Historique croisé du statut des femmes en France et dans l’espace public

 Le combat des femmes avant les années 1960

Le 18ème siècle et la révolution de 1789 

Au 18ème siècle, la société occidentale est avant tout chrétienne, et le mythe de la femme créée à partir de l’homme, donc qui lui doit tout, perdure. Les femmes sont victimes de nombreux préjugés : elles sont intellectuellement et physiologiquement inférieures, tentatrices et à l’origine de nombreux malheurs. La femme est mère et ménagère, elle doit se tenir à l’écart de la société civile. Elle est cantonnée à la sphère privée et n’est pas considérée comme un individu au même titre que les hommes.

En 1789, l’esprit revendicatif de la révolution va inciter les femmes à lutter pour leurs droits, et le mouvement féministe fait son apparition. Certains partisans de l’égalité politique sont acquis à leur cause, comme le marquis de Condorcet qui dénonce le manque d’instruction des femmes, origine de leur inégalité apparente avec les hommes. L’accès à l’instruction va alors devenir le plus grand combat des féministes. L’humaniste Marie Olympe de Gouges rédige en 1791, la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. Pendant la révolution, certaines femmes ont œuvré avec les hommes, mais leur virulence a parfois effrayé ces derniers qui finissent en 1793 par les rejeter des débats politiques. De plus, le suffrage quasiment universel accordé par la Constitution de 1791, exclut totalement les femmes. La révolution, qui a nourri de nombreux espoirs chez les femmes, est alors une déception pour ces dernières. Cependant, le bilan de la révolution n’est pas uniquement négatif, car même si elles ne se sont pas émancipées politiquement, les femmes ont bénéficié d’une émancipation civile. En effet, la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen leur reconnait un statut civil et abolit les droits de la masculinité. La Révolution aura raison des tutelles paternelles et maritales, ce qui délivrera ainsi les jeunes filles et les épouses des décisions masculines. Les femmes ont donc été, pendant et un peu après la Révolution, présentes dans la rue et dans les révoltes. Mais on verra qu’au 19ème siècle elles en seront peu à peu exclues . La Révolution ayant accordé aux hommes de nombreux droits, particulièrement politiques, le cantonnement des femmes à la sphère domestique va s’accentuer.

Le 19ème siècle marqué par le repli des femmes sur le logement

Le 19ème siècle n’a pas été marqué par de grandes avancées dans la libération des femmes. Le code civil établi par Napoléon en 1804 au début du premier Empire, n’accorde plus aucun droit civil ou politique aux femmes. En 1814, la Restauration va rétablir les droits civils que les femmes avaient acquis à la Révolution, mais la principale question politique à l’époque est le suffrage universel, question qui ne concerne alors pas les femmes. Le suffrage universel masculin sera mis en place au début de la seconde République, en 1848, et marquera le début du suffragisme : la lutte pour le suffrage des femmes. Mais la question très débattue du suffrage universel masculin, menacé d’être supprimé et définitivement établi qu’en 1875 sous la troisième République, sera au cœur des préoccupations et repoussera celle du suffrage féminin.

Au cours du 19ème siècle, même si certains hommes soutiennent la cause féministe comme Léon Richer, nombreux sont ceux qui la critiquent, voire la dénigrent. Les femmes sont toujours considérées comme inférieures à l’homme et leur place est à la maison. De plus, la majorité des socialistes qui combat pour la condition ouvrière pendant la révolution industrielle, rejette le féminisme. Une de leur appréhension est l’apparition des femmes en tant qu’ouvrières, car elles constitueraient une main d’œuvre bon marché et seraient alors une menace.

En ce qui concerne la fréquentation de l’espace public, le repli des femmes sur le logement s’est accentué au cours du 19ème siècle, avec l’idéologie bourgeoise. Auparavant elles pratiquaient l’espace public car elles « allaient au lavoir, étaient marchandes de rue, vendeuses dans les grands magasins », mais n’y étaient pas visibles, car le travail domestique n’était même pas reconnu comme un travail. Le cantonnement des femmes à la sphère privée s’est fait parallèlement à l’«émergence des concepts de logement et de famille » à l’origine de la notion de quartier, commencée au 18ème siècle, en Europe. Les habitudes des femmes dans l’espace public au 19ème siècle étaient alors bien différentes de celles d’aujourd’hui. Considérées comme sans défense face aux attaques extérieures, elles devaient être accompagnées dans leurs usages de l’espace public, ouvert à tous donc dangereux. Si elles ne l’étaient pas, elles devaient marcher sans s’arrêter et passer le plus inaperçues possible. Leur fréquentation de l’espace public était alors très restreinte, et elles ne sortaient que pour rendre visite à la famille ou à des amies.

L’arrivée des grands magasins au cours de ce siècle, amorce cependant un tournant puisque l’approvisionnement devient un motif de sortie des femmes, qui font directement leurs courses chez les fournisseurs et dans les magasins.

Le début du 20ème siècle : l’amorce d’un tournant

A partir de la fin du 19ème siècle, les féministes gagnent leurs premiers combats et permettent aux femmes de bénéficier notamment d’un droit à l’instruction. En 1880, c’était la loi Sée qui créait les premiers lycées pour filles publics. Camille Sée, député de gauche, déclarait alors « les filles sont aussi aptes que les garçons à recevoir l’éducation secondaire » . Les programmes sont cependant différents de ceux des garçons et il faudra attendre 1925 pour qu’ils soient harmonisés.

Au début du 20ème siècle, les luttes féministes se poursuivent et en 1901, le Conseil National des Femmes Françaises (CNFF) est crée, il est la branche française du Conseil International de la Femme existant depuis 1888. La première moitié du 20ème siècle sera marquée par l’accès des femmes à des professions qui leur était auparavant interdites. En 1900, Jeanne Chauvin est la première française à accéder au barreau, bien que le diplôme ait été ouvert aux femmes huit ans auparavant. Au cours de ces années de nombreuses autres « premières femmes », vont marquer l’évolution du statut des femmes dans la société française : la première femme à obtenir le diplôme d’architecture des beaux arts de Paris en 1902, Marie Curie et son prix Nobel de physique en 1903, la première femme à entrer à l’école normale supérieure (section sciences) en 1906, la première femme chauffeur de taxi en 1908…etc. Les femmes acquièrent donc de plus en plus de droits, mais un combat reste inachevé : celui du droit de vote des femmes. Au cours de la première guerre mondiale, les femmes vont montrer leur capacité à travailler et s’avérer indispensables au bon fonctionnement de l’économie française. Elles remplacent les hommes partis à la guerre dans leurs anciennes tâches et travaillent dans les usines d’armement. En 1919, l’Etat se sent redevable et la Chambre des députés propose d’accorder le droit de vote aux femmes mais le Sénat s’y oppose, les femmes n’étant pas assez éduquées et trop facilement manipulables. Pendant les années 1920 et 1930, les mouvements suffragistes vont se multiplier. Deux mouvements féministes majeurs font leur apparition dans les années 1930 : l’Union des Femmes Françaises (UFF) et le Mouvement Populaire des Familles (MPF). Il faudra toutefois attendre 1944 pour que les femmes obtiennent le suffrage universel, notamment grâce à leur rôle décisif dans la Résistance.

Pendant cette période, une autre grande revendication des féministes aura vu le jour, celle pour le droit à la contraception et à l’avortement. En 1920, une loi interdisant l’avortement et punissant la contraception ou toute communication autour de la contraception avait été promulguée et avait incarné le point de départ de cette nouvelle lutte. Cette loi avait pris naissance afin de favoriser les naissances après la guerre de 1914-1918.

Par le droit de vote, les femmes acquièrent enfin, en 1944, la reconnaissance pour laquelle elles se battaient, mais le combat n’est pas terminé car la femme est toujours loin d’être l’égale de l’homme.

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Table des matières

Introduction
Notions utiles
Partie 1 : Historique croisé du statut des femmes en France et dans l’espace public
1. Le combat des femmes avant les années 1960
2. Des années 1960 à nos jours : la concrétisation de nombreuses victoires
3. Les femmes dans les villes d’aujourd’hui : des usages spécifiques
Partie 2 : Une recherche en deux temps
Rappel de l’objet de recherche
1. Analyse comparative quantitative de travaux de conception
2. Analyse qualitative complémentaire par entretiens
Partie 3 : Résultats et interprétation
1. Critères non discriminants
2. Critères légèrement discriminants
3. Critères discriminants
Conclusion
Bibliographie
Table des figures
Table des tableaux et illustrations

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