GESTION DE LA POPULATION DE CARNIVORES DOMESTIQUES ERRANTS

GESTION DE LA POPULATION DE CARNIVORES DOMESTIQUES ERRANTS

Faible taux de médicalisation des chiens

Les vétérinaires praticiens de Guadeloupe sont unanimes pour affirmer que la population canine ayant un propriétaire est faiblement médicalisée. Certains avancent même les chiffres d’à peine 10 à 20 % de ces chiens. En réalité, le phénomène ne semble pas si préoccupant que cela : le questionnaire cité au début du chapitre (annexe II) montre que entre 50 et 60 % de ces chiens seraient vaccinés contre les maladies contagieuses les plus importantes (rage, leptospirose, maladie de carré et parvovirose) et plus de 85 % traités contre les parasites externes et internes (vers et tiques en particulier) (annexe III). Il est vrai que la population est particulièrement sensibilisée, de par sa propre expérience, sur le parasitisme dans une région très touchée et que ce dernier point n’implique aucunement de visite régulière chez le vétérinaire (vente libre en pharmacie pour de nombreux produits). Ce qui ressort par contre du questionnaire (annexe III) est le taux extrêmement faible d’animaux stérilisés. Mâles et femelles confondus, nous notons qu’à peine 8 % des chiens sont stérilisés, et la répartition est encore plus caractéristique de la mentalité guadeloupéenne : pratiquement aucun mâle parmi les sondés pour 13 % de femelle stérilisées ! Il est évidemment hors de question de stériliser son mâle qui perdrait alors sa virilité… Ce faible ratio de chiens de propriétaire stérilisés, associé nous le verrons plus tard, à des habitations n’entravant pas la fuite des chiens est sans doute une des explications majeures du renouvellement voire de l’augmentation de la population qui nous intéresse.

Le « chien créole »

Comme beaucoup de régions françaises, mais sans doute encore plus au sein des Antilles et d’une population majoritairement issue de l’esclavagisme venu d’Afrique, les traditions et croyances sont profondément ancrées dans les esprits. Parmi celles-ci, l’existence du « chien créole » ou « berger de cannes » qui historiquement fait partie du paysage guadeloupéen. Ce type de chien est pratiquement assimilé à une race ici et il est « normal » de le voir se promener aux bords des routes guadeloupéennes. Il s’agit sans doute d’un croisement entre un berger et un labrador qui a donné un chien de taille moyenne, de couleur fauve ressemblant à un labrador mais en plus fin et plus bas. Comme nous venons de le dire, ce type de chien appartient presque au patrimoine local, au même titre que le « racoon » (raton-laveur) ou l’iguane. Il est donc impensable pour beaucoup de gens de le capturer et de le faire disparaître ! C’est ainsi que quand nous essayons d’informer la population sur les captures qu’il pourrait y avoir et le projet de réguler la population de chiens errants sur le département, elle nous répond qu’il n’y a aucun problème, mais qu’il faudra en exclure le « chien créole » !

Autres « cultures » liées au chien

Au même titre que la tauromachie dans le sud-ouest de la France ou en Espagne, les combats de coqs sont en Guadeloupe et dans toutes les Caraïbes un rendez-vous traditionnel incontournable. Ils en ont même fait aujourd’hui un attrait touristique supplémentaire et y assister au sein d’un « gallodrome » reste particulièrement intéressant. Posséder un coq considéré comme excellent combattant est un gage de reconnaissance et de profit pour le propriétaire. Malheureusement, cette tradition s’est étendue à d’autres animaux et la « culture » (c’est un terme bien mal adapté) du « combat de chien » a grandi parallèlement. Le chien mâle témoin de « virilité » s’est développé et l’attirance des Guadeloupéens pour les grandes races, puissantes et en particulier les molossoïdes se ressent vivement aujourd’hui. Le problème qui se pose alors vient du fait que, parallèlement, aucune responsabilisation des propriétaires vis-à-vis de leur animal ne s’est développée et le risque que ces chiens alimentent une nouvelle population de chiens errants avec risques accrus d’agressivité n’est pas à exclure.

Autres données

Il est indéniable qu’un ensemble de facteurs favorise localement la prolifération de ces animaux. Nous essaierons d’en dégager quelques uns qui semblent fondamentaux.
• Le facteur climatique : le climat guadeloupéen est un climat tropical humide insulaire. La température moyenne annuelle est de 25,3°C et l’amplitude moyenne annuelle est de 3,3°C ! La douceur générale qui caractérise le climat local est donc particulièrement propice au développement des portées et limite de façon importante la mortalité chez les jeunes puisque ce climat ne comporte pas de saison réellement froide. Un pourcentage conséquent de chiots naissants arrive donc à l’âge adulte.
Habitations non clôturées : le questionnaire que nous avons présenté en tête de ce chapitre montre que près de 30 % des habitations de personnes possédant des chiens ne sont pas clôturées et 70 % de ces habitations ne présentent pas la garantie d’empêcher une potentielle fugue du ou des chiens. Il faut rappeler que ces chiens de propriétaire à qui on laisse la possibilité de divaguer sont justement ceux dont le potentiel de reproduction est le plus important. Etant convenablement nourris, abreuvés et abrités, leur fertilité n’en est nullement affectée. Il est donc fréquent de voir un chien quitter l’habitation de son propriétaire pour la nuit ou quelques heures avant de revenir le jour.
• Décharges d’ordures à ciel ouvert : le ramassage des déchets ménagers est quelque chose de relativement récent sur le département. Il y a encore 10 ans, chaque ménage se chargeait de transporter ses déchets hebdomadaires vers une petite décharge locale improvisée. Il est évident que cette situation représentait une aubaine pour les chiens sauvages non nourris par leur propriétaire et participait au maintien de la capacité trophique de l’environnement à un niveau élevé. A ce jour, un ramassage plus ou moins régulier des ordures est assuré par les mairies (hebdomadaire jusqu’à quotidien selon les communes et l’accessibilité des lieux) pour être acheminées vers des décharges officielles (figure 1). Le problème n’est cependant pas résolu puisqu’actuellement, aucune décharge n’est totalement clôturée ; celles-ci représentent donc une source inépuisable de nourriture pour les chiens ou tous autres animaux divagants. C’est ainsi qu’il n’est pas rare de voir, par exemple, sur la décharge de la Désirade des caprins ou des ovins en train de rechercher leur nourriture. Se pose alors la question du risque pour la santé du consommateur quand aux résidus qui peuvent être présents dans la viande.
Sur ce sujet de l’approvisionnement des meutes de chiens sauvages en nourriture, la Guadeloupe se rapproche plus des populations errantes africaines et se distingue nettement du mode d’alimentation des chiens errants de Bucarest par exemple. En Roumanie, ces chiens ont historiquement été abandonnés par leur propriétaire exclus de force de leurs habitations par Ceaucescu. Les habitants incapables d’entretenir un animal domestique, malgré le respect qu’ils leur portent, ont dû les laisser divaguer dans les rues. De la reproduction de ces chiens est née la population de chiens errants de Bucarest qui est maintenant estimée à 200 000 individus (L’express site internet 2002) et qui semble aujourd’hui non maîtrisable. Pourtant, la presse locale qui s’empare régulièrement de cette question explique clairement qu’actuellement, une grande partie de la population garde ses restes d’alimentation pour nourrir les chiens divagants. Il ne semble pas que l’on nourrisse le chien de « communauté » seulement, celui qu’on voit souvent dans le quartier, mais bel et bien n’importe quel animal errant, sauvage ou non.
• Difficultés financières et sociales rencontrées par la majorité des communes du département : les communes guadeloupéennes sont particulièrement touchées par de nombreux problèmes : sociaux avec le chômage, la délinquance ou la crise du logement ; sanitaire avec le SIDA ou la drogue en particulier ; environnementaux : élimination des déchets ou épuration et évacuation des eaux résiduaires. Ceci s’associe à des difficultés financières énormes dont les raisons sont multiples (gestion catastrophique, charges salariales importantes liées à une surembauche pour tenter de diminuer le fort taux de chômage, etc…). Il est donc concevable que le problème des chiens errants qui pourtant relève de leur responsabilité comme nous l’avons vu plus haut, ne soit pas au premier rang de leurs priorités et, à ce titre, absolument pas pris en charge.

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : UNE SITUATION PROBLEMATIQUE, POURTANT NON OUBLIEE PAR LA REGLEMENTATION
I) Une situation critique mais floue
I 1 Des estimations larges et aucun recensement précis
I 2 Des études de l’O.M.S. peuvent être rapportées à la Guadeloupe
I 3 Une population canine errante à deux visages
II) Enjeux et problèmes engendrés
II 1 Risques sanitaires
II 2 Risques de morsures croissants
II 3 Risques d’accidents de la voie publique
II 4 Enjeux économiques et images de la Guadeloupe
II 5 Risques hygiéniques
II 6 Risques pour la faune sauvage
II 7 Bien-être animal
III) Une législation qui donne les moyens et le devoir aux élus d’agir
III 1 Code rural Livre II, titre deuxième, chapitre III, relative aux animaux dangereux et errants
III 2 Loi n°99-5 du 6 janvier 1999 relative aux animaux dangereux et errants et à la protection des animaux
III 3 Décret n°2002-229 du 20 février 2002 relatif à l’instauration d’un comité départemental de la protection animale et projet de décret relatif aux mesures particulières liées aux animaux errants
III 4 La réglementation concernant la protection des animaux
III 5 La réglementation concernant les installations classées
DEUXIEME PARTIE : LES CHIENS ERRANTS : UN PROBLEME BIEN ANCRE EN GUADELOUPE
I) Un contexte très favorable à la prolifération des chiens divagants
I 1 Données historiques et mentalités
I 2 Faible taux de médicalisation des chiens
I 3 Le « chien créole »
I 4 Autres « cultures » liées au chien
I 5 Autres données
II) Les actions menées à ce jour
II 1 Tentatives d’éradication de la population de chiens errants
II 2 Sensibilisation
II 3 Autres actions
III) Les structures déjà en place sont totalement insuffisantes
III 1 Fourrières
III 2 Refuges
III 3 Moyens de stérilisations et de gestion des portées
TROISIEME PARTIE : PRESENTATION DU PROJET DE GESTION DE LA POPULATION DE CARNIVORES DOMESTIQUES ERRANTS
I) Objectifs du projet
I 1 Diminuer le nombre de chiens errants
I 2 Faciliter les abandons contrôlés
I 3 Responsabiliser les propriétaires d’animaux
II) Présentation des différents volets du projet
II 1 Gestion du volet fourrière
II 2 Gestion du volet refuge
II 3 Gestion du volet stérilisations/identifications
II 4 Gestion du volet éducation/communication
a) Les thèmes des campagnes de communication
b) Les personnes visées
c) Les supports matériels du volet communication
III) Difficultés rencontrées lors de la mise en œuvre du projet
III 1 Un budget très élevé dès la première année et des frais de fonctionnement annuels importants……….…………………………….…65 III 2 Difficultés politiques
III 3 Oppositions d’individus et rivalités entre acteurs du projet
III 4 L’évaluation de l’efficacité du projet est impossible aujourd’hui
III 5 Difficultés écologiques
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
Annexe I : Carte générale de la Guadeloupe
Annexe II : Questionnaire d’enquête sur les chiens en Guadeloupe
Annexe III : Discussion et principaux résultats apportés par le questionnaire
Annexe IV : Enquête aux C.H.U. :circonstances de morsure
Annexe V : Exemple de plan de fourrière de 49 places
Annexe VI : Cahier des charges d’une fourrière de 49 places
Annexe VII : Investissements initiaux de construction d’une fourrière de 49 places
Annexe VIII : Investissements de fonctionnement annuel d’une fourrière de 49 places
Annexe IX : Réglementation principale
Annexe X : Exemples d’articles de presse concernant les chiens errants
Annexe XI : Sollicitation de l’administration centrale par une mairie

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