Etude des coûts de production du lait dans les systèmes d’exploitation laitière

LE SYSTEME INTENSIF MODERNE DE LA ZONE DES NIAYES

     La région des Niayes constitue une bande sur le littoral sénégalais, s’étendant du Delta du fleuve Sénégal au nord à la région de Dakar au sud. D’une largeur variant entre 10 et 15 kilomètres, elle touche les Régions administratives de Dakar, Thiès, Louga et Saint-Louis. Nous nous intéresserons uniquement au cheptel rencontré dans le système de production intensif qu’on retrouve dans les fermes laitières de la Zone des Niayes. Ces fermes laitières sont situées dans la banlieue, entre 30 et 50 kilomètres, au Nord-est de la ville de Dakar, particulièrement dans la communauté rurale de Sangalkam. On y retrouve un troupeau laitier composé de différentes races exotiques (Montbéliarde, Holstein, Jersiaise, Gire, Brune des Alpes, Abondance…). Une des premières fermes installée et qui a cessé ses activités est la ferme « Société De Conserves Alimentaires » (SOCA), créée à Sébikotane (40 Km de Dakar) en 1988 avec des capitaux privés. La ferme devait prouver que l’on pouvait faire de l’élevage intensif, en particulier en valorisant les sous-produits agroindustriels pour l’alimentation animale. Sa production laitière reposait sur un troupeau de plusieurs centaines de Jersiaises conduites de façon rationnelle. La ferme transformait cette production en produits laitiers tels que le lait pasteurisé, le lait caillé sucré, la crème fraîche…

LA DEMANDE EN LAIT ET PRODUITS LAITIERS

     La consommation en lait et produits laitiers est estimée à 14 litres / habitant / an (ANSD, 2008). La population du Sénégal qui était estimée à 11 841 123 habitants en 2008, a un taux de croissance démographique de 2,5 % par an. Mais la production laitière nationale reste très faible, irrégulière et fortement marquée par une variation saisonnière; elle ne peut donc pas répondre aujourd’hui aux besoins nationaux de consommation en lait et produits laitiers. On observe, de plus, un certain cloisonnement physique des marchés du lait, lié aux coûts de transport et à l’organisation des marchés, qui pourrait expliquer que la production locale et les produits transformés soient partiellement « protégés » de la concurrence des importations.

Le modèle de ferme intensive de type I à Dakar

     Ce modèle est une petite ferme intensive patronale dont le propriétaire est un éleveur qui a recours à des employés permanents qui sont au nombre 5, avec une masse salariale de 400 000 F CFA par mois. L’alimentation est à base d’ensilage, complémenté par du concentré et de la paille à volonté. Ce modèle compte 36 animaux dont 15 vaches avec 15 naissances par an. Les races laitières présentent sont: Holstein et Montbéliarde. L’âge à la première mise bas est de 36 mois. Les paramètres de la production laitière caractéristiques de ce modèle sont : un intervalle vêlage-vêlage de 12 mois, une durée de lactation de 10 mois, une production de 22 L en début de lactation et de 10 L en fin de lactation. Ce qui donne une lactation de 4800 L. Si on considère que la vache compte 5 lactations dans sa vie, son niveau de production est de 24 000 L pour l’ensemble de sa carrière. Les veaux sont séparés de leur mère et ne tètent pas. Et l’âge au sevrage est de 3 mois. Un regroupement de vêlage est fait de telle sorte que les naissances aient lieu de Décembre à Mars en évitant le maximum possible les vêlages en saison des pluies (Juillet à Octobre) pour des raisons sanitaires. La traite se fait par un pot trayeur. Pour l’alimentation, les animaux sont séparés en catégories : veau, génisse (de 0 à 1 an, de 1 à 2 ans et 2 à 3 ans) et vache gestante. Les veaux ont une ration journalière à base de lait (4 L en moyenne par jour). Le coût de cette ration est de 1500 F CFA par jour. Les génisses sont alimentées à base de mélange de concentrés et de paille à volonté. Le poids de cette ration est en moyenne de 2 kg pour le premier âge ; 4 KG pour le deuxième âge et 8 kg pour le troisième âge. Leur coût est respectivement de 400 ; 600 et 700 F CFA par jour. Les vaches laitières sont divisées en deux catégories : celle en pic de lactation et celle en fin de lactation. Le poids de leur ration journalière est en moyenne de 25 Kg dont les 2/3 sont constitués d’ensilage et le reste de mélange de concentré plus de la paille à volonté. Le coût de cette ration est en moyenne de 2 000 F CFA par jour. Les femelles gestantes et les taureaux ont en général la même ration journalière que les génisses de troisième âge. Les investissements s’élèvent à 50 000 000 F CFA et concernent les étables, les magasins de stockage, le pot trayeur et le matériel agricole. Le taux de mortalité pour toute catégorie d’animaux est de 5%. La reproduction quant à elle se fait par insémination artificielle avec pour chaque vache deux paillettes à 5 000 F CFA l’unité. La prophylaxie coûte 300 000 F CFA par an pour tous les animaux de la ferme.

CONCLUSION

     L’approvisionnement des marchés constitue un défi important pour la filière laitière locale au Sénégal. La demande en produits laitiers est de plus en plus importante avec la croissance démographique et l’urbanisation. Cet approvisionnement des marchés est assuré à 46% par les importations qui sont en concurrence avec les produits laitiers locaux sur les marchés domestiques. La production repose essentiellement sur un élevage extensif. Les niveaux de production sont très faibles et la production est autoconsommée en grande partie. Le faible niveau de développement du secteur de la transformation constitue également une limite importante à la valorisation du lait local. Cette étude des coûts de production montre que l’alimentation reste le principal poste de dépense avec 30 à 70% des charges de production. Arrivent les autres charges comme les amortissements (bâtiments, étables, et matériels) qui nécessitent de gros investissements dans les fermes intensives. La main d’œuvre est aussi un poste de dépense très important et peut atteindre 30% des charges dans les fermes. Ces variations des coûts de production sont fonction des systèmes de production mise en place. Les coûts les plus faibles observés dans le système extensif cachent une faible capacité d’augmentation de la production. La saisonnalité de la production est un autre facteur limitant de la production dans ce système. Alors que pour le système intensif les coûts élevés se justifient par une intensification du système d’alimentation ainsi que des investissements énormes. Le système de collecte n’est pas rentable car les trois mois de saisons des pluies ne peuvent pas suffire pour l’alimentation durant les 12 mois de l’année, d’où le recours à la complémentation en saison sèche. Ce qui induit des coûts de production plus élevés en saison sèche qu’en saison des pluies. Ces systèmes de production offrent des potentialités pour le développement de la production laitière nationale. Dans chacune des zones étudiées, l’évolution des méthodes de production est envisageable ; ce qui permettra d’assurer aujourd’hui une production laitière plus soutenue. Il faut l’encadrement des éleveurs traditionnels (système extensif), ce qui permettra, là où les conditions agro-écologiques et sanitaires le permettent, d’avoir des volumes conséquents sans investissement massif. L’amélioration de la production laitière doit être aussi soutenue par la connexion avec un système de collecte et de transformation du lait. Il reste à accomplir un travail important sur plusieurs années, d’encadrement et de suivi de tous les acteurs pour que le lait importé soit peu à peu remplacé par le lait local. Pour se faire il faudra que les politiques mettent en œuvre les stratégies de développement nécessaire au secteur laitier. Car toutes les différentes politiques conduites depuis l’indépendance n’ont pas donné des résultats probants.

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela rapport-gratuit.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
Chapitre I : CARACTERISTIQUES DES SYSTEMES DE PRODUCTION LAITIERE AU SENEGAL
I.1. LE SYSTEME DE PRODUCTION EXTENSIF DU NORD OU SYSTEME PASTORAL
I.2. LES SYSTEMES AGROPASTORAUX
I.3. LE SYSTEME INTENSIF MODERNE DE LA ZONE DES NIAYES
Chapitre II : CONTEXTE DE LA FILIERE LAITIERE AU SENEGAL
II.1. NOTION DE FILIERE LAITIERE
II.2. PLACE DU LAIT DANS L’ECONOMIE NATIONALE
II.3. LA PRODUCTION LAITIERE AU SENEGAL
II.4. LA DEMANDE EN LAIT ET PRODUITS LAITIERS
II.5. LES IMPORTATIONS EN LAIT ET PRODUITS LAITIERS
II.6. LES CIRCUITS DE DISTRIBUTION DU LAIT LOCAL
II.7. LE PRIX DU LAIT LOCAL AU SENEGAL
Chapitre III : LES PROJETS ET LES POLITIQUES LAITIERS AU SENEGAL 
III.1. HISTORIQUE DES POLITIQUES ET PROJETS LAITIERS AU SENEGAL
III.1.1. Les différentes expériences
III.1.2. Les résultats des expériences
III.2. LES NOUVELLES STRATEGIES MISE EN ŒUVRE
III.2.1. Le projet PAPEL 2
III.2.2. Le Pôle de services (Sodefitex, VSF, CRZ/ISRA)
III.2.3. Projet VSF-CICDA / AFDI
III.2.4. Le Prolait
DEUXIEME PARTIE : COUT DE PRODUCTION DU LAIT DANS LES SYSTEMES DE PRODUCTION LAITIERE AU SENEGAL
Chapitre I : METHODE DE RECHERCHE
I.1. L’ORGANISATION DU TRAVAIL
I.2. L’ECHANTILLONNAGE
I.3. LE CALENDRIER DES ENQUETES
I.4. LES SUPPORTS D’ENQUETES
I.4.1. Les guides d’entretien auprès de transformatrices et autres personnes ressources (Annexes I et II)
I.4.2. Le guide d’entretien auprès des producteurs (Annexe III)
I.5. L’ANALYSE DES DONNEES
I.6. LES LIMITES DE L’ETUDE
Chapitre II : PRESENTATION DES RESULTATS
II.1. LES PRIX ET LE MARCHE
II.1.1. Le marché
II.1.2. Les prix
II.1.2.1. Les prix à Dakar
II.1.2.2. Les prix à Kolda
II.1.2.3. Les prix à Kaolack
II.1.2.3. Les prix à Richard Toll
II.2. LES COUTS DE PRODUCTION DU LAIT DES SYSTEMES DE PRODUCTION IDENTIFIES
II.2.1. Le modèle de ferme intensive de type I à Dakar
II.2.2. Le modèle de ferme intensive de type II à Dakar
II.2.3. Le modèle de ferme intensive de type III à Dakar
II.2.4. Le modèle d’exploitation extensive de type IV à Dakar
II.2.5. Le modèle d’exploitation extensive de type I à Kaolack
II.2.6. Le modèle d’exploitation en stabulation de type II avec recours aux concentrés à Kaolack
II.2.7. Le modèle d’exploitation en stabulation de type III avec recours aux niébé fourrager à Kaolack
II.2.8. Le modèle d’exploitation extensive à Kolda
II.2.9. Le modèle d’exploitation extensive dans le Diéri de type I à Richard Toll
II.2.10. Le modèle d’exploitation extensive dans le Walo de type II à Richard Toll
Chapitre III : DISCUSSION DES RESULTATS ET RECOMMANDATIONS
III.1. DISCUSSION DES RESULTATS
III.1.1. Analyse comparative des coûts de production
III.1.2. Le modèle de ferme intensive de type I à Dakar
III.1.3. Le modèle de ferme intensive de type II à Dakar
III.1.4. Le modèle de ferme intensive de type III à Dakar
III.1.5. Le modèle de ferme extensive de type IV à Dakar
III.1.6. Le modèle d’exploitation de type I à Kaolack
III.1.7. Le modèle d’exploitation en stabulation de type II avec recours aux concentrés à Kaolack
III.1.8. Le modèle d’exploitation en stabulation de type III avec recours aux cultures fourragères
III.1.9. Le modèle d’exploitation extensive à Kolda
III.1.10. Le modèle d’exploitation extensive de type I dans le Diéri
III.1.11. Le modèle d’exploitation extensive de type II dans le Walo
III.2. RECOMMANDATIONS
III.2.1. Aux producteurs
III.2.2. A l’Etat
. III.2.2.1. La détermination des priorités de l’Etat
III.2.2.2. Mise en place des infrastructures
II.2.2.3. Une politique de sécurisation de cette filière locale
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES

Télécharger le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *