ETUDE DES MUTATIONS DE LA GESTION DE L’ELEVAGE BOVIN

La stratégie traditionnelle dans la gestion de l’élevage bovin

    L’élevage bovin est une activité historique dans la moyenne vallée du fleuve Sénégal. Il a participé avec l’agriculture et la pêche à l’organisation socio-économique et politique des populations Halpulaars, polarisées par les ressources hydrographiques. En effet, la convoitise de l’espace de la vallée par des acteurs agricoles (agriculteurs, pêcheurs, éleveurs) a amené ces derniers à s’organiser pour que chacun d’eux pratique aisément son activité agricole. La crue du fleuve était la période florissante des pêcheurs (cubbalo) pour l’importance de poissons capturés. La décrue permettait aux agriculteurs de semer des cultures vivrières, telles que mil, maïs et sorgho, sur les terres humides. La fin des récoltes permettait l’accès du bétail dans les champs (niaygaal), à la recherche de vaine pâture. Ainsi, cette organisation sociale de la vallée dont les activités étaient complémentaires dans l’utilisation de l’espace de production et le mode d’échange des produits agricoles (poissons, lait, mil, maïs, sorgho). Elle fut une réussite cohabitation, source de bon climat social entre acteurs d’activités différentes sur un seul terroir. Durant cette époque, le système d’élevage était essentiellement de type transhumance entre la zone waalo et jeeri. En effet, en période d’hivernage, les éleveurs s’implantaient dans la partie jeeri pour nourrir le cheptel bovin du pâturage abondant, arrosé par les eaux de pluies. C’était la période de repos des éleveurs qui ne sillonnent plus des dizaines de kilomètres à la recherche d’eau et de pâturage pour le bien être du cheptel. En saison sèche, après la fin des pâturages et l’épuisement des mares d’eau du jeeri, les éleveurs repliaient avec leurs familles et bovins, dans la partie waalo afin de bénéficier gratuitement de la vaine pâture dans les champs de décrue et du fleuve, pour l’abreuvement du cheptel. Ce système de transhumance décerne aux sociétés pastorales, essentiellement peulh, un caractère nomade du fait d’une mobilité nécessitant le déplacement de toute la famille du chef de ménage (jom gallé) avec le troupeau. De ce fait, ces déplacements périodiques des troupeaux bovins entre waalo et jeeri constituaient le mode d’adaptation des éleveurs face aux variations bioclimatiques de la vallée du fleuve Sénégal .Cependant, ce système de l’élevage traditionnel dans la moyenne vallée du fleuve Sénégal, va connaitre une véritable mutation avec l’aménagement hydroagricole des terres du waalo et la multiplication des forages, dans la zone jeeri.

L’achat des projets de vaine pâture après récolte, dans les périmètres irrigués ou dans les champs de décrue

   L’achat de la vaine pâture constitue l’une des mutations remarquables dans l’accès aux pâturages. Les agriculteurs des périmètres irrigués ne libèrent plus gratuitement leurs champs après récolte, permettant l’accès des troupeaux aux résidus des récoltes ainsi qu’à la fertilisation naturelle des sols. Actuellement, les résidus de récolte sont monnayés avec les éleveurs de la zone waalo pour prendre en charge le cheptel bovin. Ainsi, les témoignages des éleveurs soutiennent la rupture de complémentarité et de solidarité entre éleveurs et agriculteurs, à la recherche de revenus agricoles. Ainsi, Moussa Ndiaye éleveur au village de Namardé, qualifie le système d’élevage bovin dans la zone waalo, d’un « élevage de poche », du fait des investissements importants des éleveurs pour satisfaire le bétail et témoigne que : « j’ai acheté un projet de vaine pâture qui va durer 2à 3mois avec un coût de 300.000FCA pour nourrir mes bovins ». Ainsi, après ce contrat d’exploitation des résidus de récolte avec l’agriculteur, l’éleveur y conduit chaque matin ses bovins. Ce système de gestion est le plus souvent utilisé par des agro-pasteurs dont le cheptel bovin dépasse rarement 50 UBT .Ceux qui ont un cheptel élevé c’est-à-dire supérieure à 50 UBT, ont tendance à transhumer vers le jeeri ou le ferlo. Les éleveurs ne pourront supporter l’investissement dans l’accès à la nourriture d’un cheptel bovin très nombreux ; le cheptel est conduit avec un membre de la famille accompagné de sa femme et de ses enfants chargé de la gestion des troupeaux bovins ou un seul berger qui logera dans une famille d’accueille ayant un lien de parenté avec sa famille d’origine. Ainsi, ce cheptel issu de la zone humide, entre donc dans une zone géographique à caractère typiquement pastoral et dont l’alimentation du bétail dépend de la couverture du tapis herbacé, qui varie en fonction de la pluviométrie. Le parcours quotidien du cheptel bovin des pâturages du jeeri et une transhumance tournée vers le sud (ferlo, Sénégal oriental). Le mode de prise en charge alimentaire n’a pas beaucoup varié à l’échelle du jeeri. Il reste un parcours journalier sur les pâturages du tapis herbacé, disponibles dans un espace multidimensionnel dépourvu d’aménagements agricoles, à l’instar de quelques périmètres des champs de cultures sous pluies. Ici, les pâturages sont liés à une bonne pluviométrie ; les troupeaux bovins pâturent dans l’aire géographique du jeeri et reviennent le soir au village d’origine pendant la saison des pluies. Cette dernière marque le temps de repos des éleveurs ; vu l’abondance et l’accès facile aux pâturages verts. C’est pourquoi, les sociétés pastorales durant cette période, se livrent le plus souvent aux mariages, aux événements culturels et religieux après une bonne pluviométrie, source de stabilité dans le secteur de l’élevage. Les modifications notées dans la politique alimentaire du cheptel bovin des éleveurs du jeeri, résident dans la réorientation de l’itinéraire de transhumance après la fin des pâturages, en saison sèche (ceedu). Auparavant, les éleveurs peulh du jeeri, venaient s’implanter dans le waalo afin d’exploiter les résidus de récolte des champs de décrue qui étaient des cannes de mil, de sorgho et de niébé. Ainsi, la vaine pâture arrivait à assurer la nourriture du cheptel, en attendant l’arrivé prochainement de la saison des pluies (nduggu) qui marque le retour du cheptel au jeeri. Aujourd’hui, à chaque fin des pâturages dans le jeeri, les éleveurs orientent le parcours du bétail vers le ferlo et le Sénégal oriental pour accéder aux pâturages. Cette nouvelle orientation des éleveurs vers le sud est relative à la nouvelle configuration spatiale de la vallée, conduisant à une dislocation des échanges entre agriculture et élevage. En effet, beaucoup d’éleveurs soutiennent d’une part, une difficulté d’accès aux ressources fourragères, à cause des exploitations agricoles nécessitant l’accompagnement quotidien des troupeaux par un berger et d’autre part à l’accès aux résidus de récolte, qui est désormais un produit de commercialisé, jugé très cher par l’éleveur. Ainsi, l’éleveur du jeeri, préfère transhumer vers le sud où l’accès aux pâturages est gratuit ; au lieu de dépenser beaucoup d’argent dans l’achat de vaine pâture et du paiement des dommages de divagation.

Système d’abreuvement du cheptel bovin dans la partie jeeri

   Les difficultés d’accès à l’eau des cheptels constituent un frein au développement de l’élevage au niveau de la zone jeeri. Rappelons que le jeeri n’est pas concerné par les cours d’eaux traversant la partie nord de la communauté rurale de Guédé-village. L’accès à l’eau y demeure souvent un acte pénible pour les sociétés pastorales chargées de satisfaire tout un cheptel. Forages et puits restent les principaux sources d’eau, hormis les marres des saisons de pluies qui peuvent rester jusqu’au mois de décembre pour tarir. Cependant, dans une volonté de répondre aux besoins des populations du jeeri ; essentiellement éleveurs, la politique Communautaire a favorisé l’implantation des forages pastoraux qui sont au nombre de six (6) forages. Ces infrastructures hydrauliques sont localisées à Bellel-Kellé, Maffré, Mbiddi, Mboyo-Diéri, Nénette, Petel-Diéguess. Ces infrastructures en eaux ont réussi d’une part à l’organisation de la société peulh mais aussi à diminuer la transhumance vers des destinations extérieurs (Sénégal oriental, ferlo, waalo). En effet, les forages constituent aujourd’hui des points de convergence des troupeaux bovins à la recherche d’eau mais aussi des lieux de retrouvailles et d’échanges des pasteurs peulh. Ainsi, dans cette zone, les troupeaux n’ont pas besoin l’accompagnement d’un berger aux pâturages, mais il reste au forage pour les aider à s’abreuver correctement et de les pousser vers les pâturages (ortinowo). Tant que le tapis herbacé est disponible, les éleveurs resteront fixer dans leurs localités qui sont aujourd’hui de gros village ; à l’image de Biddi et Maffré. Face à la saturation des forages, aux pannes récurrentes, et la perte de temps des troupeaux aux forages pendant la saison sèche, les cheptels bovins s’abreuvent rarement chaque jour. Comme dans la partie waalo, l’éleveur du jeeri ramène l’eau des forages au village dans une chambre à air ou des bidons sur une charrette attelée d’ânes sous la conduite d’une femme ou de l’enfant de l’éleveur pour permettre aux veaux et les vaches laitières de s’abreuver sur place (à domicile). En somme, les acteurs de l’élevage qui sont des agro-pasteurs avec l’implication de tous les groupes sociaux-ethniques, dans la partie waalo, et pasteurs essentiellement peulh dans la zone jeeri, sont très dynamique dans la pratique de l’élevage bovin. Ainsi, les acteurs de l’élevage bovin dans l’espace communautaire de Guédé-village, tendent à l’amélioration de la production du cheptel bovin. Dans le jeeri, le manque d’eau rend très difficile la pratique de l’élevage bovin ; les éleveurs du jeeri perdent beaucoup de temps aux forages et aux puits pour chercher de l’eau.

Définition et historique de l’insémination artificielle

   L’insémination artificielle est une technique qui consiste à reposer à l’aide d’un instrument approprié et au moment opportun, la semence d’un mâle dans la partie la plus convenable des voies génitales d’une femelle sans qu’il ait un acte sexuel. La découverte de l’insémination artificielle date depuis le XVIIIe siècle en Europe ; elle fut utilisée pour la première fois en 1779 par Lauro Spallanzani chez la chienne, selon Serge Claire Nkolo (2009). En Afrique, elle a été introduite pour la première fois en 1935 au Kenya par Anderson. C’est n’est qu’en 1995 que l’insémination artificielle a été initiée au Sénégal par le Programme d’Appui au développement de l’élevage (PAPEL), à l’aide la Banque Africaine de Développement(BAD), dans le cadre de sa politique de modernisation de l’élevage afin de maximiser la production laitière. Ceci traduit, une volonté politique visant à répondre aux besoins des populations qui dépendent trop du lait importé de l’Europe et de l’Asie ; ce qui est paradoxale souvent si les éleveurs témoignent qu’ils déversent du lait pour les animaux en saison pluvieuse par manque de moyen de conservation ou de transformation des produits laitiers.

Généralités sur la situation sanitaire du cheptel bovin

   La santé de l’animal bovin est une préoccupation du service de l’élevage et des éleveurs dans, la communauté rurale de Guédé-village. En effet, l’une des actions majeures de l’Etat demeure la campagne de vaccination annuelle organisée gratuitement dans tous les centres pastoraux. Ainsi, la campagne de vaccination effectuée en 2012, a concerné 35500UBT dans la CR de Guédévillage. Ainsi, les différentes données statistiques obtenus pour notre connaissance de la santé animale, ne concernent strictement pas notre zone d’étude ; mais sont des chiffres globaux  de toutes les collectivités qui composent le département de Podor. En effet la pasteurellose bovine, la clavelée et le botulisme paraissent plus fréquentes dans l’arrondissement de Gamadji-Saré à laquelle appartient notre zone d’étude. La pasteurellose bovine une mortalité estimé à 73UBT, restent l’affection la plus présente. En outre, le service vétérinaire a noté l’apparition dans la zone waalo de nouvelles maladies bovines telles que la bilhargeoise animale ou schistomatose, l’hermoparasitose ou maladie du sang. Ces maladies sont apparues avec la modernisation agricole qui se traduit avec l’utilisation des engrais chimiques affectant l’écosystème de la zone.

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
CHAPITRE I : ANALYSE DES FACTEURS PHYSIQUES
CHAPITRE III : LES SYSTEMES DE PRODUCTION AGRICOLES
II. L’élevage : une activité agricole viable dans la CR de Guédé-village
1. La place de l’élevage dans le département de Podor
2. Dynamique de l’élevage dans la Communauté Rurale de Guédé-village
3. Les ressources halieutiques de la Communauté Rurale de Guédé-village
III. La dynamique des échanges des productions agricoles
CHAPITRE IV : DIAGNOSTIC DES SERVICES SOCIAUX DE BASE
I. L’accès à l’eau dans la Communauté Rurale de Guédé-village
II. L’éducation
III. Les infrastructures sanitaires
IV. L’électrification rurale
CONCLUSION
CHAPITRE III : LE SYSTEME ACTUEL DE PRODUCTION EN ELEVAGE BOVIN
1. Les types actuels de l’élevage bovin dans la communauté rurale de Guédé-village
2.1 L’élevage bovin en zone waalo
2.2 L’élevage bovin en milieu jeeri
2.3 Etude comparative de l’élevage de transhumance et l’élevage à domicile
II. Les stratégies des éleveurs pour une prise en charge alimentaire des bovins
1. Le parcours journalier des aires de pâturages de la zone waalo et l’achat de vaine pâture aux agriculteurs des périmètres irrigués
2. Achat d’aliments de bétail : une consommation principale du cheptel bovin élevé à domicile
3. Le développement de la culture végétale : une nouvelle alternative alimentaire du cheptel bovin
4. Les moyens d’abreuvement du cheptel bovin
I. Dynamique et évolution de la race bovine
1. Le zébu cobra : la race historique des sociétés pastorales dans la CR de Guédé-village
2. L’appropriation de nouvelles races bovines.
II. L’insémination artificielle : un renouveau scientifique dans la transformation génétique de la race bovine 
1. Définition et historique de l’insémination artificielle
1. Généralités sur la situation sanitaire du cheptel bovin
2. Dynamique de la prise en charge sanitaire des bovins
CHAPITRE III : LE MODE D’EXPLOITATION DU CHEPTEL BOVIN
I. Les stratégies de multiplication du cheptel bovin
1. L’investissement des revenus agricoles sur l’achat de bovins
II. Les innovations dans la commercialisation du lait de vache : Exemple du GIE Dental Bamtaré Toro
CHAPITRE IV : IMPACTS DES MUTATIONS DANS LA GESTION DE L’ELEVAGE BOVIN ET LE DIAGNOSTIC DES SES CONTRAINTES
I. Les effets des mutations dans la gestion de l’élevage bovin
1. Les effets environnementaux
2. L’impact socioculturel et économique lié aux mutations dans la gestion de l’élevage bovin
III. Les difficultés de l’élevage bovin dans la communauté rurale de Guédé-village
1. Les problèmes majeurs de l’élevage dans la CR de Guédé-village
2. Les feux de brousse : un souci majeur pour la préservation des pâturages de la CR de Guédé-village
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE

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