Etude radio-anatomique de l’espace calcaneo-naviculaire

L’étude anatomique de l’espace qui sépare le calcanéus de l’os naviculaire permet de comprendre et de diagnostiquer les anomalies siégeant à cet endroit. Toutes les études faites jusque-là s’intéressent à la pathologie liée à cet espace. Le calcanéus et le naviculaire ne se touchent pas normalement. Ils sont séparés par un espace dont l’écart est variable d’une personne à l’autre. Il peut arriver que cet espace soit très réduit, voire que ces os soient unis par un pont osseux, cartilagineux, ou fibreux. On parle dans ces cas de coalition calcanéonaviculaire dont la plus fréquente est la synostose qui est un pont osseux complet mais parfois incomplet. Cette synostose touche 1% de la population générale et est bilatérale dans 50% des cas [23].Il s’agit d’une anomalie congénitale qui résulterait d’un défaut de segmentation du mésenchyme primitif au cours de la croissance [4]. Sur le plan clinique elle se manifeste par des douleurs siégeant en regard du sinus du tarse avec parfois une raideur du pied. L’imagerie médicale pose le diagnostic avec en première intention la radiographie conventionnelle, complétée par la tomodensitométrie et enfin l’imagerie par résonnance magnétique (IRM). Dans la littérature, en dehors des études sur la pathologie de la synostose calcanéo-naviculaire, aucune étude ne s’est intéressée à la morphométrie radiographique de l’espace entre l’os naviculaire et le calcanéus, d’où l’intérêt de notre travail.

RAPPEL EMBRYOLOGIQUE

Pour bien étudier le développement prénatal des cartilages de conjugaison, on doit comprendre le développement normal des articulations et des tissus qui les entourent. Tout au début, se déroule une condensation mésenchymateuse à la place des futurs os et articulations (blastème). Ensuite une chondrification commence à la région destinée à devenir de l’os. En même temps le tissu de blastème entre deux cartilages s’étend pour former une interzone homogène. Plus tard il se développe une interzone à trois couches composées de deux couches cellulaires chondrogéniques. Celle du milieu plus lâche, deviendra par la suite la cavité articulaire. A la périphérie de l’interzone, le tissu de blastème (tissu mésenchymateux) devient le mésenchyme synovial qui plus tard deviendra la membrane synoviale et la capsule. L ‘apparition du bourgeon du membre inférieur commence au stade 13, c’est à dire vers le 28èmejour de la croissance. La première ébauche du pied quant à elle, commence au stade 15 (vers le 33ème jour). La chondrification du talus et du calcanéus commence entre les stades 18 et 19 (7ème semaine) du développement embryologique. Une condensation cellulaire entre les deux cartilages de conjugaison se déroule au site du futur sustentaculum tali au stade 21. La chondrification à l’intérieur de ces tissus commence au stade 22 (à la fin  de la 8 ème semaine). Ainsi une semaine après la chondrification du corps calcanéen, débute celle du sustentaculum tali. Le sustentaculum tali est un des segments à chondrifier parmi les os du tarse. La maturation du cartilage survient rapidement, et rattrape celle du corps calcanéen, à la fin de la 9ème semaine. La chondrification du tubercule postérieur du talus se produit simultanément avec celle du sustentaculum tali, puis plus tard celle de la tête du talus. Le pied est formé de deux maquettes mésenchymateuses : une pour l’arrièrepied (talus, calcanéus et os naviculaire) et l’autre pour le reste du pied (cuboïde, cunéiformes, métatarsiens et phalanges). Ces maquettes cartilagineuses, subissent une segmentation par mort cellulaire, et création de zones de nécrose, futures articulations. La synostose calcanéo-naviculaire est extra-articulaire (Figure 1et 2). La persistance d’un pont entre ces deux os peut se limiter à un pont fibreux ou cartilagineux. Cela peut être expliqué par l’échec du tissu mésenchymateux à se différencier en tissu fibreux vers la 7èmeet la 8ème semaine, l’absence et/ou la chondrification de l’interzone et la destruction du cartilage de revêtement au cours de l’ossification [29]. La discordance entre l’incidence de la synostose calcanéo-naviculaire dans la période fœtale précoce et son incidence lors de l’adolescence, peut être due, soit au retard de différentiation des tissus fibreux en cartilage, ou à la désintégration des cartilages de conjugaison due aux forces biomécaniques [7, 13]. La forme complète constitue la vraie synostose qui est un pont osseux complet ou incomplet (laissant persister une  pseudarthrose serrée).

RAPPEL ANATOMIQUE 

Les synostoses calcanéo-naviculaires sont situées entre le bec de la grande apophyse du calcanéus (à l’extrémité antéro – médiale et supérieure de cet os) et la portion opposée de l’os naviculaire [3]. La synostose est un matériau composite constitué de tissu qui peut être fibreux, cartilagineux ou osseux, existant dès la naissance. Les différentes formes anatomo-radiologiques de la synostose ont été décrites et classées en 4 formes:
● type 1 : la forme incomplète ;
● type 2 : la forme complète avec une incisure ;
● type 3 : la forme complète sans incisure ;
● type 4: la forme associée à une autre anomalie du tarse. [33]

En fonction de la croissance osseuse, l’ossification va progresser de manière très variable. Les synostoses calcanéo-naviculaires commencent à s’ossifier entre l’âge de 8 et 12 ans [23]. L’ossification évolue donc parallèlement à la croissance osseuse [23, 30].

OSTEOLOGIE

Le pied est composé de 26 os organisés en voûte. On distingue trois groupes d’os : l’arrière-pied, le médio-pied et l’avant-pied (Figure 3) [22].

Le squelette de l’arrière-pied est formé de deux os : le calcanéus et le talus. Le talus est situé au-dessus du calcanéus. En avant, une surface convexe sur le talus correspond à une surface concave sur le calcanéus. En arrière, une surface concave sur le talus correspond à une surface convexe sur le calcanéus. L’articulation de ces deux os porte le nom d’articulation soustalienne [19]. Le médio-pied ou tarse antérieur est formé de cinq os : l’os naviculaire, le cuboïde et les trois os cunéiformes. L’avant-pied se présente comme un groupement de cinq colonnes de petits os formant des rayons qui sont composés chacun d’un métatarsien et de phalanges formant le squelette de l’orteil. On nomme « premier rayon », la colonne des os formant le gros orteil et ainsi de suite pour les suivants. L’arrière-pied est raccordé au médio-pied par l’articulation médio-tarsienne (ou interligne de Chopart). L’articulation tarsométatarsienne (ou interligne de Lisfranc) unit le médio-pied à l’avant des cunéiformes et du cuboïde avec l’avant-pied à l’arrière des bases métatarsiennes [4,22].

Le calcanéus
Le calcanéus, qui signifie talon en grec est le plus volumineux des os du tarse. Il présente 6 faces. La face supérieure s’articule en avant avec le talus grâce à deux surfaces articulaires séparées par un sillon oblique en avant et en dehors (Figure 4). Au bord interne de la surface articulaire, le calcanéus donne insertion au muscle pédieux. La partie postérieure de cette face est irrégulière, elle donne insertion au plantaire grêle [22, 11]. La face inférieure est étroite et convexe. Elle présente trois tubérosités formant un triangle à base postérieure. Ce sont la tubérosité postéro externe, postéro-interne et antérieure. Cette face donne insertion au muscle court fléchisseur plantaire, abducteur du Vème et aux insertions accessoires du fléchisseur commun. La face externe est plane. Elle présente, dans sa partie antérieure, le tubercule du péronier latéral qui sépare les deux péroniers. La face interne est creusée d’une large gouttière (gouttière calcanéenne) dont la partie supérieure est limitée par la saillie du sustentaculum tali (tubérosité, dont la partie supérieure s’articule avec le talus, dont le centre est creusé d’une gouttière destinée au tendon du fléchisseur propre). La face postérieure donne insertion au tendon calcanéen. La face antérieure s’articule avec le cuboïde.

L’os naviculaire 

L’os naviculaire (en forme de barque) est situé sur le côté interne du pied (Figure 5).Il présente 2 faces et 2 bords. La face antérieure est articulaire. Elle est divisée en 3 surfaces articulaires, en rapport avec les cunéiformes, par deux crêtes. La face postérieure s’articule avec la tête du talus. L’extrémité interne, présente un tubercule qui donne insertion au jambier postérieur. L’extrémité externe s’articule avec le cuboïde [18].

Articulation medio – tarsienne

C’est une énarthrose qui est définie par l’interligne de Chopart. Elle est constituée, en réalité, par l’interligne talo-calcanéo-naviculaire. La capsule articulaire est commune aux deux articulations talo-calcanéenne antérieure et talo-naviculaire. La tête du talus s’emboîte dans la cavité formée par la concavité de la face postérieure du naviculaire, la facette articulaire antéromédiale du calcanéus et la face supérieure du ligament glénoïdien (couche profonde du ligament calcanéo-naviculaire).

La stabilité articulaire est assurée par trois ligaments :
● le ligament talo-naviculaire supérieur, renforcé en dedans par des expansions du ligament deltoïdien (collatéral médial de la talo-crurale);
● le ligament calcanéo-naviculaire inférieur, tendu de la petite apophyse antérieure du calcanéus, au bord inférieur médial du naviculaire;
● l’épais faisceau médial du ligament en Y de Chopart, tendu verticalement de la face dorsale de la grande apophyse du calcanéus, au bord naviculaire latéral [33].

Articulation cuboïdo-naviculaire
Les deux os sont solidement unis par un système intrinsèque, composé de trois ligaments : dorsal latéral, plantaire médial et interosseux, auxquels il faut ajouter le ligament en Y, solidarisant le cuboïde et l’os naviculaire au calcanéus.

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : RAPPELS
I. RAPPEL EMBRYOLOGIQUE
II. RAPPEL ANATOMIQUE
1. OSTEOLOGIE
1.1. Le calcanéus
1.2. L’os naviculaire
2. ARTHROLOGIE
2.1. Articulation sous-italienne
2.2. Articulation medio – tarsienne
2.3. Articulation cuboïdo-naviculaire
3. MYOLOGIE
3.1. Muscles dorsaux
3.2. Muscles plantaires
3.2.1. Groupe médial
3.2.2. Groupe latéral
3.2.3. Groupe intermédiaire
3.2.3.1. Compartiment superficiel
3.2.3.2. Compartiment profond
III. RAPPELS BIOMECANIQUES
1. ARTICULATION SOUS-TALIENNE
2. LE TARSE POSTERIEUR
IV. APPLICATIONS CLINIQUES
1. SIGNES CLINIQUES
2. SIGNES PARACLINIQUES
2.1. Radiographie standard
2.2. La tomodensitométrie
2.3. L’Imagerie par Résonance Magnétique (IRM)
DEUXIEME PARTIE : TRAVAIL PERSONNEL
I. MATERIEL ET METHODE
1. Matériel d’étude
1.1. Cadre d’étude
1.2. Population d’étude
1.2.1. Critères d’inclusion
1.2.2. Critères d’exclusion
2. METHODOLOGIE
II. RESULTATS
III. COMMENTAIRES
CONCLUSION
REFERENCES

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