EVALUATION DES BESOINS DE TRAITEMENTS ENDODONTIQUES CHEZ LES PATIENTS DIABETIQUES

Physiopathologie du diabète

     Les patients atteints de diabète 2 n’ont pas tous les mêmes troubles métaboliques. Ils sont de trois sortes, isolés ou combinés : une intolérance au glucose, une insulino-résistance et une diminution de la sécrétion d’insuline à terme. Cette triade pathologique est à l’origine d’un défaut d’efficacité de l’insuline sur les organes périphériques comme le foie, le muscle et le tissu adipeux :
– insulinorésistance,
– altération de la fonction pancréatique,
– maladie plurifactorielle.
Cela conduit à une dégradation de l’état de santé du patient au fil du temps malgré une prise en charge précoce et assidue.

Infections bactériennes

     Les patients atteints de diabète sont plus susceptibles de développer une infection bactérienne [7 ,12 ,18]. Leurs mécanismes de défense sont altérés par la pathologie chronique et l’immunosuppression. Les bactéries anaérobies sont plus enclines à se développer, et les infections sont plus sévères et plus longues à traiter que chez un patient non diabétique [19].

Séquences d’irrigation recommandée

– Après sa réalisation, la cavité d’accès est rincée abondamment avec de l’hypochlorite de sodium. Elle constituera ainsi un réservoir qui devra être continuellement rempli de solution d’irrigation.
– Lors de la pénétration initiale, une fine couche de gel chelatant d’EDTA (Glyde File Prep®) est déposée sur les limes manuelles afin de lubrifier le canal principal et faciliter leur travail.
– Une fois la pénétration initiale réalisée, le système canalaire est irrigué à l’hypochlorite de sodium à une concentration variant entre 0,5% et 5,25%.
– Le gel chélatant est ensuite déposé sur la première lime rotative (ou dans le canal directement) qui commence son travail d’élargissement homothétique.
– Suite au passage de l’instrument rotatif, une irrigation à l’hypochlorite de sodium est immédiatement réalisée. Ces deux gestes (irrigation à l’hypochlorite de sodium et mise en place de gel chélatant) seront répétés en alternance pendant toute la mise en forme canalaire.
– Une fois la mise en forme terminée, l’hypochlorite de sodium est aspiré du canal qui sera irrigué avec 1ml d’EDTA liquide pendant 2 minutes. Son action pourra être optimisée a l’aide d’une lime fine à ultrasons.
– Un rinçage abondant a l’hypochlorite de sodium est ensuite réalisé afin d’éliminer complètement l’EDTA.
– Le contenu du canal aspiré, le système canalaire est séché avec les pointes de papier stériles. Il est alors prêt pour l’obturation définitive, dense et durable [25,29,28].

DISCUSSIONS

     Cette présente étude a été réalisée dans le but principal d’évaluer les besoins de traitements endodontiques dans une population de diabétiques de la ville de Bamako, Capitale du Mali. L’étude avait pour cadre l’hôpital « Le Luxembourg ». Le choix du cadre est motivé par la présence d’un centre de diabétologie qui prend en charge les patients dans une approche pluridisciplinaire en collaboration avec d’autres services. Les relations entre certaines maladies d’ordre général comme le diabète et la santé bucco-dentaire sont connues depuis très longtemps. Une bonne santé bucco-dentaire est un facteur clé pour une bonne prise en charge des diabétiques, en retour, une absence ou une prise en charge médicale non efficace favorisent et entretiennent des pathologies au niveau de la cavité orale[30,13]. Parmi les pathologies dentaires qui doivent attirer notre attention chez les diabétiques, celles endodontiques y occupent une place primordiale. L’étude a permis de mettre en exergue une présence importante de pathologies pulpaires et péri-apicales chez les diabétiques. Ces pathologies endodontiques qui peuvent être inflammatoires ou infectieuses peuvent entretenir le diabète si elles ne sont pas traitées de manière adéquate. En outre, leur prise en charge dans ce contexte nécessite des conditions particulières pour espérer une guérison et prévenir des complications [35]. Une absence de prise en charge des pathologies endodontiques trouvées chez les patients suivie d’une évaluation est la principale limite de l’étude. C’est la raison pour laquelle une deuxième étude est souhaitée et qui aura trait à la prise en charge endodontique des patients diabétiques dans le même cadre d’étude et même ailleurs. Les résultats de l’étude ont montré une prédominance des femmes par rapport aux hommes avec une différence non statistiquement significative. Les mêmes tendances ont été rapportées dans autres études sur le même sujet. Les travaux de Sacko, de Anne et de Sidibé ont trouvé respectivement des proportions d’hommes de 51,90%, de 51,40% et de 55,30% avec des différences non statistiquement significatives [4,32,33]. Les légères différences observées seraient certainement liées à des différences de méthodologies et de cadres d’étude. La répartition de la population d’étude selon les tranches d’âge a montré que celle comprise entre 36 et 73 ans était la plus représentative avec 50,84% des patients et une différence statistiquement significative. Les résultats obtenus dans cette étude sont comparables à ceux de Djiré où 61,40% des diabétiques avaient plus de 45 ans [11].Cet intervalle d’âge correspond, d’après plusieurs auteurs, à la période d’apparition du diabète de type 2 chez les individus présentant un surpoids ou une obésité [13,18,30]. L’IMC le plus représentatif était compris entre24,9 et 29,9 (36,66 % des cas) avec une différence statistiquement significative. Ces données montrent que beaucoup de diabétiques inclus dans l’étude avaient des troubles alimentaires. C’est ce qui explique probablement le fait que la majorité des patients soient atteints de diabète de type 2. Les travaux de Sidibé et de Sacko ont rapporté des résultats avec des typologies d’IMC et de type de diabète tout à fait comparables [32,33]. Concernant les visites chez le dentiste, 85 % des patients n’ont jamais vu un praticien, ce qui montre le manque de prise en charge de manière générale des patients concernant les problèmes bucco-dentaires. Ce constat pourrait être lié à des raisons financières ou à des difficultés d’accès aux structures dentaires. Les patients qui consultent sont très souvent motivés par la douleur comme le rapportent les 11,66% de l’étude. Ces retards de consultations, surtout observés dans les pays en développement, ont aussi été rapportés par les travaux de Bane [9]. L’ignorance de la relation entre le diabète et les maladies bucco-dentaires qui a été notée chez 95,83 % des diabétiques entre aussi dans ce cadre. Les patients qui ne consultent pas un dentiste n’auront certainement pas la chance de bénéficier d’informations concernant cette relation. Les patients qui avaient un indice de plaque faible (hygiène buccale faible) ont représenté plus de la moitié de l’échantillon, soit 52,5% des cas. Ce résultat témoigne d’un défaut de motivation et d’enseignement à une hygiène buccodentaire rigoureuse. Ce qui a pour conséquence un nombre important de patients diabétiques présentant des inflammations gingivales moyennes ou sévères avec des taux respectifs de 27,5% et de 46,66%. Ces résultats de l’étude sur les indices de plaque et de la gencive sont corroborés par ceux de Sidibé. En effet, l’auteur a trouvé dans son étude un indice de plaque moyen dans 43,6% des cas et une inflammation gingivale moyenne dans 64,55% des cas [6]. Ces défauts d’hygiène orale pourraient aussi être à l’origine des lésions observées au niveau des autres muqueuses. En effet, les résultats de l’observation de ces muqueuses ont mis en évidence la présence de chéilite angulaire (15% des cas), de glossites (13,33%) et de lésions aux niveaux du palais et des joues (12,5%). Les complications du diabète pourraient aussi être à l’origine de ces lésions [13,30]. L’évaluation de l’état dentaire a permis de trouver un CAO moyen de 3,80. Le nombre de dents cariées était de 384, le nombre de dents absentes 64 et le nombre de dents obturées 9 dont 2 présentaient en même temps des obturations canalaires. Selon l’OMS, ce niveau est moyen car cette moyenne est comprise entre 2,7 et 4,4 [30, 33, 35]. Ce résultat revêt aussi un aspect important à souligner qui le nombre élevé de dents cariées par rapport au nombre de dents traitées. En plus, les dents traitées présentaient toutes des défauts d’obturation occasionnant des récidives de caries ou des lésions péri-apicales pour les canaux obturés. Les résultats sur l’évaluation de l’état dentaire permettent de comprendre le nombre important de pathologies pulpaires et péri-apicales rencontrées chez les diabétiques. Les pathologies pulpaires ont représenté 36,38% des cas et celles péri-apicales 63,62%. La pulpite chronique ulcéreuse était la pathologie pulpaire la plus représentative, soit 27,97% des cas. Concernant les pathologies péri-apicales, la parodontite apicale chronique était la plus représentative avec un taux de 41,6%. Une prédominance des pathologies chroniques met encore en exergue les retards de consultation, l’ignorance de la relation entre le diabète et les maladies bucco-dentaires constatées chez les patients inclus dans l’étude. C’est ce qui pourrait expliquer aussi les 18 cas de destructions coronaires importantes ou totales. Les pathologies aiguës nécessitaient toutes une thérapeutique d’urgence qui était de quatre types :
– le coiffage pulpaire : les 34 cas de pulpite aiguë réversible,
– la pulpo-pulpectomie : les 22 cas de pulpite aiguë irréversible,
– la désinfection plus médication intracanalaire : les 104 cas de parodontite apicale aiguë,
– et le drainage canalaire : les 32 cas d’abcès apical aigu.
Ces traitements d’urgence doivent être réalisés chez tout patient, particulièrement chez les diabétiques, pour soulager d’abord le malade, éviter des complications et favoriser le succès des thérapeutiques étiologiques [25,26]. Ces dernières à la suite de cette présente étude étaient de 4 types:
– la conservation de la vitalité pulpaire : 34 cas,
– le traitement endodontique sur dents vivantes : 77 cas,
– le traitement endodontique sur dents à pulpe nécrosée : 262 cas,
– le retraitement endodontique orthograde : 2 cas.
La conservation de la vitalité pulpaire vie à réparer la pulpe endommagée afin de la permettre de retrouver ses fonctions antérieures. La thérapeutique endodontique sur dents vivantes consiste à éliminer la pulpe vivante, à nettoyer et à obturer chaque canal de la dent. Quant à la thérapeutique sur dents à pulpe nécrosée, c’est une procédure qui consiste essentiellement à éliminer une infection au niveau radiculaire; il en est de même pour le retraitement endodontique orthograde avec une particularité de refaire le nettoyage, la mise en forme et l’obturation canalaire après un traitement initial sans succès. Toutes ces thérapeutiques ont donc un objectif commun: la prévention ou l’élimination de l’infection endodontique. De ce fait, elles occupent une place importante dans la prise en charge globale du patient diabétique [26].

CONCLUSION

     Les fournisseurs de soins buccodentaires sont généralement absents de l’équipe qui gère le diabète, et les diabétiques ignorent, pour la plupart, l’importance de conserver une bonne santé buccodentaire dans le régime de vie qu’ils adoptent pour gérer leur maladie (32). L’objectif de cette étude était d’évaluer les besoins de traitements endodontiques chez les patients diabétiques. Il s’agit d’une étude transversale descriptive qui avait pour cadre le service de diabétologie de l’hôpital ―Le Luxembourg‖ de Bamako, au Mali. Du 1erseptembre au 3 Novembre2019 (3mois), 139 patients diabétiques ont été examinés chez lesquels des pathologies buccodentaires ont été retrouvées. Parmi ces 139 patients, 19 avaient des dossiers médicaux mal remplis, le nombre final de patients inclus est alors de 120. Sur les 120 patients qui composaient l’échantillon, 46 (38,33%) étaient des hommes et 74 (61,66%) étaient des femmes. La répartition de la population d’étude selon les tranches d’âge a montré que celle comprise entre 36 et 73 ans était la plus représentative avec 50,84% des Patients. La majeure partie des patients avait un IMC compris entre 24,9 et 29,9 (36,66% des cas) et 77,5% des cas avaient le diabète de type 2. Un pourcentage de 85% de ces diabétiques n’avait jamais consulté un chirurgien-dentiste et 95,83 % d’entre eux ignoraient la relation entre le diabète et les maladies buccodentaires. Les patients qui avaient un indice de plaque faible ont représenté plus de la moitié de l’échantillon, soit 52,5% des cas. Concernant l’inflammation gingivale, elle était sévère chez 46,66% des patients. L’observation des autres muqueuses a mis en évidence la présence de chéilite angulaire, de glossites et des lésions au niveau du palais et des joues avec des pourcentages respectifs de 15 %, de 13,33 % et de 12,5 %. L’indice CAO moyen était de 3,80. Le nombre de dents cariées était de 384, le nombre de dents absentes 64 et le nombre de dents obturées 9 dont 2 présentaient en même temps des obturations canalaires. Les dents cariées et obturées présentaient toutes soit des pathologies pulpaires soit des lésions périapicales. Les pathologies pulpaires ont représenté 36,38% des cas et celles périapicales 63,62% des cas. La pulpite chronique ulcéreuse était la pathologie pulpaire la plus représentative, soit 27,97% des cas. Concernant les pathologies péri-apicales, la parodontite apicale chronique était la plus représentative avec un taux de 41,6%. Des destructions coronaires importantes ou totales ont été notées sur 18 dents. Les besoins de traitements d’urgence étaient de trois types:
– le coiffage pulpaire : les 34 cas de pulpite aiguë réversible,
– la pulpo-pulpectomie : les 22 cas de pulpite aiguë irréversible,
– la désinfection plus médication intracanalaire : les 104 cas de parodontite apicale aiguë,
– et le drainage canalaire : les 32 cas d’abcès apical aigu.
Les besoins de traitements endodontiques étiologiques en fonction des pathologies trouvées étaient de 5 types:
– la conservation de la vitalité pulpaire : 34 cas,
– le traitement endodontique sur dents vivantes : 77 cas,
– traitement endodontique sur dents à pulpe nécrosée : 262 cas,
– retraitement endodontique : 2 cas.
Pour les 18 dents avec des destructions importantes ou totales, l’extraction est indiquée. Cette étude a montré que les pathologies endodontiques occupent une place importante chez les diabétiques. Ce constat montre la nécessité d’une collaboration étroite entre le diabétologue et le chirurgien-dentiste pour une prise en charge optimale des patients.

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Table des matières

INTRODUCTION
1 ère PARTIE : GENERALITES SUR LE DIABETE ET LE TRAITEMENT ENDODONTIQUE
I. DIABETE
1.1. Définition
1.2. Type 1
1.3. Type 2
1.4. Autres formes
1.5. Physiopathologie du diabète
1.6. Complication du diabète
1.7. Implications orales du diabète
1.7.1. Gingivite et parodontite
1.7.2. Hyposalivation, xérostomie, et altération du gout
1.7.3. Infections fongiques
1.7.4. Infections bactériennes
1.7.5. Augmentation de la fréquence et de la sévérité des lésions carieuses
1.7.6. Retard de cicatrisation
1.8. Prise en charge du diabète
II. THERAPEUTIQUE ENDODONTIQUE
2.1. Définition et Objectif
2.2. Principe
2.3. Indications
2.4. Contre-indications
2.5. Etapes opératoires
2.5.1. Préalables
2.5.1.1. Examen radiographique
2.5.1.2. Anesthésie de la dent
2.5.1.3. Pose de la digue
2.5.2. Réalisation d’une cavité d’accès
2.5.3. Nettoyage et mise en forme canalaires
2.5.3.1. Définition
2.5.3.2. Objectifs
2.5.3.3. Principes
2.5.3.4. Irrigation
2.5.4. Obturation canalaire
2.5.4.1. Définition
2.5.4.2. Objectif
2.5.4.3. Principe
2 ème PARTIE: EVALUATION DES BESOINS DE TRAITEMENTS ENDODONTIQUES DANS UNE POPULATION DE DIABETIQUES DE L’HÔPITAL « LE LUXEMBOURG » DE BAMAKO
I. JUSTIFICATION DE L’ETUDE
II. OBJECTIFS
2.1. Objectif général
2.2. Objectifs spécifiques
III. MATERIEL ET METHODE
3.1. Cadre d’étude
3.2. Type et période d’étude
3.3. Population d’étude
3.3.1. Critères de sélection
3.3.2. Echantillonnage
3.4. Déroulement de l’étude
3.5. Collecte des données
3.6. Considération éthique
3.7. Analyse des données
IV. RESULTATS
4.1. Caractéristiques initiales
4.2. Données médicales
4.3. Données buccales
4.3.1. Antécédents dentaires
4.3.2. Connaissance de la relation diabète / maladies bucco-dentaires
4.3.3. Indice de plaque
4.3.4. Indice gingival
4.3.5. Etats des autres muqueuses
4.3.6. Etat dentaire
4.3.6.1. Indice CAO
4.3.6.2. Pathologies pulpaires et péri-apicales
4.3.7. Besoins de traitements
4.3.7.1. Traitements d’urgence
4.3.7.2. Traitements étiologiques
V. DISCUSSIONS
CONCLUSION
REFERENCES

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