Étude de la dynamique des systèmes agraires en zones cotonnières

Situé au cœur de l’Afrique occidentale, le BURKINA FASO est un pays sahélien au climat tropical marqué par une seule saison des pluies durant laquelle se concentre la majorité des activités agricoles avec une petite extension en saison sèche à travers les cultures de contre saison. Avec ses 13 700 000 habitants en 2006 (INSD/2006), l’agriculture représente l’activité principale et la source de revenu d’environ 86% de la population (J.A 2005). Elle constitue le moteur du secteur primaire, mais très souvent les savoirs et les savoirs faire des acteurs de base de ce secteur (les producteurs) sont négligés au profit des savoirs technico-scientifiques à cause de l’éloignement et du manque d’un cadre de concertation entre les producteurs et les structures de recherche. Pour proposer des solutions adéquates à une réalité, il est important de savoir comment elle fonctionne. En comprenant mieux la logique paysanne et le fonctionnement des systèmes de production, les agronomes ont mis en évidence que la productivité par unité de surface n’est pas toujours le premier objectif des paysans. La productivité du travail, la minimisation des risques climatiques, la gestion de la trésorerie, les stratégies d’appropriation foncière peuvent constituer pour eux des enjeux plus importants (CIRADGRET, 2006). La collaboration entre paysans et techniciens fait donc se rencontrer deux systèmes de savoir.

Les paysans disposent d’une connaissance fine de leur écosystème et de savoirs techniques structurés. Ces savoirs reposent pour l’essentiel sur l’expérience. Ils constituent un ensemble de connaissances opérationnelles qui justifient les pratiques culturales des producteurs et qui permettent de les interpréter. En intégrant les paysans à l’expérimentation et à la mise au point des innovations, on augmente les chances qu’elles leur conviennent. Le Burkina Faso dont l’économie repose sur l’agriculture a entrepris cette nouvelle stratégie de rapprochement entre le monde rural, ses partenaires et les structures de recherche surtout pour ce qui concerne la filière coton qui représente un enjeu économique et financier considérable pour le pays. Introduit par la Compagnie Française de Développement des Textiles (CFDT) avant les indépendances, la filière coton a franchi plusieurs étapes évolutives depuis les indépendances jusqu’à nos jours. Depuis 2001, la filière a été privatisée et libéralisée aux opérateurs privés. Elle est gérée aujourd’hui par la Société des Fibres Textiles (SOFITEX), FASO coton et la Société Cotonnière du Gourma (SOCOMA). Dans ce contexte de privatisation, les paysans ont de plus en plus la charge de l’organisation et du fonctionnement de l’amont de la filière par l’intermédiaire des groupements de producteurs représentés au niveau des institutions nationales et internationales par l’Union Nationale des Producteurs de Coton du Burkina (UNPCB) créée en Avril 1998 et, dont la mission est de défendre les intérêts des producteurs. Ces trois sociétés en collaboration avec l’Etat et l’UNPCB fixent le prix d’achat du coton graine aux producteurs. Pour la campagne 2009, le prix est fixé à 160FCFA/kg de coton graine, contre 165FCFA la campagne précédente. La chute du prix du coton graine et le prix prohibitif des engrais entraînent une baisse de la rentabilité de la culture du coton pour les paysans (SOFITEX, 2007). On assiste ainsi à une baisse tendancielle des surfaces cultivées au cours des trois dernières campagnes traduisant une élasticité positive de l’offre par rapport au prix. En effet, la culture du coton procure aux paysans de nombreux avantages à travers l’accès aux crédits et intrants octroyés par les sociétés en charge de la commercialisation. La filière coton au Burkina Faso est aujourd’hui confrontée à une crise financière majeure, qui va, s’aggravant depuis deux campagnes, et menace son existence même.

Milieu physique

Située au Nord-Ouest du pays, la région de la Boucle du Mouhoun dont le chef lieu est Dédougou, occupe environ 12% du territoire national soit une superficie de 34 497 km2 et regorge 1 494 043 habitants soit 11,23% de la population totale du pays avec une densité de 43,31 habitants au km² selon les données de l’étude sur les profils régionaux (INSD 2006). Elle est limitée à l’Est par la région du Centre-Ouest (Koudougou), au Nord et à l’Ouest par la République du Mali sur près de 437 Kilomètres de frontière, au Nord-Est par la région du Nord (Ouahigouya), au Sud par les régions des Hauts-Bassins (Bobo Dioulasso) et du Sud-Ouest (Gaoua).

Topographie et sol 

Le relief du « vieux bassin cotonnier » est constitué de zones de collines isolées, à l’instar des régions de Bondoukuy (OUEDRAOGO, 1995), de la partie de la province des Banwa (PDRI/HKB, 1993), de plateaux contigus aux collines et des plaines qui constituent les bas glacis ou les zones de dépression à travers l’ensemble de la zone.

Au niveau des sols, on distingue 4 types dans la région (FONTE et GUINKO, 1995):
• les sols minéraux bruts associés aux sols peu évolués dans l’extrême Nord-Ouest: leur intérêt agronomique est faible ou nul. Ce sont essentiellement des sols réservés au pâturage ;
• les vertisols et les sols bruns eutrophes dans la partie centrale : ce sont des sols à valeur agronomique forte et moyenne, aptes à l’ensemble des cultures pratiquées dans la région. Ces sols sont peu exigeants et se prêtent facilement aux actions d’amélioration ;
• les sols ferrugineux tropicaux essentiellement localisé à l’Est: ils ont une valeur agronomique médiocre et supportent les cultures vivrières peu exigeantes comme le fonio et le mil ;
• les sols hydromorphes : ils sont localisés dans les bas-fonds et les zones d’inondation des cours d’eau. Ce sont des sols lourds, difficiles à travailler mais à haute valeur agronomique. Ils constituent d’excellentes terres de maraîchage.

Les études de BERGER et al. (1995) indiquent que la teneur moyenne en matière organique pour ces sols est de 0.9%. Il ressort qu’en culture continue cette matière organique se minéralise à un taux variant entre 2 à 4% en fonction du temps de mise en culture.

Climat

Le climat de la zone d’étude, à l’instar du reste du pays est régi par le Front Inter Tropical (FIT) qui est « la trace au sol » de la rencontre entre les vents maritimes humides (mousson) et les vents sahariens secs (harmattan). La pluviométrie d’occurrence 8/10 est comprise, SOME (1989) entre les isohyètes 650 et 800mm. Cette pluviométrie se repartit de façon hétérogène dans la région :
• au nord, le secteur sud-sahélien avec une pluviométrie moyenne annuelle de 500 à 700 mm. Il couvre la province du Sourou et une partie de la province de la Kossi ;
• au centre, le secteur-soudanien avec une pluviométrie moyenne annuelle de 700 à 900 mm. Il s’étend sur la partie sud de la province de la Kossi, sur toute la province du Nayala et les parties septentrionales des provinces du Mouhoun, des Balé et des Banwa ;
• au sud, le secteur sud-soudanien avec une pluviométrie moyenne annuelle de 1000 à 1400 mm ;

La région connaît deux (2) saisons :
– une saison sèche qui dure de 7 à 9 mois dans le nord de la région et de 4 à 6 mois dans le sud. Elle est marquée par un harmattan, vent frais et sec qui dure de décembre à fin janvier avec des températures douces autour de 27°C, chaud et sec de février à avril avec de fortes températures dépassant souvent 40°C ;
– une saison pluvieuse qui s’étale sur 3 à 5 mois dans le nord et 6 à 8 mois dans le sud. Elle est annoncée par une mousson, vent frais et humide avec des températures oscillant entre 24 et 28°C.

Faune et végétation

Sur le plan des formations végétales, la Boucle du Mouhoun enregistre des nuances du nord au sud. En effet, au nord dans le secteur sud-sahélien, la végétation évolue de la steppe arbustive à la steppe arborée et au sud, à la savane. Au centre dans le secteur nord soudanien, dominent les savanes arbustives et arborée, les formations mixtes des vallées associées aux cultures. Enfin, au Sud dans le secteur sud soudanien, s’étend la savane arborée à boisée avec des forêts galeries le long des cours d’eau (RSP, 1994). Ces dernières sont des agrosystèmes relevant d’une agroforesterie de type traditionnel (parc). Elles sont constituées de Vitellaria paradoxa, de vieux parcs à Feidherbia albida, de Lannea microcarpa, de Scleocarya birrea, Prosopis africana (TRAORE, 2001). Ces formations végétales servent de gîte à une faune assez riche et variée (cf. figure n°4). Elle est constituée en grande partie de petits gibiers (lièvres, antilopes de petite taille, rats, écureuils, tourterelle). Le gros gibier rencontré est formé essentiellement de quelques troupeaux d’hippopotames, de buffles, d’éléphants (espèce intégralement protégée), de phacochères, d’hyènes, de lions et de panthères. Ainsi, cette végétation très peu dense expose les sols aux aléas climatiques. Cela amplifie les phénomènes de lessivage et d’encroûtement (TRAORE, 2001).

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : GENERALITES SUR LE MILIEU D’ETUDE
CHAPITRE I : CONNAISSANCE DU MILIEU
1.1. Milieu physique
1.1.1. Topographie et sol
1.1.2. Climat
1.1.3. Faune et végétation
1.2. Milieu humain
1.2.1. Population
1.2.2. Organisation administrative et sociale
1.2.3. Echanges économiques des exploitations avec le milieu extérieur
1.2.4. Disponibilité en matériels agricoles
1.2.5. Systèmes de culture
1.2.5.1. Cultures céréalières
1.2.5.2. Cultures de rente
1.2.5.2.1. Le coton
1.2.5.2.2. Les autres cultures de rente
1.2.5.3. Les cultures maraîchères
1.2.6. Elevage
1.2.6.1. Les effectifs
1.2.6.2. Soins vétérinaires
CHAPITRE II : DEFINITION DE QUELQUES CONCEPTS
2.1. Système agraire
2.2. Système de culture
2.3. Système d’élevage
2.4. Troupeau
2.5. Système de production
DEUXIEME PARTIE : METHOLOGIE ET MATERIELS
1.1. Méthodologie de l’étude
1.1.1. Lecture du paysage
1.1.2. Entretiens historiques
1.1.3. Systèmes de culture et d’élevage
1.1.4. Systèmes de production
1.1.5. Modélisation économique
1.1.6. Seuil de survie
1.1.7. Restitution
1.2. Matériels utilisés
TROISIEME PARTIE : RESULTATS ET DISCUSSION
CHAPITRE I : CARACTERISTIQUES DE L’ECOSYSTEME DE LA ZONE D’ETUDE
1.1. Localisation de la zone d’étude
1.2. Le climat
1.3. Géomorphologie et pédologie
1.3.1. Relief
1.3.2. Sols et toposéquence
1.3.2.1. Cuirasse latéritique et sol gravillonnaire (Zinka)
1.3.2.2. Les sols sableux (Binsiri)
1.3.2.3. Les sols argilo sableux (Zinsablè)
1.4. Hydrographie
1.5. Zones agro-écologiques
1.5.1. Le bord du Mouhoun : Badara
1.5.2. Les Terres sableuses : Binsiri
1.5.3. Les Bas fonds, ravines et marigots
1.5.4. Les collines gravillonnaires
1.5.5. La plaine de Bina
2.6. L’habitat
CHAPITRE II : HISTOIRE AGRAIRE DE LA ZONE D’ETUDE
2.1. Avant 1900 : une agriculture quasi-inexistante
2.2. De 1900 à 1920 : une agriculture en éclosion
2.3. De 1930 à 1960 : retour à Koumana, apparition des cultures de rente, impôts de capitation
2.4. De 1960 à 1970 : deux types d’exploitations, une innovation
2.5. De 1970 à 1980 : les grands changements
2.6. De 1980 à 1990 : expansion de la culture attelée, diminution des jachères, semis en ligne
2.7. De 1990 à 2000 : valorisation des bas fonds et ravines, fixation des terres
2.8. A partir de 2000 : de nouvelles techniques de production
CHAPITRE III : LES SYSTEMES DE CULTURE ET D’ELEVAGE
3.1. Les systèmes de culture
3.1.1. Les principaux systèmes de culture
3.1.1.1. Les systèmes de culture avec coton
3.1.1.2. Systèmes de culture céréaliers
3.1.2. Les systèmes de culture secondaires
3.1.4. Plantations
3.2. Systèmes d’élevage
3.3. Activités de transformation
À côté des activités agricoles proprement dites, il existe des activités de transformation de certaines matières premières comme le sorgho, les fruits de néré et de karité. Le sorgho est transformé en bière locale « dolo ». Les graines de néré sont transformées en soumbala et les noix
de karité en beurre
La totalité du dolo est vendue, le soumbala et le beurre sont en partie autoconsommés et le reste est
vendu au marché local de Koumana.
CHAPITRE IV : LES SYSTEMES DE PRODUCTION
4.1. Systèmes de production
4.2. Analyse économique des systèmes de production
4.2.1. Système de production à haut revenu basé sur l’élevage
4.2.2. Systèmes de production à système de culture et d’élevage diversifiés
4.2.3. Systèmes de production légèrement au dessus du seuil de survie
4.2.4. Systèmes de culture en dessous du seuil de survie
4.3. Modélisation économique et comparaison des systèmes de production
Conclusion générale

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