Étude de l’efficacité des outils de la méthode distinctive dans la rééducation du manque du mot chez des patients aphasiques non fluents

Définie comme une pathologie acquise du langage, l’aphasie fait généralement suite à un Accident Vasculaire Cérébral, responsable de l’atrophie partielle ou totale des aires du langage. Les AVC peuvent survenir dans la vie de tout individu, laissant la personne dans l’impossibilité parfois totale de s’exprimer par le biais du langage oral ou écrit, malgré une intelligence et des capacités pragmatiques préservées. L’aphasie s’installe donc de façon brutale, et peut handicaper fortement une personne dans ses relations à son entourage.

De nombreuses études ont été réalisées, et des mesures de prévention des AVC sont mises en place pour en limiter le nombre et diminuer leurs séquelles. Les progrès technologiques et médicaux ont permis des avancées majeures. Par exemple, la thrombolyse permet de limiter les séquelles des AVC ischémiques, en détruisant les caillots sanguins responsables du blocage dans l’irrigation des aires cérébrales. Cependant, l’administration de ce médicament n’est pas possible chez tous les patients, et doit intervenir dans un très court délai après l’AVC (4h30). Ainsi, de nombreux patients présentent encore de lourdes séquelles, parmi lesquelles se trouve l’aphasie.

En fonction des aires cérébrales touchées, l’aphasie peut être de différents types. Parmi ces différents tableaux, l’aphasie non fluente est caractérisée par une importante réduction de la production verbale, pouvant aller jusqu’à l’impossibilité d’émettre le moindre mot ou son (mutisme), ou à la production unique d’un énoncé (stéréotypie), dans toutes les situations de production orale. Ces patients font preuve d’une inhibition verbale majeure.

De nombreuses techniques de rééducation ont été mises au point, dans le but de restaurer, réorganiser ou compenser les déficits présents dans la symptomatologie de l’aphasie. Au cours de la rééducation, les orthophonistes tentent d’aider le patient à passer outre son inhibition verbale, en utilisant par exemple la thérapie mélodique et rythmée, ou encore des techniques de facilitation (ébauche orale, fin de phrase automatique). Cependant, il arrive que les patients ne soient pas en mesure de se détacher de ces aides apportées par le thérapeute, et ne parviennent pas à se les approprier pour former leurs propres énoncés. De plus, une même technique de rééducation ne peut pas aider tous les patients de la même façon. En effet, les lésions sont plus ou moins étendues, et n’atteignent pas toujours exactement les mêmes aires. De plus, les personnalités et attentes des patients diffèrent.

Il est donc important de proposer, pour chaque patient, plusieurs techniques de rééducation, différentes et complémentaires, afin de stimuler tous les canaux existants, et de sélectionner parmi les exercices et outils proposés, ceux qui l’aident le plus à progresser.

D’après le dictionnaire d’orthophonie, Trousseau définit en 1864 l’aphasie comme « une perturbation du code linguistique affectant l’encodage et/ou le décodage, et qui peut concerner le langage oral et/ou écrit. » Ce trouble acquis s’installe à la suite d’une lésion atteignant l’hémisphère dominant (hémisphère gauche chez la plupart des individus). Cette lésion peut être d’origine vasculaire (Accident vasculaire cérébral), traumatique, ou tumorale.

Mazaux (2007) apporte à cette définition des précisions concernant l’interprétation cognitive des troubles observés. Ainsi, les troubles aphasiques peuvent être perçus comme des manifestations cliniques de l’atteinte des systèmes de représentation et des processus de traitement de l’information langagière. Ces différents types de définition se complètent, et permettent de cerner plus précisément le concept d’aphasie, même si elles ne semblent pas suffisantes pour comprendre complètement ce trouble.

Depuis les premières descriptions des aphasies, plusieurs dichotomies ont été proposées pour différencier les tableaux sémiologiques. Ainsi, on a souvent opposé les aphasies motrices, caractérisées par une atteinte de la production, aux aphasies sensorielles, caractérisées par une atteinte de la compréhension. Cependant, les patients présentent souvent simultanément des troubles de production et de réception, et cette opposition a donc été remplacée par la dichotomie reposant sur la fluence (Chomel Guillaume et al. 2010).

La fluence correspond au nombre de mots produits par le sujet au cours d’une même émission. Les éléments de classification des aphasies présentés ci-après s’appuient sur les synthèses de Chomel-Guillaume et al. (2010), Gil (2010), Viader et al. (2010) et Lanteri (1995). Les troubles lexicaux sont décrits selon le modèle des trois articulations de langage de Martinet : le langage peut être découpé en trois articulations.
– La troisième articulation correspond à l’assemblage des traits articulatoires, dans le but de produire des phonèmes. L’atteinte de cette articulation entraîne des déviations phonétiques, dues à des difficultés de sélection des traits articulatoires correspondant au phonème-cible. Ces déviations sont à différencier des troubles articulatoires présents dans la dysarthrie, qui sont dus à une atteinte motrice, et non à une atteinte de la programmation.
– La deuxième articulation correspond à l’assemblage des phonèmes, qui sont les plus petites unités de son. De cet assemblage résulte la production de monèmes. L’atteinte de cette articulation entraîne des paraphasies phonologiques.
– La première articulation correspond à l’assemblage des monèmes, plus petites unités de sens, dans le but de produire des syntagmes. L’atteinte de cette articulation correspond à des paraphasies sémantiques.

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Table des matières

INTRODUCTION
1ère PARTIE : THEORIE
1. L’aphasie
1.1. Définition
1.2. L’aphasie non fluente
1.2.1. Aphasies non fluentes et classification des aphasies
1.2.2. Sémiologie des aphasies non fluentes
1.3. Les aphasies fluentes
2. L’anomie
2.1. Modélisation du traitement lexical
2.1.1. Modèle en cascade d’ Hillis et Caramazza (1995)
2.1.2. Les modèles connexionnistes
2.1.3. La dénomination
2.2. Pathologies de la dénomination
2.2.1. Troubles sémantiques
2.2.2. Difficultés au niveau du lexique phonologique de sortie
2.2.3. Atteinte des processus d’encodage phonologique
2.2.4. Atteinte des processus de planification et d’exécution motrice
2.3. Approches rééducatives du manque du mot
2.3.1. Thérapies classiques
2.3.2. Thérapies cognitives
2.3.3. Autres pistes de rééducation
3. La méthode distinctive
3.1. Origines
3.2. Principes et Fondements théoriques
3.2.1. L’utilisation des outils de la méthode
3.3. Rééducation avec la méthode distinctive
3.3.1. Travail sur le système phonologique
3.3.2. La structuration du système linguistique
3.3.3. Le passage à l’écrit
3.4. Outils
3.4.1. Les voyelles
3.4.2. Les consonnes
3.5. Application à la rééducation de l’aphasie
4. Hypothèses théoriques
2ème PARTIE : METHODOLOGIE
1. Outils méthodologiques
1.1. L’échelle d’évaluation de l’aphasie, (HDAE-C, ou BDAE)
1.2. Le Lexis, tests pour le diagnostic des troubles lexicaux chez le patient aphasique
1.3. Les outils de la méthode distinctive
2. Population
2.1. Etude de cas multiples
2.2. Critères de choix des patients
2.2.1. Patients sortis de la phase aigüe de l’AVC
2.2.2. Aphasie non fluente
2.2.3. Absence de troubles sémantiques trop importants
2.3. Présentation des patients
2.3.1. Monsieur M
2.3.2. Monsieur V
2.3.3. Monsieur L
2.3.4. Monsieur T
2.3.5. Monsieur J
CONCLUSION

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