L’EVOLUTION A LONG TERME (HISTORIQUE) DE LA LIGNE DE RIVAGE

Les littoraux, zones de transition complexe entre la lithosphère, l’hydrosphère et l’atmosphère, constituent des environnements très fragiles où se manifestent un certain nombre de facteurs d’évolution avec des actions, interactions et rétroactions parfois très complexes (Paskoff, 1993). C’est la raison pour laquelle, ils sont considérés comme étant les environnements les plus dynamiques à la surface de la planète (Bruun, 1962 ; Paskoff, 1993).

Par ailleurs, ces milieux littoraux représentent des zones stratégiques de développement et offrent beaucoup de services aux sociétés humaines. En effet, ils représentent des lieux privilégiés pour les installations touristiques, industrielles, portuaires, administratives et pour la pratique d’activités de maraîchage et de pêche entre autres. Ces différentes possibilités économiques sont à l’origine d’une forte concentration humaine dans les zones littorales avec une bonne partie de la population qui vit près du rivage à un rythme soutenu sans tenir compte de la dynamique côtière. Le résultat serait une fragilisation du littoral qui, à la longue, pourrait être très sensible à l’érosion côtière. Processus naturel très ancien (Paskoff, 1998), souvent renforcé par les actions anthropiques, l’érosion côtière affecte plus de 70% des côtes sableuses du monde (Bird, 1985 ; Paskoff, 1993).

Par les modifications morphologiques lentes ou brutales qu’elle peut provoquer, l’érosion côtière qui se matérialise par des reculs de la ligne de rivage avec des taux variables (NiangDiop, 1995) entrainent des conséquences écologiques (modifications d’écosystèmes comme la mangrove, salinisation des terres et des eaux, perte de la biodiversité), économiques (destructions d’infrastructures et d’habitations) et sociales (déplacements des populations affectées ou menacées) parfois désastreuses. Déjà très alarmante le long de la côte sénégalaise, elle risque d’être exacerbée par les changements climatiques par suite de l’élévation du niveau de la mer et par une pression humaine de plus en plus importante sur le littoral. En effet, selon le Groupe de travail I dans sa contribution au cinquième rapport d’évaluation du Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du climat (GIEC/IPCC, 2014), une augmentation globale du niveau de la mer de 2 m (± 0,3 m) serait enregistrée entre 1971 et 2010 et il serait prévu une élévation à un rythme plus rapide que celle observée pendant cette même période. Cette augmentation du niveau marin est due à l’expansion thermique des océans et à la fonte des calottes glaciaires dues au réchauffement climatique (GIEC/IPCC, 2013).

De nombreuses études ont été réalisées sur le littoral sénégalais afin de mieux comprendre son fonctionnement. La majorité de ces études, qui ne concerne que certaines zones, avait pour objectif de connaitre les fluctuations historiques de la ligne de rivage ; or ces genres d’étude ne prennent pas en compte les caractéristiques sédimentologiques des littoraux, les volumes de sédiments mobilisés par les agents hydrodynamiques ainsi que les variations morphologiques des profils de plage en réponse aux changements des conditions hydrodynamiques. Cette situation a entrainé un manque de données sur le fonctionnement morphosédimentaire au niveau du littoral sénégalais en général et des sites étudiés en particulier. Ce manque de données constaté dans de nombreux sites au Sénégal, d’abord sur la mobilité du trait de côte, mais surtout sur la dynamique morphosédimentaire des plages en réponse aux facteurs hydrodynamiques sont les principales motivations de cette thèse. Les zones ciblées sont celles des plages des Mamelles-Ouakam sur la côte ouest de Dakar et de Malibu (Golf Sud) à Malika sur la côte nord car ces plages n’ayant pas encore fait l’objet de suivi jusqu’à ce jour.

PRESENTATION DE LA ZONE D’ETUDE

La zone côtière est un environnement complexe situé à la limite de trois grands domaines qui réagissent entre eux : la lithosphère, l’hydrosphère et l’atmosphère (Inman et Brush, 1973 In Niang-Diop, 1995). Selon Niang-Diop (1995), la lithosphère définit la morphologie de cette zone côtière et constitue la principale source des apports sédimentaires à la côte. L’hydrosphère et l’atmosphère sont quant à elles des pourvoyeurs d’énergie qui, par le biais des circulations atmosphérique et océanique, créent et entretiennent les différents agents dynamiques naturels (vents, houles, courants, etc.) responsables des transports sédimentaires au niveau de la côte. Ces différents domaines sont sous le contrôle direct ou indirect du climat. A cela, il faut ajouter que la tendance évolutive naturelle de la côte peut être accélérée par l’Homme qui induit directement un déséquilibre dans les processus côtiers par ses activités qui peuvent limiter le volume de sable nécessaire au maintien des plages et à la stabilité du trait de côte (Paskoff, 1998) ou indirectement, en modifiant progressivement le climat (Niang-Diop, 1995).

ZONE D’ETUDE

Situation géographique

Les plages des Mamelles, Ouakam, Malibu, Gadaye et Malika appartiennent à la Presqu’île du Cap-Vert particulièrement à la région de Dakar qui s’étend sur une superficie de 550 km2 soit 0,28 % du territoire national. Elle est limitée à l’Est par la région de Thiès et par l’Océan Atlantique dans ses parties Nord, Ouest et Sud (SRSDD, 2009).

-Les plages des Mamelles et de Ouakam se trouvent au niveau de la partie la plus occidentale de Dakar . Elles sont localisées sur une côte rocheuse qui s’étend sur environ 59 km de long (Gaye, 1999) formant la façade maritime de la ville de Dakar précisément entre Ngor et le Cap-Manuel.
-Les plages de Guédiawaye (Malibu et Gadaye) et Malika sont localisées au Nord de la région. Elles appartiennent à la Grande Côte caractérisée par des plages larges bordées d’un puissant massif dunaire .

Aspects climatiques

La prise en compte des paramètres climatiques est essentielle dans l’étude du littoral puis que tous les facteurs naturels responsables de son évolution, à l’exception des marées, sont contrôlés par le climat. Les données climatiques disponibles (pluviométrie, températures et vents) ont été collectées à l’Agence Nationale de l’Aviation Civile et de la Météorologie (ANACIM) de Dakar-Yoff.

La pluviométrie 

L’étude des données pluviométriques de la région de Dakar de 1960 à 2013 laisse apparaitre une période humide allant de juin à octobre avec près de 90% des pluies enregistrées entre août et septembre (figure 3) et une période sèche occupant le reste de l’année. Parfois, la saison sèche reçoit quelques traces de pluies appelées « heug » dues à des invasions d’air polaire en domaine tropical (Bâ, 2004). Ce sont des pluies faibles qui surviennent pendant les mois de novembre, décembre et janvier ou même au mois de février et rarement au mois de mars (figure 3). En 2002, ces pluies de contre saison ont pu atteindre 34,8 mm en janvier. Il faut également souligner que le début de la saison des pluies est caractérisé par des pluies faibles et le plus souvent espacées.

L’analyse de l’évolution des précipitations annuelles pendant la période allant de 1960 à 2013, montre une variabilité interannuelle avec 1967 comme étant l’année la plus pluvieuse et 1972 la moins arrosée (figure 4). La comparaison de la période allant de 1960 à 1990 (30 ans) avec celle allant de 1983 à 2013 (30 ans), permet de constater une baisse de la moyenne pluviométrique pendant la deuxième période. Cette baisse a affecté l’ensemble du territoire sénégalais. Une situation pareille avait été remarquée Malou (2004). Elle serait consécutive au changement climatique car les projections du GIEC/IPCC (2007) avaient souligné la probabilité d’apparition d’événements pluvieux extrêmes et de prolongement de la sécheresse qui seront induits par le changement climatique.

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
CHAPITRE I : PRESENTATION DE LA ZONE D’ETUDE
I. LA ZONE D’ETUDE
I.1. Situation géographique
I.2. Aspects climatiques
II. ASPECTS DYNAMIQUES DU LITTORAL
II.1. Facteurs intrinsèques
II.2. Facteurs de forçage
CHAPITRE II : PRESENTATION DE LA METHODOLOGIE
I. LES METHODES TOPOGRAPHIQUES
II. LES METHODES SEDIMENTOLOGIQUES
III. L’EVOLUTION A LONG TERME (HISTORIQUE) DE LA LIGNE DE RIVAGE
IV. REALISATION DES CARTES D’OCCUPATION DU SOL
CHAPITRE III : PRESENTATION ET DISCUSSIONS DES RESULTATS MORPHOSEDIMENTAIRES
I. ZONE DES MAMELLES-OUAKAM
I.1. Le profil 1
I.2. Le profil 2
I.3. Le profil 3
II. ZONE NORD DE DAKAR
II.1. Profil 4
II.2. Profil 5
II.3. Profil 6
III. SYNTHESE ET DISCUSSIONS DES RESULTATS
III.1. Zones de Mamelles-Ouakam
III.2. Zone nord de Dakar
III.2.1. Caractéristiques morphologiques
CHAPITRE IV : CARTOGRAPHIE DE L’EVOLUTION HISTORIQUE DE LA LIGNE DE RIVAGE ET DE L’OCCUPATION DU SOL DE 1942 A 2011
I.ZONE NORD
II. ZONE DES MAMELLES-OUAKAM
III. SYNTHESE ET DISCUSSIONS DES RESULTATS
III.1. Zone nord
III.2. Zone Mamelles-Ouakam
IV. COMPARAISON DE L’EVOLUTION HISTORISQUE DES DEUX ZONES
CONCLUSION GENERALE
PERSPECTIVES
REFERENCES BIBIOGRAPHIQUES

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