GENERALITES SUR LES ANTISEPTIQUES

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CLASSIFICATION DES ANTISEPTIQUES

Il est possible de définir un certain nombre de groupes d’agents désinfectants ou antiseptiques sur la base de leur parenté chimique et de leur mode d’activité. Nous insisterons sur les plus utilisés.

Les oxydants

Les oxydants exercent leur action par libération d’oxygène naissant qui réagit avec les protéines et les systèmes enzymatiques cellulaires. Ils sont fortement inactivés par les matières organiques [18, 19].
¾ Peroxyde d’hydrogène et dérivés
Le peroxyde d’hydrogène et tous les composés susceptibles de donner naissance à de l’eau oxygénée (Perborates et persulfate alcaline) sont des antiseptiques puissants.
 Le peroxyde d’hydrogène en solution aqueuse est utilisé comme antiseptique à 3% (3% = 10 volumes) et comme désinfectant en solution à 6-10%. Sa décomposition est rapide dans l’intestin d’où sa toxicité. Au contact avec la peau et les muqueuses, il peut provoquer des irritations ou des brûlures. Son action sur les yeux est particulièrement dangereuse.
 Le peroxyde de benzoyle est un agent oxydant utilisé dans le traitement de l’acné mais pouvant entraîner une décoloration des cheveux et de certaines fibres textiles.
 L’ozone (O3) est utilisé comme désinfectant pour traiter l’eau de consommation; il a de plus l’avantage de détruire les substances qui colorent l’eau ou génératrice de mauvais goût.
¾ Permanganate de potassium :
Le permanganate de potassium est utilisé comme antiseptique en solution aqueuse à 0,01%. Son utilisation est limitée du fait de la coloration cutanée intense qu’il provoque et de la sécheresse des téguments.
¾ Chlore et dérivés
Le chlore est un antiseptique découvert par O. W. HOLMES à Boston en 1835 et utilisé par SEMMELWEIS à Viennes en 1847 [11].
Le chlore, sous forme de gaz dans diverses combinaisons chimiques, est l’un des antiseptiques les plus connus. Il est universellement employé pour la stérilisation des eaux de boisson, des eaux de piscine, le traitement des eaux polluées et des objets contaminés (tableau I).

Les savons

Ce sont des sels sodiques ou potassiques d’esters d’acide gras de poids moléculaire élevé. Comme exemple, on peut citer :
– Acide oléique ;
– Acide linoléique ;
– Acide ricinoléique.
Le ricinoléate de sodium possède des propriétés antiseptiques propres, et est utilisé en hygiène buccopharyngée.

Les phénols

Ils ont été découverts par LISTER en 1867. Ces composés phénoliques sont doués de propriétés bactériostatiques ou bactéricides marquées grâce à leur fonction phénol. Autrefois, ils étaient utilisés comme des désinfectants extrêmement répandus et populaires.
Actuellement, le phénol est remplacé par des antiseptiques moins caustiques.
Ils sont bactéricides et fongicides mais peu actifs sur les formes sporulées.
Sels de sodium et de potassium potentialisent leur action tandis que les matières organiques les inhibent [19].

La chlorhexidine

Elle appartient à la famille des Biguanides. C’est un antiseptique à large spectre, souvent employé sous forme de sels solubles. On utilise le digluconate (Hibitane®) en solution aqueuse ou alcoolique où son activité est meilleure.
Les matières organiques, les pH alcalins et les tanins les inhibent alors que les ammoniums quaternaires les renforcent [19].
La chlorhexidine est active sur les bactéries à Gram positif et sur le Candida albicans.
Sa toxicité en cas de contact accidentel avec la cornée au cours de son utilisation cutanée (Hibiclens®) a été signalée par PHINNEY [52]. Le contact du produit avec les yeux est à éviter.

Les carbanilides

Ce sont des diphénylurées. Le trichlorocarbanilide, dérivé trichloré, est le plus utilisé [9] et constitue le principe actif de plusieurs spécialités : Cutisan®, Nobacter®, Septivon®, Solubacter®. C’est un antiseptique bactériostatique actif particulièrement sur les bactéries à Gram positif et de façon minime sur les bacilles à Gram négatif. L’association avec les savons et les détergents est favorable [30, 31].

Les salicylanides

Les salicylanides (ou salicylanilides) sont des amides de l’acide salicylique et d’aniline. Ce sont les dérivés di et tribromés qui sont les plus utilisés. Il existe aussi des dérivés chlorés et difluorométhylés.
Ces produits sont souvent utilisés en association avec les phénols et les ammoniums quaternaires. Ce sont des antiseptiques bactériostatiques qui agissent surtout sur les bactéries à Gram positif.

L’hexamidine

L’hexamidine (Hexomidine®) est un antiseptique actif surtout sur les bactéries Gram positif.

Les colorants

Ce sont des antiseptiques bactériostatiques à usage local pour la plupart d’entre eux. Plusieurs séries chimiques peuvent être distinguées :
¾ Les dérivés du triphénylméthane
– Vert malachite, vert brillant : utilisés dans le traitement des plaies superficielles ;
– Violet de gentiane : désinfectant à usage externe.
¾ Les dérivés de l’acridine (aminacrine, poflavine, diflavine, acriflavine): ne sont que bactériostatiques aux concentrations d’utilisation.
¾ L’éosine est un dérivé de la fluorescéine dont l’activité antibactérienne est très faible [9].

Les hydroxy-quinoléines

Ce sont des antiseptiques à large spectre, bactériostatiques, plus actifs sur les bactéries à Gram positif.
Leur activité serait liée à leur pouvoir chélateur sur les ions métalliques. Leur particularité réside dans le fait que certains sont utilisés comme antiseptiques de la peau et des muqueuses (8-hydroxy-quinoléine, oxyquinol et le chlorquinaldol) ; par contre, d’autres sont utilisés pour le traitement d’infections urinaires intestinales (nitroscoline, clioquinol, méthyloxine, chlorquinaldol, broxyquinoline) [20].

MODES D’ACTION DES ANTISEPTIQUES

Les antiseptiques sont capables d’inhiber la croissance des micro-organismes (bactériostase, fongistase, virustase) ou d’avoir une action létale (bactéricidie, fongicidie, virucidie, sporicidie). Certains antiseptiques présentent ces deux actions en fonction des concentrations.
D’autres ont toujours une action létale ou toujours une action bactériostatique ou fongistatique aux concentrations d’utilisation.
L’idéal pour répondre aux objectifs de l’antisepsie est un effet létal en un temps très bref.
La rémanence désigne l’effet antimicrobien de l’antiseptique persistant sur la peau.
Selon leur nature et la concentration, les antiseptiques ont un ou plusieurs sites d’action dans le microorganisme. Le mécanisme d’action varie selon la famille d’antiseptiques et le type de microorganisme [12].
L’antiseptique idéal devrait donc posséder tout un ensemble de finalité difficile à réunir. La plus importante serait un spectre antibactérien étendu (Gram positif, Gram négatif, mycobactéries), de nature bactéricide, ainsi qu’une activité fongicide, sporicide, et virucide ; en fait, il est regrettable qu’il n’existe pas encore.
L’activité des antiseptiques vis à vis des microorganismes peut s’exercer selon des modalités très diverses.
Il est difficile d’étudier ces molécules comme cela se pratique avec les antibiotiques car leurs actions sont multiples et variables selon les doses.
Dans des conditions bien précises, quelques actions spécifiques peuvent être rapportées. Pour des raisons pratiques, il apparaît plus simple d’étudier pour chaque classe chimique, les différents mécanismes d’action connus.
Cependant, il est possible de généraliser et d’établir un certain nombre de schémas qui rassemblent à peu près tous les mécanismes actuellement connus [42].
Parmi les produits potentiellement létaux, on distingue :
¾ Les composés chimiquement très réactifs qui se caractérisent par une action brutale, rapide, temporaire et souvent non spécifique (poison protoplasmique) ; pourront se rattacher à ce groupe les oxydants, avec l’eau oxygénée, les halogènes (chlore, iode) et l’oxyde d’éthylène, les acides et bases fortes, les aldéhydes et le phénol ;
¾ Les composés chimiquement stables à action spécifique, groupe comprenant les ammoniums quaternaires, les dérivés phénoliques autres que le phénol, la chlorhexidine, l’hexamidine, l’hexétidine, la dibromo-propanidine et les acridines.
Les produits non létaux mais seulement inhibiteurs de croissance comprennent essentiellement les métaux (mercuriels, dérivés du cuivre, du zinc, de l’argent etc.…) et les colorants.
Les antiseptiques, ayant une ou plusieurs cibles, dans la majeure partie des cas, l’accès à ces dernières nécessite le franchissement de la paroi cellulaire qui est un obstacle à la fois physique et chimique.
Les divers types d’organisation de la paroi chez les micro-organismes conditionnent l’accès aux principales cibles et sont donc responsables de la spécificité d’accès de certains de ces agents antimicrobiens.
Salton [56] a décrit cinq étapes dans l’action des agents antimicrobiens :
– Adsorption sur la cellule suivie de la pénétration dans la paroi ;
– Réactions complexes avec la membrane cytoplasmique conduisant à sa désorganisation ;
– Sortie des composés de faible poids moléculaire du cytoplasme ;
– Dégradation des protéines et des acides nucléiques ;
– Lyse de la paroi causée par les enzymes autolytiques.
Ce schéma s’applique plus particulièrement aux agents nombreux qui interagissent avec la membrane cytoplasmique.
La séquence des événements peut être différente avec d’autres principes actifs. Mais dans tous les cas, la première étape implique l’adsorption de l’agent antimicrobien à la surface cellulaire.

Adsorption à la surface cellulaire :

Il y a une trentaine d’années, Giles et ses collaborateurs ont tenté de définir des modèles d’interaction de l’agent antimicrobien et de la cellule bactérienne entière [26]. Cinq profils d’adsorption isotherme différents ont été obtenus. Ils permettaient de préjuger de l’action d’une molécule testée. Cette détermination a, en fait, reçu peu d’applications car seul un faible nombre de produits a été testé.
Il faut noter que la présence de charges électronégatives à la surface cellulaire favorise la fixation de dérivés cationiques.

Action au niveau de la paroi :

Seules les bactéries à Gram négatif sont susceptibles de voir la paroi spécifiquement altérée (au niveau de la membrane externe) par les mêmes produits qui agissent au niveau de la membrane cytoplasmique.

Action sur la membrane cytoplasmique :

La membrane cytoplasmique reste le site principal d’action des antiseptiques. Elle assure le métabolisme énergétique de la cellule et est responsable du transport et du maintien des métabolites à l’intérieur de la cellule [33]. L’altération de sa structure entraîne une fuite, une désorganisation du métabolisme, la dégénérescence de la cellule et finalement sa mort.
Les agents liposolubles (composés phénoliques, savons et surtout les détergents) agissent directement, puisque la membrane n’est autre qu’une barrière lipoprotéique [42].
La première atteinte par une molécule antimicrobienne consiste en une modification de la perméabilité de cette membrane et en la libération des constituants cellulaires.
L’ion potassium est le premier élément à apparaître lorsque la membrane cytoplasmique est lésée. Les acides aminés, purines, pyrimidines et pentoses, puis des macromolécules (protéines et acides nucléiques) s’échappent des cellules traitées en fonction de la taille des lésions produites.
Si la drogue n’est pas trop concentrée, et si son action n’est pas trop prolongée, l’altération peut être réversible et la fuite du matériel intracellulaire ne provoquera qu’une inhibition de croissance (bactériostase ou fongistase).
Un deuxième type d’action au niveau de la membrane peut consister en une inhibition de la production d’énergie.
D’autres mécanismes d’action possibles au niveau de la membrane consistent en une interférence avec la chaîne de transport des électrons ou avec des enzymes membranaires impliquées dans la production d’énergie.
Jusqu’ici, ces processus n’ont concerné que divers antimicrobiens de potentialités variées et ils ne semblent pas s’appliquer aux antiseptiques les mieux connus.

Action au niveau du cytoplasme :

Le cytoplasme comporte quatre cibles potentielles pour les agents antimicrobiens qui auront pu franchir le double obstacle que constituent la paroi et la membrane cytoplasmique : le cytoplasme lui-même, les enzymes et plus généralement les protéines cytoplasmiques, les acides nucléiques et les ribosomes.
Malgré de très nombreuses études, il n’a pas été mis en évidence une enzyme cible spécifique responsable de la mort cellulaire.
¾ Coagulation irréversible des constituants plasmatiques :
Il s’agit du mécanisme provoquant la mort la plus rapide, d’où le terme utilisé dans les années 1930 de « poison cytoplasmique ». Les constituants dénaturés sont essentiellement les protéines et les acides nucléiques. Ce type d’action intervient dans divers procédés de désinfection.
¾ Action sur le métabolisme et les enzymes :
L’inactivation des enzymes peut être due à leur dénaturation dans le cas de la coagulation citée ci-dessus.
Mais, il peut y avoir une inactivation ménagée liée par exemple à une réaction au niveau des groupements thiols (mercuriels, métaux lourds) ou au niveau d’autres fonctions (hydroxylées, carboxyliques, aminés). Ces phénomènes sont généralement mal identifiés.
¾ Interactions avec les acides nucléiques : Beaucoup d’antibiotiques agissent sur ces cibles.
Avec les produits non antibiotiques, il semble que les effets bactériostatiques des acridines, du formaldéhyde et du phényléthanol leur soient imputables.
Mais, les effets létaux du formol et de l’alcool phényléthylique impliquent d’autres cibles.
¾ Interactions avec les ribosomes :
Bien qu’ils constituent la cible de nombreux antibiotiques, les ribosomes ne peuvent être considérés comme des cibles de choix des antibactériens non antibiotiques.

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : GENERALITES SUR LES ANTISEPTIQUES
I. DEFINITION
I.1. Asepsie-Antisepsie
I.2. Désinfection
I.3. Autres définitions
II. CLASSIFICATION DES ANTISEPTIQUES
II.1. Les oxydants
II.2. Les alcools
II.3. Les métaux lourds et leurs sels
II.4. Les agents tensioactifs
II.5. Les savons
II.6. Les phénols
II.7. La chlorhexidine
II.8. Les carbanilides
II.9. Les salicylanides
II.10. L’hexamidine
II.11. Les colorants
II.12. Les hydroxy quinoléines
III. MODES D’ACTION DES ANTISEPTIQUES
III.1. Adsorption à la surface cellulaire
III.2. Action au niveau de la paroi
III.3. Action sur la membrane cytoplasmique
III.4. Action au niveau du cytoplasme
IV. RESISTANCE MICROBIENNE A L’ACTION DES ANTISEPTIQUES
IV.1. La résistance intrinsèque ou naturelle
IV.2. La résistance acquise
V. EVALUATION DE L’ACTIVITE IN VITRO DES ANTISEPTIQUES SUR LES BACTERIES ET LES CHAMPIGNONS
V.1. Méthode du coefficient phénol
V.2. Méthode dite des portes-germes
V.3. Méthode de filtration sur membrane
V.4. Méthode d’étude par un ensemencer à sites multiples
V.5. Méthode de dilution-neutralisation
V.6. Méthode de dénombrement
VI. SPECTRE D’ACTION THEORIQUE
VII. FACTEURS PHYSIQUES ET CHIMIQUES INFLUANT SUR L’ACTIVITE DES ANTISEPTIQUES
VII.1. La concentration
VII.2. La température
VII.3. La présence de matières organiques
VII.4. Les électrolytes
VII.5. Les additifs et composants des excipients
DEUXIEME PARTIE : CONTROLE DE LA QUALITE DU SOLUTE DE DAKIN ET DU PERMANGANATE DE POTASSIUM
I. OBJECTIFS DE L’ETUDE
I.1. Objectif général
I.2. Objectifs Spécifiques
II. CADRE D’ETUDE
III. MATERIEL ET METHODES
III.1. Matériel
III.1.1. Verrerie et petit matériel
III-1-2- Réactifs
III.2. Méthodes
III.2.1. Echantillonnage
III.2.2. Inspection visuelle
III.2.3. Identification
III.2.3.1. Permanganate de potassium
III.2.3.2. Soluté de Dakin
III.2.4. Dosage
III.2.4.1. Dosage du Permanganate de potassium
III.2.4.2. Dosage du soluté de Dakin
III.2.5. Expression et interprétation des résultats
III.2.5.1. Permanganate de potassium
III-2-5-2-Soluté de Dakin
IV. RESULTATS
IV.1. Echantillonnage
IV.1.1. Répartition des échantillons selon la nature du produit
IV.1.2. Répartition des échantillons selon le secteur de collecte
IV.1.3. Répartition des échantillons selon le site de collecte
IV.2. Inspection visuelle
IV.3. Test d’identification
IV.4. Dosage
IV.5. Tableaux récapitulatifs de l’évaluation de la qualité des antiseptiques
V. DISCUSSION
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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