Etude socio-économique des villages riverains du fleuve Loza

Madagascar est reconnu mondialement grâce à son écosystème caractérisé par une diversité unique à la fois en terme climatique et biologique (SECRETARIAT TECHNIQUE A L’AJUSTEMENT, 1999). Au fait, l’île compte parmi les centres de biodiversité les plus riches au monde, le pays de la méga diversité. Hélas, cet écosystème est aussi parmi les plus menacés. Chaque année, on observe une tendance constante et quasi linéaire correspondant à une déforestation de quelques 144 000 ha (DIRECTION DES EAUX ET FORETS, 1996). Il est estimé que le couvert forestier disparaîtrait au bout de 25 ans si les tendances actuelles continuent (CELLULE TECHNIQUE A L’AJUSTEMENT, 2003). Vu cette situation alarmante, la protection de l’environnement compte parmi les plus hautes priorités du pays. Face à cette situation, Madagascar a, depuis quelques années, apporté un changement dans sa politique environnementale. De nouvelles stratégies et de nombreux programmes sont élaborés. En plus, plusieurs conventions internationales sont signées et ratifiées. Des ateliers sont organisés. Les efforts ne se concentrent plus seulement sur la forêt mais se sont élargis. Suite à l’atelier national sur les zones humides en 1997, notre pays s’est intéressé de plus en plus à conserver ces types d’écosystème. En effet, l’Etat malgache a ratifié la Convention sur les zones humides (Ramsar, Iran, 1971) le 25 janvier 1999 (COMITE NATIONAL RAMSAR, 2003). La convention sur les zones humides d’importance internationale propose la conservation et l’utilisation sage des zones humides à travers des actions nationales et des coopérations internationales. Les nations membres sont tenues de soumettre au secrétariat RAMSAR une liste de ses zones humides d’importance internationale et de les gérer d’une manière appropriée afin d’éviter des changements de leurs caractéristiques écologiques. La Direction Générale des Eaux et Forêts (DGEF) a été nommée Autorité Administrative Ramsar par le gouvernement malgache et, jusqu’à ce jour, 5 sites Ramsar ont été inscrits : le Lac Tsimanampetsotsa, le Complexe des Lacs de Manambolomaty, le Lac Alaotra et ses bassins versants, le plus grand écosystème d’eau douce de Madagascar, les marais de Torotorofotsy et le lac privé Tsarasaotra. Malgré le nombre encore réduit de sites inscrits sur la liste Ramsar, l’importance des zones humides a suscité beaucoup d’intérêts dans le monde environnemental et socio-économique malgache. Alors, plusieurs autres zones humides seront désignées dans le cadre d’un projet d’inscription de nouveaux sites Ramsar (COMITE NATIONAL RAMSAR, 2003). Ainsi, Wildlife Conservation Society (WCS) a pour mission de réaliser les études nécessaires à l’inscription du fleuve Loza sur la liste Ramsar. Son inscription entre aussi dans le cadre de la vision Durban déclarée par le Président de la République en 2003 qui consiste à augmenter la superficie des aires protégées jusqu’à six millions d’hectares (MAEVALAZA et al., 2004). Le fleuve Loza est un bras de mer dont les dimensions varient entre 700 m et 1500 m de large sur environ 60 km de long. L’eau a moins de 10 m de profondeur, sauf à la sortie du fleuve où elle atteint 30 m à marée basse (ZICOMA, 1999). Elle se trouve au Nord-ouest de Madagascar, dans la Province Autonome de Mahajanga, Région de la Sofia. Elle relie la Sous-préfecture d’Antsohihy à celle d’Analalava (cf. Figure 1, relative à la localisation du fleuve Loza). Cette zone possède des caractéristiques écologiques importantes car toutes les huit espèces de palétuviers de La Grande Ile s’y trouvent. C’est aussi l’habitat naturel d’une vingtaine d’espèces d’oiseaux d’eau dont quatre sont endémiques : Platalea alba, Alcedo vintsioides, Threskiornis aethiopicus et Haliaetus vociferoides. Cette dernière est un des plus rares oiseaux de chasse au monde, elle est gravement menacée d’extinction (PRESTONMAFHAM, 1991). De même, le fleuve est très riche en poissons. Des crustacées comme les crevettes abondent le site, et une fois de plus, les mangroves contribuent à leur survie en tant que zone de fraie, d’alevinage ainsi que de nourriture. Par ailleurs, la population riveraine dépend des ressources issues du site (ONG FIVOARANA, 2002).

SITUATION GEOGRAPHIQUE ET ADMINISTRATIVE

Géographiquement, le fleuve Loza se situe entre les latitudes 14o 28,545’ et 14o 58,924’ sud et entre les longitudes 48o 04,382’ et 47o 44,574’ est. Son altitude varie de 0 m (niveau de la mer) à 100 m. Dans sa totalité, le site couvre une superficie de 36 717 ha dont 16 749 ha sont colonisés par la mangrove. Par voie routière, on arrive à Antsohihy en partant d’Antananarivo et en suivant la RN4 puis la RN6 totalisant une distance de 700 Km. La zone humide se trouve au Nord-ouest de Madagascar, dans la Province Autonome de Mahajanga, Région de la Sofia. Elle relie le District d’Antsohihy à celui d’Analalava (c.f. figure 1, relative à la localisation du site).

HISTORIQUE DU FLEUVE LOZA

Historiquement, selon les ouï-dire, les gens des villages entourant le fleuve Loza racontent que le nom du fleuve date de l’époque du règne de Radama I (1810-1828). Radama était un roi Merina voulant faire la conquête des pays Sakalava (Boina), mais nombre de ces Sakalava, étant très fiers, n’ont pas voulu se soumettre et ont préféré se jeter dans le fleuve, d’où le nom de « Loza » qui signifie malheur. Ce fait est tellement ancré dans l’esprit des Sakalava du Boina, notamment ceux riverains du fleuve Loza, qu’aujourd’hui encore, ils considèrent que l’eau du fleuve est taboue pour les Merina.

CHOIX DES VILLAGES D’ETUDE

Lors de la préparation du plan d’investigation, on s’est entretenu avec le personnel technique de la WCS dans le but de savoir les villages à étudier. Ainsi, on a convenu que deux villages seront étudiés étant donné que la durée des travaux de terrain ne devrait pas dépasser 60 jours et que la méthode utilisée est la MARP. Un village devrait se trouver en amont et un autre en aval pour mieux représenter la zone d’étude. Ensuite, en vue de connaître les caractéristiques de la région et de fixer les villages à étudier, des entretiens auprès des autorités suivantes ont été effectués : Préfet d’Antsohihy, Sous-préfet d’Analalava, Maires de la Commune Urbaine d’Antsohihy, de la Commune rurale d’Analalava, d’Ankerika, d’ Ambodimandresy et d’ Amdodimadiro, le Chef de la Circonscription de l’Environnement, des Eaux et Forêts d’Antsohihy, le Chef de la Circonscription de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche d’Antsohihy, les Chefs de Cantonnement, de l’Environnement, des Eaux et Forêts d’Antsohihy et d’Analalava. Alors, parmi les 26 villages existant dans la zone d’étude, les villages d’Ambiky et d’Antsatrana ont été choisis pour réaliser les investigations sur terrain.

Le village d’Antsatrana
Ce village se trouve dans la commune Rurale d’Analalava, District d’Analalava. Il se situe dans la partie Nord-ouest du fleuve Loza. Il compte 669 habitants en 2003 dont plus de la moitié sont des Sakalava. Les activités principales de la population sont l’agriculture, l’élevage, la pêche maritime et l’exploitation de charbon de bois. Par ailleurs, les mangroves constituent la principale source de produits ligneux. On a choisi ce village afin de représenter la partie aval de la zone d’étude. On a trouvé dans ce village toutes les principales activités des populations de la zone. La mangrove y est encore abondante. En plus, Antsatrana se trouve à trois heures de marche à pieds d’Analalava. Grâce à cette proximité de la ville, les villageois sont moins méfiants aux interviews. D’ailleurs, une étude socio-économique sur la pêche halieutique y a été effectuée (ANDRIANTSOA, 1986).

Le village d’Ambiky
Ambiky est un village en amont du fleuve Loza. Il se situe dans la commune rurale d’Ankerika, District d’Antsohihy. Le nombre d’habitants est 1223, les Tsimihety en constituent la majorité (ONG FIVOARANA, 2003). La population pratique surtout la riziculture, l’élevage bovin, caprin, l’aviculture, la pêche maritime et l’exploitation de charbon de bois. La forêt de palétuviers qui sont très abondants, fournit des bois d’œuvre et d’énergie considérables pour les villageois. Ambiky représente la partie amont de la zone d’étude. (Cf. figure2 : carte de localisation des villages d’Ambiky et d’Antsatrana). L’accès est facilité par la voie routière, même saisonnière, entre Antsohihy et Ambiky. On y pratique aussi toutes les principales activités de la zone.

COLLECTE DE DONNEES

La méthodologie se base sur la Méthode Accélérée de Recherche Participative (MARP). Elle est fondée sur la complémentarité de plusieurs entités pour obtenir plus rapidement et plus efficacement les informations les moins biaisées possibles de la part des enquêtés (RAZANAJATOVO, 2003). Cette méthode est une activité informelle, systématique et progressive d’apprentissage du milieu rural, exécutée dans un ou plusieurs terroirs par une équipe multidisciplinaire composée de membres de la communauté en question ainsi que de techniciens et de personnes ressources. Lors de la préparation du plan d’investigation, on s’est entretenu avec le personnel technique de la WCS dans le but de savoir les villages à étudier. En outre, en vue de connaître les caractéristiques de la région et de fixer les villages à étudier, des entretiens auprès des autorités locales ont été réalisés (Cf. paragraphe II.1). Alors, sur les 26 villages identifiés dans la zone, deux sont retenus pour faire l’objet de l’étude : Antsatrana, et Ambiky. Par ailleurs, on a effectué des entretiens collectifs au niveau des villageois. On a réuni les villageois, d’abord afin d’établir le transect et la carte des terroirs et ensuite lors de la restitution des résultats aux villageois. Des entretiens individuels avec les villageois ont été aussi réalisés. Dans notre cas, pour une meilleure compréhension des activités des différents groupes socio professionnels, de l’utilisation des ressources naturelles et de l’occupation des terroirs, l’interview semi-structurée (ISS) est la plus appropriée. Le dialogue établi à partir de cette méthode porte sur des sujets précis. Cette ISS associe donc la flexibilité de l’interview non structurée et la préparation préconisée par l’interview structurée. Pour cela, à la place des questions pré-établies, on se sert d’un guide (Cf. annexe 2) qui répertorie les axes essentiels autour desquels portera l’entretien (RAKOTOMALALA et RAKOTOARISON, 1999). La formulation des questions se fait sur le lieu et l’ordre peut varier selon les circonstances. Dans le village d’Antsatrana, 40 ménages sont interviewés sur les 130 existants. Le taux d’échantillonnage est donc de 31%. Concernant le village d’Ambiky, on s’est entretenu avec 30 ménages sur les 176 présents. Le taux d’échantillonnage est de 17%. Un villageois nous a guidé pendant ces entretiens pour mieux comprendre le dialecte local. On a fait aussi des observations directes qui consistent à vérifier sur le lieu la réponse des enquêtés concernant la superficie cultivée, la localisation des parcelles cultivées, les types de cultures, les différents types d’élevage, les produits de pêches et les charbons de bois. En outre, les coordonnées géographiques sont enregistrées à l’aide de GPS (Global Positioning System) pour vérifier et actualiser les cartes à notre disposition.

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Table des matières

INTRODUCTION
CHAPITRE I MILIEU D’ETUDE
I.1 SITUATION GEOGRAPHIQUE ET ADMINISTRATIVE
I.2 HISTORIQUE DU FLEUVE LOZA
I.3 MILIEU PHYSIQUE
I.4 MILIEU BIOLOGIQUE
I.5 MILIEU HUMAIN
CHAPITRE II METHODOLOGIE
II.1 CHOIX DES VILLAGES D’ETUDE
II.2 COLLECTE DE DONNEES
II.3 TRAITEMENT ET D’ANALYSE DE DONNEES
II.4 PERIODE D’ETUDE
II.5 DISCUSSION SUR LA METHODOLOGIE
CHAPITRE III RESULTATS ET INTERPRETATIONS
III.1 GENERALITE
III.2 ACTIVITES AGRICOLES
III.2.1 Les terroirs
III.2.2 Les ressources d’exploitation
III.2.2.1 La force de travail familial
III.2.2.2 L’équipement agricole
III.2.2.3 Le système foncier
III.2.3 La conduite culturale
III.2.4 La production agricole
III.2.4.1 La production agricole annuelle par ménage
III.2.4.2 Les destinations de la production
III.2.5 Les coûts de production
III.2.6 La commercialisation
III.2.6.1 Les circuits de la commercialisation
III.2.6.2 Les prix sur le marché
III.3 ELEVAGE
III.3.1 Généralité
III.3.2 L’élevage bovin
III.3.2.1 La production bovine
III.3.2.2 La commercialisation
III.3.3 L’élevage caprin
III.3.3.1 La production de l’élevage
III.3.3.2 La commercialisation
III.3.4 L’aviculture
III.4 PECHE HALIEUTIQUE
III.4.1 La production halieutique
III.4.1.1 Le rythme de la production
III.4.1.2 La répartition des pêcheurs selon le type de produits
III.4.1.3 La production annuelle des pêcheurs
III.4.1.4 Les coûts de production
III.4.1.5 La destination de la production
III.4.2 La commercialisation
III.5 FABRICATION DE CHARBON DE BOIS
III.5.1 La production
III.5.1.1 Le rythme de production
III.5.1.2 La production annuelle des charbonniers
III.5.1.3 Les coûts de la production
III.5.1.4 La destination
III.5.2 La commercialisation
III.6 REVENUS DES MENAGES
III.7 EFFETS DES ACTIVITES DE LA POPULATION SUR LE MILIEU
III.7.1 La déforestation
III.7.2 une faune menacée
III.7.3 La dégradation des sols
III.7.4 Le comblement du fleuve
CHAPITRE IV DISCUSSION ET RECOMMANDATIONS
IV.1 DISCUSSION DES RESULTATS
IV.2 RECOMMANDATIONS
IV.2.1 Les recommandations
IV.2.2 Les conditions de réussite
CONCLUSION

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