Évaluation du stress postnatal à la consultation postnatale chez les mères ayant accouché

Le post-partum est une période qui débute après l’accouchement et qui se termine par le retour de couches ou autrement dit, par le retour des menstruations (Larousse, 2015). L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), définit le post-partum comme étant la période qui débute environ une heure après la délivrance, c’est-à-dire après l’expulsion du placenta et qui englobe les six à huit semaines qui suivent (OMS, 1999). Cette période peut même s’étendre jusqu’à la première année de vie de l’enfant si l’on englobe le sevrage : on parle alors de post-partum tardif. Le stress se définit par des difficultés d’adaptation à de nouvelles situations lorsqu’un individu juge que ses ressources ne sont pas suffisantes, qu’elles sont trop dépassées pour pouvoir réajuster son mode de fonctionnement (Razurel, 2015). La naissance est une situation inconnue à grands bouleversements (Moreau, al. 2009), une période vulnérable durant laquelle de nombreux changements interviennent, notamment sur le plan physique, familial, émotionnel, hormonal, comportemental, et psychique avec la mise en place d’un état de préoccupation dans lequel la mère concentre tous ses investissements et toutes ses compétences vers le bébé : c’est ce qu’on appelle la «préoccupation maternelle primaire » (Winnicott, 1989). Tous ces bouleversements, sont source de stress en cas de difficultés à s’adapter à ses nouvelles situations engendrées par la naissance d’un enfant (Razurel, 2015) et peuvent entraîner une baisse du sentiment de compétence, une détérioration de la santé émotionnelle et de la relation mère-enfant (Razurel, al. 2011 ; Razurel, 2015) à l’origine de certains troubles. Pour la mère et le père, c’est une période délicate de transition vers la parentalité où ils vont devoir apprendre à intégrer de nouveaux rôles et à assumer des responsabilités (Razurel, al. 2010).

Analyse et discussion 

Validité de l’étude 

Le biais :
En réalisant notre étude, nous avons pu identifier un biais : le biais de sélection. En effet, la participation à l’étude s’est faite sur la base du volontariat, ce qui signifie que l’échantillon n’est pas totalement représentatif de la population générale car les personnes qui n’étaient pas volontaires, sont peut-être des personnes en difficulté et donc sûrement stressées, de même pour les personnes ne parlant ou ne comprenant pas le français qui n’ont pas été incluses dans l’étude pour des questions de faisabilité et de compréhension.

Les limites :
Une des limites de l’étude repose sur la perte de 96 questionnaires sur le site de l’Hôpital Nord ce qui représente un déséquilibre des populations du Gynépôle. Nous nous retrouvons donc avec une sur-représentation de la population de la Conception avec un taux de participation de 92%.

Il faut aussi noter que Marseille possède, comparée à une autre ville, une population particulière avec 17,4 % d’étrangers (Insee, 2016). Sur le Gynépôle, 72% des accouchées sont de nationalité étrangère, principalement originaires des Comores, du Maghreb, des pays de l’Est et de l’Afrique subsaharienne (Bernard, al. 2017) ce qui entraîne un nombre important de patientes ne parlant pas bien ou ne comprenant pas le français et qui n’ont pas été incluses dans l’étude engendrant donc une nonreprésentativité de la population générale. De plus, le CHU de l’Hôpital Nord se situe dans les quartiers Nord à proximité du 14e et du 15e arrondissement où la pauvreté représente 42 et 43% avec un nombre important d’immigrés alors que dans le 5e arrondissement, quartier de l’hôpital de la Conception, la pauvreté représente 21%, engendrant donc une différence entre les deux populations (Centre d’observation de la société, 2014).

Nous n’avons pas inclus la provenance des patientes dans notre questionnaire alors que dans la littérature (Hartman, 2012 ; Petrel, 2009 ; San, 2013), nous avons retrouvé que selon les origines, les parents ont des habitudes qui sont ancrées dans leur culture et qui ont pu influencer le facteur de stress de la relation au nouveau-né avec les items 3 à 7 de l’échelle … Par exemple en Chine, c’est l’entourage qui s’occupe des soins du nouveau-né pendant les 40 premiers jours de l’enfant (San, 2013). Dans certaines familles, c’est même une nourrice qui en a la charge, le temps que la mère se repose. De ce fait, si une patiente dans notre échantillon est originaire de Chine, les items concernant les soins du nouveau-né (items 3 à 7) ont pu être influencés par ses habitudes culturelles.

En Afrique, en Inde ou au Népal, les bébés sont longuement massés et étirés afin de les défroisser, les fortifier et les modeler selon les traits de beauté de leur tribu (Hartman, 2012). Ceci implique que ces populations n’ont pas peur de toucher leur bébé et donc ces patientes ne sont sûrement pas stressées par le fait de réaliser les soins à leur nouveau-né. Nous pouvons en conclure qu’il existe bien une influence culturelle. De même pour le sexe de l’enfant. Notre questionnaire ne prend pas en compte le sexe de l’enfant alors que dans la littérature (Petrel, 2009), on observe des différences dans la prise en charge des nouveau-nés. Par exemple dans la communauté marocaine, l’emmaillotage semble différent selon le sexe du bébé : la petite fille est plus à l’étroit que le garçon, afin d’encourager leur disposition à la dépendance. Ce qui induit que le sexe de l’enfant peut, peut-être influencer le facteur de stress concernant la relation au nouveau-né avec notamment l’item sur les soins à prodiguer (I6). Notre questionnaire n’aborde pas non plus le passé des patientes (abus sexuels, maltraitance, antécédents de dépression, désordres psychiatriques…) alors que dans la littérature (Barboza & Dominguez, 2017 ; Ramsauer, al. 2016 ; Seng, al. 2013 ; Wosu, al. 2015), les auteurs décrivent que ses patientes sont plus à risque d’anxiété, de stress et donc de dépression postnatale. Et pour finir avec les limites de notre étude, nous avons pu retrouver une bibliographie nombreuse en anglais notamment sur les conséquences néonatales et maternelles du stress postnatal ce qui a pu entraîner des erreurs de compréhension.

Le questionnaire :
Nous n’avons volontairement pas abordé la question sur la préparation à la naissance et à la parentalité (PNP) car d’après l’étude de Razurel et al. (2010) sur «Comment les mères primipares font-elles face aux événements de la naissance dans le post-partum ? Une démarche qualitative », les femmes suivent ces cours de PNP essentiellement pour se préparer à l’accouchement et disent ne pas avoir été réceptives aux autres informations (comme l’allaitement ou les soins de l’enfant). De même dans l’étude de Tari & Riquet (2016) où les femmes disent « ne pas être réceptives aux informations concernant les soins liés à l’enfant et à son mode d’alimentation durant les séances de PNP ». Dans une autre étude de Razurel, al. (2011), on constate que les connaissances sont peu mobilisées car « les mères ont du mal à se projeter dans le futur et étaient focalisées sur l’évènement à venir : à savoir l’accouchement ». Razurel (2011) a souligné le peu d’efficacité de ces séances prénatales concernant les soins, les besoins et le rythme du nouveau-né. C’est pour ces raisons, que nous n’avons pas abordé la notion de préparation à la naissance dans notre questionnaire car mêmes les femmes qui ont suivi ces séances prénatales disent « ne pas être réceptives aux informations concernant les soins liés à l’enfant et son alimentation » car ce sont des thèmes trop lointains et abstraits (Bernard, 2016) pour qu’elles puissent assimiler les informations transmises.

L’échelle PNPSI

L’échelle PNPSI repose sur une échelle de Likert (Oppenheim, 1966 ; Scallon, 2007) qui comporte cinq degrés d’appréciation pour chaque item. Pour cette échelle, le 1 étant « pas du tout stressée », le 2 : « un peu stressée », le 3 : « moyennement stressée », le 4 : « très stressée » et 5 étant « énormément stressée ». Néanmoins, Guilbert (1990) estime qu’une personne peut facilement prendre une position neutre et aller vers le niveau central de l’outil. C’est pour cette raison que nous pouvons nous interroger sur le fait que le niveau central de l’échelle « moyennement stressée» a pu atténuer des réponses, d’un côté comme de l’autre. Pour l’illustrer, nous avons fait trois catégories pour chaque item et pour la population entière. La première catégorie, regroupe les patientes ayant répondu « pas du tout stressée » et « un peu stressée ». La seconde concerne les femmes ayant répondu « moyennement stressée » et la dernière rassemble les patientes ayant répondu « très stressée » et « énormément stressée ». Nous pouvons observer entre 15 à 30 % de réponses de notre population qui se situe au niveau de la deuxième catégorie, c’est à-dire qui ont répondu « moyennement stressée » pour les items 1 à 4 qui concernent la fatigue, le rythme et l’état de santé du nourrisson, 12 pour « le fait de ne pas savoir si mon bébé mange suffisamment » et 17 pour la reprise de la sexualité. Donc nous pouvons nous interroger sur le fait que pour ses items, cette catégorie centrale a pu atténuer des réponses d’un côté comme de l’autre.

Concernant les primipares :
Des études ont été menées sur le post-partum précoce, c’est-à-dire durant le séjour en maternité (Bernard, 2016 ; Sénat, al. 2015) et qui montraient une perception du stress plus grande chez la primipare de par l’inexpérience, la découverte de devenir parent (Helen, 1994 ; Salari et al. 2013) et du fait, que la naissance d’un enfant est une nouvelle situation inconnue qui engendre la nécessité d’ajustements émotionnels, comportementaux et cognitifs (Razurel, al. 2010). Comme le dit l’article de Razurel et al. en 2010, les événements stressants cités concernent principalement l’enfant et la mère passe au second plan. L’étude de Tari & Riquet en 2016 rapporte aussi que les primipares ont besoin de revenir sur les informations concernant le bien-être physique de leur enfant, les soins à prodiguer, et le rythme des pleurs. L’étude montre que pour 66,4% des femmes, les soins et le bien-être physique sont des priorités essentielles et 54,8% pour l’adaptation et le bien-être émotionnel (rythmes, sommeil, pleurs…), ce qui confirme bien que les événements stressants pour les primipares concernent principalement l’enfant.

C’est aussi ce que nous avons retrouvé dans notre étude. Par exemple, pour les items 4 et 5 qui concernent l’état de santé du nouveau-né et du nourrisson et l’idée de la mort inattendue du nourrisson, nous retrouvons respectivement 37,5 % et 46,4% des primipares qui se disent très ou énormément stressée. De même pour l’item 10 : « le fait de ne pas savoir si mon bébé mange suffisamment », où 23,3 % des primipares se sentent très ou énormément stressées pour l’alimentation de leur nourrisson. Nous pouvons donc dire que notre étude retrouve les mêmes résultats que la littérature : les primipares sont plus stressées que les multipares et les évènements qui stressent les primipares concerne essentiellement le nouveau-né avec son bien-être, son alimentation, sa santé, ses rythmes et l’idée de la mort inattendue du nourrisson.

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Table des matières

Introduction
Matériels et méthode
Résultats
Analyse et discussion
Conclusion
Liste des abréviations
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Bibliographie
Annexes

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