Étymologie du terme « témoignage » 

Le témoignage est une notion complexe qui apparaît sous de nombreuses formes et qui implique plusieurs dimensions, qu’elles soient discursives, sociales, historiques, etc. Il existe en effet des milliers de témoignages qui portent sur divers événements (guerres, cataclysmes, faits divers … ). Les cas les plus concrets qui viennent à l’esprit et dont rendent compte les médias sont les comparutions effectuées lors de procès. D’ailleurs, de plus en plus de victimes racontent leur histoire lors d’émissions télévisées dans le but de faire connaître les événements hors de l’ordinaire auxquels elles ont été mêlées. Dans la même veine, il y a des films, des livres, des articles de magazines qui relatent le parcours de ces destinées singulières. Les réseaux sociaux, qui se sont développés à une vitesse exponentielle au cours de la dernière décennie, ont aussi fourni aux gens l’occasion de témoigner presque en direct de leurs expériences intimes. Bien que les témoignages existent sous diverses formes depuis longtemps, ils ont acquis une force et une visibilité incomparables durant le vingtième siècle, notamment en raison des deux guerres mondiales et de leurs nombreuses répercussions, à tel point que ce siècle a été qualifié d’ « ère du témoin ». Cependant, face à cette surabondance d’histoires qui sont appelées témoignages, il convient de s’interroger sur cette appellation. La publication sur Facebook racontant une journée ordinaire est-elle un récit testimonial au même titre que l’ autobiographie d’un survivant d’une catastrophe historique ? Il est quelquefois malaisé de déterminer ce qui constitue réellement un témoignage. En effet, certains documents présentés comme tels ne rencontrent peut-être pas toutes les caractéristiques de celui-ci.

Étymologie du terme « témoignage» 

Le mot «témoignage» provient du latin testimonium, et «témoin », de testis. À cette époque, le terme témoignage signifie « attestation juridique », «preuve ». Quant à testis, il veut dire: «personne qui peut certifier une chose) ». Ces mots ont évolué et sont devenus tesmoign et tesmoin durant le Moyen Âge ; «témoigner» a été utilisé pour la première fois par Chrétien de Troyes en 1175, et «témoignage », par Saint-Bernard en 1190 . L’acception de ces mots a aussi été modifiée. Le témoin est désormais celui « qui a vu ou entendu [ .. . ] ; spectateur ». Quant au témoignage, il désigne « [un] rapport de témoin; [une] preuve; [une] marque ». Il est important de noter que le témoin est décrit comme quelqu’ un qui a assisté à des événements, et non pas nécessairement celui qui y a participé. De plus, l’usage juridique est encore présent dans la définition de témoignage. Il faut donc remarquer que ces termes suggèrent davantage la passivité qu’une prise de position ou une quelconque action. Toutefois, plusieurs mots dérivés de la racine latine testis ont un sémantisme qui laisse entendre qu’il y a une intervention. Parmi ceux-ci, il y a « attester », «contester» et «protester» . Il faut également relever que la racine de «tiers», tristis, ressemble à celle de témoin. Benveniste complète cette étymologie en notant que superstes (qui ressemble à tes tis , mais qui en est néanmoins dissemblable) «peut signifier  » témoin » en tant que survivant: celui qui, ayant été présent puis ayant survécu, joue le rôle de témoin » Pour nous, cette description s’applique assez bien aux soldats qui sont revenus de la guerre. L’ expression « ayant été présent» laisse supposer que le survivant n’ a pas obligatoirement joué un rôle actif dans l’événement. Benveniste associe d’ailleurs « témoin» à celui qui est là et qui voit l’événement, mais qui n’y participe pas. En revanche, plusieurs définitions du mot témoignage ont une connotation qui révèle que le témoin a pris part aux faits qu’il relate.

Définition du mot « témoignage»

La première définition s’énonce de la manière suivante : «Action de rapporter un fait, un événement en attestant sa réalité.  » En examinant celle-ci, il apparaît que les verbes « rapporter » et « attester» en sont des constituants. Le premier implique un récit tandis que le second soustend une action qui dépasse la simple énonciation: le narrateur tient à prouver que ce qu’il dit est vrai. Ce sont les deux éléments de base qu’il faut retenir dans l’acception du témoignage: la narration (ou relation des faits) et l’affirmation de la véracité. Cette première définition est très large, car il y existe de nombreux types de témoignages et plusieurs éléments disparates dont il faut tenir compte, de sorte que nous devons faire appel à d’ autres significations pour éclairer le concept.

La deuxième conception du témoignage – formulée par Jacquemont, Jossua et Quelquejeu – se présente sous trois types: empirique, juridique et éthique. L’empirique partage plusieurs traits communs avec la première définition. Dans cette dernière, l’accent est en effet mis sur le récit d’une personne qui a vu ou entendu un incident ou un événement et qui le raconte. Il faut toutefois préciser qu’il s’ agit d’un sens partiellement empirique, puisqu’il n’est pas question de la perception des faits, mais bien de la narration de ceux-ci, si bien qu’il y a une mise à distance avec l’ événement dès la première relation. Le contexte de communication doit alors être pris en considération lorsque la notion de témoignage est abordée. Il faut également relever une distinction majeure entre le récit de faits et le témoignage. En effet, si le premier se limite au compte rendu de ce qui s’ est produit, le deuxième poursuit un autre objectif: servir un jugement, convaincre ou prouver la vérité des faits. Bref, le témoin inscrit son histoire dans un processus qui vise à transformer celle-ci en une preuve qui influencera éventuellement l’opinion de ceux qui la liront ou l’ entendront ; Cette dimension se retrouve dans la seconde forme de témoignage où celui-ci possède un caractère juridique. Dans celle-ci, il prend le sens d’ « attester que … », «témoigner pour … , en faveur de … ». Il a pour origine le rituel de serment de la Cour dont le but est de convaincre le juge et les jurés . Pour ce travail, le témoignage juridique ne sera pas pris en compte puisqu’il est associé à l’usage de la cour et qu’ aucun des textes de notre corpus n’a été utilisé lors d’un procès. La troisième forme, liée à l’ éthique, ne considère plus seulement le témoignage comme un moyen de convaincre de la véracité, mais également comme un véritable engagement de la part de son locuteur. Le témoin raconte son histoire et, tout comme ses actions, la met au service d’une cause. C’ est notamment le cas des chrétiens qui propagent leur foi dans le monde ou, exemple plus extrême, des martyrs qui acceptent de mourir plutôt que renier leur message , Encore une fois, la volonté de convaincre est manifeste dans la signification du témoignage. Une différence importante entre la première définition et celle de la catégorie  empirique repose sur le rapport de la personne à l’ événement. En effet, dans la première, il n’ est pas spécifié si le témoin est quelqu’un qui a assisté à l’ événement, qui y a participé ou qui l’a seulement entendu raconter. Il est cependant clairement énoncé dans la conception empirique que le témoin doit avoir vu ou entendu l’ événement. Le rapport du témoin à l’ événement est un élément qui est assez fluctuant selon les différentes perceptions et c’ est pourquoi il mérite d’ être analysé plus en profondeur.

La troisième conception, qui formera le cœur de notre interrogation avant que nous nous attardions à des éléments plus spécifiques qui caractérisent les récits testimoniaux, met de l’ avant le témoignage historique. Il s’agit de documents écrits ou de traces qui proviennent du passé et que les historiens interrogent afin d’en apprendre davantage sur le passé violent des sociétés anciennes. Ces écrits peuvent faire partie d’un genre littéraire authentifié (tels les mémoires) ou d’une activité d’écriture qui relève davantage du passe-temps (comme les carnets d’un paysan).

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Table des matières

INTRODUCTION 
PREMIÈRE PARTIE: LE TÉMOIGNAGE 
CHAPITRE 1 : Ce que « témoignage» signifie 
Étymologie du terme « témoignage »
Définition du mot « témoignage »
CHAPITRE 2 : Cinq théoriciens, cinq conceptions 
Jean Norton Cru, le fondateur critique
Les critiques envers Norton Cru
Renaud Dulong, la dimension sociale
Dulong et Wieviorka
Paul Ricoeur, la narrativité
Jacques Derrida, la fiction
Nicolas Beaupré, le témoignage est une fonction
L’autobiographie a comme fonction de témoigner
DEUXIÈME PARTIE: LES RÉCITS DE GUERRE 
Chapitre 3 : Expressions de l ‘intime 
La présence de l’intime
Le besoin d’ écrire
Chapitre 4 : Les incidences du social 
La censure
La censure officielle
L’ autocensure
Le travail de la réécriture
Réécrire pour améliorer le texte
Réécrire pour l ‘Autre
Entre réalité et fiction
CONCLUSION

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