Evolution de la THA au cours du 20ème siècle à nos jours

Première description de la THA

Les premiers cas de THA auraient été signalés dans les écrits de l’historien Arabe Ibn Khaldoun qui raconte la mort du Sultan Mari Djata II du Mali en 1374 et de certains de ses sujets après une période de sommeil continu. La première description de la THA est faite en 1742 par John Atkins qui rapporte un trouble profond du sommeil qu’il nomme « Sleeping distemper » dans son ouvrage The Navy Surgeon. Par la suite et jusqu’au début du 19ème siècle, la THA est signalée un peu partout le long des cotes ouest –africaines, de l’Angola jusqu’à Dakar par des observateurs français, anglais et portugais. Winterbottom, en 1803, dans sa description du “ lethargus ” remarque l’importance de l’hypertrophie des ganglions du cou. Ce signe était non seulement connu des trafiquants d’esclaves qui rejetaient systématiquement les porteurs d’adénopathies cervicales, mais aussi de plusieurs tribus africaines qui pratiquaient l’ablation systématique des ganglions cervicaux à des fins curatives. Dans le courant du 19ème siècle, de nombreux cas sont signalés en Afrique de l’Ouest et Centrale, mais sans que l’on puisse quantifier l’importance de la THA. Une première épidémie est alors décrite dans les années 1880-1890, notamment au Congo, en République Centrafricaine et en Ouganda où 200.000 morts ont été signalés dans la région de Busoga. De nombreux villages sont décimés par la THA (Martin et al., 1909). L’agent responsable de cette affection reste toujours inconnu et beaucoup pensent qu’elle est d’origine infectieuse et contagieuse.

Identification de l’agent pathogène

C’est en 1901 que le parasite responsable de la THA est identifié par Robert Forde qui voit des formes mobiles dans le sang d’un capitaine de bateau faisant du trafic fluvial depuis 6 ans en Gambie. A la demande de Robert Forde, Joseph Dutton examine le sang du patient et identifie un trypanosome qu’il décrit sous le nom de Trypanosoma gambiense (découvert en Gambie). En 1903, Dutton et Todd retrouvent plusieurs fois le même trypanosome chez des africains en Gambie (Dutton, 1903; Dutton et Todd, 1906), et la même année, Castellani trouve en Ouganda des trypanosomes dans le LCR des malades atteints de THA (Castellani, 1903). Cependant, il pense qu’il existe en fait deux espèces de trypanosomes distincts : l’un sanguicole et peu pathogène, l’autre localisé dans le système nerveux et responsable de la THA. Il nomme cette dernière espèce : Trypanosoma ugandense. Dans la même année, David Bruce et David Nabarro constatent que les trypanosomes sanguicoles sont identiques à ceux du système nerveux et qu’ils constituent le premier stade de la maladie (Girolami, 1971). Bruce confirme alors que Trypanosoma gambiense est l’agent étiologique de l’endémie sommeilleuse. En 1908, en Afrique de l’Est, des cas apparemment plus sévères de la même maladie semblant conduire beaucoup plus rapidement à la mort sont rapportés. Il est démontré par la suite que le parasite responsable de cette forme aiguë de la THA diffère de Trypanosoma gambiense et Harold Fantham et John Stephens, en 1910 le baptisent Trypanosoma rhodesiense (découvert en Rhodésie).

Sachant désormais que la THA évolue en deux phases et que l’agent responsable est le trypanosome, la question principale portait sur la transmission de ce trypanosome.

David Bruce suspecte les glossines d’être le vecteur de cette maladie et en fournit la preuve expérimentale avec l’aide de David Nabarro en infectant des singes à la fois par piqûre de glossines sauvages et de glossines nourries au préalable sur des sommeilleux. En 1912, Allan Kinghorn et Warrington Yorke démontrent le rôle de Glossina morsitans dans la transmission de Trypanosoma rhodesiense pendant qu’Emile Roubaud et Gaston Bouet prouvent en 1913, que le cycle du trypanosome chez la glossine varie en fonction des espèces de parasites.

Evolution de la THA au cours du 20ème siècle à nos jours

La THA continue de sévir en Afrique noire malgré ces importantes découvertes. Une épidémie se déclare en Afrique de l’Ouest et Centrale au début des années 1920 et la situation devient dramatique dans les années 1924-1926, notamment au Cameroun où 45% des décès lui sont imputables. C’est en 1926, devant l’ampleur de la situation que le médecin militaire français Eugène Jamot (1879-1937) développe les premières équipes mobiles de dépistage et de traitement, qui vont sillonner toutes les zones touchées par l’épidémie entre 1926 et 1932. Ces campagnes de lutte, basées sur le dépistage de masse et la lutte anti-vectorielle vont permettre de contenir l’épidémie et dans les années 1960, les enquêtes épidémiologiques menées dans la plupart des pays d’Afrique noire ne décèlent plus que quelques rares cas de THA (figure 1). La méthode proposée par Jamot pour combattre la THA reste le modèle de lutte contre une “grande endémie” en zone tropicale (Gentilini, 1993). Les faibles prévalences observées dans les années 1960 laissaient à penser que la maladie du sommeil était en voie d’élimination. Cependant, la maladie a commencé à réapparaître dans la plupart des foyers historiques à partir des années 1970 pour atteindre à nouveau dans les années 1990, des niveaux comparables à ceux observés lors de l’épidémie précédente (WHO, 1998). Si la baisse des moyens financiers et l’instabilité politique et sociale, qui a résulté de l’accès à l’indépendance des pays concernés, sont des facteurs qui ont certainement joué un rôle déterminant dans cette ré-émergence, d’autres facteurs, d’ordre biologique et épidémiologique, ont également certainement joué un rôle important, en particulier : l’existence suspectée (i) de réservoirs animaux de parasites (Truc et al., 1991; Simo et al., 2006; Njiokou et al., 2010) ainsi que (ii) d’individus porteurs asymptomatiques de parasites non détectés par les programmes de lutte (Bucheton et al., 2011).

Parmi les 36 pays d’Afrique « infestés par les glossines », on estime actuellement que 60 millions de personnes sont exposées au risque de contracter la THA, parmi lesquels moins de 4 millions sont sous surveillance régulière (OMS, 2002). Au début des années 2000, le nombre de personnes infectées était estimé entre 300 000 et 500 000 par l’OMS. En 2004, après un effort considérable de lutte en Afrique Centrale notamment, environ 25 000 cas ont été rapportés et l’OMS, en 2005, annonçait le retour à une situation où l’élimination de la maladie du sommeil comme problème de santé publique était envisageable (Jannin, 2005). En 2009, le nombre de cas notifiés par l’OMS est passé en dessous de 10 000 (9 689, figure 2-a) pour la première fois en 50 ans (WHO, 2011). En 2008 et 2009, seules la RDC et la République Centrafricaine déclaraient plus de 1 000 cas par an (figure 2-c). L’Angola, le Tchad, le Soudan et l’Ouganda ont déclaré entre 100 et 1000 nouveaux cas par an. Des pays tels que le Cameroun, le Congo, la Côte d’Ivoire, le Gabon, la Guinée, la Guinée équatoriale, le Kenya, le Malawi, la Tanzanie, la Zambie et le Zimbabwe font désormais état de moins de 100 nouveaux cas par an. Le Benin, le Botswana, le Burkina Faso, le Burundi, l’Éthiopie, la Gambie, le Ghana, la Guinée Bissau, le Libéria, le Mali, le Mozambique, la Namibie, le Niger, le Rwanda, le Sénégal, la Sierra Leone, le Swaziland et le Togo n’ont notifié aucun nouveau cas depuis plus de 10 ans. Notons cependant que des cas rares venant de la Côte d’Ivoire ont été dépistés par le PNLTHA du Burkina-Faso ces dernières années. Si cette situation semble de plus en plus encourageante, ces chiffres ne reflètent que partiellement la réalité du fait de nombreuses zones à risque qui demeurent sans surveillance à cause de l’instabilité sociale et/ou des difficultés d’accès qui font obstacle aux activités de surveillance et de diagnostic. En Afrique de l’Ouest, la Guinée et la Côte d’Ivoire sont les deux pays les plus touchés (Cecchi et al., 2009; Simarro et al., 2010; Simarro et al., 2011). Par exemple, en Guinée et en Côte d’Ivoire, les récentes prospections médicales (2000 à 2009) ont permis de dépister plusieurs centaines de malades notamment dans les foyers de Boffa et Dubréka en Guinée (Camara et al., 2005), et dans les foyers de Bonon, Sinfra, Oumé en Côte d’ivoire (Kaba et al., 2006) .

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Table des matières

INTRODUCTION
CHAPITRE 1 : HISTORIQUE DE LA THA
1.1. Première description de la THA
1.2. Identification de l’agent pathogène
1.3. Evolution de la THA au cours du 20ème siècle à nos jours
CHAPITRE 2 : LES TRYPANOSOMES
2.1. Taxonomie
2.2. Morphologie et cycle évolutif
2.3. Mécanisme d’échappement à la réponse immunitaire
2.3.1. Glycoprotéines variables de surface et variation antigénique
2.3.2. Résistance au sérum humain
CHAPITRE 3 : DIVERSITE CLINIQUE, DIAGNOSTIC, ET TRAITEMENT DE LA THA
3.1. Diversité clinique résultant de l’infection par T. b. gambiense
3.2. Diagnostic de la THA
3.2.1. Diagnostic indirect
3.2.2. Diagnostic direct
3.2.3. Diagnostic de phase
3.2.4. Les limites du Diagnostic de la THA
3.3. Traitement de la THA
CHAPITRE 4 : FACTEURS GENETIQUES ET IMMUNOLOGIQUES ASSOCIES A LA SUSCEPTIBILITE/RESISTANCE A L’INFECTION PAR LES TRYPANOSOMES
4.1. FACTEURS PARASITAIRES ET DIVERSITE CLINIQUE DANS LA THA
4.1.1. Variabilité génétique des souches et diversité de réponses à l’infection
4.1.2. Facteurs parasitaires influençant la diversité de réponses à l’infection
4.1.2.1 Infection à T. b. brucei et diversité de réponses dans le modèle Souris
4.1.2.2. Infection à T. b. gambiense et diversité de réponses dans le modèle souris
4.2. VARIABILITE « GENETIQUE » DE L’HOTE ET DIVERSITE DE REPONSES A L’INFECTION
4.2.1. Apport des modèles expérimentaux
4.2.1.1. Contrôle génétique des trypanosomes chez les bovins
4.2.1.1.1. Approche génétique
4.2.1.1.2. Approche transcriptomique
4.2.1.2. Contrôle génétique des trypanosomes chez les souris
4.3. GENETIQUE HUMAINE ET THA
4.3.1. Arguments indirects en faveur d’une composante génétique chez l’Homme
4.3.2. Association génétique et cytokines
4.4. LA REPONSE IMMUNITAIRE DE L’HOTE DANS LES TRYPANOSOMOSES AFRICAINES
4.4.1. Les études immunologiques chez la souris
4.4.2. Les études immunologiques chez l’Homme
CHAPITRE 5 : PROBLEMATIQUE
CONCLUSION

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