Généralités sur les AMPs en Afrique de l’Ouest

Généralités sur les AMPs en Afrique de l’Ouest 

En Afrique de l’Ouest, les AMPs se trouvent soit en zone côtière et soit en zone estuarienne, de profondeur comprise entre 0 et 50 m, à l’exception de l’AMP de Cayar, 62 m de profondeur et l’AMP de Santa Luzia, 440 m au Cap-Vert (Tendeng et al., 2012).

Une synthèse des informations disponibles sur les AMPs en Afrique de l’ouest (Tableau 1) montre qu’elles abritent au moins une des espèces rares, menacées ou en voie de disparition (phoques moines, tortues marines, lamantins, dauphins, hippopotames, raies et requins). Les espèces migratrices (sardinelles) sont aussi signalées dans la plupart des AMPs. Les dauphins et les tortues marines fréquentent plus de 25% des AMP, alors que les raies, les requins et les lamantins sont signalés dans environ 20% des sites (Tendeng et al., 2012). Ces résultats confirment l’importance des sites protégés comme outils de conservation de ces espèces menacées, d’où l’intérêt de poursuivre les études sur l’identification des sites critiques pour les espèces halieutiques. La prise en compte de ces sites potentiels dans la création de nouvelles AMPs contribue au renforcement du Réseau des Aires Marines Protégées en Afrique de l’Ouest (RAMPAO).

Cependant, on constate toujours un bas niveau de protection au niveau des zones économiques exclusives (ZEE) soit 0,12%, un taux inférieur à la moyenne mondiale de 3,5% (Tendeng et al., 2012). Pour les pays, la protection de leur ZEE constitue un besoin réel i.e. de mettre en œuvre des mesures en vue d’améliorer le niveau de protection des écosystèmes clés. Edgar et al., (2014) identifient 5 conditions permettant d’améliorer l’abondance à l’intérieur des réserves : (i) les AMPs sont isolées par la distance ou par des barrières, (ii) une mise en œuvre efficace, (iii) les AMPs mises en place pour une période de temps significative, (iv) elles sont grandes et enfin (5) les activités de pêche soient prohibées. En l’absence d’activité de pêche, les mortalités par pêche sont ainsi éliminées à l’intérieur des réserves. Les réserves intégrales entraînent donc un accroissement de la densité et une augmentation de la taille moyenne des organismes. Ces deux effets se traduisent logiquement par un accroissement significatif de la biomasse. Néanmoins, la variabilité entre les sites étudiés (espèces étudiées, taille et forme de la réserve, habitats, activités à l’extérieur de la réserve, etc.) est très élevée.

En Afrique de l’Ouest, il existe une très grande variété d’AMPs mises en place pour assurer la conservation des écosystèmes marins et/ou gérer de manière durable la pêche. Cependant les connaissances sur la pertinence et l’efficacité des AMP sont souvent limitées par quelques facteurs. Une des contraintes majeures pour l’analyse des effets des réserves de pêche est le manque flagrant de suivi systématique sur le long terme. Très peu de cas ont été suivis dès leur mise en place, ce qui ne permet pas d’évaluer si les objectifs ont été atteints ou non. D’autre part, toutes les réserves de pêche ne font pas l’objet de la même qualité de suivi. L’intérêt de l’étude des réserves de pêche se porte principalement sur les effets écologiques de la réserve. Ceci conduit généralement à étudier l’évolution de la taille des individus, de la biomasse et de l’abondance des populations protégées par rapport à l’extérieur de la réserve de pêche. Les conséquences des restrictions d’accès sur les pêcheries elles-mêmes ne sont pas systématiquement prises en compte. Lorsqu’elles le sont, elles se limitent aux effets locaux (à quelques centaines de mètres de la réserve) et ne prennent pas en compte l’influence sur le stock dans son ensemble ou encore l’influence du report de l’effort de pêche sur les autres zones, il s’agit là de lacunes majeures dans l’analyse de ces réserves de pêche. Les AMPs les plus étudiées sont de loin les réserves intégrales. Toutes les activités y étant prohibées, il est plus facile d’attribuer les changements observés (ressources, captures) à l’effet de l’AMP. A l’inverse, les conséquences écologiques et socioéconomiques des réserves partielles sont moins suivies. Certaines activités y étant autorisées, il est souvent difficile de distinguer les effets réserves des effets des autres activités sur la zone. La plupart des réserves de pêche ne s’étendent pas sur de grandes surfaces, ce qui limite les connaissances sur l’influence de la taille des réserves sur les ressources et sur les pêcheries. Les AMPs étudiées ciblent généralement les ressources récifales (souvent sédentaires) et les ressources bentho-démersales (espèces peu mobiles). Très peu d’AMPs ont été mises en place pour préserver les ressources pélagiques, particulièrement mobiles. Il est donc difficile d’évaluer l’efficacité des AMPs pour les espèces ne passant qu’un temps limité dans la zone protégée.

Zone d’étude

Pour le suivi de l’AMP sur la période 2008-2016, des pêches expérimentales ont été réalisées sur trois sites : le bolon de Bamboung, le chenal de Diomboss et le bolon de Sangako. Mais dans le cadre de cette présente étude, les données de pêches expérimentales faites sur les sites de Bamboung et Sangako ont été analysées en vue de comparer les effets bioécologiques de l’AMP par rapport à ceux du site pêché. Le chenal de Diomboss est présenté pour décrire et mieux comprendre le protocole d’échantillonnage utilisé.

AMP de Bamboung 

La création de l’AMP de Bamboung avait été initiée et pilotée par une association sénégalaise de protection des milieux marins « Océanium » dans le cadre du projet « Narou Heuleuk » en wolof « la part de demain » et financée par le FFEM (Fond Français pour l’Environnement Mondial). Une étude de référence a été faite en 2003 i.e. avant la mise en défens de cette AMP en 2004, et des suivis réguliers de son peuplement ichtyologique sont par la suite réalisés sur la période 2004-2016 (Ecoutin et al., 2014, Sadio et al., 2015).

Située dans l’estuaire du Sine Saloum, l’AMP de Bamboung (13°50 N – 16°33 W, Fig. 1) est un affluent du Diomboss qui constitue l’un des trois bras principaux – avec le Bandiala et le Saloum. Les eaux sont peu profondes et la biodiversité y est réputée importante, notamment pour les oiseaux, poissons et mammifères marins e.g. les dauphins et lamantins (Albaret et al., 2005). L’AMP de Bamboung, située au cœur de la Réserve de Biosphère du delta du Saloum, à une superficie de 6 800 ha et est segmentée en trois zones : une aire centrale, une zone tampon et une zone périphérique (Albaret et al., 2005). L’aire marine centrale est essentiellement constituée par le bolon de Bamboung et ses ramifications. D’une longueur de 15 km à partir du confluent avec le Diomboss jusqu’aux vasières de la forêt de Kolé, sa superficie est d’environ 300 ha. Sa largeur varie de 50 à 500 m, et sa profondeur maximale est de 15 m. Elle présente un réseau dense de canaux secondaires. En raison de la présence d’une nappe phréatique importante sur l’île Coco (rive est), des sources souterraines se jettent dans le bolon, réduisant ainsi localement la salinité (Albaret et al., 2005). La zone tampon, localisée à l’embouchure du bolon se situe au niveau de la rencontre des eaux du Diomboss et du Bamboung. Elle couvre une superficie d’environ 100 ha. C’est une zone de transition entre l’aire centrale qui est dotée de mesures de conservation des ressources ichtyologiques et le reste du réseau des chenaux du delta du Sine Saloum où l’exploitation des ressources est libre. Cette zone tampon est située à 17 km de l’embouchure du Diomboss sur la mer (Albaret et al., 2005). La zone terrestre se décompose en une zone de mangrove et une zone continentale (Albaret et al., 2005). La mangrove est localisée en bordure des rives de toute la zone centrale. Elle couvre plus de la moitié de la surface totale de l’AMP. La végétation y est abondante, et différentes espèces de palétuviers y sont développées. Rhyzophora racemosa et Rhyzophora harrisoniis se trouvent en bordure des chenaux (Doyen 1988). À l’arrière, Rhizophora mangle est beaucoup plus abondant et occupe les terres élevées susceptibles d’être immergées lors des hautes marées. Cette espèce forme le peuplement le plus important du bolon, tandis que Avicennia africana se développe dans la partie supérieure des vasières. Les palétuviers étant à la fois source de matière organique et support d’une forte production de périphyton. Ils constituent ainsi un vivier pour la faune estuarienne, notamment pour les juvéniles de poissons (Vidy 2000).

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Table des matières

1. Introduction
2. Matériel et Méthodes
2.1. Généralités sur les AMPs en Afrique de l’Ouest
2.2. Zone d’étude
2.2.1. AMP de Bamboung
2.2.2. Le chenal du Diomboss
2.2.3. Bolon de Sangako
2.3. Protocole d’échantillonnage
2.4. Estimation des indicateurs écologiques
2.5. Analyse de la dynamique écologique et trophique
2.6. Analyse du spectre de taille
2.7. Analyses de la structure des peuplements
2.8. Analyses statistiques des données
3. Résultats
3.1. Deux milieux proches et similaires
3.2. Indicateurs écologiques
3.3. Structure des peuplements
3.4. Structure écologique
3.5. Structure trophique
3.6. Spectre de taille
3.7. AMP, zone de reproduction et de nourricerie
4. Discussion
4.1. Environnement aquatique proche entre les sites
4.2. Biodiversité importante dans l’AMP
4.3. Abondance faible et biomasse élevée dans l’AMP
4.4. Espèces marines plus importantes dans l’AMP
4.5. Abondance des prédateurs élevée dans l’AMP
5. Conclusion

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