Soutenance mémoire
Biologie
Ces lacs présentent une typologie B8, B9 (VERNEAUX, 1973-1981), caractéristique des peuplements cyprinicoles, alors que la rivière sur laquelle ils ont été construits présentait originellement une typologie B3, B4 en amont du Chastang correspondant à la zone salmonicole et B5, B6 au environ du Sablier correspondant à la zone à Barbeaux. La construction de ces grands barrages a donc entraîné un glissement typologique important. Parmi les espèces vivant dans les lacs, certaines sont plus sensibles que d’autre au phénomène de marnage en raison de leur condition de reproduction particulière, notamment les espèces de la guilde phytophile. Parmi elles, bon nombre de cyprinidés et également le brochet qui est l’espèce repère de ce type de peuplement piscicole. En première analyse, il ressort que malgré de bonnes conditions de croissance, qui conduisent à des tailles exceptionnelles, la reproduction reste problématique. Le marnage empêche le développement pérenne de la flore aquatique et génère des phénomènes d’exondation de frayère voir de piégeage. Pour ce qui est des développements d’herbe sur les zones planes lors des basses eaux, celles-ci ne sont pas correctement inondées, en termes de période et de durée, lors des hautes eaux, propices pour la reproduction du brochet.
La reproduction du brochet
Les zones de profondeurs inférieures à 1 m sont à privilégier. En effet, cette hauteur d’eau est reconnue comme la limite extrême pour la reproduction du brochet (BRUSLE,2002). La limite de tolérance classique est située aux alentours de 0.75 m. Comme le signale CHANCEREL (2003), la hauteur d’eau optimum de ponte est comprise entre 0.20 et 0.80 m. Des pontes à des profondeurs supérieures sont observées, mais le rendement diminue très nettement. Si les conditions ne permettent pas l’accès aux zones de reproduction préférentielles, le brochet se reproduit dans des milieux de substitution de fraie très variés (PORTERET, 1997). Selon HUET (1976), la reproduction peut se faire en février mars dans les régions méridionales et au mois de mai juin dans les régions les plus septentrionales. La reproduction de tout le stock dure de une à quatre semaines (Carbine, 1942 ; Franklin et Smith, 1963 ; June,1971 ; Dumont et al., 1980 ; Fortin et al., 1982). Pour cette étude concernant les barrages de la haute Dordogne, les zones ciblées pour la reproduction du brochet seront donc des zones de profondeur inférieure à un mètre et avec une végétation herbacée bien développée.
Sorties terrain
A l’aide d’un bateau (FUN YAK 450), les barrages du Chastang et de L’aigle ont été prospectés afin de déterminer les zones favorables à la reproduction du sandre et du brochet. J’ai réalisé des sorties sur les lacs avec un agent de développement de la FDAAPPMA 19 lors de ses missions de garderie, j’ai donc pu profiter de ses connaissances sur le milieu. Ces sorties m’ont permis de me familiariser avec ces plans d’eau particuliers que sont les lacs de barrage. Je suis allé sur les lacs en période de basses eaux ce qui m’a permis de réaliser un recensement visuel des zones de frayères potentielles. De plus le début d’été 2011 très sec a permis une prospection aisée sur les barrages. Ainsi j’ai pu reporter ces zones sur des cartes IGN et les photographier pour avoir une première information sur les lieux intéressants à répertorier. Par la suite, les données de terrain ont été reportées sur un Système d’Information Géographique (SIG) à l’aide du logiciel Mapinfo. Pour être utilisables, ces données sont croisées avec les côtes du plan d’eau au moment de leur recensement. Enfin, une prospection terrain à pied m’a permis, en ciblant des endroits qui paraissaient propices à la reproduction ou potentiellement aménageables, mais non visités en bateau, de compléter l’acquisition de données. En effet, les prospections bateau n’ayant eu lieu que sur l’Aigle et le Chastang, un complément terrain pour les Lacs de Bort les Orgues et Marèges était important. De plus, certains secteurs difficiles ou impossibles d’accès en bateau à cause des niveaux trop bas sur les barrages ont été prospectés à pied sur l’Aigle et le Chastang.
Résultats des observations et des sorties sur le terrain en bateau
Lors des observations j’ai pu répertorier des zones qui selon moi sont favorables à la reproduction du sandre et du brochet. Il faut noter que les zones de reproduction valables pour le brochet le sont également pour les cyprinidés (même support de ponte). De plus les zones données favorables pour la reproduction du brochet le sont aussi pour le sandre suivant les niveaux d’eau et le développement de la végétation. A l’inverse, les zones données favorables pour la reproduction du sandre ne seront en aucun cas favorables à la reproduction du brochet. De plus des zones favorables à la réalisation d’aménagement type batardeau ont été identifiées. Les résultats de ces prospections sont présentés sous forme de carte. De plus des photographies ont été prises pour illustrer au mieux cette représentation cartographique. Une carte parmi celles réalisées est présentée ci-après. Les autres cartes et photographies sont présentées en annexes 9 pour le Chastang et 10 pour l’Aigle.
Une gestion tournante des Lacs
Sur les 5 principaux lacs de la chaîne de la haute Dordogne, l’exploitation hydroélectrique contraint grandement les possibilités de gestion piscicole. Une gestion des niveaux sur tous les lacs en même temps est difficilement envisageable. Pour contourner ce problème, une gestion tournante pourrait être la solution sur les barrages. Ainsi, le niveau d’un barrage est géré individuellement une année donnée et cette gestion revient tous les 5 ans. Ainsi la reproduction qui n’est pas optimale tous les ans, même en milieux naturel, pourra être protégée tous les 5 ans sur chaque barrage.
Aménagement de digues vouées à la reproduction du brochet
Les digues vouées à la reproduction du brochet dans les lacs qui subissent un fort marnage du à leur exploitation hydro-électrique sont une solution palliative efficace. En Corrèze, un projet est en cours sur l’anse de Coudeil sur le lac de Neuvic dans le cadre du renouvellement de concession. Une carte est présentée en annexe 12. Sur cette carte est visible la zone qui sera influencée par la digue. La bathymétrie précise de la zone est également tracée ce qui permet de définir au mieux la hauteur de la digue. La hauteur retenue sera celle pour laquelle est noyée la meilleure surface pour la reproduction du brochet. Un aménagement de type digue a été réalisé sur la retenue des Bariouzes à Treignac en 2008. Cette digue est également vouée à la reproduction du brochet.
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Table des matières
Introduction
1. Présentation de la structure
2. Le site de l’étude
2.1 Périmètre et cadre réglementaire de la concession haute Dordogne
2.2 Présentation des différents barrages
2.3 Fonctionnement et biologie des lacs
2.4 Les données existantes sur les barrages
2.5 Climat
3. Matériel et méthode
3.1 La reproduction du brochet
3.2 La reproduction du sandre
3.3 Sorties terrain
3.4 Photos aériennes
3.5 Travail bibliographique
3.6 Complément indispensable à cette étude
4. Résultats et Discussion
4.1 Résultats des observations et des sorties sur le terrain en bateau
4.2 Résultat de l’exploitation des photos aérienne
4.3 Résultats de la prospection pédestre
4.4 Cas particulier du brochet
5. Proposition de gestion
5.1 Une gestion tournante des Lacs
5.2 Gestion de la végétalisation
5.3 Aménagement de digues vouées à la reproduction du brochet
5.4 Gestion de la reproduction du sandre et des cyprinidés sur les barrages
Conclusion
Bibliographie
Liste des figures et tableaux
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