Hegel ou la figure d’honneur de l’idealisme allemand

HEGEL OU LA FIGURE D’HONNEUR DE L’IDEALISME ALLEMAND

Il faut, d’entrée de jeu noter que l’objectif, dans cette première partie de notre travail, ne consiste pas en un diagnostic de la philosophie de Hegel dans ses tenants et ses aboutissants, c’est pourquoi, il faut évidemment dire que notre étude de la pensée de Hegel ne sera pas exhaustive. En effet, l’oeuvre de Hegel, comme celle de la plus part des penseurs, couvre un étendue immense et il nous aurait été d’avance impossible d’explorer ce territoire en entier, encore moins d’en produire vue synoptique et ce d’autan plus que notre thème ne porte pas sur la pensée de Hegel. Pour ces raisons ainsi évoquées, nous entendons nous intéressé qu’à l’aspect purement idéaliste de la pensée de Hegel, c’est -à -dire à l’idéalisme absolu  afin de montrer à travers son œuvre le caractère et les particularités voire la spécificité de la philosophie idéaliste de façon générale et plus particulièrement de son visage au 19e siècle. Même s’il faut s’empresser de noter que l’idéalisme en tant que courant philosophique n’est pas homogène, car si Hegel se réclame de ce courant, il semble avoir consacrer une rupture avec la conception qu’en avaient ses prédécesseurs tels que Kant , Fichte, et Schelling pour ne citer que ceux là.

C’est en somme dire que même si Hegel s’inscrit dans une logique de continuité par rapport à ses devanciers, c’est en s’élevant au dessus d’eux qu’il est parvenu à les dépasser manifestant du même coup toute son originalité en tant que « point culminant de la philosophie spéculative et systématique » . Rappelons que Hegel est un penseur du 19e siècle dont l’œuvre a profondément marquée toute l’histoire de la philosophie contemporaine. Il est aussi ce qu’on appelle un penseur systématique , raison pour laquelle, il est très difficile voire même impossible de comprendre une quelconque dimension de sa pensée, sans l’a référer au reste de son œuvre. Cependant, malgré cette difficulté, nous essayerons tout de même, de mettre l’accent sur ce qui nous intéresse particulièrement ici, à savoir le caractère purement idéaliste de sa pensée en tant que Hegel symbolise l’apogée de la philosophie idéaliste pour ne pas dire le sommet de la spéculation en philosophie au 19e siècle, car il aura le plus austhencillement marqué l’idéalisme philosophique. C’est en outre ce qui explique le fait que nous nous sommes intéressé qu’aux ouvrages de Hegel où la présence de notre thème nous semblait particulièrement manifeste.

Vue générale sur l’idéalisme hégélien

Remarquons que Hegel, part du postulat selon lequel, c’est la raison qui gouverne le monde autrement dit, la raison constitue pour lui le fondement dernier et la justification de toute chose. Que la raison détermine l’histoire cela signifie sans conteste qu’elle est la vérité de tout ce qui existe autrement dit, le fondement de la réalité n’est pas dans les choses réelles elles-mêmes mais dans la raison. Par cette approche, Hegel se démarque de Kant dont il dépasse le formalisme en pensant sous le mode de la conciliation tout ce que Kant avait jusqu’ici pensé sous le mode de la séparation en opposant par exemple phénomène et noumène. C’est ainsi que selon Hegel, la raison ne s’oppose pas au monde mais c’est elle qui est en œuvre dans le monde, c’est donc la raison qui se manifeste et ce même sous la forme de ce qui semble en être différent. Soit, entre la raison et le monde il n’y a pas un rapport de négation mais plutôt un rapport de manifestation, car le monde sensible n’est qu’une manière dont le monde intelligible se révèle à une étape bien déterminé de l’évolution de l’esprit. C’est sans doute ce qui fait dire à Hegel que « ce qui existe n’est vrai en tant qu’idée, car seule l’idée a une existence véritablement réelle ».  Ainsi, il apparaît le monde sensible n’est qu’un pur reflet de la raison qui, à travers l’idée d’aliénation  et de ruse  se manifeste dans le monde sensible. En somme, c’est la raison dans son devenir à travers le mouvement dialectique qui l’a fait passé de l’inférieur au supérieur, qui constitue la vérité de tout ce qui existe, le moteur de toute l’histoire. En effet, en faisant nôtre l’affirmation de Hegel, « on peut dire de l’histoire universelle qu’elle est la représentation de l’esprit dans son effort pour acquérir le savoir de ce qu’il est ; et comme le germe porte en soi la nature entière de l’arbre, le goût, la forme des fruits, de même les premières traces de l’esprit contiennent déjà aussi virtuellement toute l’histoire » .

La dialectique rappelons le postule que tout est mouvement, mouvement qui cependant n’est pas impulsé de l’extérieur, mais qui résulte du choc des contraires qu’il y’a dans chaque chose. Hegel assigne ainsi au mouvement un statut ontologique et du même coup, la contradiction qui pour la logique ancienne, était signe d’erreur se voit affecter un nouveau coéffecient en devenant pour Hegel le moteur même de la pensée, moteur qui l’a fait progresser jusqu’à lavénement de l’Idée Absolue. En cela Hegel est au antipode d’Aristote et de Leibniz . Cependant, le mouvement que décrit la dialectique et qui résulte du choc des contraires qu’il y’a dans chaque chose, de la puissance de négation qui pousse chaque chose à se déchirer et à sortir de soi même ne vaut pas pour lui, mais il est une étape vers la réconciliation, il appelle la réconciliation. En somme, la dialectique décrit la marche de la pensée procédant par contradictions surmontées en allant de l’affirmation à la négation et de la négation à la négation de la négation, c’est en effet ce que résument les termes de thèse, d’antithèse et de synthèse.

Il apparaît ainsi, que le devenir de la raison s’opère par dépassements successifs des contradictions car, « dépasser, ici, c’est nier mais en conservant, sans anéantir». Par exemple, la fleur nie le bouton mais en même temps la conserve puisqu’elle en est le prolongement. De même le fruit nie la fleur tout en la conservant. Chaque terme nié est intégré de sorte qu’il y ait là une suite continue à l’image des maillons d’une même chaîne. Les termes opposés ne sont pas isolés mais sont en échange permanent l’un avec l’autre la contradiction joue donc un rôle essentiel. Toute réalité est un jeu de contradiction : mort et vie, être et néant, etc. Le négatif est donc créateur pour Hegel car, tout se développe, selon lui, dans l’unité des contraires, et ce mouvement est la vie du tout.

Il convient donc de noter, que si pour Hegel, la raison constitue le moteur de l’histoire, le fondement premier de toute les choses, cette raison n’en est pas pour autant quelque chose qui est d’emblée donnée. Et telle que conçue par Hegel elle est l’aboutissement étape après étape d’un long, lent et dramatique processus qu’il décrit dans la Phénoménologie de l’Esprit, et dont chacune de ces étapes correspond dans la réalité à une époque bien déterminée de l’histoire de l’humanité. Quel est alors ce processus de développement de l’esprit que Hegel décrit dans la Phénoménologie de l’Esprit ? Rappelons en bref que la phénoménologie décrit l’odyssée de la raison de sa forme de manifestions la plus imparfaite à celle la plus parfaite, elle « retrace cette ascèse de la conscience pour parvenir au vrai savoir philosophique, ascèse qui est toute la Phénoménologie » En cela, elle se définit comme le mouvement de la pensée qui à travers son déploiement, découvre ses propres limites, ses propres contradictions, les surmonte progressivement en s’acheminant vers une vérité qui s’avère totale, définitive. C’est donc ce mouvement de la pensée en marche vers la vérité en surmontant étape après étape ses propres limites que Hegel décrit, sur une toile de fond de cette idée d’éducation et de formation qui dominait nettement la pensée du 18e siècle. En effet, au début de son développement nous avons une sorte de pur esprit, existant avant le monde et les esprits humains: c’est le stade de l’ensoi de l’Esprit, où il est substance reposant en elle-même. Mais en tant que tel l’Esprit est à ce stade de son développement, n’a pas conscience de luimême. Ainsi, pour conscient de lui même il lui faut créer la matière c’est dire le monde, la nature, et les hommes et leur histoire pour se manifester à lui-même par des extériorisations successives en des figures sensibles de plus en plus adéquates à la représentation de son être spirituel. Ce stade est celui du pour-soi de l’Esprit, où il devient sujet. Mais ses figurations sensibles, en tant qu’elles sont sensibles, matérielles, représentent toujours une limitation pour la nature essentiellement spirituelle de l’Esprit il y a donc un risque de perte de soi que l’Esprit doit constamment surmonter, figures après figures, pour opérer un retour à soi comme Savoir Absolu, c’est-à-dire à la connaissance parfaite de soi-même. C’est là, le dernier stade de l’Esprit, où il se saisit dans toutes ses déterminations, comme en-soi et pour-soi.

-Soit « L’esprit, pour se réaliser, pour être l’esprit et se manifester, se divise, s’oppose à lui-même, non pas seulement sous la forme d’un horizon vide, mais pose en face de lui quelque chose, l’étant, la détermination opaque dont il a besoin pour réfléchir sa lumière, de telle manière que, dans cette réflexion, il revient à lui-même, émerge dans l’effectivité, dans l’infinité de l’être pour soi ».  Autrement dit, au début de son développement l’Esprit qu’on peut encore appeler ici conscience immédiate ou sensible perçoit l’existence d’un objet extérieur qu’il contemple et à mesure de le contempler il se perçoit du même coup comme sujet entrain d’appréhender un objet extérieur. A ce moment précis de son développement la conscience cesse de se projeter sur l’objet extérieur et par introspection elle s’appréhender soi même comme sujet pensant, c’est-à-dire, comme conscience séparée. A ce stade précis on peut voir combien Hegel se rapproche de Descartes  . Mais c’est deux premières étapes comportent une ressemblance car le sujet se conçoit dans sa différence avec l’objet qu’il pose comme son opposé et c’est au stade ultime de son développement qu’elle parviendra à la conscience de soi, quand l’opposition sujet objet est surmontée, quand la conscience comprend que cette opposition n’était que temporaire et récupère ce qui apparaissait comme son autre en découvrant qu’elle est liée à l’objet par son essence.

− Soit, la conscience vise une vérité qu’elle désigne comme quelque chose d’absolument singulier qui apparaît immédiatement dans le cadre de l’ici et du maintenant. Ainsi, en croyant saisir la vérité de l’ici et du maintenant dans la richesse de son contenu, la conscience se rend compte qu’elle ne tient qu’une relation spatio temporelle qui reste indifférente à toute détermination qualitative.

Par conséquent, l’ici et le maintenant demeurent identiques à eux-, mêmes, que l’on change d’espace ou de temps c’est d’ailleurs, ce que résume l’expérience du négatif qui, à chaque fois, fait passer la conscience à un degré de savoir supérieur. Ce progrès de la conscience continue à travers l’histoire de l’humanité et s’achève avec l’avènement de l’Esprit Absolu qui correspond avec la coïncidence du concept avec lui-même. L’Esprit se manifeste donc dans l’histoire, il s’y manifeste nécessairement tant qu’il n’a pas saisi son concept pur, et lorsqu’il saisi son concept il élimine le temps c’est-à-dire qu’il se passe de l’histoire car « le temps est le pur soi extérieur le concept seulement est intuitionné ». C’est donc dire que quand le concept se saisi lui-même, il supprime la forme du temps. Il apparaît ainsi, que l’histoire se manifeste comme le destin de l’Esprit qui n’est pas encore achevé au dedans de soi même, l’histoire n’est donc qu’une école de l’Esprit c’est-à-dire qu’une pédagogie de celui-ci. Dans cette optique les actions et la conscience des êtres humains particuliers ne sont conçus par Hegel que comme participant de cet Esprit qui les transcende, et les utilise en s’y aliénant afin prendre conscience de luimême. Ainsi chaque peuple, chaque civilisation ont dans une certaine mesure pour mission de réaliser une étape de ce progrès de l’esprit.

La raison gouverne donc le monde et elle se réalise dans l’histoire à travers le spectacle d’incohérence et de chaos que celle ci présente. Derrière cette histoire apparente vit l’histoire vraie, c’est-à-dire l’histoire du point de vu de sa signification qui est la manifestation de l’Esprit Universel. A la lueur de ces considérations, nous pouvons voir que Hegel introduit dans l’histoire, l’idée de progrès, la philosophie hegeliénne se présente à cet effet comme une recollection de tout le passé historique et culturel de l’humanité. Le passé retrace ainsi le cheminement de la raison en tant que cette raison constitue, le moteur même de l’histoire, bref la raison gouverne le monde et se réalise dans l’histoire. C’est pourquoi, aussi surprenant que cela puisse paraître la révolution française fut saluée et chantée par Hegel. En effet, au de là de sa dimension tragique apparente, Hegel voyait en cette révolution française un accomplissement de l’Esprit, car disait il : « depuis que le soleil se lève au firmament et que les astres gravitent autour de lui, on avait jamais vu l’homme se dresser sur la tête, c’est-à-dire, partir de ses idées pour modeler la réalité d’après elle » . C’est donc autours de l’idée de la raison que la révolution française s’est produite car, c’est avec les yeux fixés sur l’Idée que les hommes ont opérés la révolution française. En somme selon Hegel, à travers le jeu des intérêts et des passions, ce qui se réalise dans l’histoire, c’est l’Idée, l’Esprit c’est à dire une rationalité profonde. La Raison gouverne le monde, et L’histoire ne peut être comprise que par la pensée.

Ainsi, voyons-nous, que selon Hegel la pensée humaine a son fondement en elle-même et mieux que c’est la raison qui en dernière instance détermine la réalité car « tout qui est réel est rationnel, tout ce qui est rationnel est réel ». Autrement dit, c’est la raison qui est le principe explicatif de toute la réalité, réalité dont l’existence est également justifiée par la raison. C’est en somme dire que la réalité relève du domaine de la nécessité, nécessité qui trouve son fondement dans la nature téléologique de la raison humaine. Si en somme, pour Hegel, l’histoire des hommes est l’avènement progressif de l’Esprit Absolu qui ne se sait clairement qu’à la fin du savoir absolu, c’est tout aussi dire que la connaissance vraie de l’histoire ne commence qu’avec sa fin que marque la coïncidence du concept avec luimême l’histoire universelle n’est rien d’autre que la manifestation de la raison qui se développe et se réalise par étapes successives pour parvenir. Nous pouvons comprendre à travers cette description de Hegel des différentes étapes par lesquelles passe l’Esprit pour advenir le souci de concilier la spéculation et la réalité c’est-à-dire, comprendre la vie contemporaine dans ses contradictions comme produit d’un passé dramatique. Ce qui est, apparaît ainsi comme le résultat de ce qui a été car, le voyage de l’Esprit comme dira Jean Hyppolite est de retour tel qu’il est déjà quand il part autrement dit «dans l’activité téléologique (de l’Esprit) la fin constitue le commencement, que la conséquence est la prémisse, et l’effet la cause ; qu’elle est un devenir de ce qui est devenu, qu’elle n’appelle à l’existence que ce qui existe déjà » .

Hegel l’affirme d’ailleurs dans une métaphore arborissante de la préface de la Phénoménologie de l’Esprit, notamment quand il dit que l’Esprit est comme un arbre, qui réside d’abord tout entier « abstraitement » dans la graine mais qui ne peut être compris pleinement et concrètement comme arbre qu’au terme de son développement. Ainsi, il apparaît au regard de tout ce que nous venons de dire que « c’est alors seulement que ce qui est devient réel et vrai (…), un objet extérieur, un événement, un état n’étant par leur réalité que la réalisation du concept lui-même » . Là est donc clairement exposé tout le problème de la nature téléologique de l’Esprit revendiquée par Hegel. Le résultat n’est pas étranger au devenir, mais il est déjà dans le devenir en tant que contradiction et en tant que pratique. Ainsi, voyons-nous qu’avec Hegel, la prééminence de la raison sur tout le champ de la réalité semble aller de soi, à tel point qu’on ne peut comprendre une quelconque dimension de la réalité qu’en la référant à l’idée dont il est le reflet (attitude qui d’ailleurs, illustre parfaitement l’apogée même de la philosophie idéaliste dont Hegel a représenté le sommet au 19e siècle).

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Table des matières

Introduction générale
I / PREMIERE PARTIE : HEGEL OU LA FIGURE D’HONNEUR DE L’IDEALISME ALLEMAND
I 1 / Vue générale sur l’idéalisme hégélien
I 2 / La place du christianisme dans la pensée de Hegel
I 2 / L’héritage de Hegel
II /DEUXIEME PARTIE : FEUERBACH CRITIQUE DE HEGEL
II1 / Critique Feuerbachienne de la spéculation
II2/ La critique Feuerbachienne de la religion
II3/ La négation de Dieu comme affirmation de l’Homme
III/ TROISIEME PARTIE : LA CRITIQUE DE LA CRITIQUE
III1/ L’influence de Feuerbach
III2/ Les insuffisances du matérialisme de Feuerbach
III3/Le dépassement du matérialisme de Feuerbach
Conclusion général

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