Soutenance mémoire
FLORE CUTANEE
La peau humaine est colonisée par un grand nombre d’espèces bactériennes et fongiques constituant la flore cutanée. Chaque être humain est porteur de sa propre flore dont la composition résulte d’un équilibre entre les conditions locales et les propriétés métaboliques des micro-organismes. La peau humaine contient jusqu’à un million de germes par cm2 (Teyssou et al., 1997).
Ces bactéries trouvent une source constante d’alimentation riche et variée dans la transpiration, le sébum, les squames de peau, les poussières. Au niveau de la main, la flore représente 10⁶ à 10⁸ microorganismes par main (Fleurette, 1995). La flore se répartit en deux populations distinctes : la flore résidente dont la quantité et la répartition sont relativement stable et la flore transitaire qui provient de sources exogènes ou d’autres flores commensales de l’organisme (Teyssou et al., 1997).
Flore transitoire (ou superficielle)
L’origine de la flore cutanée transitoire est environnementale. Elle provient de contacts avec d’autres individus, de surfaces contaminées et, pour généraliser, de tout l’environnement qui nous entoure (flore récupérée à la surface des mains lors des soins et des contacts avec les patients par exemple) (Lejeune et al., 2008). Elle peut également se développer lors d’un déséquilibre de la flore résidente et engendrer une certaine pathogénicité (Dubois, 2008).
Elle est plus polymorphe et ne prolifère pas, à la différence de la flore résidente. Elle peut comporter des germes transitoires potentiellement pathogènes et provoquer temporairement une contamination l’organisme (Teyssou et al., 1997). Il s’agit essentiellement d’entérobactéries, de Pseudomonas aeruginosa, Staphyloccocus aureus, de Streptococcus spp, de Candida albicans, de virus tels que Cytomegalovirus (CMV) (Dubois, 2008).
Flore résidente ou commensale
Elle est présente de façon permanente au niveau de la peau et est propre à chaque individu. Elle est en constante prolifération et sa participation est essentielle à la physiologie cutanée. En effet, elle constitue un des éléments clés du développement de l’immunité et assure un rôle de barrière en luttant contre la colonisation des agents pathogènes (Teyssou et al., 1997). La flore résidente est stable, elle ne peut pas être éliminée en totalité (mêmes avec les antiseptiques les plus puissants), et elle se reconstitue rapidement Cette flore est composée de nombreux germes dont des levures, des champignons et des bactéries; avec notamment des Staphylocoques de différents genres et des Streptocoques (Dubois, 2008).
HYGIENE DES MAINS
Historique
Depuis l’Antiquité, l’Homme est confronté aux virus, bactéries et parasites. Ces micro-organismes ont favorisé le développement des maladies, leur propagation, et ce, jusqu’à faire des centaines de milliers de morts. La peste noire au Moyen Age, ou encore la grippe espagnole de 1918, sont comptées parmi les épidémies les plus meurtrières (Semmelweis, 1983). La pratique adéquate de l’hygiène des mains, demeure la première mesure essentielle de prévention de ces infections (WHO, 2005).
En effet, c’est le médecin obstétricien hongrois Ignaz Philippe Semmelweis qui, en 1847, a apporté la première preuve épidémiologique de l’intérêt de l’hygiène des mains dans la prévention de la transmission des infections (Semmelweis, 1983 ; Codell Carter et al., 1985). Lorsqu’il exigea des médecins accoucheurs, qui réalisaient aussi les autopsies, de pratiquer l’hygiène des mains avec une solution à 4 % de chlorure de chaux avant d’examiner les futures mères, le taux de mortalité des suites des fièvres puerpérales chuta de façon significative .
De nos jours, avec les continuelles apparitions d’infections nosocomiales en milieu hospitalier ou encore avec la récente pandémie de grippe H1N1, le problème de contamination interhumaine a vu surgir de nombreuses questions. Pour y répondre, différentes sources ont été incriminées dont la principale s’est révélée être la propreté des mains (Kuentzmann, 2019). Les mesures prises dans le cadre de l’épidémie de grippe A(H1N1) de 2009 ont renforcé l’utilisation de produits hydro alcooliques (PHA) pour limiter la transmission virale. Des recommandations quant à l’utilisation des PHA ont été adressées au grand public au moyen d’un avis et d’un communiqué de presse de l’AFSSAPS en date du 29 septembre 2009 (Richard, 2010) .
Indications
Les indications de l’hygiène des mains ont été précisées dans les recommandations de l’OMS pour l’hygiène des mains au cours des soins sous forme de recommandations consensuelles portant aussi bien sur les moments où l’hygiène des mains doit être réalisée, sur le choix des techniques selon les circonstances que sur la réalisation technique de l’hygiène des mains (WHO, 2005). Elles sont basées sur l’évidence en matière de transmission des germes par les mains et lorsqu’elles s’appliquent, elles permettent, dans la mesure où l’hygiène des mains est réalisée, de préserver le patient et le soignant de la contamination et de l’infection, et de limiter la dissémination des germes dans l’environnement. Ces indications sont les suivantes :
● Avant de toucher un patient ;
● Avant un geste aseptique ;
● Après un risque d’exposition à un liquide biologique ;
● Après avoir touché un patient ;
● Après avoir touché l’environnement d’un patient (WHO, 2005).
Méthodes
La pratique de l’hygiène des mains contribue à réduire ou à limiter le risque de transmission de germes, de micro-organismes ou de salissures et à prévenir la contamination des personnes ou objets manipulés par ces mêmes agents (Zouaoui et al., 2016). L’hygiène des mains est réalisée principalement par le lavage au savon et à l’eau ou par friction hydro-alcoolique des mains. Les produits utilisés, leur qualité et les techniques d’hygiène des mains influencent le résultat obtenu. Les mains restent contaminées en l’absence d’hygiène des mains (SFHH, 2009).
Lavage simple
C‘est une mesure d’hygiène habituelle utilisée par ailleurs dans tous les foyers, à l’eau et au savon. Le lavage des mains au savon doux est indiqué seulement en cas de mains visiblement souillées ou d’indications qui font l’objet de recommandations spécifiques (Clostridium difficile, agent de la gale…) (Santosaningsih et al., 2017). Ce n’est pas une procédure de désinfection des mains, bien que certaines études récentes se soient intéressées à la réduction des micro-organismes et des matières organiques avec ou sans savon ou selon le temps de contact (Watson, 2014) .
Friction hydro-alcoolique
L ‘antisepsie des mains par friction avec une solution hydro-alcoolique est actuellement recommandée comme méthode de substitution au lavage traditionnel. Cette technique, très simple, consiste à appliquer directement sur des mains sèches un produit (gel ou solution) contenant en général principalement de l‘alcool (éthanol ou isopropanol) et un émollient puis à frotter jusqu’à évaporation.
Faut respecter un temps de friction d’au moins 30 secondes jusqu’à l’obtention de mains sèches. Les PHA sont à utiliser sur des mains visiblement non souillées (risque de diminution de l’efficacité du désinfectant en présence de souillures). Par contre dans certains circonstances la friction des mains avec un produit hydroalcoolique est à éviter :
● Mains visiblement sales ;
● Mains souillées par des substances biologiques ;
● Mains présentant des traces de poudre ou de talc ;
● Mains mouillées ;
● Peau lésée.
PRODUIT HYDRO-ALCOOLIQUE
Parmi les produits nécessaires à l’hygiène des mains, les produits hydro alcooliques occupent une place primordiale. En effet, lorsqu’un produit hydroalcoolique est disponible, il doit être utilisé en première intention pour la pratique de l’hygiène des mains au cours des soins et le lavage des mains au savon et à l’eau n’est indiqué que lorsque les mains sont visiblement sales ou souillées par du sang ou d’autres liquides biologiques, en cas d’exposition présumée ou avérée à des germes sporulés ou après être allé aux toilettes (Kuentzmann, 2019).
Définition
Les produits hydro-alcooliques sont des préparations alcooliques contenant habituellement 60 à 85% d’éthanol ou d’isopropanol et conçues pour être appliquées sur les mains en vue d’y réduire le nombre de micro-organismes viables (SAMAKE, 2012). Ils se présentent sous plusieurs formes :
● Les solutions hydro-alcooliques ou SHA. Ce sont des solutions, nonnettoyantes permettant une antisepsie sans apport d’eau exogène et sans rinçage ni séchage ;
● Les gels hydro-alcooliques sont des préparations semi-solides ayant les mêmes propriétés que celles des SHA,
● Les mousses,
● Les lingettes.
Les solutions hydro-alcooliques sont des désinfectants pour les mains et entrent dans la catégorie de produits biocides de type I, c’est-à-dire celle des produits biocides destinés à l’hygiène humaine de la directive 98/8/CE concernant la mise sur le marché des produits biocides (Afssaps, 2010 ; Travkine, 2012).
Constituants
Principe actif : alcool
Les alcools sont les premiers antiseptiques à avoir été utilisés en friction. Les principaux alcools utilisés sont l’éthanol, l’isopropanol et le n-propanol. Les équivalences entre ces différents alcools sont les suivantes : n-propanol 42% = isopropanol 60% = éthanol 77% (Rotter, 1984) La concentration en alcool s’appelle le degré alcoométrique (Larson et al., 1991). Il est défini par la pharmacopée comme « la teneur en éthanol d’un liquide exprimé par le nombre de volumes d’éthanol mesurés à 20 +/- 0,1 °C, contenus dans 100 volumes de ce liquide. Ce nombre donne le titre alcoométrique volumique exprimé en pourcentage pour cent v/v. Cette teneur peut également être exprimée en grammes d’alcool pour 100 g de liquide. Ce nombre donne le titre alcoométrique massique pour cent m/m. ». Il a été démontré que les solutions qui contiennent de 60 à 80 % d’éthanol sont les plus efficaces (Lejeune, 2008). Les alcools sont actifs sur les bactéries (y compris les mycobactéries si le contact est prolongé), sur les virus enveloppés (herpès, VIH, rage.) et sur les champignons. Leur action est plus limitée sur les virus nus (hépatite A, entérovirus…). Cependant, l’éthanol est plus actif sur les virus (réduction de 2,7 à 4 log) que la povidone, la chlorhexidine ou les détergents utilisés pour le lavage simple des mains .
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : GENERALITES SUR L’HYGIENE DES MAINS ET LES PRODUITS HYDRO-ALCOOLIQUES
I FLORE CUTANEE
I.1 Flore transitoire (ou superficielle)
I.2 Flore résidente ou commensale
II HYGIENE DES MAINS
II.1 Historique
II.2 Indications
II.3 Méthodes
Lavage simple
Friction hydro-alcoolique
III PRODUIT HYDRO-ALCOOLIQUE
III.1 Définition
III.2 Constituants
III.2.1 Principe actif : alcool
III.2.2 Eau
III.2.3 Émollients
III.2.4 Agents gélifiants
III.2.5 Antiseptique associé
III.3 Tolérance des produits hydro alcooliques
IV REGLEMENTATION SUR LES PRODUITS HYDRO-ALCOOLIQUES
DEUXIEME PARTIE : ETUDE EXPERIMENTALE
I OBJECTIFS
I.1 Objectif général
I.2 Objectifs spécifiques
II CADRE DE L’ETUDE
III MATERIEL ET METHODES
III.1 Matériel
III.2 Méthodes
III.2.1 Echantillonnage
III.3 Contrôle physico-chimique des échantillons
III.3.1 Détermination du degré alcoolique
III.3.2 pH
III.3.3 Densité
III.4 Détermination de l’activité antimicrobienne
III.4.1 Préparation de l’inoculum 0,5 Mac Farland
III.4.2 Contamination des gants stériles
III.4.3 Ensemencent du Bouillon Thiogluconate
III.4.4 Ensemencent des milieux MH
IV Résultats
IV.1 Paramètres physicochimiques
IV.1.1 Degré alcoolique
IV.1.2 pH et densités
IV.2 Contrôle microbiologique des produits hydro alcooliques
IV.2.1 Stérilité des produits hydroalcooliques
IV.2.2 Activité antimicrobienne des produits hydro-alcooliques
V DISCUSSION
V.1 Degré alcoolique
V.2 pH et densité
V.3 Activité antimicrobienne des produits hydro-alcooliques
CONCLUSION
REFERENCES
