Gouvernance des territoires et développement local

Positionnement de la recherche dans le champ scientifique

        En tant que géographe aménageur, le premier choix à faire dans une  thèse reste incontestablement philosophique. C‘est lors de l‘étude de la construction de la Connaissance communément appelée « épistémologie » où le chercheur est appelé à se situer par rapport aux courants scientifiques existants. À ce propos, G. BACHELARD note que : « dans la nouvelle pensée, l‘effort de précision ne se fait plus au moment de l‘application ; il se fait à l‘origine, au moment des principes et des concepts». Dans ce contexte, un vieux débat oppose les scientifiques entre positiviste et constructiviste. Nous n‘allons pas entrer dans les longues explications de ces deux courants philosophiques. Mais, on va dire que les positivistes ont une conception matérialiste « marxiste » de la science. Les positivistes ont soutenu une approche voulue rationnelle. Ils ont formalisé une méthode par laquelle ils produisent des énoncés vérifiables par la recherche des lois de la nature et la construction de théories pour les expliquer. Dans cet élan, E. SCHATZMAN soutient que : «le savant se préoccupe de découvrir une réalité objective, par la réflexion, par l‘observation, par l‘expérimentation et dans ce dernier cas, en mettant au point les instruments de la découverte ». Les constructivistes quant à eux, soutiennent une démarche interprétant les phénomènes et les comportements en les rapportant à leurs finalités, plutôt qu‘à leurs causes (positivistes). Leurs méthodes aboutissent à produire des énoncés vérifiables et enseignables. Le constructivisme repose sur le principe suivant: « la science est un projet de connaissance et un processus avant d‘être un résultat ; elle ne s‘entend que par les interactions sujet / objet ». Visiblement, les finalités de ces deux courants philosophiques divergent. Ce qui n‘est pas sans conséquence dans la conception de l‘approche scientifique que le chercheur va adopter par la suite. À l‘évidence, vu notre positionnement dans la nouvelle géographie humaine et sociale, et comme on ne peut échapper dans ce genre de thématique (gouvernance et développement) à construire notre connaissance en partant de notre vision de la réalité, notre posture sera explicitement constructiviste avec une approche hypothéco-déductive. Cette position est la conséquence que notre étude de géographie et d‘aménagement repose sur une approche systémique pour l‘étude de la gouvernance des territoires. Cette approche prend appui sur les interactions entre les différents acteurs d‘un territoire et sur les conceptions qu‘ils façonnent de l‘espace sur lequel ils projettent leurs projets. Cette thèse s‘inscrit dans ce courant de géographie humaine, et plus précisément dans la géographie économique et des sciences des territoires. Dans la même ligne des chercheurs à l‘image de Martin VANIER et les experts de la DIACT (B. PECQUEUR ; Laurent DAVEZIES ; ZIMMERMAN…etc.). La nouveauté qu‘apporte cette thèse est sa spécificité par rapport à la littérature existante. En effet, en faisant le tour de ce qui a été publié dans ce domaine, on s‘aperçoit que c‘est souvent des cas pris dans des pays occidentaux. Alors que cette thèse traite la problématique de la gouvernance et son lien avec le développement local dans le contexte algérien. En essayant de découvrir ce que révèle ce type de terrain.

Qu’est-ce que la construction du territoire ?

         Depuis quelques décennies, le territoire est devenu un centre d‘intérêt pour une multitude de catégories d‘acteurs. Ainsi, les scientifiques, les intervenants économiques, les hommes politiques, mais surtout….. les géographes qui considèrent le territoire comme leur base de réflexion. Il est donc nécessaire de revenir sur la définition du territoire, de ses caractéristiques et la perception qui en est faite, celle qui métamorphose l’espace en ressources latentes. À l‘origine, c‘est en éthologie que le terme a fait son apparition pour la première fois. Ainsi, A. H. ESSER (1971) définit le territoire en tant que : « étendue limitée de la surface de la Terre sur laquelle vit un ensemble donné d‘individus d‘une même espèce 12». C‘est face à une question substantielle sur la différence entre une collectivité et une société que les éthologistes « RABAND (1929, 1937), PICARD (1933), GRASSE (1946) » ont spécifiés la représentation de territoire en découvrant qu‘il existe une multitude d‘environnements dépendant de « la collectivité et/où de la société ». Pour Jean-Claude RUWET(1995), le territoire est le lieu que l‘individu occupe et défend. Pour RUWET : « la raison qu‘il est familiarisé à cet environnement dont il connait tous les repères ; il en connait mieux que les voisins toutes les possibilités et ressources. » Pour les politologues, le territoire est une « Étendue de terre qui dépend d‘un empire, d‘une province, d‘une ville, d‘une juridiction, etc.» (LITTRE, 1998). Selon LACOSTE (2004) le terme nous vient « Du latin territorium, mais aussi terroir, qui a d’abord désigné au Moyen Âge un certain nombre de fiefs et de localités sur lesquelles s‘étend l‘autorité d‘un pouvoir ecclésiastique, puis les terres sur lesquelles s‘exercent les lois et les pouvoirs d‘un État.». Au début du 20émé siècle, du point de vue des économistes, l‘utilité de la notion de territoire ne fait pas l‘unanimité. En l‘occurrence, dans l‘explication des équilibres et des processus économiques. à l‘image des modèles d‘Alfred WEBER (1909), Von THÜNEN (1926), W. CHRISTALLER (1933) et dernièrement KRUGMAN (1995) et ARTHR (1995) ces Icones de l‘économie géographique ont crée des modèles qui donnent beaucoup d‘importance à l‘analyse spatiale, qui ne signifiait pas, toutefois, la prise en compte du territoire dans toutes ses dimensions. Ce n‘est qu‘avec les travaux de (MARSHALL, 1890) que la notion du territoire est utilisée pour la première fois dans les modèles de développement. Mais, c‘est grâce à PERROUX (1948) que le terme refait son apparition dans la littérature économique récente. Cet auteur a procédé à l‘époque à une comparaison entre le monde de l‘entreprise et le territoire. Il nous explique qu‘il existe des similitudes entre ces deux organisations. Surtout en termes de relations transversales de marché au sein de l‘entreprise et par analogie, les relations entre les territoires ainsi que l‘emboitement des territoires via l‘effet de domination.15 Ainsi, l‘approche territoriale est intégrée dans les recherches de développement. Cette conception va guider, par la suite, les économistes sur plusieurs courants de développement territorial. Ayant pour point commun le territoire en tant qu‘espace géographique délimité, favorable à une organisation dynamique des entreprises locales. Les sociologues s‘intéressent au territoire avec une approche en termes d‘acteurs. Ils ont pu dépasser la vision simpliste du territoire champ pour les entreprises. Dans cette mesure, les réflexions de B.GANNE (1991) ont étés avant-gardistes en la matière. Il note à cet effet : « la valorisation optimale des ressources effectuées par l‘entreprise déborde aussi sur le plan économique amenant à prendre en compte d‘une autre façon les autres facteurs constituant son environnement, ou plutôt les différentes façons dont l‘entreprise construit et organise ce dernier» Outre l‘économie et la sociologie, la théorie des organisations s‘est également passionnée pour l‘utilité du territoire. Cette théorie lui donne une définition en mettant l‘accent sur le système d‘acteurs dans lequel l‘entreprise à un rôle de pierre angulaire pour le développement. Ce que soutien J.C. THOENIG (1993) selon lequel : « le local devient un acteur autonome participant à une régulation collective d‘ensemble, à côté du central qui est lui-même, un acteur parmi, d‘autres des décisions ou des choix». Enfin pour la géographie, la première intervention dans la matière revient inéluctablement à VIDAL DE LA BLACHE (1905) qui a défini le territoire en tant qu‘élément d‘analyse régionale, issu de longs enchevêtrements de données naturelles et des influences humaines, et ce, tout au long de l‘histoire. Le territoire espace approprié par une société, c‘est la définition la plus connue du territoire en géographie, Il convient de noter que le concept du territoire est relativement récent, puisque cette définition de Pierre George ne figure pas dans son Dictionnaire de la Géographie de 1974. Mais d‘abord, qu’est-ce qu‘un espace ? L‘espace est défini dans le dictionnaire Robert en tant que : «lieu plus ou moins bien délimité où peut se situer quelque chose ». Pour le Dictionnaire de géographie humaine, BARRET, LIRIS définissent l‘espace comme un : « ensemble des lieux à la surface de la Terre où se situent les objets géographiques ». Ces définitions un peu simplistes ont été étayées par la suite par d‘autres géographes œuvrant dans l‘explication des phénomènes de distribution en géographie. Ce qui à chargé le concept d‘espace par d‘autres perceptions plus précises. Il convient de préciser, que jusqu‘aux années 1960, l‘utilisation du mot d‘espace n‘est pas encore très répandue chez les géographes. Avant cette époque les géographes parlaient plutôt du milieu. Un concept qui répondait aux préoccupations de l‘époque qui était versée dans la recherche des déterminants de la distribution des phénomènes géographiques dans le milieu naturel. L‘espace a fait son apparition lorsque des nouveaux phénomènes (distribution de villes, cout des transports, localisation des industries…etc.) sont apparus et que le concept de milieu ne pouvait plus apporter les explications pertinentes à ces nouvelles logiques. Ainsi, au début du 19éme siècle une branche de l’analyse spatiale des activités agricoles avait été développée par J. Von THÜNEN(1826) pour rendre compte des variations spatiales de la rente foncière par le simple jeu des distances. La théorie de la localisation agricole de Von THÜNEN démontre que sous l‘emprise de la rente foncière, les variétés de culture changent par rapport à la distance de la ville centre. Par la suite, Alfred Weber l’une des principales figures fondatrices de la géographie économique expose en 1909, sa théorie sur la localisation industrielle, dénommée communément « le triangle de Weber ». Elle recherche avant tout à déterminer où une firme individuelle devrait s’établir dans l‘espace, afin de minimiser ses coûts de transport par rapport à ses principaux fournisseurs et marchés. Il aurait fallu attendre les années trente pour voir se développer une autre théorie similaire concernant les activités tertiaires. Celle-ci fut portée par Walter CHRISTALLER(1933) qui développe la théorie des lieux centraux pour expliquer la taille et les réseaux des villes marchés sans faire usage des éléments du milieu naturel pour expliquer son modèle. A. LÖSCH (1938), utilisera par la suite les concepts néoclassiques de courbe d‘indifférence et de remplacement des facteurs de production pour cerner les localisations d‘activités productives. Après la Seconde Guerre mondiale, la théorie Christallienne de la localisation, en même temps que les théories mentionnées plus haut furent considérablement élargies par les chercheurs dans le champ nouvellement émergeant de la science régionale. Ces travaux utilisant de la modélisation et cherchant à expliquer les relations transversales entre les éléments géographiques, ont contribué à l‘apparition de la nouvelle géographie basée sur le concept d‘espace et de plus en plus éloignée du support naturel «le milieu». De la sorte l’espace, surface terrestre, habitée ou pas, est l‘une des réalisations des sociétés humaines. Les espaces comportent donc des acteurs (population, entreprises économiques, associations, syndicat, collectivités locales…etc.) qui par leurs diverses activités aboutissent à tort ou à raison à construire cet espace. Ainsi, Roger BRUNET définit l’espace géographique comme une : « étendue terrestre utilisée et aménagée par les sociétés humaines en vue de leur reproduction au sens large : non seulement pour se nourrir et pour s’abriter, mais dans toute la complexité des actes sociaux». Le territoire est aussi un espace mémoire et un espace miroir. Pour la première, c‘est un espace mémoire par ce qu‘il porte en lui le patrimoine et les traces des sociétés préexistantes. Cet espace chargé d‘objets matériels et symboliques qui influencent les sociétés actuelles dans leurs différents choix et par conséquent dans leurs constructions de l‘espace. Pour le deuxième un espace miroir car il renvoie à la société l‘image de ses comportements sociospatiaux et informes cette société en retour sur ces propres caractéristiques. L’espace est par conséquent le support de l’activité sociale. Ce système spatial dont les principaux éléments sont ces mémoires en plus des acteurs qui l‘animent, ne peut fonctionner qu‘à travers des interrelations et des interactions entre les différentes composantes du système. Mais aussi, avec les autres espaces systèmes, puisqu‘un système par définition est ouvert aux autres systèmes, dans cette perspective Roger BRUNET note que : « L’espace est l’ensemble des lieux et de leurs relations». Mais, cet espace-système fruit d‘une construction sociale est aussi tout simplement un espace de vie qui équivaut aux pratiques sociales de la population qui l‘habite. Cependant, il existe une multitude de façons de vivre ce même espace. C‘est l‘espace vécu qui obéit à la loi des subjectivités individuelles : l‘imaginaire, la culture, l‘histoire personnelle et les origines, Guy Di MEO (1998) le définit en tant que : « le rapport existentiel que l‘individu socialisé (donc informé et influencé par la sphère sociale) établit avec la terre.». C‘est à travers l‘attachement de la société à son espace que le critère d‘appropriation entre en jeux. Et c‘est la où, nous retrouvons le territoire œuvre humaine et espace approprié. Approprié se lit dans les deux sens : propre à soi et propre à quelque chose. Il est la base géographique de l‘existence sociale. Toute société a du territoire, produit du territoire. En fait, elle a en général plusieurs territoires, voire une multitude (Brunet, 1991, p. 23). Dans cette perspective, le territoire en géographie renvoie immédiatement à l‘appropriation de l‘espace. BRUNET, FERRAS et THERY(2001) noterons que : « Le territoire implique toujours une appropriation de l‘espace […] ; le territoire ne se réduit pas à une entité juridique ; il ne peut pas non plus être assimilé à une série d‘espaces vécus, sans existence politique ou administrative reconnue ». C‘est au-delà d‘un échelon administratif dominant un espace qu‘il faut considérer le territoire. Mais plutôt, un système spatial évoluant grâce à une dynamique d‘acteurs et une appropriation d‘un assortiment d‘objets matériels et immatériels nécessaires à son identification. Pris dans ce sens, le territoire en géographe est vu comme quelque chose de tangible fondamental à la compréhension des phénomènes socioéconomiques. à cet effet, GiblinDELVALLET (1993) mentionne que le territoire : « n‘est pas un espace abstrait…mais un espace concret dont les caractéristiques physiques et historiques ne doivent pas être ignorées» La plupart des populations à l‘échelle mondiale manifestent de l‘attachement pour la terre natale. Ce qui génère des liens étroits entre les membres de la société qui habitent ce territoire. Un territoire dont les limites ont pu changer dans le temps et différencier la société locale des autres sociétés. D‘autre part, le territoire renferme une histoire, un espace patrimonial et des attributs physiques qui illustrent la transformation de la culture et le poids des influences exogènes. Il prend l‘apparence de paysages mettant en lumière une certaine vision de l‘espace spécifique à cette société. Par conséquent, le territoire matérialise l‘identité collective. À cet effet, Bernard DEBARBIEUX, présente une conception du territoire en tant que ressources matérielles et symboliques ayant la capacité de structurer l‘existence pratique des individus tout en étant créateur d‘identité. Guy Di MEO appuie cette définition et indique que : « Le territoire témoigne d‘une appropriation (…) par des groupes qui se donnent une représentation particulière d‘eux-mêmes, de leur histoire, de leur singularité». Allant dans le même sens J. BONNEMAISON (1982) décrit le territoire comme un support d‘identité et d‘unité par l‘exercice de la fonction politique. Il permet de réduire les distances à l‘intérieur et d‘établir une distance infinie avec l‘extérieur, par delà les frontières. Par conséquent, le territoire concrétise l‘identité collective et participe à sa construction permanente. C‘est à la fois un espace approprié par les sociétés et auxquelles les sociétés appartiennent. Pour l‘Algérie, nous ne sommes pas du tout dans ce cadre là, puisque la définition qu‘on trouve dans la littérature du territoire ne s‘applique pas, ou ne s‘applique pas encore, à l‘Algérie. Si on prend le critère appropriation de l‘espace, nos observations nous indiquent qu‘il n‘y a pas d‘appropriation de l‘espace. Actuellement nous sommes au stade du territoire échelon administratif.Parmi les définitions les plus consensuelles du territoire, il y a celle qui le considère comme un espace approprié avec des limites. Au regard de cette signification, toutes les autres définitions du concept du territoire font allusion à un moment ou un autre au terme de frontière. Selon Foucher (1991) le terme de frontière nous provient du monde militaire, il est apparu dans la langue française vers les débuts du 16eme siècle découlant du mot « front » qui signifiait littéralement « faire face » et « être voisin de » (RAFFESTIN et GUICHONNET 1974). Aussi la frontière s‘est vue définir en tant que mode de gouvernance de l‘espace en temps de guerre. Et c‘est pour cette raison que la frontière est perçue jusqu‘à aujourd‘hui comme territoire risqué, comme une adversité. C‘est une bande d‘insécurité impénétrable que les États ont l‘obligation de garder pour exaucer les impératifs du voisinage dictés par les organisations internationales. Mais, c‘est aussi un moyen de préserver une sérénité locale, une économie intérieure et marquer une identité nationale. POURTIER (2001) définit la frontière en tant que fondatrice de territoires d‘État. Elle est à cet égard la manière la plus convenable d‘établir une emprise sur un espace selon REITEL et all. (2003). FOUCHER (1991) insiste sur le fait que les frontières représentent d‘abord l‘enveloppe continue d‘un ensemble spatial, d‘un État, qui a atteint suffisamment de cohésion politique interne et d‘homogénéité économique pour que les clivages principaux ne traversent plus l‘intérieur du territoire et la collectivité humaine, mais ont été reportés, par changement d‘échelle, en position limite. Dans cette perspective, on peut dire que la notion de frontière a connu de fortes mutations au point d‘être perçue comme ligne de rupture territoriale juridiquement distincte. C‘est le lieu où s‘achève le territoire approprié et maitrisé, c‘est aussi la ligne virtuelle de passage vers un autre territoire, un autre monde extérieur.

La coordination entre acteurs : Un pilier de la gouvernance

      Nous avons convenu que la gouvernance territoriale repose à la fois sur une décentralisation, un territoire et des connexions et de la collaboration entre les différents acteurs territoriaux. Ces connexions et collaborations sont le fruit d‘une volonté collective générée par une proximité institutionnelle et d‘une construction territoriale avancée, produite elle aussi par l‘existence d‘une proximité géographique. Ces connexions et collaborations vont mettre en place un réseau soutenu d‘une part par la proximité géographique et d‘autre part, par la proximité institutionnelle. Pour N. WOODS (2011), la coordination entre acteurs peut être définie en tant que disposition avec laquelle les diverses activités peuvent être agencées harmonieusement ou à ne pas se contrecarrer. D’autre part, Yann BERTACCHINI retient que le concept de gouvernance fait référence à l‘intervention combinée d‘acteurs plus ou moins divers sur un territoire de plus en plus vaste, Ainsi, qu‘à la capacité de ce système d‘acteurs de produire des politiques publiques cohérentes sur l‘espace. Elle fait appel à la fois, à une coordination des actions entreprises par les acteurs, ce qui nécessite donc un processus de synchronisation tel que la planification. Mais aussi, à une cohérence qui sous-entend la reconnaissance des finalités communes à atteindre. Martin VANIER quant à lui va plus loin et pense même à la coopération entre territoires, qu‘il appelle interterritorialité. Et qu‘elle va être selon lui, un besoin inéluctable dans les années à venir. A ce propos, il note que « Les relations entre gouvernance et interterritorialité sont certes un combat, mais un combat utile, car on vit dans un monde de plus en plus local et global où il y a de plus en plus de Princes et de moins en moins de faits du Prince… 50 ». Cette coordination entre acteurs, qui à pour objectif le développement territorial, repose en réalité sur deux processus : Le premier : c‘est un diagnostic territorial qui s‘appuie notamment sur la détermination des préoccupations communes et la mise en place d‘une stratégie d‘action coopérative des solutions adoptées. Le deuxième est un processus de valorisation des ressources cachées en richesses propres. En effet, suite à un agencement illimité de variables spécifiques. Nous pouvons affirmer que chaque territoire est unique, ce qui exige une équation de développement propre et une gouvernance territoriale particulière.

Le territoire objet et champ d’application de la gouvernance :

        Aujourd‘hui de nouvelles pistes se découlent en matière de gestion des affaires publiques (de gouvernance). Elle établit le territoire en tant qu‘assise du développement. Cette nouvelle conception du développement territorial considère le territoire à la fois comme une  ressource, mais aussi, en tant que réceptacle regroupant l‘ensemble des acteurs activant dans le développement, à l‘image des institutions, des entreprises des associations, et toutes les autres composantes de la société. Cette approche prend en compte toute la complexité en liaisons et interactions existantes entre toutes les composantes du territoire et ne le réduit pas à un ensemble d‘entreprises activant sur un espace donné. Il s‘agit alors d‘opter pour une approche multidimensionnelle où toutes les interactions seraient prises en compte. En effet, le territoire à des caractéristiques : géographiques, socioéconomiques, environnementales, démographiques et urbanistiques. Il devient par conséquent, l‘endroit où s‘articulent toutes les dimensions de développement. En ce qui concerne le territoire Annabie, c‘est un territoire ouvert, géographiquement accessible, à fort potentiel économique. Il est doté d‘un important tissu industriel, des terres agricoles les plus fertiles de l‘Algérie, une bande littorale de 80Km et un port parmi les plus importants de l‘Algérie. Ce qui a ouvert le champ à une industrie de la pèche, actuellement quasi inexistante et enfin un immense potentiel touristique, sous-exploité à l‘heure actuelle. D‘un autre côté, le territoire recèle plusieurs autres atouts d‘ordre humain. Une population qui avoisine les 640 000 habitants, un bassin d‘emploi parmi les plus qualifiés de l‘Algérie et un pôle universitaire et des centres de formations dans tous les domaines. En conséquence, le territoire en tant que structure de base du développement et de la gouvernance a un rôle fondamental dans la création de nouvelles normes qui régissent le fonctionnement des différentes catégories d‘acteurs œuvrant dans le développement. Chaque acteur doit se repositionner et redéfinir sa stratégie en fonction des critères tels que la proximité géographique, la proximité institutionnelle et les spécificités en matière de ressources territoriales. Faire du territoire l‘objet et un champ d‘application de la gouvernance c‘est le voir au-delà de ses limites politique ou administrative, mais plus, le considérer en tant système fait de structures et ayant un fonctionnement propre. Ces structures étant ses composantes physiques, ces réseaux en plus d‘une multitude d‘acteurs en interactions permanentes. Dans cette perspective, la gouvernance territoriale passe inéluctablement par la mise en place d‘un «cadre collectif de représentation et d‘action » P. VELTZ (1996). En effet, avant de parler de coordination, de concertation, il faut se pencher sur les représentations, un point très important et souvent négligé dans toutes les propositions de réformes. Si les acteurs d‘un territoire n‘ont pas les mêmes représentations, les mêmes informations, il est quasiment impossible qu‘ils se mettent d‘accord lors concertation et des projets de coordination à l‘échelle du territoire.

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Table des matières

INTRODUCTION GÉNÉRALE
PARTIE I : CADRE THÉORIQUE ET CONCEPTUEL 20
Introduction
Chapitre 1 : Méthode et épistémologie
1. Positionnement de la recherche dans le champ scientifique
2. Contexte de la thèse
3. Méthodologie
4. Conception du questionnaire
5. Choix de type d‘indicateurs
6. Sélection des acteurs à interviewer
Chapitre 2 : Les déterminants de la gouvernance territoriale
1. Qu‘est-ce que la construction du territoire ?
2. la décentralisation : Un besoin de responsabilité locale
3. La coordination entre acteurs : Un pilier de la gouvernance
Chapitre 3 : Principe et évolution conceptuelle et théorique de la gouvernance Territoriale
1. Analyse du concept de la gouvernance territoriale
2. La gouvernance vue par les institutions internationales
3. Le territoire champ d‘application de la gouvernance
Chapitre 4 : le développement local à l’heure de l’économie monde
1 Analyse du concept développement local
2 La décentralisation à l‘origine du développement local
3 Le développement local corolaire de la coordination
4 Le développement local et le territoire
5 Tableaux des principaux auteurs mobilisés dans la thèse
Chapitre 5 : la gouvernance territoriale entre légitimité, démocratie et Islam
1. Gouvernance et démocratie
2. Gouvernance, administration et la quête de légitimité «France, Algérie »
a)- Aperçu historique du rôle de l‘administration en France
b)- L‘administration dans l‘Algérie post indépendante
3. La gouvernance selon les préceptes de l‘Islam
a)- Histoire sur la gouvernance islamique
b)- L‘Islam et la décentralisation
c)- L‘Islam et la concertation
d)- L‘Islam en l‘Algérie
Conclusion de la première partie
PARTIE II : LA GOUVERNANCE TERRITORIALE A ANNABA : Analyses et perspectives
Introduction
Chapitre 1 : Les stades de développement du territoire Annabie
Introduction
1. Présentation générale du territoire Annabie
2. La période précoloniale: émergence de la ville d‘Annaba
3. La période coloniale : Annaba chef lieu de région économique
4. La période postcoloniale : exode rural et étalement urbain
a. La phase Ben Bella: stabilité urbanistique et croissance démographique
b. La phase Houari Boumediene : industrialisation et polarisation urbaine
c. La phase Chadli Bendjedid : Crise économique et affaiblissement de l‘Etat
d. La phase de décennie noire : stagnation de l‘économie et bidonvilisation
e. La phase Bouteflika : Paix, urbanisation et redémarrage des projets de développement
Conclusion
Chapitre 2 : le territoire support d’activité et/ ou ressources de développement
Introduction
1. Organisation et mode de fonctionnement des territoires en Algérie
A. La période ottomane: la force de la réalité spatiale
B. La colonisation Française. : Création du département de Bône
C. L‘Algérie indépendante : émiettement et perte de l‘arrière pays Annabie
a. 1963 la première réorganisation territoriale Algérienne
b. 1967 Premier code communal
c. 1969 Premier code de wilaya en Algérie
d. 1974 Premier redécoupage administratif
e. 1984 Deuxième redécoupage administratif
f. 1990 Second code communal et de wilaya
g. 2011 Troisième code communal
h. 2012 Troisième code de wilaya
2. L‘exercice de la tutelle administrative : une pratique déresponsabilisante
3. L‘intercommunalité comme mode de coordination Institutionnelle et
territoriale
4. Conclusion
Chapitre 3 : la gouvernance d’Annaba entre décentralisation et dynamiques d’acteurs
Introduction
1) La décentralisation en Algérie : entre textes et pratiques
A. Le partage des taches
B. Le partage des ressources financières
C. Le partage du pouvoir de décision
2) Système de décision et mode de régulation locale
a)Le projet de la nouvelle ville Drâa Errich
b) Le projet du nouveau tramway à Annaba
c) Le problème du logement ou l‘insoluble équation du logement social
3) Pouvoir local et développement
a) Elaboration d‘un Programme communal de développement
b) Elaboration d‘un Programme sectoriel de développement
4) Hiérarchie des acteurs et système de Coordination
Conclusion
Conclusion de la deuxième partie
PARTIE III : ANALYSE EMPIRIQUE DES DISCOURS DES ACTEURS
Introduction
Chapitre 1 : Résultats et analyses de l’enquête auprès des acteurs : Un constat confirmé
1. La décision publique au niveau territorial : à quelle échelle ?
2. La coordination des acteurs territoriaux : délibérée ou sous tutelle ?
3. Territoire et développement : quelle articulation ?
4. Profil de l‘acteur Annabie : territorialité ancrée ou administrative ?
Chapitre 2 : Analyses multivariées des résultats : Validation des hypothèses
1. Modélisation des individus
2. Test du modèle
3. Vérification des hypothèses
a)Vérification de la première hypothèse
b)Vérification de la deuxième hypothèse
c)Vérification de la troisième hypothèse
Conclusion de la troisième partie
CONCLUSION GÉNÉRALE
BIBLIOGRAPHIE

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