VEGF), le Nuclear factor kappa B (NF-κB), le C-amp response element binding protein (CREB) et le Specificity protein 1 (Sp1) [2, 3,87].

GLAUCOME PRIMITIF A ANGLE OUVERT

Définition

Le glaucome primitif à angle ouvert (GPAO) est une neuropathie optique ischémique antérieure, d’évolution chronique et progressive. Il est caractérisé par un angle iridocornéen ouvert, une excavation pathologique de la papille et des altérations périmétriques. Le GPAO est généralement associé à une élévation de la pression intra oculaire (PIO) [89-92].

Epidémiologie

Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), le GPAO serait à l’origine de 4,5 millions des cas de cécité dans le monde [93]. D’après Quigley et al, le nombre de glaucomateux atteindra environ 79,6 millions en 2020, dont 74 % de GPAO [94]. En comparaison avec les autres formes de glaucomes, le GPAO est le plus fréquent, aussi bien en Afrique qu’en occident. Sa prévalence est ainsi estimée à 50-70 % de l’ensemble des cas [95- 97]. Le risque d’apparition du GPAO augmente avec l’âge, la myopie, l’hérédité, ainsi que de l’élévation de la PIO [98-99]. Cependant, chez les sujets mélanodermes, il survient de façon précoce et plus fréquemment, et aboutit le plus souvent  et plus tôt à la cécité pour cause de retard diagnostic.

Anatomie physiologique de l’œil

• Anatomie du globe oculaire
Le globe oculaire est constitué de trois enveloppes ou membranes (coque cornéosclérale ou membrane externe, uvée ou membrane intermédiaire et la rétine ou membrane interne) et d’un contenu comportant les milieux transparents (cristallin et vitré) [100].
Le globe oculaire est classiquement subdivisé en deux régions qui sont (Figure 5) :
 Le segment antérieur renfermant la cornée, l’iris, la chambre antérieure, l’angle irido cornée, le cristallin et le corps ciliaire
 Le segment postérieur qui comporte la sclère, choroïde, rétine et le corps vitré.

Physiopathologie du GPAO

La pathogénie exacte de la destruction du nerf optique dans le glaucome n’est pas complètement établie. Il parait vraisemblable que plusieurs processus interfèrent pour créer l’altération glaucomateuse, expliquant les différentes formes cliniques observées [52, 104,106-109].
• Pathogénie de l’hyperpression intraoculaire
L’équilibre entre la sécrétion de l’humeur aqueuse par les corps ciliaires et son drainage par les voies trabéculaires déterminent le niveau de PIO. Une élévation de la PIO serait alors liée à une augmentation de la résistance à l’écoulement de l’humeur aqueuse.
Plusieurs facteurs ont été incriminés notamment, le collapsus des espaces inter trabéculaires, la diminution des cellules endothéliales et le renforcement de la résistance de la paroi interne du canal de Schlemm. Lorsque la PIO s’élève, on observe des phénomènes de stress mécaniques au niveau des structures du segment postérieur de l’œil, plus précisément à la lame criblée. Celle-ci va être comprimée, déformée voire remodelée. Ceci aura pour conséquence, l’apparition de lésions axonales, interrompant ainsi le transport des facteurs trophiques essentiels au fonctionnement de la rétine neurosensorielle [109].
• Pathogénie de l’altération des cellules ganglionnaires
Les causes de la destruction du nerf optique via l’altération des cellules ganglionnaires dans le glaucome ne sont pas parfaitement connues et font l’objet de nombreux travaux [52, 106-109]. Dans le GPAO, la mort cellulaire serait l’aboutissement probable d’un processus apoptotique et non nécrotique. Plusieurs théories ont été émises pour l’expliquer (Figure 11).
• Théorie de l’altération du flux axoplasmique
Il existerait dans les cellules ganglionnaires rétiniennes un double courant transportant les molécules et les organites. Ce courant serait indispensable à la fonction conductrice de l’axone, à la croissance et au maintien des neurones. Cependant, selon cette théorie, ce transport pourrait être altéré par l’hypoxie, l’ischémie, mais aussi par une compression ou des agents toxiques [52, 106-109].
• Théorie ischémique ou théorie des gradients
Elle a été la plus longtemps admise. D’après ces auteurs, l’élévation de la PIO réduirait la vascularisation de la tête du nerf optique et diminuerait ainsi l’apport nutritif nécessaire aux fibres optiques et aux tissus de soutien. Cette théorie s’appuierait sur des arguments épidémiologiques, cliniques et paracliniques [52, 106].
• Théorie mécanique
D’après cette théorie, l’hyperpression intraoculaire provoquerait un bombement vers l’arrière de la lame criblée ainsi qu’un glissement les unes sur les autres des couches de collagène la constituant. La conséquence de ces deux situations est l’écrasement in fine des fibres optiques [52, 106-109].
Figure 11: Pathogénie de la dégénérescence glaucomateuse des CGR [105].
Légende: HTO: Hypertonie oculaire; en jaune cellule ganglionnaire; en bleu cellule épithéliale. Les chiffres présentés à côté des principaux processus représentent une suggestion chronologique, bien que l’ensemble de ces éléments puissent coexister et/ou survenir dans un ordre différent.

Aspects diagnostiques et thérapeutiques

Le GPAO peut être asymptomatique jusqu’à un stade relativement évolué et donc diagnostiqué tardivement [52,104]. Le diagnostic d’un glaucome s’effectue souvent lors d’un examen systématique motivé pour une prescription de lunettes de près pour la presbytie. Parfois à un stade évolué de la maladie, par une gêne fonctionnelle [52,104]. Devant toute suspicion de GPAO, il est recommandé d’effectuer une mesure de l’acuité visuelle et de la PIO couplée à celle de l’épaisseur cornéenne centrale, une gonioscopie [52,110-115], ainsi qu’une mesure du diamètre papillaire à la lampe à fente (évaluation de l’excavation, du ratio C/D et analyse précise circonférentielle de l’anneau neurorétinien) [52,116]. En outre, la réalisation d’un champ visuel doit être systématique car elle permet l’analyse de la sensibilité rétinienne, la quantification et localisation des déficits [52, 104,117].
Une tomographie par cohérence optique (OCT) peut être réalisée selon l’indication. Elle permet l’analyse du nerf optique, des fibres nerveuses rétiniennes et les complexes des cellules ganglionnaires maculaires. L’OCT aurait un intérêt dans le diagnostic précoce du GPAO [118-120]. Le diagnostic de GPAO est généralement retenu devant une gonioscopie normale chez un patient présentant un déficit au CV supérieur à -6dB, associé ou non à une PIO normale ou élevée (>21mmHg), ainsi qu’à une excavation papillaire supérieure à 0,3 [52,89-92,103,121]. La prise en charge du GPAO fait intervenir des moyens médicamenteux, des méthodes physiques (laser) et chirurgicales. Le traitement médical ou de première intention fait recours aux bêtabloquants, aux analogues des prostaglandines, aux inhibiteurs de l’anhydrase carbonique, aux parasympathomimétiques et agonistes α2-adrénergiques selon le cas [52, 102,122]. La trabéculoplastie est une méthode physique au cours de laquelle est utilisé le laser à l’Argon. Elle consiste à appliquer des impacts de laser sur la surface du trabéculum afin de le rétracter et faciliter ainsi l’écoulement de l’humeur aqueuse [52]. La trabéculectomie est le traitement de référence du GPAO de nos jours. C’est une méthode chirurgicale dont le principe général est de réaliser une nouvelle voie d’excrétion de l’humeur aqueuse hors du globe oculaire [52,104].

Stades de gravité et durée d’évolution du GPAO

Le GPAO est une affection d’évolution insidieuse et lente. Peu, mal ou correctement suivie et selon le stade évolutif, il peut évoluer précocement vers la cécité. Des scores de gravité tels que celui de Lachkar et al ont été proposés [104,121]. Cependant, le système de classification décrit en 2006 par Mills et al est classiquement utilisé en pratique courante [104,121]. Il distingue cinq stades cliniques en fonction du degré de l’atteinte fonctionnelle au CV [104]: GPAO débutant (-6dB), modéré (-6 à-12dB), avancé (-12 à -20dB), sévère (au-delà de -20dB) et le stade terminal ou cécité (non applicable au CV).
S’agissant de la durée d’évolution du GPAO, il n’existe à ce jour aucun essai de données disponibles qui puisse être utilisé pour prédire le taux de progression d’un patient donné au moment du diagnostic d’un glaucome débutant ou à un stade modéré [104]. Pour évaluer les modalités de progression, la plupart des études soulignent l’importance d’un suivi simultané de l’atteinte structurale et fonctionnelle chez tout patient suspect ou atteint de glaucome. La quantification de la vitesse de progression permet ainsi de définir deux groupes de patients glaucomateux : les «progresseurs lents», majoritaires, et les «progresseurs rapides [104].
La détermination de la vitesse de progression va dicter les modalités de prise en charge, et particulièrement la fréquence des différents examens.

Neuroglobine et GPAO

D’un point de vue structurale, fonctionnelle et surtout physiopathologique, la Ngb occuperait une place fondamentale au niveau des voies visuelles [3,26-31, 63,75]. En effet, elle serait localisée de façon prédominante au niveau de la rétine, notamment au niveau de la couche des cellules photoréceptrices, plexiformes et ganglionnaires [3,28-29,56]. Chez les vertébrés, ces zones sont dites de haute consommation en O2 et nécessitent généralement un transporteur de haute affinité pour le dioxygène [1-3]. Physiologiquement, la Ngb serait donc une protéine tant qualitativement que quantitativement nécessaire au bon fonctionnement des cellules des voies visuelles [1, 3,26-28, 30, 56, 63,75]. En outre, il a été démontré que la Ngb était impliquée dans la physiopathologie de certaines affections intéressant les cellules des voies visuelles telles que le glaucome [3,25-31, 75,123]. Au cours de cette neuropathie, les mécanismes qui conduisent à l’atteinte de la rétine et à la destruction du nerf optique seraient en rapport avec le stress oxydatif [3, 28, 30,74-75]. Ainsi, selon la durée d’évolution du GPAO, ce stress va à long terme perturber l’activité des cellules ganglionnaires de la rétine et favoriser leur apoptose [3, 29, 52, 75,107-109,123]. Or, la surexpression de Ngb au niveau des cellules de la rétine et du nerf optique exposées à une ischémie serait responsable d’un ralentissement de l’apoptose au niveau des dites cellules [3,28-31,124-126]. D’après Robert et al, cette surexpression permettrait d’améliorer de plus de 30 % l’oxygénation des cellules visuelles en situation d’hypoxie-ischémie [63].
De même, du fait de ses propriétés neuroprotectrices [1-3,13-15], la Ngb serait une perspective aussi bien diagnostique que thérapeutique pour le glaucome [1-3, 86,126]. En effet, il a été retrouvé des concentrations plasmatiques de Ngb élevées au cours du glaucome par fermeture de l’angle mais également du GPAO. D’après ces études, cela suggérait l’intérêt probable du dosage de cette protéine dans le diagnostic, le monitorage et le traitement de ces deux pathologies [1-3, 26-31, 75,123]. Sur un plan purement thérapeutique, il a été démontré que la Ngb pourrait être impliquée dans la résistance des CGR aux lésions d’hypoxie-ischémies et dommages liés au glaucome [3, 30, 123, 126]. Il a été notamment observé une amélioration de la survie des CGR chez les souris transgéniques lorsque l’expression de la Ngb était stimulée au cours d’un glaucome aigu induit [3, 30, 123,126]. Ainsi pour ces auteurs, la surexpression de la Ngb pourrait avoir une valeur thérapeutique. Cependant la Ngb humaine, contrairement à celle des poissons zébrés, serait localisée essentiellement au niveau intra cellulaire et ne traverserait pas la membrane cellulaire dans les conditions physiologiques [1-3].
Pour ce faire, ces derniers proposent d’induire in vivo l’expression de la Ngb, afin d’utiliser ses propriétés neuroprotectrices dans la prise en charge de cette neuropathie dont aucun traitement médical curatif n’existe jusqu’à ce jour [52, 100, 103-104]. Cette induction se ferait via les techniques de génie génétique ou pharmacologique [1-3, 46,126].

Population étudiée

L’étude a concerné deux groupes de personnes. Le premier était constitué de 64 personnes (128 yeux) ayant un GPAO dans au moins un œil, suivi ou de découverte récente (personnes dénommées patient ou GPAO+). Le second comportait 50 personnes volontaires (100 yeux), en bonne santé, aux critères sociodémographiques superposables à ceux des patients (personnes dénommées témoin ou GPAO-).
• Critères d’inclusion.
Après obtention du consentement éclairé, tous les patients âgés de 15 à 80 ans, présentant un GPAO dans au moins un œil et n’ayant aucun antécédent de chirurgie oculaire ont été inclus. Par ailleurs, des personnes de la même tranche d’âge que les patients et exemptes de toute affection oculaire (PIO normale, absence d’atteinte structurale et / ou fonctionnelle) avaient été recrutées.
• Critères de non inclusion.
Les personnes ayant souffert dans les trois mois précédant l’étude d’une affection oculaire autre que le GPAO ou de toute pathologie cérébrale aiguë ou chronique pouvant modifier le taux plasmatique de Ngb (AVC, traumatisme crânien, maladie d’Alzheimer, paludisme cérébrale, méningite, méningo-encéphalite, encéphalopathie hypoxique et autres processus expansifs intra crâniens) [1-3,17,70] n’avaient pas été incluses. De même, tout participant ayant reçu un traitement susceptible d’entrainer une surexpression de la Ngb (Acide valproïque et cinnamique, chélateur de fer, 17β-œstradiol, EPO) n’avait pas été retenu [1-3, 19,30].
• Recrutement de la population
Le recrutement des patients s’est effectué en salle de consultation d’ophtalmologie du CHUA. L’examen était réalisé par une équipe constituée de l’ophtalmologiste du CHUA, assisté de l’investigateur principal et d’un infirmier. Tous les patients recrutés initialement en dehors du CHUA (GPAO suivis ou découverts durant l’enquête) ont été systématiquement réévalués par la même équipe. L’examen clinique débutait par un interrogatoire au cours duquel les données sociodémographiques, les antécédents personnels et familiaux ainsi que la durée d’évolution du GPAO ont été recueillis. Par la suite, une évaluation de l’acuité visuelle (AV) de loin, de la PIO corrigée, du champ visuel (CV), de l’épaisseur centrale de la cornée (ECC) et un prélèvement sanguin étaient réalisés. Toutes les personnes classées GPAO+ ont bénéficié d’un traitement. Ainsi, tous les sujets GPAO+ de découverte récente avaient été mis sous traitement puis, systématiquement revus quatre semaines plus tard (deuxième rendez-vous). Par contre, les GPAO+ antérieurement diagnostiqués et régulièrement suivis ont conservé leur traitement initial. Pour les besoins d’harmonisation de l’enquête, les prélèvements sanguins ont été effectués au cours du deuxième rendez-vous chez les GPAO+ de découverte récente et, lors du premier rendez-vous pour les GPAO+ diagnostiqués avant l’étude. Le recrutement des témoins s’est fait en mode volontariat, au sein de la population générale. Ces derniers ont bénéficié essentiellement d’un prélèvement sanguin précédé d’un examen ophtalmologique (effectué en salle de consultation du  CHUA), identique à celui des patients (AV, PIO corrigée, CV et pachymétrie).

Définition des variables

Les principales variables étudiées étaient l’âge, le sexe, les antécédents familiaux ainsi que la durée d’évolution du glaucome, l’acuité visuelle de loin, la PIO corrigée, l’épaisseur centrale de la cornée, le rapport C/D vertical, le champ visuel, la gravité du glaucome et la concentration plasmatique de neuroglobine.
L’âge des participants et la durée d’évolution du glaucome ont été définis en années. La durée d’évolution était le délai écoulé entre la date du diagnostic du GPAO et celle de l’étude. Afin de la déterminer, chaque patient présentait les résultats de l’AV, du CV et de la PIO effectués lors du diagnostic initial, ou dans le cas contraire du dernier contrôle datant d’au moins un mois, réalisés par un ophtalmologue. Pour les besoins de l’enquête, la durée d’évolution du GPAO a été subdivisée en 3 tranches (GPAO avec durée d’évolution < 6ans, GPAO avec durée d’évolution de 6-10 ans et GPAO avec durée d’évolution ≥ 10 ans) [104].
L’acuité visuelle de loin et le rapport C/D vertical étaient exprimés en échelle décimale. Une excavation ≤ 0,3 et une acuité visuelle supérieure ou égale à 7/10ème étaient considérées comme normales [104-110]. L’épaisseur centrale de la cornée (ECC) a été exprimée en micromètres (µm), pour des valeurs normales comprises entre 527µm et 560 µm. La pression intraoculaire corrigée a été exprimée en millimètre de mercure (mmHg, valeurs normales comprises entre 9 et 21 mmHg [112-115]).
Afin d’harmoniser nos données, L’AV et l’ECC ont été respectivement subdivisées en 3 classes (AV ≤ 3/10 ; AV de 3-7/10 ; AV > 7/10) et (ECC ≤ 527; ECC de 527-560 ; ECC > 560). De même, la PIO corrigée et le rapport C/D vertical ont été classés en 4 catégories (PIO ≤ 10 ; PIO de 10 – 20; PIO de 20 – 30; PIO > 30) et (C/D ≤ 0,4 ; C/D de 0,4 – 0,6; C/D de 0,6 – 0,8; C/D > 0,8) [104].
Le déficit du champ visuel (déviation moyenne ou MD) avait été exprimé en décibel (-dB) et a permis de subdiviser le nombre d’yeux de l’effectif total de la population en quatre classes : absence de déficit, déficit débutant (MD < -6 dB), déficit modéré (MD <-12dB), déficit sévère (MD >-12dB) [104-121]. Par ailleurs, à partir de l’importance de ce déficit, le nombre d’yeux de l’effectif total de la population a été réparti en quatre groupes de gravité croissante : GPAO absent (absence de déficit ou sujet GPAO-), GPAO+ débutant (présence d’un déficit moyen ou MD ≥ -6dB), GPAO+ modéré (MD ≤ -6-12 ≥ dB) et GPAO sévère (MD > -12dB) [52, 104,110-117,121]. Les critères de GPAO+ retenus pour notre étude étaient: une gonioscopie normale ainsi que la présence d’un déficit au champ visuel (MD ≥ -6dB), associée à au moins un des deux éléments suivants, notamment une PIO supérieure à 21 mmHg et une excavation papillaire supérieure à 0,3  [52,89-92,103-104,121]. La concentration plasmatique de neuroglobine (CmNgb) a été exprimée en nanogramme par millilitre (ng/ml) [127].

Questionnaire

Il était constitué de quatre rubriques comportant les paramètres sociodémographiques, cliniques, paracliniques et la gravité du GPAO (Annexe 1).

Méthodes diagnostiques du GPAO

L’examen ophtalmologique proprement dit débutait après un interrogatoire, par la mesure de l’acuité visuelle de loin avec un test Monoyer (Echelle optométrique Monoyer Mediq®,France) placé à 5 mètres.La pression intraoculaire était mesurée à l’aide d’un tonomètre à aplanation de Goldmann (AT 900®Haag-Streit Diagnostics TM, Germany). Le biomicroscope ou lampe à fente (BM 900 ®Haag-Streit Diagnostics 900TM, Germany) couplée au verre de Goldman a permis de déterminer le rapport C/D vertical.
La mesure de la PIO a été corrélée à celle de l’ECC à l’aide d’un Tono-pachymètre(CanonTX-20P®,Haag-StreitDiagnosticsTM,Germany)(Annexe2). L’Octopus 900® de Haag-Streit DiagnosticsTM, Germany a été utilisé pour rechercher les déficits du champ visuel.

Méthode de prélèvement et de conditionnement du sang

Les prises de sang ont été réalisées dans une des salles de prélèvement du laboratoire du CHUA. Il a été effectué chez chaque participant un prélèvement de sang veineux périphérique à l’aide d’un préleveur (Improve vacuterTM,Guangzhou improve medical instruments® Co.,Ltd). Pour chaque personne, un tube sec a été nécessaire. Ainsi, quatre millilitres de sang étaient recueillis dans un tube préalablement identifié. Après exudation du plasma, le sang prélevé était centrifugé (Universal 320™, Hettich Zentrifugen®, Germany). Par la suite, le sérum était mis dans des cryotubes (BiologixTM, Biologix® Inc. USA), puis conservé dans un congélateur (Thermo Scientific Forma 900TMSeries, Thermo Fisher Scientific® Inc.) à -86ºC.

Méthode de dosage de la neuroglobine

Le dosage de la Ngb a été réalisé sur automate (ElisysUno™ Human®,Germany) (Annexe 3) par la technique ELISA(Enzyme linked immunosorbent assay) et à l’aide du kit Human Ngb ELISA kitTM (N° E-EL-H1768). Ce kit comportait respectivement les éléments suivants : une micro plaque ELISA de 96 puits, un flacon de 10 ml de solution standard de référence, les concentrés biotinylé AB et de peroxydase de Raifort (HRP), un substrat réactif et une solution d’arrêt (Annexe 4). La procédure de dosage s’est déroulée suivant le protocole proposé par Elabscience®[127]. Une fois le paramétrage de l’automate effectué, la procédure continuait par la préparation du tampon de lavage au 1/25ème, en diluant 30ml de tampon de lavage concentré dans 750ml d’eau distillée. S’agissant de la préparation des puits de calibration, elle a été effectuée de la manière suivante: après avoir reconstitué la solution standard qui contenait 10ng/ml de neuroglobine, il a été réalisé une dilution en cascade dans sept tubes à hémolyse, cela permettant ainsi d’avoir dans le dernier tube zéro ng/ml de Ngb [127].
L’étape succédant à la préparation des puits standards consistait à la préparation de la solution biotinylée de détection AB (diluée au 1/100ème) et, à la dilution (au 1/100ème) du conjugué HRP. Une fois cette phase terminée, les échantillons de sérum ont été rangés dans un portoir pour cryotubes. Celui-ci a été positionné dans l’automate, ainsi que les différentes préparations et la micro plaque ELISA.
Cette procédure manuelle se terminait par la mise en marche l’automate Elisys Uno Human® qui a exécuté successivement les étapes suivantes:
− Cent (100) µl de sérum ont été mis au font des puits contenant l’anticorps monoclonal anti-Ngb
− Incubation de la micro plaque pendant 90 minutes, à 37ºC
− Élimination du liquide, addition de 100µl de solution biotinylée de détection AB dans les puits et incubation pendant 1heure à 37ºC
− Aspiration et lavage à 3 reprises par 350µl de tampon de lavage
− Addition de 100µl de HRP et incubation à 37ºC pendant 30 minutes
− Lavage à 5 reprises
− Addition de 90µl de substrat et incubation pendant 15 minutes à 37ºC
− Addition de 50µl de la solution d’arrêt dans chaque puit
− Lecture de la densité optique par l’automate à 450 nanomètres

Méthodes statistiques

Le choix de la taille de l’échantillon a été de convenance. Ainsi, 114 personnes (228 yeux) dont 64 GPAO+ (128 yeux) et 50 GPAO- (100 yeux) avaient été sélectionnées. Les données ont été recueillies sur une fiche d’enquête, puis reportées sur un fichier Excel de Microsoft office® 2007. L’analyse statistique a été faite à l’aide du logiciel Epi infoTM 7.2.0.1 CDC et IBM® SPSS®Statistic21. Elle a fait appel aux calculs des proportions, moyennes et écart-types. Le test de Chi-2 a été utilisé pour la comparaison des proportions. Celui de Spearman a servi à étudier les corrélations entre variables quantitatives. Les relations entre variables qualitatives et quantitatives ont été étudiées par les tests de Mann-Whitney et de Wilcoxon. Le seuil de significativité statistique a été fixé à 5% (p = 0,05).

Aspects éthiques

Ce travail a été effectué selon les recommandations de la déclaration d’éthique d’Helsinki sur l’utilisation des êtres vivants [128]. En outre, des autorisations des responsables des structures au sein desquelles l’étude avait été effectuée ont été obtenues. De même, un consentement éclairé a été obtenu auprès des participants ou les proches des personnes ne pouvant le donner eux-mêmes, avec la garantie de respect de la confidentialité des données prélevées durant l’enquête.

RESULTATS

Etude descriptive

Population générale

Durant la période d’étude, 254 personnes présentant les critères d’éligibilité ont été recensées, parmi lesquelles 180 glaucomateux (GPAO+) et 74 témoins (GPAO-). Sur les 180 GPAO+ enregistrés, 116 ont été exclus pour raison d’indisponibilité, de refus de participation et d’absence de présentation de documents témoignant du diagnostic ou du suivi du GPAO. La population de GPAO+ définitivement retenue était de 64 personnes (128 yeux). Parmi les 74 témoins sélectionnés, 50 (100 yeux) ont été inclus, tandis que 24 n’avaient pas été retenus pour cause de refus de participation et d’indisponibilité. Au total, 114 personnes (228 yeux) ont participé à l’étude (Figure 12).

Paramètres épidémiologiques

L’âge moyen de la population générale était de 42,3 ± 13,7ans, avec des extrêmes allant de16 à 80ans. Chez les GPAO-, il était de 38,6 ± 11,9ans, versus 45,1 ± 14,5ans chez les GPAO+ (p = 0,0011). Les hommes représentaient 49,10% (n = 56/114) de l’effectif total de la population, soit un ratio homme/femme de 0,96. En tenant compte des deux sous-groupes de populations (GPAO+ et GPAO-), le sexe masculin représentait 64% (n = 41/64) de l’effectif des GPAO+ et 30% (n = 15/50) de celui des GPAO-, soit un ratio homme/femme de1,78 chez les GPAO+ et 0,42 chez les GPAO-(p = 0,0007).
Au sein de l’effectif total de la population, les antécédents familiaux de GPAO ont été notés dans 35% des cas (n = 40/114), dont 26,50% (n = 17/64) chez les GPAO+ et 8% (n = 4/50) chez les GPAO-

Paramètres cliniques et paracliniques des sujets GPAO- et GPAO+

La durée moyenne d’évolution de la maladie chez les sujets GPAO+ était de 2,69 ± 4,50ans. Elle était de 2,36 ± 2,15ans chez les GPAO+ débutants, de 4,64 ± 3,98ans chez les modérés et 8,93 ± 7,06 ans chez les sévères (p = 0,000) (Tableau I).
L’acuité visuelle moyenne de loin obtenue chez les GPAO+ sévères était de 2/10ème. A l’inverse, elle était de 9/10ème chez les GPAO+ modérés et débutants (p = 0,000).
Chez les GPAO+ modérés et sévères, la PIO moyenne était de 18,23 ± 7,10mmHg et de 21,39 ± 11,68mmHg, contre 16,75 ± 4,06mmHg et 12,84 ± 2,87mmHg respectivement chez les sujets GPAO+ débutants et GPAO- (p = 0,000). En revanche, des PIO normales (PIO ≤ 21 mmHg) ont été relevées chez 58% (n = 74/128) d’yeux glaucomateux (p = 0,000).
Le rapport C/D vertical était de 0,86 ± 0,17 et 0,60 ± 0,62 chez les GPAO+ sévères et modérés contre 0,40 ± 0,09 chez les débutants (p = 0,000).
A la périmétrie, le déficit moyen obtenu à partir des 228 yeux de la population générale était de -3,93 ± 5,16dB. Chez les 128 yeux glaucomateux, un déficit moyen de -2,80 ± 2,61dB a été retrouvé chez les GPAO+ débutants, contre -7,04 ± 3,79 dB et -13,54 ± 2,96dB, chez les GPAO+ modérés et sévères respectivement (p = 0,000).

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Table des matières

PREMIERE PARTIE
I.1 NEUROGLOBINE
I.1.1 Définition et historique
I.1.2 Homologie moléculaire avec les autres globines humaines
I.1.3 Structure et aspects biochimiques
I.1.4 Sites d’expression et rôles de la Ngb
I.1.5 Facteurs modulant l’expression de neuroglobine
I.2 GLAUCOME PRIMITIF A ANGLE OUVERT
I.2.1 Définition
I.2.2 Epidémiologie
I.2.3 Anatomie physiologique de l’oeil
I.2.4 Physiopathologie du GPAO
I.2.5 Aspects diasgnostiques et thérapeutiques
I.2.6 Stades de gravité et durée d’évolution du GPAO
I.3 NEUROGLOBINE ET GPAO
DEUXIEME PARTIE
II.1 POPULATION ET METHODES
II.1.1 Méthodes d’étude
II.1.2 Population étudiée
II.1.3 Définition des variables
II.1.4 Questionnaire
II.1.5 Méthodes diagnostiques du GPAO
II.1.6 Méthode de prélèvement et de conditionnement du sang
II.1.7 Méthode de dosage de la neuroglobine
II.1.8 Méthodes statistiques
II.1.9 Aspects éthiques
II.2 RESULTATS
II.2.1 Etude descriptive
II.2.1.1 Population générale
II.2.1.2 Paramètres épidémiologiques
II.2.1.3 Paramètres cliniques et paracliniques des sujets GPAO- et GPAO+
II.2.2 Etude analytique
II.2.2.1 CmNgb de l’effectif total de la population, des GPAO- et des sujets GPAO+
II.2.2.2 Relation entre CmNgb et PIO moyenne chez les sujets GPAO+
II.2.2.3 Corrélation entre CmNgb et le rapport C/D vertical chez les GPAO+
II.2.2.4 Corrélation entre CmNgb et déficit moyen au CV de la population générale
II.2.2.5 Relation entre CmNgb et gravité du GPAO
II.2.2.6 Relation entre CmNgb et durée d’évolution du GPAO
II.3 DISCUSSION
II.3.1 Etude analytique
II.3.1.1 Comparaison de la CmNgb entre GPAO+ et GPAO-
II.3.2.2 Relation entre CmNgb et gravité du GPAO
II.3.2.3 Relation entre CmNgb et durée d’évolution du GPAO
II.3.2 Limites de l’étude
CONCLUSION
REFERENCES

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