Etude écologique de l’Echasse blanche (Himantopus himantopus himantopus)

Les oiseaux d’eau, le plus souvent migrateurs, volent sur de très longues distances lors de leurs cycles annuels de migration et suivent des « axes migratoires » reliant leurs sites de reproduction à d’autres zones importantes pour leur survie. Ils constituent une ressource mondiale essentielle pour la biodiversité animale. Le Sénégal, situé sur la voie de migration Est atlantique empruntée par plusieurs espèces migratrices, est signataire de plusieurs accords et conventions comme AEWA (Accord sur la Conservation des Oiseaux d’Eau Migrateurs d’Afrique-Eurasie), la Convention de Ramsar, la CITES (Convention sur le Commerce International des Espèces de Faune et de Flore sauvages Menacées d’Extinction), visant la préservation de cette voie et des espèces qui la fréquentent.

Trois sites importants situés sur la voie de migration côtière atlantique du Sénégal ont été ciblés dans le cadre de cette étude. Il s’agit du Parc National des Oiseaux du Djoudj (PNOD), de la zone humide urbaine de la grande Niaye de Pikine (Technopôle) et de la Réserve naturelle communautaire de Palmarin (RNCP) dans le Delta du Saloum. Ces sites font parties du réseau des Zones Importantes pour la Conservation des Oiseaux (ZICO). Aussi, leur choix a été influencé par le projet « Coastal Migratory Birds (CMB) » de BirdLife International dont le parc de Djoudj et le Delta du Saloum sont cités parmi les 10 sites critiques de ce projet (BirdLife international, 2013).

Le Dénombrements Internationaux des Oiseaux d’Eau (DIOE) des dix dernières années a montré une présence de plus en plus marquée des Echasses blanche au Sénégal (source DPN, données non publiées). Diallo (2012) ayant suivi cette espèce sur le site du Technopôle s’était intéressée à la biologie de la reproduction de cette dernière. Ses résultats ont apporté une première preuve de nidification de l’Echasse blanche au Technopôle avec l’identification de près de 25 nids actifs durant la période de reproduction. La biologie de la reproduction de l’Echasse blanche est mal connue particulièrement au Sénégal, bien que l’espèce soit relativement commune et que certaines études aient été réalisées en Italie (Tinarelli, 1990, 1992) et en Espagne (Castro, 1993 ; Arroyo, 2000 et Cuervo 2003, 2005, 2016). La reproduction en Afrique de l’Ouest a été relatée pour la première fois par René de Nauroi en 1969 dans l’un des étangs de Mboro (région de Thiès) (Baillon & Sylla, 1990). Au Sénégal seulement 8 nids ont été répertoriés sur les rives du lac Malika par Baillon et Sylla (1991) et un seul poussin avait été relevé sur l’ensemble des nids. Aussi, les observations de Diallo (2012) au Technopôle (grande niaye de Pikine) ont permis de poser, l’hypothèse selon laquelle l’Echasse blanche pourrait se reproduire dans ce site. Dans le même contexte, une deuxième hypothèse a été émise, à savoir qu’au Technopôle certaines Echasses blanches pourraient rester toute l’année sur le site, si les quantités d’eau recueillies pendant l’hivernage étaient suffisantes.

PARC NATIONAL DES OISEAUX DE DJOUDJ (PNOD)

Présentation et généralités

Le Parc national des oiseaux du Djoudj est créé en 1971 par le décret, agrandi en 1975, classé en 1980 « zone humide d’importance internationale » par la Convention de Ramsar et inscrit en 1981 au Patrimoine mondial de l’Unesco. De coordonnée géographique 16°30′ N et 16°10′ W, le Parc National des Oiseaux du Djoudj est localisé dans le Delta du Fleuve Sénégal dans la région de Saint Louis. Il est situé à une quinzaine de kilomètre de la commune de Ross-Béthio.

Il s’étend sur 16 000 hectares environ. Il est bordé au Nord et Nord-Ouest par une digue périphérique, au Sud par le marigot du Gorom et à l’Est par celui du Rhad. Le parc est composé d’un ensemble de marécages, de lacs temporaires, de cuvettes inondables, et de marigots (DPN, 2017).

Le climat est comprent deux saisons principales : la saison humide, de juillet à septembre et la saison sèche subdivisée en contre-saison froide et sèche (octobre à février) et en contre saison chaude et sèche (mars à juin). Les deux contre-saisons correspondent à la période de migration des oiseaux paléarctiques et de reproduction pour certaines espèces. Le climat est influencé par les domaines continental et littoral. Cela a des conséquences sur les vents qui sont soit secs ou humides, soit froids ou chauds.

Les températures moyennes annuelles sont de 25.11°C en 2018 et de 26.5°C en 2019. Les précipitations annuelles sont entre 200 à 250 mm/an (source ANACIM). Les vents alizés sont dominants avec une vitesse de 7 m/s à partir de janvier. Cependant, au mois de mai les vents de sable ont une vitesse qui dépassant 15 m/s (DPN, 2017). Les sols du Parc national des Oiseaux du Djoudj, plus ou moins halomorphes et hydromorphes, sont de formation fluvio-deltaïque. Ils sont caractérisés par un régime hydrique plus humide et une forte influence des remontées capillaires des sols à texture limoneuse à limono-argileuse. Ces remontées favorisent les processus de salinisation des horizons de surface, surtout dans des parties inondées qui maintiennent une nappe phréatique élevée durant une partie de la saison sèche et chaude (DPN, 2017). Dans le delta du fleuve Sénégal, deux régimes hydrologiques se sont succédés (le régime naturel et celui modifié par la construction des barrages) et ont successivement marqué le fonctionnement du parc de Djoudj. A partir de 1964, plusieurs digues de ceinture ont été construites pour contrôler les crues et atténuer les intrusions salines dans le parc. Cette modification du régime du fleuve Sénégal a eu des conséquences sur le parc et son environnement. Les remontées de sel ne sont plus notées depuis les années 80 et le cycle naturel des inondations a été rompu. Un système d’ouverture de vannes permet de créer une inondation de manière artificielle grâce à l’ouvrage du crocodile situé au nord et parc. Cependant, les observations de la végétation aquatique ont montré que les conditions hydrologiques originelles n’ont pas été reconstituées surtout au niveau de la hauteur de l’eau et de la variation des inondations d’une année un autre (DPN, 2017). Le Djoudj est conditionné par des ouvrages qui fonctionnent grâce à un système de vannes. Il existe trois ouvrages dans le parc : celui du canal du crocodile, celui du marigot de Djoudj et celui du Gorom (Fig. 3, 4 et 5).

Le réseau hydrographique du Djoudj est composé d’un ensemble de lacs et de mares reliés entre eux par des axes hydrauliques. Les lacs pricipaux lacs sont les suivants:
• le Grand Lac, situé au sud du parc couvre une surface de 5 500 ha,
• le lac de Khar, situé au sud du Grand Lac à une superficie de 1 500 ha,
• le lac du Lamantin de 1 000 ha de superficie, situé au nord du Grand Lac.
Les axes hydrauliques qui relient ces lacs sont le Thiéguel, le Canal du Crocodile et le Demsa (DPN, 2017).

Les ressources biologiques du PNOD 

Flore et habitats du PNOD 

La dernière étude en date sur la flore et la végétation du PNOD fait état de 132 espèces végétales réparties dans 99 genres et 48 familles (Guissé et Mbaye, 2010). Les rivières, les lacs, les cuvettes et les sebkhas sont occupés par des végétaux aquatiques (des genres Pistia, Nymphea et Cerratophyllum). Ces habitats sont généralement inondés mais peuvent s’assécher pendant la saison sèche en fonction de leur profondeur et de leur superficie (exemple le marigot du Djoudj et le lac Khar). Sur les galeries forestières on rencontre les espèces telles que Tamarix senegalensis, Salvadora persica et Acacia nilotica. Sur les berges des lacs les plantes présentes sont Scirpus littoralis, Diplachne fusca, Typha australis… Au niveau des plaines inondables (terres de rizicultures) les espèces rencontrés sont Scirpus maritimus, Sporobolus robustus, Eleocharis mutata, Cuperus littoralis, Cyperus digitata, Salsola baryosma, Phragmites vulgaris, Acacia nilotica, Nitraria retusa, Suaeda fructicosa, Pentatropis spiralis, Sesuvium portulacastum et rthrocnemum glaucum (DPN, 2017).

Faune du PNOD 

Dans le Parc national des Oiseaux du Djoudj la biodiversité animale est bien représentée. Elle est composée de :
➤ invertébrés : même si aucune étude approfondie de ces derniers dans la zone du Djoudj n’a été réalisée, on a pu identifier les groupes suivants : les plathelminthes, les némathelminthes, les rotifères, les mollusques, les annélides et les arthropodes (majoritairement composés d’insectes) ;
➤ poissons : 75 espèces de poissons ont été identifiées au parc de Djoudj. Elles sont regroupées dans 28 familles dont les plus diversifiées sont les Cichlidae (14 espèces), les Characidae (12 espèces) et les Bagridae (9 espèces) (Diouf et al. (1991), Pandaré et al. (1995), Lô (1996), Diouf (1997), Sanogo (1999)) ;
➤ amphibiens et les reptiles : peu de connaissances sont rapportées sur les amphibiens et reptiles vivant au Djoudj. Les espèces signalées et rencontrées sont le crocodile du Nil (Crocodylus niloticus) (Fig. 7), le varan du Nil (Varanus niloticus), le varan de terre (genre Varanus), la tortue terrestre (famille des Testudinidés), le gecko (intra-ordre des Gekkota), la vipère heurtante (Bitis arietans), la couleuvre et le python de Séba (Python sebae) (Fig. 8).
➤ Les oiseaux : Les oiseaux du Djoudj sont régulièrement recensés depuis la création du parc en 1971. Dans les années 1990, des auteurs tels que Morel, Tréca et Rodwell ont fait des publications sur les oiseaux du Djoudj (Rodwell et al. 1994, Morel et Morel 1990). Il a été recensé près de 360 espèces d’oiseaux dont trois millions d’individus au Parc national des Oiseaux du Djoudj (Rodwell et al. (1994), Morel et Morel (1990), Tréca et al. (1992)). En Afrique de l’Ouest, le parc de Djoudj est considéré comme étant l’une des zones d’hivernage les plus importantes pour les oiseaux migrateurs paléarctiques. On y rencontre d’importantes concentrations de canards (Dendrocygnes (Fig. 9), grèbes, oies et ouettes), de limicoles (chevaliers et bécasseaux), d’échassier (flamants, spatules, aigrette), de pélicans (Fig. 10)…

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
Chapitre I : SITES D’ETUDE
I – 1. PARC NATIONAL DES OISEAUX DE DJOUDJ (PNOD)
I – 1 – 1. Présentation et généralités
I – 1 – 2. Les ressources biologiques du PNOD
a. Flore et habitats du PNOD
b. Faune du PNOD
I – 1 – 3. Pressions et menaces sur le parc
I – 1 – 4. Cadre socio-économique et autres activités du PNOD
I – 2. LA GRANDE NIAYE DE PIKINE (TECHNOPOLE)
I – 2 – 1. Localisation de la grande Niaye de Pikine
I – 2 – 2. Occupation de l’espace dans la Grande Niaye de Pikine
I – 2 – 3. Aspects physiques de la grande Niaye de Pikine
I – 2 – 4. Flore de la grande Niaye de Pikine
I – 2 – 5. Faune de grande Niaye de Pikine
I – 2 – 6. Effets anthropiques sur le site du Technopôle
I – 3. RESERVE NATURELLE COMMUNAUTAIRE DE PALMARIN (RNCP)
I – 3 – 1. Localisation et généralités
I – 3 – 2. Les ressources biologiques du milieu
Flore de la RNCP
Faune de la RNCP
I – 3 – 3. Menaces sur le site
Chapitre II : DISTRIBUTION SPATIALE ET LA BIOLOGIE DE REPRODUCTION DE L’ECHASSES BLANCHE DANS LA ZONE HUMIDE URBAINE DE LA GRANDE NIAYE DE PIKINE (TECHNOPOLE)
II – 1. DESCRIPTION DE L’ECHASSE BLANCHE
II – 2. POSITION SYSTEMATIQUE ET DISTRIBUTION GEOGRAPHIQUE
II – 3. HABITAT ET REPRODUCTION DE L’ECHASSE BLANCHE
II – 4. MATERIEL ET METHODES
II – 4 – 1. Matériel
II – 4 – 2. Méthodologie utilisée
a. Etude de la distribution spatiale
b. Suivi du comportement de nidification
c. Analyse des données
II – 5. RESULTATS ET DISCUSSION
II – 5 – 1. Résultats
a. Evolution des effectifs
b. Distribution spatiale des individus
c. Comportement de nidification
II – 5 – 2. Discussion
Chapitre III : BIOLOGIE ET ECOLOGIE DE LA SPATULE BLANCHE
III – 1. DESCRIPTION DE LA SPATULE D’EUROPE
III – 2. POSITION SYSTEMATIQUE ET SOUS-ESPECES
III – 3. REGIME ALIMENTAIRE DE LA SPATULE BLANCHE
III – 4. MIGRATION DE LA SPATULE BLANCHE
III – 5. LECTURE DE BAGUE
III – 6. MENACES
III – 7. MESURES DE CONSERVATION
III – 7. MATERIEL ET METHODES
III – 7 – 1. Matériel
III – 7 – 2. Méthodes
a. Suivi des oiseaux
b. Etude du comportement
Observation focale
Observation en scan
Capture de proie
c. Lecture des bagues
d. Analyses statistiques
III – 8. RESULTATS ET DISCUSSION
III – 8 – 1. Résultats
a. Distribution de Spatule blanche dans les sites de suivi
b. Evolution des effectifs de la Spatule blanche dans les sites étudiés
c. Ethologie de la Spatule blanche
d. Origine des bagues lues
III – 8 – 2. Discussion
CONCLUSION GENERALE, RECOMMANDATION ET PERSPECTIVE
BIBLIOGRAPHIE
WEBOGRAPHIE

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