Etude des ensembles osseux des niveaux Paléolithique

L’étude morpho-métrique du matériel osseux et dentaire permet de distinguer des espèces de la même famille et de taille proche. Cette démarche trouve tout son sens lorsque ces taxons ne sont pas inféodés à un même milieu ni un même climat (ex. Renard roux et Renard polaire). De plus, certaines espèces sont des marqueurs bio-stratigraphiques car caractéristiques d’une période. Par exemple, Cervus simplicidens ne serait présent que durant le début du Dernier Glaciaire (Guadelli, 1987).

Si les comparaisons morphologiques ne nécessitent pas toujours un échantillon important, il n’en est pas de même pour l’approche biométrique. En effet, la taille de l’échantillon (ou effectif) est un facteur limitant lorsque celui-ci est trop petit. Or, pour l’ensemble des couches archéologiques des Fieux, les os comme les restes dentaires sont souvent très fragmentés et la quantité d’éléments anatomiques mesurables est rarement conséquente, voire inexistante pour certains niveaux et/ou certaines espèces. C’est la raison pour laquelle la distinction entre Bouquetin alpin (Capra ibex) et Bouquetin du Caucase (Capra caucasica) n’a pu être entreprise. Celle-ci se base principalement sur les P3 inférieures et M3 supérieures (Crégut-Bonnoure, 1992b) qui sont absentes des assemblages des Fieux. Il en est de même pour la différenciation entre Ours brun (Ursus arctos) et Ours des cavernes (Ursus spelaeus). Toutefois, même si les quelques restes dentaires d’ursidés ne sont pas mesurables, il est possible d’estimer leurs dimensions et surtout d’observer leur morphologie (Argant, 1991) pour établir quelle espèce ursine est présente. Ainsi, les restes d’ursidés des différentes couches archéologiques des Fieux sont tous rapportés à l’Ours brun.

L’analyse morpho-métrique est présentée par taxon et concerne les Bovinés, les Cervidés (Cerfs), les Rhinocérotidés, les Équidés et les Canidés (Renard). Les abréviations utilisées pour les données métriques et les statistiques sont présentées dans le tableau IV.1. Toutes les mesures ont été prises à l’aide d’un pied à coulisse, les dimensions sont données en millimètre, avec une précision au dixième de mm. Le matériel étudié est issu de deux méthodes de prélèvement. Certains ossements portent un numéro d’inventaire (‘S’ suivi d’un nombre arabe), d’autres n’ont pas été coordonnés. Dans ce dernier cas, un numéro leur a été attribué lors de cette étude, suivi du carré où l’ossement a été découvert et de la tranche de décapage (‘z-’) et (ex. 3/25.IX/z 630-640).

LES ARTIODACTYLES

LES BOVINÉS

Distinguer le grand bovidé présent aux Fieux est primordial pour la reconstitution des paléoenvironnements, les deux genres (Bos vs Bison) évoluant dans des biotopes distincts. Cette distinction permet également de mieux appréhender les comportements humains puisque ces deux espèces n’ont pas tout à fait les mêmes cycles saisonniers, ni les mêmes comportements face aux prédateurs. Les éléments anatomiques considérés comme les plus pertinents sont les chevilles osseuses et les crânes (MacDonald, 1981 ; Brugal, 1983). Malheureusement, ces éléments anatomiques ne sont présents aux Fieux qu’à un état très fragmentaire. Il est tout de même possible de distinguer ces deux espèces sur la base de critères morpho métriques, en particulier sur le matériel dentaire (cf. infra). Les comparaisons biométriques ne sont entreprises que sur les molaires, qui sont les éléments les plus nombreux mais aussi les plus complets. Les mesures prises pour chaque dent sont illustrées dans l’annexe 5. Toutes les couches sont concernées par cette analyse et, afin d’augmenter les effectifs mesurés, les couches Kbase et Kdenticulés ainsi que G7 et I-J sont regroupées en un seul et même ensemble  .

Le matériel dentaire 

Les données biométriques des différentes couches des Fieux sont présentées dans l’annexe 6, ainsi que celles des sites de référence. Pour les comparaisons morphologiques, la terminologie utilisée et la synthèse des critères sont données dans l’annexe 7. En raison de la morphologie des dents de bovinés, plus larges au niveau du collet qu’au niveau occlusal, les mesures de la surface occlusale (DMD et DVL) ne sont pas retenues car sujettes à de fortes variations en fonction du stade d’usure des dents (i.e. grande différence entre un jeune adulte et un vieil individu). C’est pourquoi seules les mesures prises au point P (à 1 cm du collet) sont utilisées pour distinguer le Bison de l’Aurochs.

✔ Les prémolaires inférieures et supérieures
Aucune mesure n’a été prise sur ces éléments, le nombre de dents complètes par rang dentaire et par niveau archéologique étant trop faible pour des comparaisons statistiques. Par contre, les critères morphologiques des prémolaires ont été observés. Le métaconide des P4 inférieures est soudé à l’entoconide, comme chez le Bison. De même, le parastyle des P2 supérieures montre un alignement avec le métastyle et le paracône, alors que chez l’Aurochs, on note un retrait du parastyle par rapport au métastyle et au paracône au niveau lingual. Enfin, le profil (vue distale) des P4 supérieures est ici convergent au niveau de la partie occlusale, alors qu’il est sub-parallèle chez l’Aurochs (Slott-Moller, 1990 ; Fernandez, 2006).

✔ M1 et M2 inférieures
Les M1 et M2 inférieures d’Aurochs ont un DMDp/DVLp moyen plus petit par rapport au Bison (fig-IV.1). La sous-espèce d’Aurochs (Bos primigenius trochoceros) de Biache-Saint-Vaast est un cas singulier puisque ses dimensions sont systématiquement légèrement supérieures à celles des aurochs des autres sites.

Concernant le matériel des Fieux, les dimensions des M1 et M2 inférieures des couches F1bc, G5-G6 et Iouest sont similaires à celles des Bisons. Malheureusement, cette observation n’est pas démontrée statistiquement, soit l’échantillon est trop faible (F1bc, Iouest), soit l’hétérogénéité des variances est trop importante pour permettre d’appliquer le test de student, ou bien les résultats sont contradictoires pour G5-G6. En effet, soit aucune différence significative n’est observée avec l’Aurochs et le Bison, soit les différences sont significatives avec les deux taxons .

Les dimensions des M2 inférieures de la couche Kouest correspondent également à celles des dents de bisons, mais les M1 inférieures se rapprochent des dimensions des aurochs (fig-IV.1). Le même constat est établi pour les molaires inférieures des couches E et G7-I-J. À nouveau, les résultats du test de student ne sont pas concluants, aucune différence significative n’est observée entre les dents d’Aurochs et de Bisons et celles de la couche G7-I-J. En fait, les comparaisons statistiques sont limitées en raison des valeurs extrêmes de certaines mesures, qui influencent grandement l’écart-type et la variance. L’échantillon disponible pour les M1 et M2 inférieures est faible et ne permet pas de séparer les deux genres. Par contre, d’un point de vue morphologique, les M1 et M2 inférieures de boviné des différents niveaux archéologiques des Fieux se rapprochent plus des dents de Bison, avec un ectostylide court et une gouttière linguale profonde et plutôt étroite (Slott-Moller, 1990), notamment pour les M1.

✔ M3 inférieure
D’après le DMDp/DVLp des M3 inférieures, la distinction Bos/Bison semble marquée, mais il est nécessaire de commenter cette distribution. Comme pour les M1 et M2 inférieures, les dimensions des dents de Biache-Saint-Vaast sont plus importantes (fig-IV.1), en raison de la différence de taille de cette sous-espèce d’aurochs. Selon P. Fernandez (2006), la variabilité biométrique importante des M3 inférieures au sein des populations d’aurochs induit une faible fiabilité du DMD/DVL, le chevauchement des valeurs des dents de Bison et d’Aurochs ne permettant pas de distinguer les deux genres. Cette observation est démontrée statistiquement, les M3 inférieures des Fieux ne se singularisent ni de celles des Aurochs, ni de celles des Bisons .

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Table des matières

Introduction
Partie 1 : Présentation du gisement, bases théoriques et pratiques
Chapitre I : Présentation du gisement
Chapitre II : Cadres conceptuels & méthodologie
Chapitre III : Eco-éthologie des mammifères présents sur le site
Partie 2 : Etude des ensembles osseux des niveaux Paléolithique
Chapitre IV : Etude paléontologique
Chapitre V : Couche Kouest (Kdenticulés & Kbase)
Chapitre VI : Couche Jouest
Chapitre VII : Couche Iouest
Chapitre VIII : Couche Ks
Chapitre IX : Couches G7 et I-J
Chapitre X : Couches G5-G6
Chapitre XI : Couche F2
Chapitre XII : Couches F1bc
Chapitre XIII : Couche E
Partie 3 : L’exploitation de la faune au Paléolithique en Quercy
Chapitre XIV : L’occupation du gisement des Fieux au Paléolithique, influences du climat et choix humains
Conclusions
Bibliographie
Annexes
Tables des figures
Tables des tableaux
Table des annexes

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