Hamlet ou « l’intrus » dans le royaume de Danemark

Le bien ultime d’Hamlet

Selon Aristote, c’est dans l’exercice des vertus qu’un individu peut atteindre ce qu’il considère comme un bien ultime, ou ce qu’il nomme plus précisément, bien souverain. Et ce bien souverain peut être différent pour chacun : « Pour les uns, c’est la vérité qui est le souverain bien ; pour d’autres la pensée pure ; pour d’autres encore une certaine sorte de sagesse», etc. Dans le cas d’Hamlet, ce bien souverain ou bien ultime, c’est la réflexion philosophique.
Dans un monde où la plupart des gens adhèrent à des vertus héroïques et parlent le langage de l’honneur et de la vengeance, Hamlet, l’étudiant de Wittenberg, a choisi une vie de réflexion philosophique, pas tant comme une option parmi d’autres plus ou moins valides que parce qu’il associe la réflexion avec la vertu et la bonne vie. C’est ce bien qui se trouve à la base de son identité.
Tout au long de la pièce, Hamlet joue le rôle de philosophe, et ce, dans toute situation. C’est particulièrement évident après que son père lui eut demandé de le venger, mais que ce soit à propos du comportement des gens de son entourage, de sa société, ou sur des sujets tels que l’amour, l’amitié, la mort, Hamlet réfléchit, formule des hypothèses, des questionnements ; il philosophe constamment, ce qui le place dans une situation unique dans le royaume du Danemark.

Hamlet ou « l’intrus » dans le royaume de Danemark

Dès la première apparition d’Hamlet dans la pièce, un malaise, ou du moins, une tension causée par le remariage de sa mère avec son oncle est présente. Hamlet est représenté comme un être différent qui, contrairement au nouveau roi et à la reine, n’est pas si prompt à penser aux obligations que demande la succession au trône. Qu’Hamlet soit dépeint par le roi comme montrant « un entêtement impie », « un chagrin peu viril », « un cœur sans force, un esprit impatient, une intelligence ignorante et inéduquée», constitue seulement les premières manifestations d’une incapacité, de la part de son entourage, à reconnaître l’identité d’Hamlet. Par le comportement du prince au cours de cette scène, on remarque qu’il se distingue indubitablement des autres personnages auxquels il est confronté. Le mot « confronté » prend tout son sens ici, car il s’agit bel et bien d’une confrontation qui a lieu entre le roi et Hamlet, confrontation de valeurs qui fait du jeune homme un être qui réagit avec emphase dans des situations que d’autres trouvent tout à fait normales. La révolte d’Hamlet au sujet du mariage de sa mère avec son oncle est moins causée par une rébellion contre le fonctionnement politique du royaume du Danemark que par l’atteinte que cette union porte à ses valeurs.

Hamlet, l’homme d’Athènes

Les lois de la chevalerie sont toujours appliquées au royaume du Danemark et elles sont toujours perçues de façon positive. D’ailleurs, Laërte est un personnage qu’on ne cesse d’encenser tout au long de la pièce et, souvent, c’est Hamlet lui-même qui le fait. Laërte est décrit par Hamlet ainsi : «a soul of great article, and his infusion of such dearth and rareness as, to make true diction of him, his semblable is his mirror ».
Hamlet réagit sensiblement de la même façon quand arrive l’armée de Fortinbras, devant laquelle il semble être en admiration : « Witness this army of such mass and charge / Led by a delicate and tender prince, / Whose spirit, with divine ambition puff’d, / Makes mouths at the invisible event, / Exposing what is mortal, and unsure, / To all that fortune, death, and danger dare, / Even for an eggshell» Hamlet se montre donc positif envers cette culture dans laquelle il a grandi, mais dans laquelle il ne se reconnaît pas et dont il ne peut suivre les lois. Le comportement héroïque n’est pas seulement perçu de façon avantageuse, mais constitue également un mode de vie dans cette société. Le même constat s’applique devant l’attitude rusée du roi.

Coriolan : un personnage héroïque

Nous avons vu que, dans la pièce Hamlet, le spectre demande à son fils de le venger et ainsi de tenir le rôle du héros, rôle qu’Hamlet ne peut évidemment pas incarner. Pourtant, si cette demande avait été faite à l’endroit d’un personnage tel que Coriolan, nul doute qu’il serait immédiatement passé à l’action. En fait, le spectre n’aurait probablement pas eu le temps de formuler sa demande que Coriolan serait parti régler son compte au roi. Assouvir une vengeance n’est pas pour lui une question de choix ; c’est une obligation qui ne demande aucune réflexion ; cela fait partie du rôle qui lui permettra d’atteindre ses idéaux éthiques.
Comme nous le verrons, Coriolan est un personnage de peu de mots. Contrairement à Hamlet, c’est par l’action qu’il forge son identité. La raison est simple : elle est étroitement liée à l’image que doit projeter le héros. C’est le rôle qu’il a choisi, celui qui le dirigera vers le bien qu’il considère plus que tous les autres : la vie de guerrier. Dans cette optique, « [l]a vie supérieure se signale par l’aura de renommée et de gloire qui s’y attache». En effet, Coriolan est obnubilé par la récolte d’honneurs, par la victoire et, surtout, par l’action. En ce sens, il est le parfait représentant de l’âge héroïque. Il respecte le code d’honneur de cette ère à la lettre. Il recherche les occasions qui feront de lui un héros aux yeux de tous et possède les atouts nécessaires pour accomplir des exploits, même les plus improbables.

L’identité de Coriolan

Coriolan est un personnage type de la société héroïque telle que définie par Alasdair MacIntyre, dans laquelle le héros est celui qui accomplit des actions dans le but d’apporter le plus d’honneur à sa famille. En adoptant le rôle du héros, Coriolan respecte le code d’honneur qui s’y rattache. Ainsi, il affirme son identité et la consolide par de nombreux actes héroïques. C’est grâce à ce cadre qu’il peut prendre les décisions qui le mèneront à son bien ultime et qui donneront un sens à sa vie.
Savoir qui je suis implique que je sache où je me situe. Mon identité se définit par les engagements et les identifications qui déterminent le cadre ou l’horizon à l’intérieur duquel je peux essayer de juger cas par cas ce qui est bien ou valable, ce qu’il convient de faire, ce que j’accepte ou ce à quoi je m’oppose. En d’autres mots, mon identité est l’horizon à l’intérieur duquel je peux prendre position.
En ce qui concerne Coriolan, on remarque qu’il sait comment il doit se comporter dans toute situation. Il comprend ce qu’il doit accepter et ce qu’il doit refuser parce que son cadre moral est bien défini. Si une action ne correspond pas au rôle du héros, elle ne pourra être entreprise. Par exemple, il ne pourrait accepter de trahir un membre de sa famille, ni qui que ce soit, en fait. Il ne pourrait même y penser. Or, lorsque vient le temps de se battre, il se lance immédiatement dans le feu de l’action, des moments qui indiquent que ses actions sont parfaitement cohérentes en regard de son identité, que le cadre de référence à partir duquel il agit lui permet de prendre les décisions appropriées pour le contexte auquel il est confronté : « Savoir qui on est, c’est pouvoir s’orienter dans l’espace moral à l’intérieur duquel se posent les questions sur ce qui est bien ou mal, ce qu’il vaut ou non la peine de faire, ce qui à ses yeux a du sens ou de l’importance et ce qui est futile ou secondaire. »

La reconnaissance de l’identité de Coriolan

Certes, l’identité de Coriolan est reconnue par différents personnages au cours de la pièce, ce qui n’était pas le cas pour Hamlet. Cependant, nous verrons que ce fait a un impact encore plus dévastateur chez un personnage qui, comme Coriolan, est en retard sur son temps, car ses valeurs et vertus lui viennent directement de sa culture. Elles sont donc partagées par d’autres membres de sa communauté, jusqu’à ce que s’opère un changement qui dévoile sous une lumière cruelle des nuances qui, pour le personnage en question, deviennent des menaces pour son identité. En fait, Coriolan est victime d’une réalité dont il ne peut se dérober : « Nous ne pouvons inventer notre façon de nous définir nous-mêmes. Les interprétations de soi nous sont généralement accessibles par notre culture, et sont développées en interaction avec les autres. » Coriolan est un pur produit de sa culture. Il en est même prisonnier, car il a été encouragé depuis son enfance à occuper le rôle du héros. Il a aussi besoin de son entourage pour le conforter dans son identité.

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Table des matières

INTRODUCTION
CHAPITRE I : HAMLET, LE PHILOSOPHE
CHAPITRE II : CORIOLAN, LE HÉROS
CONCLUSION
TRADUCTION EN FRANÇAIS DES PASSAGES DES PIÈCES À L’ÉTUDE 
BIBLIOGRAPHIE

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