Etudier l’analyse du cycle de vie comme action collective

Naissance et compréhension partagée de l’ACV

L’analyse du cycle de vie est une démarche qui prend ses racines dans l’industrie à la fin des années 1970, se standardise dans les années 1990 et s’élargit aux stratégies de dialogue dans les années 2000 puis économiques après 2010. La définition et le rôle de l’outil ont donc évolué au cours des années.

Les origines remontent aux années 1970 avec COCA COLA qui réalise en 1969 (Hunt et al. 1996) sa première analyse quantitative d’un bilan énergétique. Dès 1993, l’US EPA (agence environnementale américaine) la définit comme « évaluation environnementale globale des effets d’un produit ou d’une activité ». Ensuite, Consoli (1993) et l’organisme SETAC (Society for Environment Tox And Chemistry) rédigent les premiers guides de bonne pratique. Entre 1997 et 2000, l’ISO (Organisation de Standardisation Internationale) rend la procédure reproductible et systématique au travers d’une définition partagée : « la compilation et l’évaluation des entrées, des sorties et des impacts environnementaux potentiels d’un système de produits tout au long de son cycle de vie. » Les pouvoirs publics supportent la dissémination de l’outil en 2003 au niveau européen (Integrated Product Policy – Building on Environmental Life-Cycle Thinking) et l’étude EIPRO (ACV de la consommation Européenne) de Tukker et al. (2006), puis au niveau français par le rapport rédigé par l’Académie des Technologies (Cabal 2005) et, dès 2008, au travers du Grenelle de l’Environnement dont l’un des axes précise : « Les consommateurs doivent pouvoir disposer d’une information environnementale sincère, objective et complète … qui sont imputables à ces produits au cours de leur cycle de vie. » (AFNOR 2009 et Cros 2012) .

Au final, nous retiendrons la définition de l’Analyse du Cycle de Vie ou ACV outil ci-dessous : Le cycle de vie comme mesure : implique un processus collectif qui permet une connaissance holistique des enjeux environnementaux des fonctionnalités rendues par des biens, services et organisations, sur tout leur cycle de vie et sur un panel d’impacts potentiels, au service de la prise de décision stratégique de l’entreprise ou des pouvoirs publics.

L’ISO 14040 (2006) donne un cadre général et international en rationalisant les trois grandes dimensions clés –et toujours vraies- de l’approche : une étude quantitative sur tout le cycle de vie et de multiples enjeux.

Avant d’aller plus loin, nous positionnerons ici les définitions clés et reviendrons sur ce qu’est et n’est pas l’ACV. L’étude Analyse du Cycle de Vie ou empreinte environnementale est réalisée par un praticien ACV. Ce sont soit des académiques, soit des industriels, soit des consultants. Ils pilotent l’ensemble de la démarche à la demande d’un commissionnaire. Ce dernier peut être un Etat ou une de ses agences, un industriel ou un académique. Les raisons sont décisionnelles ou comptables. Comptables lorsqu’il s’agit d’agréger l’ensemble des flux entrants et sortant d’un système. Par système, il est entendu un produit ou un service procurant une fonction. Ces ACV sont aussi la matière des Déclarations Environnementales Produits (ISO 14025 (ISO 2006a)) qui consistent à apporter une information sur la performance environnementale aux consommateurs (Cros 2012). A noter que la normalisation travaille aujourd’hui aux empreintes environnementales des organisations. Par organisation, il est entendu un Etat, un territoire ou une entreprise. Les ACV sont décisionnelles lorsqu’il s’agit d’études comparatives dont le but est de démontrer l’infériorité ou la supériorité d’un système. Ce type d’étude permet de réaliser des choix stratégiques pour un Etat ou une entreprise. Ces ACV sont dites attributionnelles lorsqu’elles considèrent uniquement le système étudié et conséquentielles lorsqu’elles s’intéressent également à l’impact du nouveau système sur les autres systèmes en arrièreplan. Par exemple, l’impact de la pénétration sur le marché des biocarburants sur les pratiques agricoles au sens large. Le praticien ACV et le commissionnaire ne sont pas les seuls acteurs de l’étude. En effet, avant d’être communiquée, une ACV doit passer un examen de conformité appelé revue critique. Pour ce faire l’étude est examinée par un panel d’experts indépendant dont l’un deux, le président du panel, a la charge de piloter l’activité et de rédiger le rapport de revue critique.

Pour le praticien, l’Analyse du Cycle de Vie relève d’un processus normé en cinq étapes interconnectées :

1/ définition de l’objectif, pour le praticien, il faut comprendre les motivations du commanditaire pour apporter une réponse juste en fonction de l’usage souhaité de l’ACV ;

2/ définition des règles de calcul, ici le praticien prend un grand nombre de décisions structurantes pour le reste de l’étude ;

3/ la collecte de données ou inventaire, il s’agit alors de réunir un ensemble d’informations primaires qui serviront à la modélisation ;

4/ le calcul d’impact potentiel, les méthodes d’analyse d’impacts potentiels, de normations et de pondération transforment les données d’entrées en indicateurs intelligibles.

5/ en parallèle une interprétation incite le praticien à réviser ses hypothèses, données et calculs pour garantir la cohérence globale de l’étude. Celle-ci fera l’objet de la revue critique ISO TS 14 071 (ISO 2014).

Compte tenu de la prolifération des normes, guides et outils, il est utile de préciser ce que l’Analyse du Cycle de Vie n’est pas. Les empreintes carbones dont ISO 14°067 (ISO 2013) et empreinte eau ISO 14 046 (ISO 2014a) sont fondées sur les analyses du cycle de vie mais ne présentent qu’un seul indicateur. Les travaux sur l’empreinte eau sont une avancée majeure car ils nécessitent de localiser précisément (au niveau de chaque bassin versant) les flux entrants et sortants du système étudié. Le bilan de gaz à effet de serre, quant à lui, mesure les émissions d’un territoire ou d’une organisation sur un périmètre différent de celui de l’ACV. Les normes relatives aux ACV des organisations sont en cours de rédaction. Les Analyses du Cycle de Vie Sociale sont un nouveau champ de recherche qui consiste à augmenter l’étude d’indicateurs sociaux. Ces résultats pourront compléter l’étude environnementale. L’approche holistique est maintenue. Néanmoins, la construction des indicateurs et la collecte des données afférentes relèvent de disciplines et de compétences spécifiques. Ces recherches se différencient du concept ACV traité dans cette recherche. Toutefois, la démarche instrumentale pourrait être généralisée aux deux approches. L’économie circulaire, l’éco-conception ISO 14 062 (ISO 2002a) et ISO 14 006 (ISO 2011a) ou l’économie de fonctionnalité ne se placent pas sur le même plan. Ce sont des dispositifs à portée transformatrice qui mettent en action toutes sortent de leviers pour déployer une stratégie. Dans ce cadre, l’Analyse du Cycle de vie est un outil de mesure en soutien du dispositif.

Cet outil reste jeune et son évolution est permanente Finkbeiner (2013). Celle-ci se fait par une exploration collective et internationale visant à faire converger les savoir-faire issus des bonnes pratiques à l’instar des travaux de l’UNEP/SETAC Life Cycle Initiative, des premiers guides pratiques de gestion cycle de vie puis, plus récemment, sur les approches développement durable (Pennington et al. 2004 ; Rebitzer et al. 2004 ; Remmen et al. 2007 ; Benoît et al. 2010 ; Ciroth et al. 2011). Toutefois, de nombreuses limites subsistent et sont recensées par Reap et al. (2008).

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Table des matières

Table des matières générale
0 INTRODUCTION
PARTIE 1 : ETUDIER L’ANALYSE DU CYCLE DE VIE COMME ACTION COLLECTIVE
1 CHAPITRE 1 : LA GESTION, UNE DIMENSION OUBLIÉE DE L’ANALYSE DU
CYCLE DE VIE
2 CHAPITRE 2 : VERS UNE ORGANISATION COLLABORATIVE: CONSTRUIRE LES MODALITÉS D’INTERACTION ENTRE L’ENTREPRISE ET SES PARTIES PRENANTES
3 CHAPITRE 3 : LE DISPOSITIF DE GESTION PAR LE CYCLE DE VIE : IMPULSION
D’UNE DYNAMIQUE DE TRANSITION ORGANISATIONNELLE PAR LES BÉNÉFICES
PERÇUS
Partie 2- MATERIEL ET METHODOLOGIE DE RECHERCHE : De l’abduction à l’étude empirique pour un produit innovant
4 CHAPITRE 4 : OBJECTIFS ET MÉTHODOLOGIE
PARTIE 3 – ARCHITECTURE DES INSTRUMENTS ET TRANSITION ORGANISATIONNELLE CHEZ UN CONSTRUCTEUR AUTOMOBILE Aller-retour entre théorie et terrain
5 CHAPITRE 5 : CONSTRUCTION ET EXPÉRIMENTATION DE L’ACV
COLLABORATIVE, LE CAS DU VÉHICULE ÉLECTRIQUE CHEZ RENAULT
6 CHAPITRE 6 : APPORTS EMPIRIQUES ET THEORIQUES DE NOTRE
RECHERCHE
PARTIE 4- CONCLUSIONS
7 CHAPITRE 7 : DISCUSSION, CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES DE RECHERCHE
8 Références
9 ANNEXE

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