Historique et usage des feux de brousse

Concepts des feux de brousse

Historique et usage des feux de brousse 

Dans les savanes africaines, le feu est intégré aux habitudes humaines et est même devenu un fait social (Archibald et al.. 2012). En effet, les populations pratiquent la mise à feu pour: défricher et préparer les champs, renouveler le pâturage, chasser les petits gibiers, nettoyer les alentours des villages, les hameaux et les chemins, récolter le miel, produire du charbon de bois et faire des sacrifices rituels (Yaméogo, 2005; Traoré, 2011). De même, lorsque la brousse devient impénétrable, il est utilisé pour améliorer la visibilité, faciliter les déplacements, désinfecter la brousse et libérer les voies d’accès entre les villages entourant les formations végétales (Shaffer, 2010; Traoré, 2011). En outre, le feu est un outil essentiel d’aménagement de l’ habitat de la faune en savane, où de vastes superficies sont souvent gérées avec un minimum de moyens et de main d’ œuvre. Il permet d’influencer la végétation sur de grandes surfaces, de manipuler l’environnement des animaux et surtout d’améliorer la qualité et d’accroître la quantité de pâturage pour les herbivores sauvages (Dayamba, 2005). C’est le cas dans les Parcs nationaux et les réserves de faune au Burkina Faso comme le Ranch de gibier de Nazinga, où les feux sont utilisés pour dégager la vue et permettre aux touristes d’observer les animaux et aux chasseurs de tirer les plus beaux trophées (Yaméogo, 2005).

Typologie des feux 

La définition des différents types de feu varie en fonction des auteurs et des milieux dans lesquels ils interviennent (N’Dri, 2011), mais aussi des intérêts et des objectifs des utilisateurs (Dolidon, 2005). Dans nos milieux ruraux, il existe différents types ou causes de feu. Nous pouvons noter les feux de brousse, les feux d’aménagement (feu précoce, feu tardif), les feux coutumiers et les feux de débroussaillement. Les feux de brousses ou «feux incontrôlés» sont mis dans les savanes par les agriculteurs pour l’extension de leurs superficies culturales, les chasseurs pour traquer la faune sauvage ou les pasteurs pour reverdir les pâturages. Les feux précoces sont des feux allumés à titre préventif, en début de saison sèche afin de prévenir les feux incontrôlés. Le feu tardif est allumé à un moment où la végétation herbacée est complètement desséchée. Au Burkina Faso, la période à partir de laquelle un feu est considéré comme tardif varie selon la zone bioclimatique (Dayamba, 2005). Par ailleurs, on distingue les feux de sol (qui brûlent la couche superficielle de l’humus), les feux de surface (qui brûlent les broussailles et la litière des forêts) et les feux de cime (qui se propagent au sommet des arbres ou des buissons) (MINENVEF et jICA, 2003).

Importance de l’étude des feux en Afrique 

Les feux dans les savanes africaines ont fait l’objet de nombreuses études. L’expérience sudafricaine, ivoirienne et burkinabè en matière de recherche sur les feux de brousse est de longue date. Les expérimentations débutées depuis 1954 dans le «Kruger National Park» (Afrique du Sud), en 1962 dans la forêt de Lamto (Côte-d’Ivoire) et en 1992 dans la forêt classée de Tiogo et de Laba (Burkina Faso), sont l’un des essais de longue durée sur les effets écologiques des feux en Afrique (Stocks et al., 1996; Sawadogo, 2009; N’Dri, 2011). Des études ont été effectuées sur l’effet de la saisonnalité du feu, sa fréquence et son intensité sur la végétation, la faune du sol et les propriétés physico-chimiques du sol (Govender et al., 2006; N’Dri, 2011; Santi, 2011; Savadogo et al., 2012 et Doamba, 2014). Pour de nombreux auteurs, le feu est un facteur écologique très important dans la dynamique de la végétation (Savadogo, 2007; Diawara, 2012; Sanou, 2013) et le maintien des savanes (N’Dri, 2011). En effet, dans les milieux savanicoles, le feu est un outil de travail pour la population (agriculteurs, éleveurs de bétail, chasseurs, apiculteurs etc.) (Yaméogo, 2005), et a aussi un aspect religieux (croyances traditionnelles) (Traoré, 2011). En outre, ils font également partie des politiques de gestion des parcs et des réserves pour maintenir l’équilibre dynamique entre les composantes savanicoles, pour assurer la production de jeunes repousses et pour supprimer les éléments ligneux des espaces verts dans les savanes (Yaméogo, 2005). En effet, il est communément admis qu’en l’absence de feu, durant plusieurs années, l’accumulation de la nécromasse inhibe la production herbacée et entraîne ainsi la transformation de la savane arbustive en savane boisée (Sawadogo, 2009). De ce fait, l’efficacité du feu pour la production de fourrage et le maintien des savanes, dépendrait des conditions climatiques, de l’état d’humidité de la végétation, de sa fréquence, de la saison du feu et du type de végétation. Néanmoins, lorsqu’ils sont annuellement répétés, ils influencent les potentiels de régénération de la végétation, en détruisant les semences contenues dans la litière (Sawadogo, 2009; Savadogo et al. 2016). De même, après le passage du feu, le sol est directement exposé à l’action du soleil, du vent et de la pluie, ce qui entraine une érosion du sol (Stoof et al. 2010). Il est important de noter que, de nombreux scientifiques, notamment les écologues, soutiennent que les écosystèmes savanicoles doivent leur aspect, leur étendue géographique et leur richesse biologique au feu (Dolidon, 2005). Le feu est donc considéré comme un élément fondamental de l’écosystème et l’action de l’ homme étant considérée comme une simple amplification (Dolidon, 2005).

Législation et pratique des feux de brousse au Burkina Faso

Les règlements forestiers rédigés au début de la colonisation des pays africains n’ont été qu’une transposition des idées qui prévalaient pour les forêts européennes, notamment en matière de protection (Yaméogo, 2005). L’interdiction stricte du feu, justifiée par le souci de protection de la forêt dense, a été élargie par ignorance de l’écologie des forêts claires et des savanes, à toutes les formations boisées. Mais, au moment de l’accession de nombreux pays africains à l’indépendance, les lois nouvellement élaborées, reconnaissaient dans leur majorité l’intérêt des feux précoces organisés (Gibson, 1999). D’une manière générale, la politique du gouvernement du Burkina Faso en matière de gestion des feux depuis la période coloniale jusqu’à nos jours est basée sur la protection de l’environnement, dont l’évolution peut être répartie en quatre périodes (Yaméogo, 2005) .

Période coloniale
Pour les colons, les feux de brousse et les défrichements des indigènes constituaient une calamité à laquelle il fallait faire face, en disposant d’espaces légalement protégés contre les destructions de toutes sortes. Ainsi, des arrêtés territoriaux de classement ont été établis par l’administrateur colonial pour désigner les «forêts classées» des «forêts protégées» (Aubreville, 1949). Les premiers textes coloniaux (décrets du 20 juillet 1900 et du 18 Juin 1912), portant règlement de l’exploitation forestière, ont interdit les feux de brousse dans tous les territoires de l’Afrique Occidentale Française (A.O.F), sauf dans les domaines protégés, lorsqu’ils visaient le renouvellement des pâturages et le débroussaillement des terrains de culture. Cependant, en décembre 1951, lors de la conférence forestière interafricaine sur la dégradation des forêts africaines, le principe des feux précoces a été adopté à titre préventif dans les domaines forestiers classés et protégés seulement dans les zones guinéennes et soudaniennes.

Depuis l’indépendance de 1960 à 1983
Les textes législatifs et règlementaires promulgués dans l’ex-A.o.F sont restés en vigueur, après l’indépendance. Toutefois, l’administration post-coloniale a pris en compte progressivement les préoccupations des groupes soda-professionnels (cas des éleveurs) et les disparités socioécologiques (zones sèche et humide) du pays (Kambou et Poussi, 1997). Mais les sécheresses des années 1973, ont conduit les autorités à interdire de nouveau les feux de brousse par la loi n°79/PRESIET du 22 novembre 1979 sur toute l’étendue du territoire national.

Sous le régime révolutionnaire de 1983 à 1990
Pendant cette période, la lutte contre les feux de brousse a été marquée par une volonté politique d’utiliser tous les moyens pour préserver l’environnement. Les décisions politiques prises, ont instauré à travers tout le pays «les trois luttes» à savoir: la lutte contre les feux de brousse, la divagation des animaux et la coupe abusive du bois. Une loi (ordonnance n085-47/CNRIPRES du 29 août 1985) a été prise pour une interdiction absolue des feux. Elle considérait à nouveau les feux de brousse comme un crime à punir comme tel et les sanctions collectives étaient courantes: travaux forcés d’intérêt commun, amendes pécuniaires et suppression de marchés locaux.

Nouvelle approche des feux depuis 1991
Pendant cette période, et lors des différentes concertations, l’administration et les participants ayant reconnu les limites de la méthode répressive et de l’interdiction absolue, avaient proposé le principe des feux précoces. Ainsi, des études sur la problématique des feux ont été engagées à partir de 1992 avec l’appui de la Banque Mondiale pour faire le bilan des expériences aussi bien dans le pays que dans la région Ouest africaine en vue d’une nouvelle approche du phénomène (Kambou et Poussi, 1997; Yaméogo, 1999). C’est en 1997, avec la loi n0006/97/ADP du 31 janvier 1997 portant code forestier au Burkina Faso, que le principe des feux précoces a été retenu comme une alternative raisonnable, en recommandant la voie d’une approche décentralisée dans un cadre global de gestion du territoire. Actuellement, malgré l’absence de consensuS sur son usage, les feux de brousse ne sont plus considérés comme un crime et la pratique des feux précoces est à l’ordre du jour dans tout le pays (Sawadogo et al., 2005). Il est important de noter que, les changements permanents (alternance d’interdictions absolues et d’assouplissement des mesures) constatés dans les législations depuis la période coloniale jusqu’à nos jours traduisent toute la complexité de l’attitude à adopter face aux phénomènes des feux de brousse (Traoré, 2011).

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Table des matières

INTRODUCTION GÉNÉRALE
1. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE SUR LES CONCEPTS FONDAMENTAUX DE L’ETUDE
1.1. Concepts d’écosystèmes
1.1.1. Notion d’écosystèmes
1.1.2. Notion d’écosystèmes savanicoles
1.1.3. Notion de services écosystémiques
1.2. Concepts des feux de brousse
1.2.1. Historique et usage des feux de brousse
1.2.2. Typologie des feux
1.2.3. Importance de rétude des feux en Afrique
1.2.4. Législation et pratique des feux de brousse au Burkina Faso
1.3. Impacts des feux de brousse sur l’écosystème
1.3.1. Impacts des feux sur la végétation
1.3.2. Impacts des feux sur la faune du sol
1.3.3. Impacts des feux sur les propriétés physico-chimiques du sol
II. MATERIEL ET METHODES
11.1. Présentation des sites d’étude
II.l.l Situation géographique des sites d’étude
11.1.2. Milieu physique
II.1.2.1. Climat
II.1.2.2. Géologie, sol et géomorphologie
II.1.2.3. Hydrographie et régime des eaux
11.1.2.4. Végétation
11.1.2.5. Faune
II.1.3. Milieu sodo-économique
II.1.3.1. Populations riveraines
11.1.3.2. Prindpa1es activités
II.2. Collecte des données sodo-économiques
II.2.1. Choix des villages enquêtés
II.2.2. Sélection des catégories de répondants
II.2.3. Enquête préliminaire
II.2.4. Enquête proprement dite
II.3. Collecte des données pédologiques en relation avec les feux de brousse
II.3.1. Description des dispositifs expérimentaux
II.3.2. Collecte d’échantillons de sol
II.3.3. Détermination des paramètres chimiques et les activités microbiennes du sol
II.4. Traitement et analyse statistique des données
III. RESULTATS ET DISCUSSION
111.1. Résultats
m.1.1. Caractéristiques sodo-économiques et démographiques des répondants
m.1.2. Perception des facteurs déterminant l’application du feu dans les paysages ruraux
111.1.3. Solutions d’aménagement des formations naturelles et de gestion des feux
m.1.4. Connaissances locales sur les espèces ligneuses et herbacées «pyro-tolérantes»
m.1.5. Effets de la quantité du combustible sur les propriétés chimiques du sol
m.1.6. Evolution temporelle des propriétés chimiques du sol en savane soudanienne soumis au passage régulier du feu
m.1.7. Effets du feu précoce sur la respiration microbienne du sol
111.2. Discussion
III. 2.1. Perception des feux de brousse par les populations locales
111.2.1.1. Perception de l’usage des feux en lien avec les facteurs sodo-économiques
111.2.1.2. Solutions envisagées par les populations riveraines pour la gestion des feux de brousse
111.2.1.3. Perception des espèces pyro-tolérantes, morphologie et conditions d’adaptation
III. 2.1.4. Conclusion partielle
III.2.2. Effets des feux de brousse sur les paramètres chimiques et microbiologiques du sol
III.2.2.1. Effets du feu précoce sur les propriétés chimiques du sol
III.2.2.2. Effets du feu et évolution temporelle de la respiration microbienne du sol
III.2.2.3. Conclusion partielle
CONCLUSION GENERALE ET RECOMMANDATIONS
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES

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Comments (1)

  1. Salut. Je suis étudiant en Master biodiversité végétale tropicale. Je souhaite avoir le pdf du présent document pour exploitation. Mon thème de recherche aborde les feux de brousse et émission des gaz à effet de serre. Cordialement.