Foresterie et structure de l’habitat

Foresterie et structure de l’habitat

Au-delà des coupes qui ont façonné le paysage de la forêt québécoise (Boucher et al. 2015), les traitements sylvicoles ont également contribué à modifier la structure des forêts exploitées (Homyack et al. 2004) tant au niveau de la densité que de la composition des peuplements. Plus particulièrement, l’éclaircie pré commerciale, un traitement qui a connu son essor dans les années ’80, a pour objectif de stimuler la croissance en diamètre/radiale des arbres conservés et à réduire la vulnérabilité des peuplements de sapins baumiers aux dommages générés par la tordeuse des bourgeons de l’épinette (Barrette et al. 2016). Les jeunes peuplements conifériens de succession (stade gaulis), généralement très denses sont éclaircies pour ne conserver que des arbres/tiges d’avenir distantes de 1-2 m, pour une densité finale de 1500-3125 tiges*ha-1 (MRNFP 2004). En présence de sapin et d’épinette, l’épinette est favorisée. Les interventions sont pratiquées dans des peuplements de 15-20 ans ou d’environ 2-3 m de hauteur. Ces traitements représentent une source importante de revenue pour plusieurs communautés rurales du Québec. Les résultats de l’éclaircie pré commerciale semblent varier selon plusieurs facteurs tels que la densité et l’âge initiale des tiges, la qualité des sols, les objectifs de production du traitement (p.ex. : bois de sciage vs copeaux) et du temps de rotation des coupes (Schneider et al. 2013; Pitt et Lanteigne 2008; Pothier 2002) et la vulnérabilité des peuplements aux épidémies.

Après un tel traitement, le changement dans la densité, la structure et la composition des peuplements peuvent affecter plusieurs espèces fauniques (Homyak et al. 2004, 2007; Griffin et Mills 2007; Bujold 2004). Pa exemple, la réduction de la densité de tiges réduit la protection des nids de plusieurs espèces contre la prédation (Martin et Joron, 2003). Lorsque la densité des tiges et la composition des peuplements traités par une éclaircie de peuplements forestiers est comparée aux peuplements adjacents, non-traités, le contraste est tel que ce type d‘éclaircie peut constituer une forme de fragmentation de l’habitat.

Conservation d’une espèce rare 

la Grive de Bicknell Depuis sa découverte en 1881, la Grive de Bicknell (Catharus minimus bicknelli), un passereau forestier de la même famille que le Merle d’Amérique (Turdus migratorius) n’avait d’intérêt que pour certains naturalistes et biologistes, les conservateurs de musées et les taxinomistes puisqu’elle ne représentait qu’une sous-espèce de la Grive à joues grises (Catharus minimus). Avec les travaux de Ouellet (1993) et les analyses génétiques initiales (G. Seutin, communication personnelle), et ses recommandations auprès de l’American Ornithologists’ Union (maintenant l’American Ornithological Society), la Grive de Bicknell fut élevée au rang d’espèce (Catharus bicknelli; AOU 1995). Cette décision a été appuyée par de récentes études moléculaires (Ellison 2001; Seutin et al. 2001; Outlaw et al. 2003; Wilson et al. 2004; Winker et Pruett 2006; FitzGerald et al. 2017).

La littérature sur cette espèce est relativement récente. Si ce n’est les premiers documents publiés par Brewster (1883) et Wallace (1939) qui relatent une somme d’information importante sur son habitat et son écologie, c’est à la fin des années ’90, après la publication de Ouellet (1993) que la communauté scientifique du Vermont, du Québec et du Nouveau-Brunswick a commencé à s’intéresser à cette espèce. Voici une brève revue des travaux les plus importants. Afin d’identifier la répartition de l’espèce, des travaux d’inventaires ont été amorcés en Nouvelle-Angleterre (Atwood et al. 1996), au Nouveau-Brunswick (Nixon et al. 2001) et au Québec (YA données inédites). Mais ce sont les travaux de l’équipe du Vermont, en 1997, qui ont révélé les particularités du système social de l’espèce (Goetz et al. 2003; Strong et al. 2004) en observant la présence de plusieurs mâles nourrisseurs à certains nids. Cette situation a été documentée l’année suivante, au Québec, par l’équipe que je dirigeais en Gaspésie. Cette multi-paternité comportementale est également accompagnée d’une multi-paternité génétique (Goetz et al. 2003; YA données inédites). Par ailleurs, les efforts de baguage, tant au Vermont qu’au Québec, ont démontré que le ratio des sexes était biaisé en faveur des mâles, c’est-à-dire 2 à 3 mâles par femelle (Rimmer et al. 2001). Ball (2000) a même observé que les femelles pouvaient chanter, situation plutôt inusitée pour un passereau de région septentrionale.

De plus, l’espèce ne défend pas de territoire proprement dit. Ces dernières informations étaient d’une grande importance relativement au dénombrement de l’espèce, ainsi on ne pouvait plus estimer le nombre d’oiseaux à partir des méthodes généralement utilisées pour de nombreux autres passereaux. Aussi, on a rapidement constaté qu’il y avait des enjeux de conservation pour cette nouvelle espèce tant sur les aires de nidification que d’hivernage. Un premier rapport de situation pour le comité sur la situation des espèces en péril au Canada a été publié (Nixon 1999) suivi d’un second (COSEPAC 2009), menant à son statut d’espèce menacée de disparition (Gouvernement du Canada 2012). Plusieurs projets ont démarré afin de mieux décrire l’habitat utilisé par l’espèce et les enjeux de conservation sur les aires de nidification (Connoly 2000; Nixon et al. 2001; Hale 2001, 2006; Connolly et al. 2002; Chisholm 2005; Lambert et al. 2005; Chisholm et Leonard 2008; Frey 2008, 2011; Studd et al. 2012; Parrish 2013; McKinnon et al. 2014) et sur les aires d’hivernage (Rompré et al. 2000; McFarland 2013) où le Vermont Center for Ecostudies a investie beaucoup d’énergie. Depuis les années ’90, outre certaines autorités fédérales et provinciales, quelques organismes se préoccupent de la Grive de Bicknell et contribuent aux connaissances qui permettent de mieux orienter les efforts de conservations de l’espèce tant au Canada (p. ex. : Études d’oiseaux Canada et le Regroupement QuébecOiseaux) qu’aux États-Unis (p. ex. : Vermont Center for Ecostudies). Depuis, la littérature n’a cessé de s’enrichir pour le bénéfice de la conservation de cette espèce menacée.

Résumé

Les objectifs sociétaux et la loi exigent que la conservation de la biodiversité, particulièrement la protection des espèces menacées, soit intégrée dans la planification et la gestion du territoire. La grive de Bicknell (Catharus bicknelli (Ridgway, 1882)) est une espèce menacée nichant dans les forêts montagnardes dominées par le sapin baumier (Abies balsamea (L.) P. Mill.) du nord-est de l’Amérique du Nord. Nous avons suivi 34 grives de Bicknell munies de radio-émetteurs dans le sud du Québec, dans le but d’examiner la taille, l’emplacement et la composition en habitat des domaines vitaux dans des secteurs ayant subi différents traitements sylvicoles. Les domaines vitaux des grives de Bicknell contenaient une proportion significativement plus importante de forêts denses que de secteurs soumis à des éclaircies précommerciales. À l’intérieur de leurs domaines vitaux, les grives se retrouvaient aussi davantage dans les peuplements denses que dans les peuplements éclaircies, et n’évitaient pas les lisières de peuplements. En fait, elles se retrouvaient de manière disproportionnée en bordure des peuplements récemment éclaircies. Nous concluons que la grive de Bicknell peut coexister avec des pratiques sylvicoles suivant lesquelles une mosaïque de paysages est dominée par des peuplements denses de sapins baumiers entremêlés de peuplements éclaircis.

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Table des matières

Résumé
Abstract
Liste des tableaux
Liste des figures
Liste des annexes
Remerciements
Avant-propos
Introduction générale
Gestion forestière et conservation de la biodiversité
Concept d’habitat
Foresterie et structure de l’habitat
L’application des « filtres fin et brut » dans le contexte forestier
Conservation d’une espèce rare : la Grive de Bicknell
Objectif et organisation de la thèse
Bibliographie
Response of Bicknell’s Thrush (Catharus bicknelli) to boreal silviculture and forest stand edges: a radio-tracking study*
Résumé
Abstract
Introduction
Materials and methods
Study area
Capture and radio-tracking
Size, composition, and use of home ranges
Response to stand edges
Results
Size, composition, and use of home ranges
Response to stand edges
Discussion
Size, composition, and use of home ranges
Response to stand edges
Acknowledgements
References
Regional patterns of habitat use by a threatened forest bird, the Bicknell’s Thrush (Catharus bicknelli), in Quebec*
Résumé
Abstract
Introduction
Materials and methods
Study areas
Point counts
Vegetation and topography
Statistical analysis
Results
Discussion
Habitat-use models
Overall abundance among regions
Relationships between Bicknell’s and Swainson’s thrushes
Acknowledgements
References
Not enough habitat or not enough birds? Low habitat occupancy by Bicknell’s Thrush (Catharus bicknelli) in Québec’s Laurentian Highlands*
Pas assez d’habitat ou pas assez d’oiseaux ? Faible taux d’occupation de l’habitat par la Grive de Bicknell (Catharus bicknelli) sur le Plateau Laurentien, Québec*
Résumé
Abstract
Introduction
Methods
Study area
Point counts
Site occupancy
Niche space occupancy
Results
Discussion
Acknowlwdgements
Literature cited
Conclusion générale
Bibliographie

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