Facteurs du déclin du vautour charognard dans le monde

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Particularité physiologique : le « flushing »

Le vautour charognard présente la particularité de rougir la peau (« flush » en anglais) de sa tête et de son cou quasi nu, le faisant passer du rose à un rouge pourpre (Fig. 3). Ce phénomène lié à la thermorégulation est rendu possible par une densité de capillaires sanguins sous-cutanés beaucoup plus importante sous la peau nue de la tête et du cou que sous la peau couverte de plumes (Negro et al., 2006). Il apparaît aussi dans les interactions sociales ; il a été observé au cours de rencontres agonistiques ou en présence de nourriture (Ferguson-Lees & Christie, 2001 ;
Negro et al., 2006 ; Borrow & Demey, 2014) ; cela suggère que c’est un système de signalisation dans la communication intraspécifique, qui est superposé au processus purement thermorégulateur (Negro et al., 2006).

Ecologie et écoéthologie

Répartition géographique

Le vautour charognard est endémique du continent africain. Il est largement répandu à travers  toute l’Afrique sub-Saharienne (Fig. 4), excepté les régions fortement boisées d’Afrique Centrale (Ogada & Buij, 2011 ; Odino et al., 2014). Sa répartition va du Sénégal et du Sud de la Mauritanie à l’Est du continent à travers le Sud du Niger et du Tchad jusqu’au Sud du Soudan, au Soudan du Sud, à l’Ethiopie puis à l’Ouest de la Somalie (Fig. 4) ; puis en direction du Sud au Nord de la Namibie et au Botswana, et à travers le Zimbabwe jusqu’au Sud du Mozambique et au Nord-Est de l’Afrique du Sud (Ferguson-Lees & Christie, 2001 ; BirdLife International, 2017).

Comportement migratoire

L’espèce est généralement sédentaire ; elle présente quelques dispersions effectuées par des individus non-reproducteurs et des oiseaux immatures. On note toutefois des mouvements régionaux en réponse aux précipitations dans le Sahel et en Afrique de l’Ouest. Un grand nombre d’oiseaux migrent sur 300 à 500 km durant la saison des pluies vers le nord du Sahel avant de redescendre vers le Sud en Novembre (Thiollay, 1978 ; Ferguson-Lees & Christie, 2001 ; BirdLife International, 2017), de fait, excepté dans le Sahel, l’espèce est plus abondante lors de la saison sèche (Ferguson-Lees & Christie, 2001). C’est un migrant à Djibouti et au Swaziland et un errant au Maroc (Ogada & Buij, 2011).

Habitat et mode de vie

Le vautour charognard est souvent associé avec les sociétés villageoises et urbaines humaines au nord de l’équateur ; mais il est aussi rencontré dans les plaines ouvertes, les bordures de forêts, les savanes arborées, les déserts et les zones côtières (Ferguson-Lees & Christie, 2001 ; Ogada & Buij, 2011 ; Borrow & Demey, 2014 ; Odino et al., 2014 ; BirdLife International, 2017). Cependant, contrairement aux autres vautours, il est de plus en plus connecté aux environnements anthropiques (par rapport à ses habitats naturels) dans presque tous les pays sub-sahariens (Henriques, 2016 ; Henriques et al., 2018).
Au nord de l’Equateur, aussi bien dans l’Ouest et l’Est du continent africain, ces vautours sont commensaux des humains, ils sont souvent associés aux dépôts d’ordures et aux abattoirs dans les zones urbaines, où ils se rassemblent par centaines à proximité de toute source abondante de nourriture (Ferguson-Lees & Christie, 2001 ; Ogada & Buij, 2011 ; Odino et al., 2014). Ils se perchent également ensemble et en nombre dans les arbres et nichent en petits groupes (Ferguson-Lees & Christie, 2001). Cette relation étroite avec l’homme lui a permis d’augmenter en nombre du fait de l’absence de compétition avec d’autres espèces de vautours dans les environnements urbains (Ogada & Buij, 2011).
Au sud de l’équateur, le vautour charognard se trouve dans les savanes loin des troubles occasionnés par les hommes dont il évite la proximité (Ferguson-Lees & Christie, 2001 ; Odino et al., 2014 ; Mullié et al., 2017) ; il y est plus solitaire et est majoritairement localisé dans des zones de conservation où il dépend de nourriture naturelle pour la majeure partie de son régime alimentaire (Ogada & Buij, 2011 ; Global Raptor Information Network, 2018).
En Afrique de l’Ouest et au Kenya, la nidification du Vautour charognard, de la ponte à l’envol, a lieu toute l’année mais plus spécialement du mois de Novembre au mois de Juillet (Ferguson-Lees & Christie, 2001 ; Daboné et al., 2016 ; BirdLife International, 2017). Au Nord-Est de l’Afrique la nidification survient principalement d’Octobre à Juin, tandis que les oiseaux d’Afrique du Sud ont tendance à se reproduire de Mai à Décembre (Ferguson-Lees & Christie, 2001 ; BirdLife International, 2017). C’est un nicheur arboricole que l’on retrouve rarement au sommet des arbres mais plutôt dans les embranchements sous la canopée des grands acacias, palmiers, ébènes (Afrique du Sud), et autres arbres (Ferguson-Lees & Christie, 2001), notamment les fromagers (Ceiba pentandra) qu’ils préfèrent au Sénégal (BirdLife International, 2017).

Régime et comportement alimentaire

C’est un charognard polyvalent qui se nourrit de nombreuses variétés de petites carcasses, spécifiquement des abats issues des zones urbaines, des morceaux de viandes, de la peau et des os, des petits animaux écrasés sur la route, et les restes de carcasses plus grandes déjà exploités par d’autres charognards. Il se nourrit également de fèces humains et ceux provenant d’autres mammifères, de déchets et restes divers issus de l’alimentation humaine, de poissons morts et échoués (Ferguson-Lees & Christie, 2001 ; Ogada & Buij, 2011 ; Kibuule, 2016). Il peut aussi se nourrir d’insectes, les individus se rassemblent alors en grand nombre lors d’émergences d’insectes, telles les sauterelles, les termites ailées, les chenilles et autres larves (Ferguson-Lees
& Christie, 2001 ; BirdLife International, 2017). Dans les endroits où les apports de nourriture sont réguliers, comme les abattoirs, les décharges, les marchés, ou les petits zoos, les individus attendent souvent dans les arbres adjacents et y emportent souvent des morceaux de viandes dans leur bec ; ils sont également présents pendant les labours dans les zones de cultures pour se nourrir d’invertébrés perturbés par cette pratique dans les cultures (Ferguson-Lees & Christie, 2001). Ils sont souvent parmi les premiers vautours à arriver sur une large carcasse mais sont rapidement supplantés, ils laissent d’ailleurs systématiquement la place aux autres espèces de vautours et se retrouvent en bas de la hiérarchie ; plus tard ils usent de leur fin bec pour se nourrir de morceaux que les plus grands charognards n’ont pu atteindre (Hertel, 1994 ; Ferguson-Lees & Christie, 2001 ; Global Raptor Information Network, 2018).

Etat de la population du Vautour charognard et menaces

Etat de la population mondiale

Les observations et données issues de couvertures et de qualités variées, provenant de différentes régions de son aire de répartition, suggèrent que la population globale de vautours charognards encoure un déclin très rapide. Le nombre maximal d’individus de la population est estimé à 197 000 en 2016, ce qui constitue une perte de 26% des effectifs depuis l’estimation de 1999 ; le taux du déclin est estimé à 86% en 53 ans, soit sur trois générations (Ogada & Buij, 2011 ; Ogada et al., 2016 ; BirdLife International, 2017). Le déclin du vautour charognard est très marqué dans beaucoup de villes ouest africaines. Dans les années 1990, l’ornithologue Jean-Marc Thiollay a noté des chutes d’effectifs spectaculaires, et parfois des extinctions complètes à priori non-explicables, dans nombre de villes Ouest-africaines depuis les années 1960 ; c’est le cas entre autre pour Niamey (Niger), Bouaké (Côte d’Ivoire) et Bobo-Dioulasso (Burkina Faso). Les effectifs à Ouagadougou (Burkina Faso) ont également fortement diminué (Thiollay, 2006 ; Mullié et al., 2017).

Etat de la population au Sénégal et en Gambie

Au Sénégal, à Dakar, la population urbaine de vautours charognards est passée de 3000, au début des années 1970, à 400 individus en 2016, soit une perte d’effectifs de 87% en l’espace d’un demi-siècle (Mullié et al., 2017). Dans la partie sud du pays, à l’Ouest l’espèce présente une densité plus importante avec probablement 2 350 à 2 700 couples dans le département de Ziguinchor (BirdLife International, 2017). Il faut néanmoins prendre en compte que les vautours des autres régions du Sénégal ont reçu très peu d’attention : en octobre 2016 dans l’est du Sénégal, a été dénombré par transect 581 vautours charognards pour une densité de 25,1 individus par km² ; Jean Delannoy estima le nombre de vautours charognards entre 100 et 200 individus durant la saison des pluies dans la ville de Tambacounda (Mullié et al., 2017).
Les données sur la Basse-Casamance concordent avec les relevés indiquant que l’espèce demeure relativement abondante dans le littoral gambien ; elle semble être l’une des dernières régions parmi les plus denses en vautours charognards sur son aire de répartition (Henriques, 2016 ; BirdLife International, 2017). C’est une zone à forte densité humaine, mais la relation commensale y est favorisée par la population gambienne qui tolère et même accueille les vautours charognards sans les harceler ou les capturer pour des objets fétiches (Jallow et al., 2016). La population de vautour charognard dans la région côtière au sud du fleuve Gambie a été récemment estimé entre 7 000 et 10 500 individus, soit 4 à 5 % de la population globale dans une région représentant moins de 0,0001 % de l’aire géographique de l’espèce ; ce qui équivaut à une densité autour de 17,5 oiseaux par km², là ou dans la majorité des autres bastions de l’espèce les densités mesurées ne dépassent pas 0,6 oiseaux par km² (Jallow et al., 2016).

Menaces

Facteurs du déclin du vautour charognard dans le monde

Depuis 2015, le vautour charognard est placé sur la liste rouge IUCN des espèces « en danger critique d’extinction ». La population mondiale de cet oiseau subit un déclin extrêmement rapide dû à plusieurs facteurs (BirdLife International, 2017) :
L’empoisonnement non-intentionnel par les appâts visant les prédateurs de bétail, et l’empoisonnement intentionnel par les braconniers ; ceux-ci utilisent essentiellement un pesticide de la famille des carbamates : le carbofuran de formule C12H15NO3, commercialisé en Afrique sous le nom de Furadan (BirdLife International, 2017 ; Mullié et al., 2017) ;
La capture, le commerce et l’utilisation du vautour charognard dédié à la médecine traditionnelle, à la sorcellerie, et en tant que viande de gibier, sont mentionnés dans plusieurs rapports provenant d’Afrique de l’Ouest ;
Les persécutions directes telles que le pillage des œufs et la destruction des nids ; Les électrocutions par les lignes à haute tension ;
La dégradation et la perte d’habitat (Ogada & Buij, 2011 ; Henriques, 2016 ; Kibuule, 2016 ; BirdLife International, 2017 ; Mullié et al., 2017).

Facteurs du déclin du vautour charognard au Sénégal

Tous les facteurs de déclin du vautour charognard susmentionnés sont connus au Sénégal, mais faiblement reportés dans la littérature scientifique :
L’empoisonnement indirect. Dans les zones pastorales du Nord du Sénégal et du Sud de la Mauritanie, les pertes de vautours des récentes décennies sont principalement dues à l’utilisation massive de strychnine (C21H22N2O2) pour tuer les prédateurs du bétail. Un cas particulier d’empoisonnement d’un cadavre de vache par un carbamate fut découvert en Décembre 2015 dans la Réserve communautaire de Boundou, près de Goudiry dans l’Est du Sénégal ; 27 des 35 oiseaux retrouvés morts empoisonnés par cette carcasse furent des vautours charognards (Mullié et al., 2017).
Capture de vautours charognards. Elle est dédiée aux pratiques fétiches et utilisée pour la viande de gibier. Cela représente 975 à 1 462 individus prélevés par an en Afrique de l’Ouest, soit 0,7 à 1% de la population totale de vautours prélevée par cette pratique chaque année en Afrique de l’Ouest, bien que ce nombre semble être largement sous-estimé (Buij et al., 2016).
Dégradation et perte d’habitat. La réduction de la population de vautour charognard au Sénégal est corrélée au déclin du nombre d’espèces d’arbres utilisées pour la nidification (BirdLife International, 2017).

Causes du déclin du vautour charognard à Dakar

A Dakar, la chute démographique du vautour charognard est multifactorielle :
Croissance démographique humaine. L’augmentation de la population sénégalaise dakaroise, passant de 700 000 habitants en 1970 à 3,6 millions en 2018 (Mullié et al., 2017 ; ANSD, 2019), engendre une urbanisation galopante, dont la majeure partie se concentre dans la région de Dakar, ainsi que la disparition des espaces arborés (Mullié et al., 2017).
Densité des constructions. Il découle de la croissance démographique une augmentation exponentielle de la densité des constructions (Mullié et al., 2017). Elle a également pour conséquence la disparition des espaces ouverts et des grands arbres dont ceux préférentiellement utilisés par les vautours charognards (les filaos, Casuarina equisetifolia, et les cocotiers, Cocos nucifera) (Mullié et al., 2017). Les vautours qui quittent les zones urbaines devenues moins attractives ne peuvent se réfugier dans les nouveaux quartiers en bordure de la ville. Les abords de Dakar manquent de grands arbres, et le peu existant est rapidement coupé pour faire place aux constructions (Mullié et al., 2017).
Empoisonnement. Bien que passant quasi-inaperçu, c’est un facteur important non-négligeable. L’utilisation à grande échelle et continue du sulfate de strychnine pour éradiquer les chiens sauvages errants disséminant la rage, a permis d’éliminer 21 329 chiens errants dans tout le pays entre 2011 et 2016 (Mullié et al., 2017). Pour y parvenir, de la viande trempée dans une solution de sulfate de strychnine fut déposée dans les endroits où se concentrent les chiens, tels les abattoirs, les hôpitaux, les cimetières, les marchés, les décharges, les baraquements ou les plages, sites où les vautours sont également présents (Mullié et al., 2017).
Médecine traditionnelle. L’utilisation des parties vautours pour la médecine traditionnelle est connue à Dakar, bien que les items ne soient pas très nombreux et que leur traçabilité est douteuse du fait du nombre important de vendeurs provenant de pays voisins (Mullié et al., 2017). Toutefois, il existe une forte demande de la population sénégalaise pour les parties de vautours. Elles sont utilisées pour traiter certaines maladies, selon les cultures ethniques, comme la lèpre (chez les Bambaras), les douleurs stomacales, les maladies rénales, et certains ecto- et endoparasites (chez les Bambaras), ou comme charme pour devenir invulnérable (chez les Sérères), réussir un examen ou obtenir une promotion hiérarchique, ou encore pour voir le futur d’une personne (pour les Wolofs et Sérères) (Mullié et al., 2017).

Projet de THECOGAS à l’abattoir de Dakar

Contexte d’intervention et projet pilote

L’abattoir de Dakar, géré par la Société de Gestion des Abattoirs du Sénégal (SOGAS ex SERAS), est le plus grand du Sénégal ; chaque jour y sont abattus en moyenne 200 bovins et 1500 ovins/caprins, 250 m3 d’eau et 2500 kWh d’électricité sont consommés quotidiennement par le complexe. L’abattage génère plus de 200 tonnes de déchets par jour tout état confondu (liquide comme solide), qui sont stockés en grande partie sur place, dans une zone dédiée. Ils représentent une nuisance tant sur le plan environnemental que sanitaire (Ndiaye, 2013a ; Ndiaye, 2013b, Ndiaye 2015b).
Depuis 2013, la SOGAS travaille avec l’entreprise THECOGAS Sénégal SARL, entreprise spécialisée dans le développement du marché du biogaz industriel pour produire de l’électricité et de la chaleur. THECOGAS s’est implanté à l’abattoir pour réaliser un projet pilote sur la valorisation des déchets de l’abattoir, qui implique la construction d’une installation de biométhanisation. Le projet consiste à utiliser les déchets pour produire de l’énergie. Il s’agit, par un processus de fermentation accéléré des principaux déchets biodégradables de l’usine, d’obtenir un biogaz, donnant un biométhane après raffinage, qui, à travers un moteur à gaz couplé avec un générateur ainsi qu’une chaudière, restitue 40% de son énergie sous forme d’électricité et 60% sous forme de chaleur (Ndiaye, 2013a ; Ndiaye, 2015a).

Fonctionnement de l’unité de méthanisation

L’installation comprend quatre pôles :
o A produire le biogaz par dégradation de la matière organique issue des contenus de panse, eaux usées, et du sang, qui représentent 40 à 60 m3 de déchets sur les 200 tonnes quotidiennes produites par l’abattoir. Les déchets sont pré-mélangés dans une fosse équipée d’une pompe broyeuse mélangeuse. La production de biogaz se fait en milieu anaérobie,
dans un digesteur en bâche de 2500 m3, et s’élève entre 800 et 1000 m3 de biogaz par jour. Deux compresseurs fonctionnant en alternance introduisent quelques litres d’air, environ 6% du volume total, afin de réduire la quantité de sulfure d’hydrogène H2S contenu dans le biogaz à moins de 200 ppm. Ce système, qui relève de réactions d’oxydoréductions, transforment le sulfure d’hydrogène en sulfate, oxygène et eau.
o Le fonctionnement du pôle biochimie entraine la dégradation des substrats introduits dans le digesteur. Pour assurer l’équilibre du fonctionnement des bactéries, les substrats sont introduits chaque jour, et 80% de l’équivalent en volume des substrats sont extraits du digesteur, soit 30 à 50 m3 de produits par jour. Les produits sortis sont appelés digestats, ils ont une bonne valeur agronomique pour la fertilisation : il s’agit d’engrais liquide directement assimilable par la plante car la minéralisation est achevée et issue d’un processus de dégradation de la matière organique d’où l’appellation de bio-fertilisants (Ndiaye, 2013a ; Ndiaye, 2013b ; Ndiaye 2015a).
2. Le pôle de raffinage, où est acheminé le biogaz par un réseau de gazoduc. Ce pôle est essentiellement composé d’un désulfurisateur, lui-même constitué de deux « ballons filtres » à base de limailles de fer et fonctionnant en alternance, qui fixent le H2S et l’eau résiduels. Le biogaz épuré est utilisé comme biocarburant pour le moteur du pôle de production d’énergie et de chaleur. Dans le circuit de transport, des puits de condensation piègent l’eau issue du déplacement du biogaz (Ndiaye, 2013a ; Ndiaye, 2013b).
3. Le pôle de production d’énergie et de chaleur (PCCE), d’une puissance de 100 kW, qui se compose d’un groupe électrogène à biogaz entrainant un alternateur pour la production d’énergie électrique, et d’une chaudière qui transforme les gaz produits en vapeur d’eau et donc en eau chaude pouvant atteindre 90°C. Ce pôle permet de produire 800 kWh d’électricité par jour, ce qui couvre environ 30% des besoins énergétiques de l’abattoir (Ndiaye, 2013a ; Ndiaye, 2013b ; Ndiaye 2015a).
4. Le pôle de consommation d’énergie, qui permet d’acheminer l’énergie électrique produite vers les frigos de l’abattoir. Un inverseur permet de basculer entre le PCCE et le réseau de la SENELEC. L’énergie thermique est transformée en eau chaude et redistribuée dans les circuits de l’abattoir (Ndiaye, 2013b ; Ndiaye, 2015b).

Projet de renforcement de l’unité de méthanisation

Depuis 2015, THECOGAS travaille sur un projet de renforcement de cette unité de méthanisation à l’abattoir, qui vise à construire de nouvelles installations sur un terrain vague de 2 ha qui sert de dépôt pour les déchets de l’abattoir (Ndiaye, 2015a) ; il s’agit également du site où se déroule cette étude. Le renforcement prévoit de passer:
o D’un digesteur en bâche de 2500 m3 à trois digesteurs de 2500 m3 chacun, deux en bétons et un poste digesteur ;
o D’un groupe électrogène de 100 kW à un système électrogène de 250 kW pour le PCCE ; o De 800 kWh par jour produit à 2050 kWh par jour, soit d’assurer 80% des besoins en électricité de l’abattoir (Ndiaye, 2015a).
Ce renforcement a pour conséquence de diminuer la part de déchets laissé à disposition pour les vautours, ainsi que de modifier l’environnement où sont déposer les déchets par la construction de nouveaux bâtiments. A la demande de THECOGAS et de quelques spécialistes de l’étude des charognards, il a été proposé à un étudiant d’analyser l’impact potentiel du projet de renforcement de l’activité de THECOGAS sur les vautours charognards, dans le cadre d’un mémoire de Master en Ecologie. Cette étude est le fruit de cette demande et du travail réalisé au sein de l’entreprise ; elle vise à proposer des solutions pour une bonne prise en compte des besoins de la population de vautours charognards dans un écosystème particulier, l’abattoir principal de Dakar.

Matériel & Méthodes

Zone d’étude

Description de l’enceinte

La zone d’étude est constituée par l’enceinte réservée au dépôt des ordures propres au complexe de la Société de Gestion des Abattoirs du Sénégal (SOGAS ex SERAS). C’est également l’abattoir principal de la ville de Dakar. Il est situé au km 9 du Boulevard du Centenaire, à la frontière entre le quartier de Dalifort et de la commune de Pikine, non loin de la côte qui borde le Sud de Dakar. L’enceinte réservée aux déchets est référencée par le point de coordonnées géographique 14°44’25’’N 17°24’23’’W.
Il s’agit d’une zone ouverte dont la surface mesure environ 8 500 m² ; elle est encadrée par des murs en béton variant d’1,50 à 3 mètres de hauteur (Fig. 5 & 6). L’enceinte comporte trois bâtiments de faible hauteur (2,50 à 3m), dans sa moitié Nord un grand préau qui s’étale le long du mur Nord, et l’ancien bâtiment de l’entreprise THECOGAS contre le mur Ouest, aujourd’hui en état de délabrement ; dans sa moitié Sud il y a un ancien bâtiment, lui aussi en état de délabrement, situé contre le mur Sud baptisé « bâtiment jaune » de par sa couleur encore persistante. Deux bâtiments importants, car utilisés par les vautours comme perchoir, se trouvent à l’extérieur de l’enceinte de quelques mètres : un transformateur électrique, à quelques mètres du coin Nord-Est, qui se dresse à environ 8 mètres de hauteur, et une antenne radio qui est ⑤ arbre isolé, ⑥ transformateur, ⑦ antenne, ⑧ amas de déchets (vert : étendue initiale ; bleu : étendue maximale), ⑨ amas de contenus des panses, ⑩ passage utilisé par le personnel. © Google Earth, 2018 (image de gauche).

Végétation de l’enceinte

L’enceinte présente une légère végétation herbacée et une végétation ligneuse arbustive un peu plus conséquente (Fig. 5 & 6). Cette végétation ligneuse est composée de petits groupes d’arbres situés de chaque côté du bâtiment THECOGAS, ainsi que le long du mur Nord derrière le préau. Deux arbres sont isolés, un situé juste derrière le préau, et le second, du genre Acacia, assez proche du double mur à l’Est (le seul utilisé par les vautours). Une petite rangée d’arbustes s’avance vers l’Est à partir d’un point situé légèrement au-dessus du centre de la zone.

Zones de dépôt des déchets dans l’enceinte et leur nature

Les déchets émanant de l’abattoir sont déversés en deux groupes distincts selon leur nature :
Un 1er amas est formé par la majeure partie des variétés de déchets : abats, os, cornes, tripes, déchets annexes, peaux, poils, sabots, carcasses entières.
Deux autres amas sont joints et comportent uniquement le contenu non-digéré des panses de ruminants.
La disposition des amas suit cette conformation :
Au Sud-Est de l’enceinte se trouve l’amas de déchets (Fig. 5 & 6), situé contre le mur Est et sans dépasser le bâtiment jaune dans sa largeur. Il s’étend sur une bande de 20 mètres qui remonte depuis le mur Sud vers le Nord dans sa longueur. La bande atteint un maximum d’environ 35 mètres (08 Août 2018) au fur et à mesure de l’acheminement des déchets.
Dans la moitié Sud de l’enceinte se trouve les deux amas de contenu des panses (Fig. 5, 6 & 7), ils se dressent à près de 3 mètres de haut pour plus de 20 mètres de long. Le premier se trouve à quelques mètres en-dessous du centre de la zone, et le second longe le mur Sud à partir du bâtiment jaune ainsi qu’une partie du mur Ouest incliné.

Activités dans l’enceinte et aux alentours

L’enceinte est le siège de nombreuses activités humaines :
– Le personnel de l’abattoir défile à pied tout au long de la journée pour déverser, à l’aide de brouettes, les déchets d’abattage ; cela varie de 30 à plus de 70 déversements quotidiens ;
– Les personnes qui travaillent dans les déchets pour organiser leur amassement ;
– Les personnes qui traversent toute la journée l’enceinte à pied pour rejoindre la route de Rufisque via un passage (Fig. 5) ;
– Les personnes collectrices de déchets (cornes, os, restes de chair et d’abats) pour la médecine traditionnelle ou la nourriture d’animaux domestiques.
– Les véhicules qui pénètrent dans l’enceinte, le camion chargé de déverser quotidiennement le plus gros du contenu des panses.
– Les ouvriers de la construction du rail du Train Electrique Régionale (TER) à quelques dizaines de mètres au Sud de l’enceinte. Les travaux sont source de nuisance sonore.

Matériel

Les observations sont réalisées à l’œil nu, et à l’aide d’une paire de jumelles optiques SNYPEX KNIGHT ED 10×50 mm. Les dispersions angulaires des vautours en vols, au départ et à l’arrivée de l’enceinte, sont mesurées à l’aide d’une boussole. Le relevé des données d’observation est manuscrit à l’aide d’un bloc note et d’un crayon.

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Table des matières

Introduction
Chapitre I. Synthèse Bibliographique
I.1. Espèce étudiée : le Vautour charognard
I.1.1. Position systématique
I.1.2. Biologie
I.1.2.1. Morphologie externe
I.1.2.2. Particularité physiologique : le « flushing »
I.1.3. Ecologie et écoéthologie
I.1.3.1. Répartition géographique
I.1.3.2. Comportement migratoire
I.1.3.3. Habitat et mode de vie
I.1.3.4. Régime et comportement alimentaire
I.2. Etat de la population du Vautour charognard et menaces
I.2.1. Etat de la population mondiale
I.2.2. Etat de la population au Sénégal et en Gambie
I.2.3. Menaces
I.2.3.1. Facteurs du déclin du vautour charognard dans le monde
I.2.3.2. Facteurs du déclin du vautour charognard au Sénégal
I.2.3.3. Causes du déclin du vautour charognard à Dakar
I.3. Projet de THECOGAS à l’abattoir de Dakar
I.3.1. Contexte d’intervention et projet pilote
I.3.2. Fonctionnement de l’unité de méthanisation
I.3.3. Projet de renforcement de l’unité de méthanisation
Chapitre II. Matériel & Méthodes
II.1. Zone d’étude
II.1.1. Description de l’enceinte
II.1.2. Végétation de l’enceinte
II.1.3. Zones de dépôt des déchets dans l’enceinte et leur nature
II.1.4. Activités dans l’enceinte et aux alentours
II.2. Matériel
II.3. Méthodologie
II.3.1. Prospection pour la collecte des données
II.3.1.1. Comptages et Âge ratio des vautours
II.3.1.3. Directions de dispersion
II.3.1.4. Activités anthropogéniques et perturbations
II.3.1.5. Relations intra- et interspécifiques
II.3.1.6. Comportement alimentaire
II.3.2. Méthodologie pour l’analyse des données
Chapitre III. Résultats & Discussion
III.1. Résultats
III.1.1. Comptages des effectifs
III.1.2. Budget temps
III.1.2.1. Effectifs par activité
III.1.2.2. Effectifs par support
III.1.2.3. Mesure de la liaison statistique entre effectifs
III.1.2.4. Nombres de déplacements
III.1.3. Directions de dispersions
III.1.4. Impact des perturbations
III.1.5. Suivi des relations intra- et interspécifiques
III.1.6. Préférence et comportement alimentaire
III.2. Discussion
Conclusion
Recommandations – Perspectives
Bibliographie
Webographie

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