Facteurs influençant la possession d’un échographe

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Recueil de données

Les données ont été recueillies au moyen d’un questionnaire en ligne [Annexe 7].
Pour l’adressage des questionnaires, l’Union Régionale des Professionnels de Santé Médecins Libéraux et l’Ordre des Médecins, ont été sollicités.
Le nombre de médecins ayant reçu le questionnaire n’a pas pu être connu étant donné la transmission potentielle de confrère à confrère. Le nombre de réponses attendues n’a donc pas pu être déterminé.

Aspects éthiques et juridiques

Ce projet de recherche portant sur les pratiques professionnelles et reposant sur un questionnaire auprès de professionnels de santé, était hors-champ de la loi Jardé.
Il ne nécessitait donc pas d’avis du Comité de Protection des Personnes, ni de promoteur, ni d’assurance. Ce travail ne collectait aucune donnée personnelle ou se rapportant à une personne physique pouvant être identifiée. Ainsi, il ne relevait pas de la loi « informatique et libertés » et ne nécessitait donc pas de déclaration auprès de la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés. Cette thèse ne recueillant pas de données « sensibles », l’avis du Comité d’Ethique n’a donc pas été nécessaire.

Déroulé de l’étude

Le questionnaire comportait à la fois des questions ouvertes et fermées. Les données de nature qualitative ont pu être converties en données quantitatives. Le questionnaire a été testé au préalable par trois praticiens de médecine générale et un médecin urgentiste utilisant l’échoscopie. Le questionnaire a été envoyé par mail et par WhatsApp et avait pour support Google Forms : docs.google.com. Ce site internet a permis la collecte des données et l’édition des résultats sous la forme de tableau Excel.
Le questionnaire était divisé en cinq parties. La première partie portait sur la démographie de la population étudiée. La seconde partie était adressée au praticien ne possédant pas d’échographe, elle cherchait à identifier les freins à la possession d’un échographe. La troisième partie portait sur l’utilisation de l’échographe pour les praticiens en possédant un, leur motivation à l’acquisition, les modalités d’utilisation et leur formation en échographie. La quatrième partie concernait le souhait de formation de la population étudiée et enfin la cinquième partie concernait le type de formation recherché.

Groupe non équipé d’un échographe

Les raisons formulées par les praticiens n’utilisant pas d’échographe sont principalement le défaut de formation pour 46 médecins (42,9%), l’aspect médico-légal pour 40 médecins (37,4%) et l’aspect chronophage pour 29 d’entre eux (27,1%). Les raisons des 7 médecins (6,5%) ayant répondu « Autre » sont listées ci-après : « Collaborateur en cours de formation ». « Centre de radiologie à moins d’un kilomètre ». « Je pratique en clinique ». « Difficile de l’utiliser si on ne pratique pas ». « Pas d’intérêt dans ma pratique quotidienne ». « En fin de carrière, plus jeune ça m’aurait intéressé, mais avec beaucoup de travail et quelques années à faire l’”investissement” n’est pas rentable». « Centre de radiologie à proximité du cabinet ».

Facteurs influençant la possession d’un échographe

Deux groupes de médecins ont été comparés : les médecins possédant un échographe et ceux n’en possédant pas.
Puis la comparaison s’est établie suivant différentes caractéristiques afin de définir des liens statistiques entre chaque critère.
La population d’étude comptait 61,7% de femmes.
Le sex-ratio était respectivement de 6 hommes pour 7 femmes (0,86) chez ceux possédant un échographe et de 34 hommes pour 73 femmes (0,47) chez ceux n’en possédant pas.
La zone d’exercice la plus fréquemment retrouvée était en zone urbaine pour les utilisateurs de l’échographe (53,8%) et en zone semi-rurale pour les non utilisateurs (56,1%). La distance médiane estimée en durée avec un centre de radiologie était de plus de quinze minutes pour les médecins faisant de l’échographie et de moins de quinze minutes pour les médecins ne pratiquant pas l’échographie.
Le mode d’installation le plus fréquemment retrouvé était : en groupe pour les médecins pratiquant l’échographie (53,8%) et seul pour les médecins ne pratiquant pas (59,8%).

Discussion

Plus de la moitié des médecins de Guadeloupe semblait être intéressée par l’échoscopie compte tenu du taux de réponse que nous avions obtenu. Les plus équipés étaient ceux ayant un exercice mixte et ceux ayant un exercice en tant que MSU. La motivation des médecins de Guadeloupe à se former aux Antilles était importante. Les données recueillies, au cours de notre travail, nous permettaient une comparaison avec certains des résultats de la littérature. Leur analyse avait pour but d’améliorer la pratique de l’échoscopie en Guadeloupe, en cabinet de médecine générale.

Forces et faiblesses de l’étude

Les forces de notre travail résidaient dans son caractère novateur de ce sujet qui n’a jamais été traité en Guadeloupe. La deuxième force était la taille de notre échantillon qui représente plus de 50% de notre population ; notre échantillon peut être considéré comme représentatif de la population étudiée. En outre, les études françaises sur ce thème, ciblées sur un département ou une région, avaient des échantillons de population plus réduits. Certaines études déjà réalisées comptaient une population de plusieurs dizaines de médecins [5, 8, 15, 19-21], à l’exception des études de Lièvre-Doornbos (n = 100) [22], Many (n = 381) [23] et Godiveaux (n = 614) [24]. Une des faiblesses de notre étude résidait dans le fait qu’il s’agissait d’une étude observationnelle descriptive. Elle ne pouvait conclure à des relations de causalité mais uniquement à l’existence d’une association entre les facteurs mesurés. Un biais de réponse a été engendré par le mode de recrutement et le fait qu’il y avait une transmission possible du questionnaire. Une enquête en ligne pouvait également représenter un obstacle. Un biais de recrutement a également été provoqué lors de l’adressage du questionnaire. Le taux d’équipement en échographe dans notre étude était évalué à un peu plus de dix pour cent. En France métropolitaine ce ratio était de moins d’un pour cent en 2015, données obtenues dans le travail de thèse de Justine Bloquel en 2019 [15].
Il y avait potentiellement une surévaluation de ce résultat dans notre étude de par le biais de mesure.

Caractéristiques de la population

Pour établir une comparaison, nous avions choisi d’utiliser les chiffres de 2015 étant donné que des chiffres plus récents n’étaient pas disponibles pour les territoires d’outre-mer [25, 26]. En 2015 en Guadeloupe, la moyenne d’âge des médecins était de 51 ans (hommes : 53 ans, femme : 48 ans) et 41 % étaient des femmes. Au niveau national, l’âge moyen était de 51,5 ans et 44,6% étaient des femmes. En 2018, l’âge moyen état de 57 ans et 43% étaient des femmes. A cause de certains de nos biais, l’âge moyen des médecins de notre étude était de 47 ans et 61,7% étaient des femmes. Cette différence pourrait être expliquée par la féminisation de la médecine [27]. Une confirmation pourra être obtenue grâce au futur atlas de démographie médical.

Equipement en échographe

Dans la littérature, on ne trouvait pas de données comparables sur le taux d’équipement des cabinets de médecins généralistes à l’étranger, à l’exception de la Suisse, où celui-ci était estimé à 30%, comme on pouvait le constater dans la revue médicale suisse en 2017 [28]. Ce qui est nettement supérieur à notre résultat qui était de 10,83%. Concernant les motivations à s’équiper d’un échographe, l’aide diagnostique était une des principales motivations à l’acquisition d’un échographe dans plus de deux tiers des cas. Elle pouvait être envisagée dans des situations précises qui avaient déjà pu être identifiées dans des études françaises. En 2013, Marie Lemanissier avait dans son étude aboutie à la première liste d’indications d’échographies réalisables par le médecin généraliste [7] [Annexe 8]. En 2018, Marine Guias avait réalisé un travail de thèse permettant une nouvelle présentation de situations clinico-échographiques ; situations dans lesquelles le médecin généraliste pouvait avoir besoin d’un échographe. [4, 5 19, 23, 29] [Annexe 9]. L’aide diagnostique aboutissait fréquemment à modifier la prise en charge immédiate du patient d’après les études de Claire Lecerf en 2014 [19] et de Clément Renaudin en 2015 [20]. Un autre avantage de l’échoscopie au sein du cabinet de médecine générale, était de pouvoir orienter son patient dès la réalisation de l’acte. Ceci permettait un gain de temps pour ce dernier [19] et une baisse du coût de santé [30].
Concernant les autres motivations, nos résultats sur la réalisation d’actes techniques et la diminution du délai pour obtenir une échographie, étaient comparables aux autres études [5, 29]. D’autres motivations avaient été retrouvées dans la littérature mais n’avaient pas été citées par notre échantillon : « difficulté à trouver un radiologue sans complément d’honoraire», « réaliser soit même une échographie plutôt que de récupérer un compte rendu hasardeux » [31], « la disponibilité immédiate de l’échographie » [32], ou encore « Enrichissement de la pratique » [5, 23, 29]. Dans notre étude, l’échographe était utilisé de façon très fréquente avec pour plus de la moitié de notre population une utilisation quotidienne. Ceci représentait un volume annuel de 171 examens par médecin généraliste pratiquant l’échographie. Ces résultats semblaient comparables, à ceux concernant l’utilisation de l’échographe en Europe [30].

Freins à l’acquisition d’un échographe

Les facteurs limitant la possession d’un échographe retrouvés dans notre étude étaient également ceux présents dans les études réalisées dans l’hexagone. L’absence d’équipement semblait principalement être imputé à un défaut de formation [8, 21, 31-33], ainsi qu’à la crainte du risque médico-légal et à l’aspect chronophage [4, 7, 8, 15, 21-24, 29, 31-34]. Une insuffisance de formation en France et à l’étranger restait à déplorer, notamment en Europe [34]. Outre atlantique, des avancées étaient prévues. En 2014, il y avait 2% des universités américaines ayant un programme intégrant une formation à l’échographie POCUS pour les médecins généralistes [14]. Nos facultés de médecine n’avaient aucun programme similaire, et rien n’était prévu dans les récentes réformes. Certaines sociétés savantes s’accordaient sur un niveau de formation élevé pour les échographies diagnostiques d’organe et sur un niveau de formation spécialisé pour l’échographie POCUS et les techniques d’échoscopie [35, 36]. Pour l’apprentissage de l’échoscopie pour le médecin généraliste, l’American Academy of Family Physicians recommandait une formation théorique et une formation pratique. En fonction de l’organe étudié, un nombre d’heures de pratiques et un nombre variable de cliché était requis. Certaines techniques d’échoscopie pouvaient être maitrisées en quelques heures seulement (aorte abdominale) et d’autres requéraient une formation plus longue (abdomen, coeur) [30]. Le travail de thèse d’Alexie Lièvre-Doornbos en 2018 avait permis d’identifier le gain de temps, chez une population de médecins utilisant un échographe. [22]

Perspective

Une uniformisation de la formation au niveau national serait souhaitable pour les Diplômes Universitaire d’échoscopie pour le médecin généraliste. La formation à l’échoscopie pourrait se faire à l’instar de certaines formations canadiennes [17, 18] dès le second cycle du cursus de médecine sous la forme de modules pratiques et théoriques. L’échoscopie en médecine générale serait une pratique à clarifier, avec une législation à établir. Il serait nécessaire de créer une cotation spécifique et une nomenclature adaptée à l’échoscopie en médecine générale. L’échographe serait placé dans le cabinet du médecin généraliste comme un prolongement de son examen clinique, de la même façon que l’appareil à glycémie capillaire ou l’électrocardiogramme. La possibilité de cotation en cumul avec la consultation, comme pour l’électrocardiogramme, paraît également souhaitable à l’utilisation de cet outil. Maxime Geslin l’avait proposé dans son travail de thèse en 2017 [31]. Pour motiver les professionnels à s’équiper de cet outil, on pourrait mettre en place des réseaux afin d’avoir la possibilité de transmission d’images à un expert, et si besoin, la demande d’un nouvel examen par un spécialiste. Ces réseaux diminueraient la crainte du risque médico-légal, en proposant une relecture ou un examen quantitatif par un expert. La télémédecine est déjà en place entre Marie-Galante et le service de Cardiologie du CHU de Guadeloupe. Ce réseau avait été élaboré devant le problème de l’importance de l’insuffisance cardiaque en Guadeloupe. Une expertise à distance par un radiologue lors de l’utilisation de l’échographe en médecine générale dans un contexte de télémédecine serait également à étudier. Concernant un DU d’échoscopie pour le médecin généraliste, plus de la moitié des médecins auraient été intéressés s’il avait été proposé par l’université des Antilles. Ceci confirmait une motivation globale des médecins généralistes à se former sans avoir à quitter la Caraïbe. Une autre étude, ayant pour objectif principal l’intérêt à une formation en échoscopie pour le médecin généraliste guadeloupéen, aurait été nécessaire pour confirmer ce résultat.

Conclusion

L’utilisation de l’échographe est assez répandue dans les cabinets de médecine générale en Guadeloupe. Nous avons pu identifier deux facteurs favorisants son usage : l’activité mixte (libérale et salariée) et l’enseignement en tant que maître de stage universitaire. Conformément aux résultats de la littérature, la carence en formation et l’aspect médico-légal apparaissent comme les causes principales de l’absence d’équipement. Les généralistes de Guadeloupe ont exprimé leur intérêt certain à se former à l’échoscopie dans leur département. Afin d’améliorer l’offre de soin ambulatoire, nous avons proposé la création d’une formation locale pour l’utilisation de l’échoscopie en médecine générale et un réseau de santé « ultrason ». Des travaux complémentaires à notre étude seraient nécessaires pour confirmer une économie de coût de santé grâce à une formation à l’échoscopie en Guadeloupe. L’élaboration d’enseignements uniformisés, de nomenclature et de cotation en accord avec notre système de santé actuel, semble nécessaire, afin que l’échographe soit assurément le stéthoscope du XXIème siècle.

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Table des matières

Introduction
Matériel et Méthode
Type d’étude
Sélection de la population d’étude
Recueil de données
Aspects éthiques et juridiques
Déroulé de l’étude
Analyse statistique
Résultats
Caractéristiques de la population étudiée
Groupe équipé d’un échographe
Groupe non équipé d’un échographe
Facteurs influençant la possession d’un échographe
Intérêt d’une formation à l’échographie en Guadeloupe
Discussion
Forces et faiblesses de l’étude
Caractéristiques de la population
Equipement en échographe
Freins à l’acquisition d’un échographe
Perspective
Conclusion
Bibliographie

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