Etude des impacts socioéconomiques des forêts de Grevillea banksii (PROTEACEAE)

A l’échelle mondiale, il est de notoriété publique que les interactions ainsi que les échanges entre les pays ne cessent de multiplier. Les flux de produits et surtout, de personnes à travers les activités commerciales, les migrations et le tourisme à longue distance constituent les vecteurs essentiels de dispersion des espèces. Ils conditionnent en premier lieu l’introduction des espèces envahissantes vers de nouveaux espaces (Hulme, 2009). Le nombre d’espèces exotiques envahissantes continue de croître mais les données sur ce sujet restent fragmentaires. Le pourcentage de progression de ces espèces est inquiétant dans certains continents (Butchart et al., 2010). Par la suite, leur prolifération peut s’avérer incontrôlable et occasionnent un poids substantiel de plusieurs milliards de dollars pour les pays victimes. Selon PNUE en 2012, l’échelle des invasions d’espèces exotiques est planétaire et leur propagation a un coût économique important

En Afrique Australe et Orientale, l’importation des espèces exotiques se justifie par l’insuffisance des ressources naturelles existantes, leur incapacité à satisfaire les besoins de la population et leur aptitude à fournir des biens et services aux peuples démunis. Les introductions intentionnelles sont et ont été motivées par des considérations économiques, environnementales et sociales (PNUE, 2006). Mais actuellement, tous les pays de la partie Est, ceux de la corne de l’Afrique (Soudan, Djibouti, Ethiopie, Somalie, Kenya, etc.), ainsi que les îles à l’Ouest de l’Océan Indien (Comores, Seychelles, Maurice et Madagascar) sont actuellement envahis par des espèces exotiques (Howard, 2011).

A Madagascar au cours des dernières décennies, plus d’attention s’est tournée vers l’envahissement des espèces exotiques et leurs menaces à l’égard de la biodiversité (Kull et al., 2011). Contrairement à la plupart des autres îles, et en dépit du qualificatif « invasif » rattaché depuis longtemps à certaines espèces qui s’y sont naturalisées, les réflexions autour de l’approche des espèces invasives demeurent récentes (Kull et al., 2014). Néanmoins, des études précédentes ont souligné que la proportion d’espèces introduites montrant des caractères envahissants dans la grande île est élevé, de l’ordre de 8,9% (Kull et al., 2011). Grevillea banksii, une espèce venant d’Australie, constitue une de ces espèces dont l’introduction à Madagascar a été souhaitée et qui est aujourd’hui présumée invasive.

METHODOLOGIE

Problématique et Hypothèses 

Il y a plusieurs décennies, Madagascar était qualifié « île verte ». Certes, la théorie de Perrier de la Bâthie (1921,1936) et Humbert (1927, 1949, 1955) selon laquelle la presque totalité de l’île a été couverte de forêts avant l’arrivée des hommes a été réfuté par plusieurs auteurs. De plus, aucune information irréfutable n’a stipulé cette étendue forestière. Cependant, il est connu que la dégradation manifeste des forêts naturelles dans certaines régions à certaines époques est remarquable (Mc Connell et Kull, 2014). Surtout dès la colonisation de la grande île en 1896, les forestiers ont fustigé les pratiques dévastatrices des paysans gaspillant le capital naturel : exploitation du bois d’oeuvre5 et du bois énergie, systèmes d’agriculture sur abattis brûlis, surpâturage, etc. (Blanc- Pamard et Ramiarantsoa, 2003). La côte orientale qui a été couverte d’une superficie notable de forêt humide a été dévastée intensément avec 16 000 hectares défrichés par an entre 2010 et 2015 (FAO, 2015). Les feux de brousses et le défrichement au profit des cultures itinérantes sur brûlis sont imputables à cette régression de la couverture forestière, substituée par un paysage de steppe et de forêts secondaires. Une restauration s’impose dès lors afin de solutionner au plus vite les dégâts causés à l’environnement et aux richesses spécifiques. Mais aux espèces autochtones ont du s’ajouter des espèces exotiques venant d’autre pays et pouvant s’adapter aux conditions environnementales de l’île. C’est ainsi qu’a été initié l’introduction des espèces exotiques telles que Pinus spp., Eucalyptus spp., Acacia et plus tard Grevillea spp. En l’occurrence, cette dernière a été introduite à Madagascar comme espèce d’embroussaillement (Ramamonjisoa, 1999) en 1958, sur la décision du service forestier de l’époque.

Actuellement, le long de la Route Nationale 02 (RN 02), menant vers les régions côtières orientales de l’île, les forêts de Grevillea banksii recouvrent d’importantes surfaces au détriment des forêts secondaires, des steppes et des savanes. Elles occupent les savoka arbustive sur les hauts ou bas versants, mais surtout les terrains ouverts et dégradés. Les signes de coupe, d’ébranchage et de défriche qui s’observent dans ces forêts témoignent du besoin incessant en bois et de son exploitation, indépendamment du diamètre ou de la nature de l’espèce. Mais cela suppose également une familiarité et une connexion des populations locales dans ces nouvelles forêts. En effet, avec la raréfaction de la ressource forestière, ces nouvelles forêts ont fait l’objet de valorisation et sont devenues liées aux usages quotidiens des communautés riveraines. Certes, la décision d’introduire cette espèce dans le pays a été bien réfléchie par les décideurs et a solutionné en partie les problèmes de déforestation. Mais les incidences et la nature des impacts de telle décision au niveau des populations demeurent incertaines vu qu’aucune étude sur cet angle n’a encore été effectuée. Or, plusieurs facteurs peuvent être impliqués et changés par l’invasion de Grevillea, à savoir l’agriculture, l’économie des ménages, la disponibilité foncière, la rentabilité des exploitations forestières, la pollinisation, la stabilité du climat, etc. (Pejchar et al., 2009). Les répercussions socioéconomiques peuvent être autant négatives que positives mais seul le travail de recherche peut le confirmer.

Si les conséquences néfastes de l’espèce et des forêts de Grevillea banksii au niveau de l’écologie commencent à être expliquées (Andrianandrasana et al., 2014), il est maintenant de plus grande importance de pousser les études vers des domaines qui considèrent de près le champ humain.

Etat des connaissances 

Etude d’impact

L’évaluation d’impact est l’analyse systématique des changements durables ou signifiantspositifs ou négatifs, prévus et imprévus, directs et indirects, primaire et secondaires-dans la vie des gens apportés par une action précise ou une série d’action (OCDE, 2010). L’étude d’impact examine les impacts potentiels positifs et négatifs du projet considéré sur l’environnement, ses éventuelles conséquences sociales connexes, ainsi que ses effets transfrontières possibles. Elle évalue les risques et les impacts environnementaux et sociaux potentiels d’un projet dans sa zone d’influence (FAO, 2012). Sur le plan économique, les espèces envahissantes à Madagascar, qu’elles soient autochtones ou exogènes, entraînent des coûts relatifs à la baisse de la productivité agricole à cause de la compétition, aux traitements mécaniques ou chimiques nécessaires Ces derniers peuvent à leur tour, engendrer des problèmes de pollution et de toxicité sanitaire. Toutefois, les habitants prennent avantage d’un grand nombre de plantes envahissantes pour leurs moyens d’existence (Kul et al., 2014). Ces espèces peuvent servir d’alimentation tant des hommes (Psidium cattleianum) que des animaux (Opuntia spp.), de bois (Grevillea banksii) ou de fertilisation du sol (Rubus mollucanus) ; (Lehavana, 2012). Sur le plan écologique, une étude d’impact de Grevillea banksii sur la dynamique des mychorizes associées aux espèces forestières autochtones de Madagascar a déjà été menée. D’après Andrianandrasana et al. (2014), la colonisation de cette espèce constitue une vraie menace pour la régénération des essences indigènes et pour la conservation de la biodiversité malgache. Néanmoins, les espèces envahissantes peuvent présenter des impacts positifs sur l’écologie comme stabiliser les sols, fournir d’habitat ou de nourriture aux espèces animales de la région ou faire régénérer la forêt (Kul et al., 2014).

Moyens d’existence

Les moyens d’existence sont les capacités, les ressources matérielles et sociales et les activités nécessaires à un individu pour gagner sa vie (WordReference, 2008). Les moyens d’existence sont également les « moyens de gagner sa vie », les activités et ressources qui permettent aux gens de vivre (FAO, 2004). Ils regroupent les actifs naturels, financiers, humains et sociaux comme base de leurs modes de vie (www.iucn.org, 2016). Les espèces exotiques envahissantes peuvent s’intégrer dans les moyens d’existence des populations locales par diverses façons possibles. Introduites intentionnellement ou pas, elles finissent toujours par être utilisées par les communautés riveraines, d’une manière ou d’une autre (Shackleton et al., 2007). Elles sont d’une utilité cruciale en tant que support d’alimentation comme dans le cas de Opuntia ficus indica. Cette dernière est également collectée par les villageois et vendue ensuite, afin de recouvrir des dépenses en produits de première nécessité ou les fournitures scolaires des enfants. D’autres l’utilisent pour en faire de la confiture ou du vin appelé iQilika en Afrique du Sud.

Pareillement, Acacia mearnsii est très prisé par la grande majorité des ménages dans la même région. Elle sert beaucoup plus comme bois d’énergie durant les mariages ou les funérailles ou autres cérémonies, et moins comme bois de construction et clôture. Le recours à cette espèce exotique envahissante est dû non seulement à la restriction par le gouvernement de l’accès aux espèces indigènes mais aussi à la proximité des forêts d’Acacia par rapport aux villages .

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Table des matières

1 INTRODUCTION
2 METHODOLOGIE
2.1 Problématique et Hypothèses
2.2 Etat des connaissances
2.2.1 Etude d’impact
2.2.2 Moyens d’existence
2.2.3 Intérêts socioéconomiques de Grevillea banksii
2.3 Milieu d’étude
2.3.1 Situation géographique
2.3.2 Climat
2.3.3 Géomorphologie et Topographie
2.3.4 Hydrographie
2.3.5 Pédologie
2.3.6 Flore
2.3.7 Faune
2.3.8 Activités socio-économiques
2.4 Méthodes
2.4.1 Cartographie
2.4.2 Observations
2.4.3 Enquêtes socio-économiques
2.4.4 Traitement et Analyse des données
2.4.5 Cadre opératoire
3 RESULTATS
3.1 Perception paysanne des forêts de Grevillea banksii dans la transformation du paysage et appréciation locale de l’espèce
3.1.1 Perceptions dans le passé
3.1.2 Perceptions actuelles
3.1.3 Perceptions des parties prenantes
3.1.4 Cartographie communautaire
3.2 Intérêts et préjudices présentés par Grevillea banksii
3.2.1 Intérêts socio-économiques et environnementaux
3.2.2 Préjudices causés aux communautés locales
3.2.3 Analyse des Forces, des Faiblesses, des Opportunités et des Menaces
3.3 Coûts et bénéfices pour les moyens d’existence des communautés
3.3.1 Coûts générés aux ménages
3.3.2 Bénéfices octroyés aux ménages grâce à l’exploitation de Grevillea
3.3.3 Comparaison coûts/bénéfices
3.3.4 Etude de filière
3.4 Valeurs non monétaires de Grevillea
4 DISCUSSIONS ET RECOMMANDATIONS
4.1 Discussions
4.1.1 Sur la méthodologie
4.1.2 Sur les résultats
4.1.3 Sur les hypothèses
4.2 Recommandations
4.2.1 Objectifs
4.2.2 Plan d’actions
5 CONCLUSION GENERALE
6 REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
7 ANNEXES

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