Etude épidémiologique des traumatismes maxillofaciaux lors de l’UEFA 2016

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Concept de violence dans le Football

Le supportérisme se développe en France à partir des années 1970, pour des raisons internes et externes au football. (1)
Dès lors, la physionomie des stades français se transforme. Des supporters, surtout des jeunes, commencent à s’inspirer des fans étrangers, en particulier anglais et italiens (ces deux pays dominant le football européen à l’époque), qu’ils voient à la télé ou qu’ils rencontrent lors des matchs de coupe d’Europe. Les tenues vestimentaires aux couleurs du club, les écharpes, les drapeaux, les engins pyrotechniques se répandent. Des chants sont de plus en plus souvent repris en chœur dans les tribunes.
Le 29 mai 1985 , la violence des supporters de football devient un problème social à l’échelle européenne (2). En effet, ce soir-là, dans le stade bruxellois du Heysel, 39 supporters de la Juventus de Turin trouvent la mort, devant les caméras de télévision, dans un mouvement de foule provoqué par les assauts de fans anglais de Liverpool.
Le terme « hooligans » entre alors dans le langage commun.
Qui sont ces supporters extrêmes ? Quels sont les événements marquants du hooliganisme ? Quels sont les moyens de prévention contre le hooliganisme ?

Notion de hooliganisme : définitions

Si dans l’imaginaire collectif, le hooligan est un Anglais, jeune, mal inséré socialement, délinquant dans la vie ordinaire, imbibé d’alcool, qui prend prétexte du match de football pour venir commettre ses méfaits dans le stade, la réalité sociale du phénomène est tout autre.
Les événements au Parc des Princes le 28 août 1993, lors du match PSG-Caen, où plusieurs policiers se sont fait lyncher dans la tribune Boulogne, ceux du match PSG-Galatasaray, en Coupe d’Europe, le 14 mars 2001, qui ont fait 56 blessés dans les tribunes, et plus récemment les graves incidents qui ont accompagné la rencontre Angleterre-Russie, samedi 11 juin 2016 à Marseille ont montré que le hooliganisme pouvait également être français.
Très souvent, pour ne pas dire trop souvent, le hooliganisme est en effet caractérisé (1) par son expression finale : la violence physique ou la dégradation de biens et matériels.
Cette violence peut être exercée :
o soit entre groupes de supporters dans le stade, ce qui est plus rare aujourd’hui compte tenu du contrôle social mis en oeuvre.
o Soit à l’encontre des forces de l’ordre.
o Soit encore contre des passants sans rapport apparent avec le football ou le supportérisme
o Soit elle conduit à la destruction de biens annexes : voitures, vitrines, et « caillassage » de bus…
Le hooliganisme concerne essentiellement voire exclusivement le football et ce, quel que soit le pays ou le continent. (3)
Ce type de violence liée aux fans est à distinguer des catastrophes qui frappent régulièrement les stades et qui sont dues à des problèmes d’infrastructures ou d’organisation.(2)
D’origine irlandaise, l’expression est apparue à la fin du XIX e siècle, directement inspirée par un dénommé Patrick Hooligan, un ivrogne notoire qui passait son temps à errer de pub en pub, à la recherche de bagarres. (3)
Par le choix même de ce qualificatif les hooligans sont stigmatisés et considérés comme « anormaux ».

Evolution des violences

Du fait de l’amélioration des dispositifs de sécurité, les incidents liés aux aléas de la compétition sportive (envahissements de terrain, violences envers l’équipe adverse ou l’arbitre, etc.) sont devenus rares en Europe occidentale. Quant aux bagarres entre supporters rivaux, elles ont d’abord eu lieu dans les stades ou à leurs abords immédiats. Au fur et à mesure que les autorités sportives et politiques, sont parvenues à sécuriser les stades, puis leurs alentours et à empêcher les confrontations, deux nouvelles formes de violences sont apparues.
D’une part, les accrochages entre supporters et policiers ou stadiers se sont multipliés, au point que les incidents opposent aujourd’hui surtout des supporters aux forces de l’ordre qui les encadrent. D’autre part, les violences entre supporters se sont déplacées dans l’espace et dans le temps.
En particulier, les supporters les plus radicaux planifient désormais leurs affrontements pour échapper à la police. Ces bagarres, appelées fights, impliquent des groupes en nombre équivalent et se déroulent dans des lieux éloignés des stades, à des dates parfois indépendantes du calendrier sportif.

Mouvement ultras vs hooligans

Deux types principaux de supporters radicaux doivent également être distingués : ceux qui se définissent, eux-mêmes, comme hooligans et ceux qui se considèrent comme ultras. Ils se différencient par leur mode d’organisation, leur relation au football et leur rapport à la violence. Les hooligans autoproclamés sont avant tout préoccupés par la recherche de la confrontation violente avec leurs homologues adverses, ou avec les forces de l’ordre.
Ils s’investissent peu dans l’ambiance au stade et à la vie du club. Au contraire, ceux qui se présentent comme ultras s’impliquent dans le soutien au club et expriment leur avis critique sur les transformations de leur club et du football.
Tandis que les hooligans forment des bandes informelles et secrètes, les ultras se structurent en associations, dont les membres paient une cotisation et les porte-paroles dialoguent avec les dirigeants du football, et interviennent dans les médias.
Alors que la violence constitue le cœur de la pratique des hooligans, elle n’est qu’un moyen d’action, parmi d’autres, pour les ultras. La violence des hooligans est ouvertement offensive alors que celle des ultras est toujours présentée par ses acteurs comme défensive, comme une réaction à un événement antérieur. Dans le monde ultra, la place de la violence est ambiguë. Ceux qui se considèrent comme ultras tendent à refuser les fights arrangées par les hooligans, tout en appréciant affronter leurs rivaux autour du stade ou sur le trajet y menant. La violence des ultras est préméditée, en ce sens qu’elle fait partie de leur répertoire d’actions et qu’elle est parfois anticipée, mais elle n’est pas aussi organisée que celle des hooligans.
Les uns et les autres sont rassemblés généralement sous le thème « supporters extrêmes ». Cependant, l’évolution du hooliganisme vers des formes plus organisées, via les fights, s’est accompagnée de l’apparition, parmi eux, d’une frange de professionnels de la violence qui se désintéressent du football, ce qui n’était pas le cas des premiers hooligans.(4)

Spécificités du mouvement Hooligan Russe

L’Euro 2016 à peine entamé, le public français découvrait avec stupéfaction que les hooligans n’étaient pas qu’anglais, voyant arriver des russes, athlétiques, violents et maîtrisant visiblement tous les ressorts du combat rapproché en milieu urbain. D’où viennent-ils ? qui sont-ils ? tout cela a agité le monde médiatique. Les spécificités du hooliganisme russe et sa primauté du combat de rue sur le football, se traduisent par une organisation de l’affrontement sur le mode de l’action-éclair(5), préparée de façon commando. Pas d’alcool ni de drogue pour être le plus efficace et démontrer leur suprématie à toutes les caméras présentes.
Selon Mark Roberts (responsable de l’unité spécialisée dans le football de la police britannique), les spotters (physionomistes) à Marseille les ont vus mettre des protège-dents, des gants de combat et des bandanas avant d’attaquer les supporters anglais sur le port. « Nous savons que certains avaient des couteaux parce qu’un supporter anglais a été poignardé. Ils portaient une sorte d’uniforme, ils avaient tous des t-shirts et habits noirs et beaucoup portaient des sacs banane, peut-être pour dissimuler des armes”.
Ces hool’s sont des produits de l’effondrement de l’U.R.S.S. et de son football structuré autour des diverses institutions étatiques (syndicats, police, armée, industrie). Le passage brutal d’un capitalisme d’état à un capitalisme mafieux a provoqué un appauvrissement encore plus grand du prolétariat. Le football est lui passé entre les mains des nouvelles fortunes russes, issues notamment du commerce des hydrocarbures. Les tribunes des stades ont alors vu prospérer ces groupes coutumiers d’agressions racistes et homophobes et qui se sont, au fil des années, spécialisés dans l’ultra-violence avec, en toile de fond, des appuis dans les instances gouvernantes, au moins pour ce qui est des clubs et de la fédération.
Pour les hooligans russes, selon Nicolas Hourcade (sociologue), « le hooliganisme est un véritable sport de combat collectif ». (6)

Moyens de lutte contre le hooliganisme

Les graves incidents qui ont accompagné la rencontre Angleterre-Russie, le samedi 11 juin 2016 à Marseille, ont mis en lumière les difficultés des organisateurs de l’Euro 2016 et de la police française face aux affrontements entre hooligans des 2 clubs.
Le drame du Heysel en 1985 a provoqué des réactions immédiates (7). Dès l’été 1985, le Conseil de l’Europe adopte une Convention européenne sur la violence et les débordements de spectateurs lors de manifestations sportives, et notamment de matchs de football, suivie de plusieurs textes et recommandations du Conseil comme de l’Union Européenne (8). Le modèle de lutte contre le hooliganisme actuellement dominant en Europe se caractérise par une politique de gestion des risques axée sur la répression des comportements déviants et sur la prévention situationnelle.
Ce modèle, cherche à réduire les opportunités délinquantes en contrôlant les groupes de supporters perçus comme menaçants, en adaptant l’architecture des stades et en développant la vidéosurveillance. (9)
En décembre 1993, après l’agression du mois d’ août, sous l’œil des caméras, de CRS par des hooligans parisiens, la loi Alliot-Marie constitue des délits spécifiques aux manifestations sportives, passibles d’emprisonnement (introduction et utilisation d’objets dangereux, état d’ébriété, incitation à la haine et à la violence, racisme, envahissement de terrain…) et autorise les tribunaux à prononcer une peine complémentaire d’interdiction judiciaire de stade (IJS) pouvant aller jusqu’à cinq ans pour ces faits ainsi, que pour certaines infractions au code pénal (violences, destructions, dégradations, détériorations, rébellion…) si elles sont commises dans une enceinte sportive. Le législateur recommande de préférer l’IJS à l’emprisonnement (10).
Au niveau policier, la Division Nationale de Lutte contre le Hooliganisme (DNLH), créée en novembre 2009 par le ministre de l’Intérieur s’inscrit dans la continuité d’initiatives prises depuis une quinzaine d’années.
Les missions de la DNLH sont de trois ordres. (11)
1. La recherche et l’analyse du renseignement opérationnel, par renforcement de l’évaluation des risques avant chaque match.
2. L’ordre public, qui consiste à diffuser les bonnes pratiques et à conseiller les autorités locales.
3. le suivi statistique des incidents et de leur traitement
En février 2010, la DNLH a créé dans quelques villes une Section d’Intervention Rapide composée de policiers habillés en survêtement et situés à l’intérieur du stade, en bordure des secteurs considérés comme sensibles.

Epidémiologie des traumatismes maxillo-faciaux lors de l’UEFA 2016

Introduction

Le football est le sport le plus populaire au monde, avec plus de 270 millions de spectateurs, c’est aussi le sport le plus pratiqué chez les moins de 18 ans (12). Les événements sportifs de grande ampleur sont l’occasion d’analyser la nature et l’incidence des traumatismes physiques associés à son organisation. (13)
Loin du traumatisme du sportif à proprement dit, et lié à une pratique sportive, le football véhicule un aspect culturel et un environnement particulier, sources de comportements de masse violents. L’agression des fans de football, les phénomènes de hooliganisme constituent un enjeu sociétal international (14). Ce d’autant plus que les matchs de football déplacent des foules de milliers de spectateurs.
Dans la littérature, peu d’études sont disponibles concernant l’impact d’un évènement sportif majeur (coupe du monde ou d’Europe de Football) sur la charge de travail et la recrudescence de situations d’urgence dans les hôpitaux des pays hôtes.
Ces situations sont susceptibles d’être similaires à des afflux massifs de blessés graves dans des situations d’attaque terroriste ou de guerre.
Après avoir affronté une telle situation lors du Championnat d’Europe de football de l’UEFA 2016, notre service de chirurgie maxillo-faciale a identifié quelques améliorations possibles dans la gestion d’un afflux massif de traumatismes maxillo-faciaux.
Nous avons souhaité analyser les traumatismes maxillo-faciaux ayant nécessité une hospitalisation et une prise en charge chirurgicale chez les supporters pris en charge lors de cet évènement. L’objectif de notre étude est une analyse épidémiologique descriptive de l’incidence et de la nature des traumatismes cranio-maxillo-faciaux susceptibles de survenir lors d’une compétition sportive à grande échelle, et d’en déduire les mesures de prévention primaires et secondaires adéquates.

Matériels et méthodes

Une étude rétrospective multicentrique sur l’épidémiologie des traumatismes maxillo-faciaux a été réalisée lors de la Coupe de l’UEFA 2016 qui s’est déroulée du 10 juin 2016 au 10 juillet 2016 en France.
Les données médicales de tous les patients admis pour un traumatisme maxillo-facial après chaque match de la Coupe ont été recueillies. Des agents et 1000 bénévoles des associations de premiers soins ont été embauchés.(15)
Le Championnat d’Europe a été joué sur 10 terrains différents dans 9 villes de France (Lille, Lens, Paris Saint Denis, Paris Parc des Princes, Lyon, Saint-Etienne, Bordeaux, Toulouse, Marseille et Nice)
Collecte des données:
Nous avons contacté les affaires médicales des 9 unités de chirurgie maxillo-faciale des centres hospitalo-universitaires de chaque ville hôte.
Seuls les traumatismes maxillo-faciaux nécessitant une intervention chirurgicale sous anesthésie générale et une hospitalisation ont été inclus.
Les lésions maxillo-faciales traitées dans des cliniques extérieures et les interventions pratiquées sous anesthésie locale (suture, traumatisme dentaire mineur) ont été exclues de l’étude.
Les données épidémiologiques recueillies pour chaque patient étaient le sexe, l’âge, la nationalité, les antécédents médicaux et chirurgicaux, les circonstances du traumatisme, la durée de l’hospitalisation et l’intervention chirurgicale pratiquée. L’analyse statistique des résultats a été réalisée de manière descriptive.

Résultats

Données de sécurité:
Cette Coupe d’Europe réunissait 24 équipes, 51 matchs ont été joués. Le nombre de supporters présents était de 2 427 303 spectateurs en cumulé, avec en moyenne 47 594 spectateurs par match.
Le championnat débutait par une phase d’élimination ; les 24 formations étaient réparties en 6 poules de quatre équipes. (16)
Au niveau des dispositifs de sécurité , 77 000 personnels du ministère de l’Intérieur (15) étaient mobilisés : 42 000 policiers dont 2 000 de la sécurité publique, 5 000 de la police aux frontières, 2 000 membres des Compagnies Républicaines de Sécurité (CRS), 10 000 de la préfecture de Police de Paris, 30 000 gendarmes (dont des membres du GIGN) et 5 200 personnels de la sécurité civile (dont 2500 sapeurs-pompiers et 300 démineurs).
Dans les infrastructures de transport, une partie des militaires de l’opération Sentinelle était aussi mobilisée. De plus, 13 000 agents de sécurité privée et 1 000 bénévoles des associations de secourisme étaient présents.
Pour prévenir les débordements liés aux phénomènes de hooliganisme , un centre de coopération policière internationale (CCPI) a été mis en place (17). Cette structure accueille au moins 2 policiers de chacun des 23 pays à l’affiche du championnat. Ces officiers travaillent aux côtés d’une dizaine de fonctionnaires rattachés à la division nationale de lutte contre le hooliganisme (DHNL) créée en France en 2009 mais aussi d’agents d’Interpol et d’Europol.
Chaque pays compétiteur a envoyé 6 « spotters » (physionomistes), qui pouvaient signaler la présence de supporters à risques de leur pays respectif.
D’autre part, pour éviter un afflux massif de supporters, la France a interdit la venue de 3000 supporters étrangers connus dans leur pays comme violents.
Données épidémiologiques des traumatismes maxillo-faciaux.
Dans les autres villes où des traumatismes ont étés recensés, il s’agissait de cas sporadiques. L’étiologie dominante était les violences interpersonnelles (7/11 ou 63% des cas), suivie des accidents de la voie publique (AVP : 3/11 ou 27%) puis d’une chute (9%).(Fig2)
Dans la ville de Marseille, les violences interpersonnelles étaient responsables des 6 patients (100%) hospitalisés.

Discussion

Données démographiques:
La majorité des traumatismes inclus dans cette étude a eu lieu dans la ville de Marseille.
Les données de cette étude peuvent s’expliquer par les caractéristiques des matchs (12) organisés dans cette ville. Marseille a accueilli le match Angleterre-Russie, un match à haut risque qui a provoqué une émeute dans le centre-ville dans la nuit du 11 juin 2016. (18)
En effet, plusieurs pays en lice (Russie, Croatie, Angleterre) étaient souvent accompagnés de « hooligans » si bien que cinq matches étaient classés « niveau 3 sur 4 » sur une échelle d’évaluation des risques liés au hooliganisme, décrite par le sociologue Nicolas Hourcade. (7)
Ces matchs ont fait l’objet d’un dispositif de sécurité renforcé, notamment au niveau des fans zones et aux endroits des villes où les supporters étaient le plus susceptibles de se rassembler. Malgré ce renforcement du dispositif de sécurité, des phénomènes de violences initiés par des mouvements de foule et une alcoolisation excessive se sont déroulés en prélude du match opposant l’Angleterre à la Russie qui a eu lieu le 11 juin au stade Vélodrome de Marseille.
Suite à ce match, 6 patients ont été admis dans le service de chirurgie maxillo-faciale et opérés dans les 24 heures.
Dans les autres villes, il n’y a pas eu d’augmentation significative du nombre de traumatismes maxillo-faciaux liée à la coupe d’Europe de l’UEFA.
Les affrontements observés lors du match Angleterre-Russie se sont distingués par leur ampleur, et leur aspect organisé. Depuis la fin des années 90, nous avons affaire à une nouvelle génération de hooligans (19), originaires principalement des pays de l’Est, de Russie et de Pologne : ce sont des personnes qui pratiquent des sports de combat (20) et qui s’entraînent quotidiennement. La présence de hooligans russes et anglais au cours de la même soirée de match expliquerait la violence des traumatismes maxillo-faciaux et leur recrudescence.
Malgré la mise en place de la politique de lutte menée contre le hooliganisme et les rencontres jugées à risques, les supporters russes surentrainés ont réussi à passer les frontières et à déjouer les « spotters » (physionomistes). (7)
De plus, lors de la Coupe UEFA 2016, les autorités se sont davantage concentrées sur les risques terroristes et non sur la gestion des hooligans ; cela peut expliquer l’ampleur des émeutes dans la nuit du 11 juin 2016.
Tranche d’âge :
Les résultats de cette étude confirment les données épidémiologiques de la littérature concernant les traumatismes maxillo-faciaux (21), le groupe d’âge des 18 à 35 ans étant principalement concerné. Après l’âge de 35 ans, la plupart des études montrent une rupture de la courbe de distribution (22). De plus , les profils de supporters « ultras » sont en moyenne jeunes , la plupart ont entre 16 et 25 ans (23) et ont des comportements impulsifs voir autodestructeurs. (24)
Nationalité des patients :
La majorité des patients inclus dans cette étude sont français (8/11). Ceci est probablement dû au fait qu’ils sont moins entraînés aux sports de combat que les hooligans anglais et russes. (25) 20% des patients sont russes. Ce moindre pourcentage de blessés russes pourrait s’expliquer par le fait qu’ils soient très entraînés dans les sports de combats, qu’ils anticipent ou initient les affrontements, donc sans effet de surprise, et qu’ils portent des moyens de protection individuels avec des gants de MMA (Mixed Martial Arts) et des protèges dents. (19)
La violence des affrontements telle que décrite par les médias a aussi été responsable de dégâts collatéraux , plusieurs patients inclus dans cette étude présentaient des traumatismes surajoutés notamment des fractures de membres. Un patient a été hospitalisé en réanimation dans le cadre d’un traumatisme laryngé avec nécessité d’une trachéotomie en urgence.
Lors de chocs violents répétés au niveau cranio-facial, des lésions chroniques peuvent apparaître telle que l’encéphalopathie traumatique chronique (ETC) et le risque de démence précoce associé. (26).
Evaluation du pic épidémiologique:
Afin d’évaluer le pic d’incidence des traumatismes maxillo-faciaux lors d’un événement d’une telle ampleur, nous avons recueilli les statistiques annuelles des Centres Hospitaliers et Universitaire Marseillais.
Il en est ressorti sur l’année 2016 que le nombre de patients opérés et hospitalisés pour fractures du massif facial était de 43.
Sur la période du 10 au 17 juin 2016, 6 patients ont été opérés. Le nombre moyen de patients opérés par semaine a été multiplié par 6 sur une seule semaine.
Discussion de l’impact en gestion hospitalière d’afflux massif de blessés.
La recrudescence des traumatismes maxillo-faciaux opérés sur la ville de Marseille sur 24 h a permis d’identifier plusieurs problèmes.
Au C.H.U de Marseille, un ancillaire d’ostéosynthèse maxillo-faciale a dû être prêté par un autre centre hospitalier pour faire face à l’augmentation brutale des fractures de mandibule. L’augmentation temporaire du stock de matériel chirurgical lors d’un événement de cette ampleur pourrait fluidifier la prise en charge et la gestion d’une recrudescence inhabituelle des traumatismes maxillo-faciaux. La prise en charge hospitalière des patients lors d’un afflux massif de blessés nécessite pour la plupart d’entre eux des soins chirurgicaux urgents sur une courte période. La stratégie de soins d’urgence est actuellement basée sur le « damage control ».
Le principe du damage control ou chirurgie d’urgence est de prévenir les conséquences délétères de l’hémorragie, notamment la survenue d’une coagulopathie, d’une acidose et d’une hypothermie qui favorise en retour le saignement.
Cette stratégie de soins d’urgence est adaptée pour l’accueil de victimes de traumatismes faciaux graves. (27)
Parmi les traumatisés faciaux graves, 4 % décèdent dans les premières heures, principalement par détresse respiratoire et hémorragie.
Pour répondre à un afflux massif de blessés graves, le ministère de la santé a développé depuis 2014 le dispositif ORSAN (Organisation de la Réponse du Système de Santé en situations sanitaires exceptionnelles).
Auparavant, le dispositif de réponse aux situations exceptionnelles s’appuyait principalement sur les établissements de santé avec les dispositifs « plans blancs ».(28)
Le but du plan blanc hospitalier est de reconfigurer rapidement l’établissement dans une seule direction : la prise en charge de victimes en grand nombre provenant d’un même événement catastrophique.
Pour augmenter les possibilités de soins, le principe du plan blanc est d’utiliser les personnels et les moyens existants au maximum de leurs performances et ne pas hésiter à le faire aux dépens d’activités non urgentes qui peuvent être reportées. (29)
Le dispositif ORSAN possède 5 volets dont l’accueil massif de victimes non contaminées (« ORSAN-AMAVI »).
Il organise et adapte les soins au niveau régional afin de prendre toutes les mesures nécessaires pour que les personnes malades puissent bénéficier de soins appropriés.
Il a vocation à être mis en œuvre de manière exceptionnelle, et principalement au niveau régional.
Le plan ORSAN été activé pour l’épidémie saisonnière de grippe de l’hiver 2014-2015, pour les attaques terroristes survenues à Paris le 13 novembre 2015 ainsi que pour l’attentat de la ville de Nice le 14 juillet 2016.
Dans le cas des évènements de la nuit du 11 juin 2016 à Marseille, l’afflux massif des victimes lié à l’émeute sur le vieux port a pu être géré sans aucun déclenchement de plan blanc. Les 6 patients ont pu être opérés dans les 48 heures suivant le traumatisme subi et aucun retard de prise en charge a été noté. Cet afflux somme toute modéré, nous a fait prendre conscience de la nécessité de la mise en place d’une ligne d’astreinte supplémentaire, et rapidement disponible permettant d’optimiser la prise en charge d’afflux massif de blessés en cas d’organisation d’événement de grande ampleur.
Limitations et recommandations pour améliorer la méthodologie:
Cette étude inclut uniquement les patients pris en charge sous anesthésie générale, ce qui explique le faible nombre de patients inclus.
Le nombre de gestes sous anesthésie locale n’étant pas pris en compte, notre étude met en évidence les traumatismes maxillo-faciaux sévères, mais ne traduit pas l’augmentation d’incidence des traumatismes mineurs, n’ayant pas justifié de passage aux urgences, ou pris en charge de manière ambulatoire, au maximum avec une anesthésie locale (plaies et contusions, traumatismes dentaires …).
Cette étude porte uniquement sur les chirurgies maxillo-faciales, il pourrait être intéressant d’étendre cette étude aux interventions des autres spécialités chirurgicales en lien avec cet événement sportif.

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Table des matières

1. Introduction et objectifs
1.1. Introduction
1.2. Objectifs
2. Concept de Violence dans le Football
2.1.Notion de hooliganisme : définitions
2.2.Evolution des violences
2.3.Mouvement ultra vs hooligans
2.4.Spécificités du mouvement hooligan russe
2.5.Moyens de lutte contre le hooliganisme
3. Etude épidémiologique des traumatismes maxillofaciaux lors de l’UEFA 2016
3.1. Introduction
3.2. Matériel et méthodes
3.3. Résultats
3.4. Discussion
4. Conclusion
Bibliographie

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